PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 20 mars 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 13 du 27 mars 2014)
Celui qui n’a pas de nomIl existe un mot «plus que magique», capable d’ouvrir «la porte de l’espérance que nous ne voyons même pas» et de redonner son nom à celui qui l’a perdu pour n’avoir placé sa confiance qu’en lui-même et dans les forces humaines. Ce mot est «Père» et il doit être prononcé avec la certitude d’entendre la voix de Dieu qui nous répond en nous appelant «fils». C’est une méditation quadragésimale qui ramène au caractère essentiel de la foi qui a été proposée par le Pape le 20 mars. L’invitation à «avoir toujours confiance dans le Seigneur» vient, a dit le Pape dans son homélie, des textes de la liturgie. En effet, «la première lecture d’aujourd’hui (Jérémie 17, 5-10) commence par une malédiction: “Maudit soit l’homme qui place sa confiance dans un mortel”». Mais, s’est demandé le Pape, «pourquoi l’homme qui place sa confiance dans l’homme, en lui-même, est-il maudit? Car cette confiance ne lui fait regarder que lui-même; elle le referme sur lui-même, sans horizon, sans porte ouverte, sans fenêtre». Il finit ainsi par être «un homme fermé sur lui-même» et «il n’aura pas de salut», parce qu’il «ne peut pas se sauver lui-même». Le Pape a ensuite fait référence au passage évangélique de Luc (16, 19-31), qui propose une réflexion dans laquelle «nous connaissons le nom du pauvre, il s’appelait Lazare. Mais comment s’appelait l’homme riche? Il n’a pas de nom!». C’est précisément «cela qui est la malédiction la plus forte» pour la personne qui «place sa confiance en elle-même ou dans les forces ou dans les possibilités des hommes et non en Dieu: perdre son nom!». Au point qu’à la question «comment t’appelles-tu?» il ne répond pas avec son propre nom, mais avec «le compte numéro tant de telle banque», ou bien en indiquant «tant de propriétés, tant de villas» ou bien «les choses, les idoles». Et «en regardant ces deux personnes proposées dans l’Evangile — «le pauvre qui a un nom et qui place sa confiance dans le Seigneur et le riche qui a perdu son nom et qui place sa confiance en lui-même» — nous «disons: c’est vrai: nous devons avoir confiance dans le Seigneur!». En revanche, «nous avons tous cette faiblesse, cette fragilité de placer nos espérances en nous-mêmes ou dans nos amis ou seulement dans les possibilités humaines. Et nous oublions le Seigneur». C’est une attitude qui nous conduit loin du Seigneur, «sur la route de l’absence de bonheur», exactement comme le riche de l’Evangile qui «à la fin est un malheureux car il s’est condamné lui-même». Et cela est donc la signification authentique de l’expression biblique: «Béni celui qui place sa confiance dans le Seigneur; maudit celui qui place sa confiance en lui-même ou dans les possibilités humaines». Il s’agit d’une méditation particulièrement adaptée au Carême, a précisé le Pape. Ainsi, «cela nous fera du bien aujourd’hui de nous demander: où est placée ma confiance? Est-elle dans le Seigneur ou suis-je un païen qui a confiance dans les choses, dans les idoles que j’ai faites? Est-ce que j’ai encore un nom ou est-ce que j’ai commencé à perdre mon nom et je m’appelle “moi?», avec toutes les diverses déclinaisons: «Moi, avec moi, pour moi, seulement moi: toujours dans l’égoïsme, moi!». Cela, a-t-il réaffirmé, est une manière de vivre qui assurément «ne nous donne pas le salut». En conclusion, le Pape a demandé «au Seigneur la grâce qu’il nous donne la sagesse de n’avoir confiance qu’en lui et non dans les choses, dans les forces humaines: seulement en lui».
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