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SYNODUS EPISCOPORUM

Exhortation Apostolique Post-synodale
VERBUM DOMINI

INTERVENTION DE MGR. NIKOLA ETEROVIĆ
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
DU SYNODE DES ÉVÊQUES

Cité du Vatican,
Jeudi 11 novembre 2010

I) Introduction

L’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini présente à l’Eglise universelle, aux membres d’autres Églises et aux communautés chrétiennes, aux croyants de dénominations religieuses non chrétiennes, ainsi qu’aux hommes de bonne volonté, les résultats de la XIIème assemblée générale ordinaire du synode des évêques sur La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise, qui s’est tenue au Vatican du 5 au 26 octobre 2008. Au terme de l’assemblée, les pères synodaux ont prié le Pape Benoît XVI d’«offrir un document sur le mystère de la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, également à la lumière de l’Année consacrée à saint Paul, apôtre des nations, à l’occasion du bimillénaire de sa naissance» (Propositio, 1). L’Exhortation apostolique est le résultat de ce vœu que le Saint-Père Benoît XVI a accueilli avec plaisir, en se servant de la contribution du XIIème conseil ordinaire du secrétariat général du synode des évêques.

Verbum Domini est divisée en trois parties, qui suivent la structure du thème de l’assemblée synodale: La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église. La première partie s’intitule donc Verbum Dei, la deuxième Verbum in Ecclesia et la troisième Verbum mundo. Le document commence par une Introduction qui fournit des indications préliminaires utiles, dont l’objectif de l’Exhortation, et se conclut par la Conclusion, dans laquelle sont synthétisées les idées principales.

Avant de présenter brièvement la structure de Verbum Domini, je désire m’arrêter sur la signification du titre et sur l’objectif de l’Exhortation apostolique post-synodale.

II) Le titre de l’Exhortation apostolique

Le titre Verbum Domini est tiré des antiques paroles du prophète Isaïe, de la façon dont les a reproposées saint Pierre dans sa première Lettre.

«Verbum autem Dei nostri manet in aeternum» [«La parole de notre Dieu demeure pour toujours»] (Is 40, 8). C’est avec ce verset du chapitre 40 du prophète Isaïe que commence ce que l’on appelle le Livre de la Consolation du «second Isaïe», «deutéro-Isaïe». Le prophète annonce la libération du peuple élu. Son esclavage est termine, et, sous la direction de Dieu, il se prépare à un nouvel exode. Dans le contexte de la nature: «L'herbe se dessèche et la fleur se fane» et de l’homme: «Toute créature est comme l'herbe, toute sa grâce est comme la fleur des champs» (Is 40, 6), l’unique force stable est la Parole de Dieu qui demeure pour toujours.

Dans la première lecture de saint Pierre est rapportée la citation du prophète Isaïe, pour exhorter les chrétiens a renaître «non pas d'une semence périssable, mais d'une semence impérissable: sa parole vivante qui demeure» car «toute créature est comme l'herbe, toute sa gloire est comme la fleur des champs; l'herbe s'est desséchée et la fleur s'est fanée, mais la parole du Seigneur demeure pour toujours» [«Verbum autem Domini manet in aeternum»] (1 P 1, 24-25). L’auteur de la Lettre conclut: «Hoc est autem verbum, quod evangelizatum est in vos» [«Or cette Parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé »] (1 P 1, 25).

Dans le titre de l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, on peut donc aisément percevoir la concordance et donc la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que son accomplissement et son dépassement dans la Personne de Jésus Christ, témoignée dans les 27 livres du Nouveau Testament. En effet, l’Évangile dont parle saint Pierre est l’Évangile «de Jésus Christ, le Fils de Dieu» (Mc 1, 1). Telle est la Bonne Nouvelle du mystère pascal de Jésus. «Grâce à la résurrection de Jésus Christ» (1 P 1, 3), Dieu son Père nous a fait renaître dans sa grande miséricorde «pour une vivante espérance, pour l'héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni vieillissement» (1 P 1, 4). Tel est le contenu de l’Évangile annoncé par saint Pierre et par tous les apôtres que l’Exhortation apostolique post-synodale met bien en évidence. Le titre de l’Exhortation apostolique reprend donc la version latine de la première Lettre de saint Pierre, dans la traduction attribuée à saint Jérôme, la Vulgate. La Divine Providence a voulu que Verbum Domini porte la date de sa mémoire liturgique, le 30 septembre. Il faut rappeler qu’un autre document important sur la Bible fut publié à la même date il y a 67 ans. Il s’agit de l’Encyclique Divino Afflante Spiritu du Serviteur de Dieu Pie XII, publiée le 30 septembre 1943. Saint Jérôme est mentionné également dans Dei Verbum, l’une des quatre constitutions dogmatiques du Concile œcuménique Vatican II. En particulier est citée la célèbre expression: «L’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ» (DV, n. 25), reprise également dans Verbum Domini (cf. VD, n. 30), document qui cite une abondance de sources patristiques. Dei Verbum est souvent évoquée dans l’Exhortation apostolique post-synodale, comme elle l’a d’ailleurs aussi été au cours de l’assemblée synodale. Également en raison de la ressemblance linguistique Dei Verbum - Verbum Domini, l’Exhortation apostolique post-synodale renvoie à la Constitution conciliaire. Verbum Domini reconnaît le grand élan que Dei Verbum a apporté dans la redécouverte de la Parole de Dieu, dans la vie et dans la mission de l’Église. Dans le même temps, sous l’action de l’Esprit Saint qui guide l’Église dans la continuité de son chemin, indiqué par le Seigneur Jésus, le synode sur la Parole de Dieu a voulu «approfondir davantage le thème de la Parole divine, a la fois pour vérifier la mise en œuvre des indications conciliaires, et pour faire face aux nouveaux défis que le temps présent lance à ceux qui croient dans le Christ» (VD, n. 3). C’est de cette intention que témoigne Verbum Domini. Il est significatif que Verbum Domini commence par la citation biblique avec laquelle se conclut Dei Verbum: «De même que l’Eglise reçoit un accroissement de vie par la fréquentation assidue du mystère eucharistique, ainsi peut-on espérer qu’un renouveau de vie spirituelle jaillira d’une vénération croissante de la Parole de Dieu, qui “demeure à jamais” (Is 40, 8; cf. 1 P 23-25)» (DV, n. 26).

De plus, le titre de Verbum Domini possède une importance liturgique significative. En effet, après chaque lecture du passage de l’Écriture Sainte dans les célébrations liturgiques, en particulier dans l’Eucharistie, le Peuple de Dieu rend grâces pour la nourriture de la Parole en s’exclamant Verbum Domini, en rendant grâce à la Personne du Verbe incarné, Jésus de Nazareth, présent dans la Parole proclamée. Le titre indique donc la liturgie comme lieu privilégié de la Parole divine.

III) Objectif de l’Exhortation apostolique

L’objectif de l’Exhortation apostolique est multiple:

1. Communiquer les résultats de l’assemblée synodale, «faire connaître au Peuple de Dieu tout entier la richesse ressortie des assises vaticanes et les indications exprimées dans le travail commun» (VD, n. 1). Le Pape Benoît XVI désire présenter les résultats du synode sur la Parole de Dieu afin qu’ils influencent de façon efficace la vie de l’Eglise et sa mission dans le monde.

2. Redécouvrir la Parole de Dieu, source de renouvellement ecclésial constant. «Indiquer quelques lignes fondamentales pour une redécouverte, dans la vie de l’Église, de la Parole divine, source de renouvellement constant» (VD, n. 1). Les acquisitions du synode sur la Parole influenceront «dans la relation personnelle avec les Saintes Écritures, dans leur interprétation au cours de la liturgie et dans la catéchèse, de même que dans la recherche scientifique, afin que la Bible ne demeure pas une Parole du passé, mais une Parole vivante et actuelle» (VD, n. 5). Entendue dans ce sens, «l’Eglise se renouvelle et rajeunit grâce à la Parole du Seigneur qui demeure éternellement (cf. 1 P 1, 25; Is 40, 8)» (VD, n. 124). Le renouveau présuppose l’écoute, la méditation, la conversion du cœur, attitudes indispensables pour pouvoir observer la Parole de Dieu (cf. Lc 11, 28), source d’une Pentecôte aujourd’hui également. Il s’agit d’une «Pentecôte [...] encore “en chemin”» (VD, n. 4), étant donné que de nombreuses personnes et peuples attendent encore la Parole de Dieu dans leur langue et culture, un fait qui rend urgent la missio ad gentes.

3. Promouvoir l’animation biblique de la pastorale. La Parole de Dieu, en effet, devrait devenir «toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale» (VD, n. 1). Afin que cela devienne une réalité, il faut favoriser une formation biblique adaptée à tous les niveaux. A ce propos, «il faut porter attention à l’apostolat biblique, méthode très valable pour cette finalité, comme le montre l’expérience ecclésiale» (VD, n. 75).

4. Etre témoins de la Parole. Les fidèles sont appelés à redécouvrir «la rencontre personnelle et communautaire avec le Christ, Verbe de Vie qui s’est rendu visible, et à s’en faire les messagers pour que le don de la vie divine, la communion, s’étende toujours davantage dans le monde entier » (VD, n. 2). «L’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie» (VD, n. 123). Les chrétiens ont le devoir de «communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ», grande urgence pastorale de notre temps. «Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci: ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10, 10)» (VD, n. 2).

5. Entreprendre une nouvelle évangélisation, «dans la certitude de l’efficacité de la Parole divine» (VD, n. 96). «Notre temps doit être toujours davantage le temps d’une nouvelle écoute de la Parole de Dieu et d’une Nouvelle Évangélisation» (n. 122). Redécouvrir le caractère central de la Parole divine exige de poursuivre, avec un élan renouvelé, la missio ad gentes et «entreprendre avec toutes nos forces la nouvelle évangélisation, surtout dans les pays où l’Évangile a été oublié ou souffre de l’indifférence du plus grand nombre en raison d’un sécularisme diffus » (VD, n. 122). Dans les pays de la nouvelle évangélisation, la Parole de Dieu doit être proposée également aux immigrés (cf. VD, n. 105).

6. Favoriser le dialogue œcuménique, en soulignant le caractère central des études bibliques en vue de la pleine unité de tous les chrétiens, dans la conviction «qu’écouter et méditer ensemble les Écritures nous fait vivre une communion réelle même si elle n’est pas encore pleine » (VD, n. 46). Il a été émouvant d’écouter les délégués fraternels qui ont participé à l’assemblée synodale, parmi lesquels en particulier Sa Sainteté Bartholomeos Ier, patriarche œcuménique de Constantinople (cf. VD, n. 4). Il faut développer «l’étude, le débat et les célébrations œcuméniques de la Parole de Dieu, dans le respect des règles en vigueur et des diverses traditions» (VD, n. 46). Dans le travail œcuménique, les traductions communes de la Bible dans les diverses langues sont d’une grande importance.

7. Aimer la Parole de Dieu. Les indications précédentes pourraient être résumées dans l’attitude propre aux chrétiens de se laisser guider par l’Esprit Saint «afin de pouvoir aimer toujours plus la Parole de Dieu» (VD, n. 5) qui, en définitive, est la Personne de Jésus Christ, Verbe incarné. Tous les chrétiens sont invités à aimer la Bible. Verbum Domini possède donc une portée œcuménique particulière.

IV) Structure de Verbum Domini

L’Exhortation apostolique post-synodale est divisée en trois parties qui sont composées à leur tour de plusieurs chapitres. Elle tire son inspiration du magnifique Prologue de l’Evangile de saint Jean.

1. La première partie, Verbum Dei, souligne le rôle fondamental de Dieu le Père, source et origine de la Parole (cf. VD, 20-21), ainsi que la dimension trinitaire de la révélation. Elle est divisée en trois chapitres. Dans le premier, Le Dieu qui parle, est soulignée la volonté de Dieu d’instaurer et de maintenir un dialogue avec l’homme, dans lequel Dieu prend l’initiative et se révèle de diverses façons. C’est pourquoi, en utilisant la catégorie de l’analogie, le document analyse diverses significations de la Parole divine. Dieu parle au moyen de la création, en particulier de l’homme et de la femme créés à son image. Il a parlé à travers les prophètes. Les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament sont sa Parole attestée et divinement inspirée. La Tradition vivante de l’Église est également sa Parole. La Parole de Dieu est également son silence qui a trouvé son expression culminante sur la croix du Seigneur Jésus (cf. VD, n. 21). Toutes les significations de la Parole de Dieu conduisent à Lui, Verbe incarné, expression pleine et parfaite de la Parole de Dieu. C’est pourquoi Verbum Domini met en évidence l’aspect christologique de la Parole, en soulignant dans le même temps également la dimension pneumatologique, pour mettre en évidence sa source et son terme en Dieu le Père. Dans cette partie est affronté le rapport entre Tradition et Écriture, ainsi que le thème de l’inspiration et la vérité de la Bible.

La réponse de l’homme à Dieu qui parle est le titre du deuxième chapitre. L’homme est appelé à entrer dans l’Alliance avec son Dieu qui l’écoute et répond à ses questions. A Dieu qui parle, l’homme répond avec la foi. La prière la plus indiquée est celle faite à travers les paroles que Dieu lui-même a révélées et qui sont conservées par écrit dans la Bible. Celle-ci décrit souvent le péché de l’homme comme le fait de ne pas écouter la Parole de Dieu. Ce péché a été vaincu dans l’obéissance radicale de Jésus Christ, jusqu’à la mort sur la Croix (cf. Ph 2, 8). La Vierge Marie, Mater Verbi et Mater fidei, offre l’exemple de l’accomplissement parfait de la réciprocité entre la Parole de Dieu et la foi.

Le troisième chapitre est consacré au thème de L’herméneutique de l’Ecriture Sainte dans l’Eglise. Il s’agit de la partie la plus théorique du document, mais très importante pour une juste compréhension de la Parole de Dieu. L’Ecriture Sainte devrait être, comme cela est souhaité par Dei Verbum, «l’âme de la Théologie sacrée». L’Église est le lieu originaire de l’interprétation de la Bible. Après certaines réflexions sur le développement de la recherche biblique et le Magistère de l’Eglise est présentée l’herméneutique biblique du Concile Vatican II qu’il faut redécouvrir également pour éviter un certain dualisme de l’herméneutique sécularisée. Celui-ci pourrait conduire à une interprétation fondamentaliste ou spiritualiste de l’Écriture Sainte. La juste herméneutique la complémentarité du sens littéral et spirituel, une harmonie entre la foi et la raison. En répétant l’unité intrinsèque de la Bible, Verbum Domini examine le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament, sans négliger ce que l’on appelle les pages «obscures» de la Bible, en se concentrant ensuite sur le rapport entre chrétiens et juifs en référence aux Écritures Saintes. Une relation toute particulière existe entre les chrétiens et les juifs, qui partagent une grande partie des Écritures que les chrétiens appellent Ancien Testament. En outre, pour comprendre de façon adéquate la personne même de Jésus-Christ, il est nécessaire de le reconnaître comme fils du peuple juif, de sa culture et son expérience religieuse.

L’Exhortation apostolique post-synodale réfléchit également sur la Bible et l’œcuménisme, étant donné que l’Écriture Sainte est un lien important d’unité entre les catholiques et les autres chrétiens, membres des Églises et communautés chrétiennes. La vénération de la Bible et l’administration du sacrement du baptême, représentent des liens fondamentaux entre tous ceux qui croient dans le Dieu Un et Trine, Père, Fils et Saint Esprit, dont le mystère a été révélé dans l’Ecriture Sainte.

Le document fournit également des contributions précieuses pour un dialogue entre pasteurs, théologiens et exégètes, ainsi que sur l’organisation des études théologiques. La partie consacrée à l’herméneutique de l’Écriture Sainte se conclut en mentionnant certains saints, et en soulignant que les saints sont les meilleurs interprètes de la Parole de Dieu.

2. La deuxième partie, Verbum in Ecclesia, souligne que, de par la Providence divine, l’Église est la maison de la Parole de Dieu qui accueille le Verbe fait chair et qui a habité parmi nous (Jn 1, 14). Cette partie est divisée en trois chapitres. Le premier, La Parole de Dieu et l’Église, souligne que grâce à la Parole de Dieu et à l’action sacramentelle, Jésus Christ est contemporain des hommes dans la vie de l’Église.

La liturgie, lieu privilégié de la Parole de Dieu est le titre du deuxième chapitre qui réfléchit sur la Parole de Dieu dans la Liturgie sacrée. On souligne ici le lien vital entre l’Écriture Sainte et les sacrements, en particulier l’Eucharistie, étant donné que la liturgie de la Parole constitue la première partie de la Messe. Le document prend en considération la Parole de Dieu ainsi que les sacrements de la Réconciliation et de l’onction des malades. Le lien entre les Sacrements et la Parole de Dieu ouvre la réflexion sur le caractère sacramentel de la Parole, qui a besoin d’approfondissements supplémentaires. Se faisant l’écho de la pensée des Pères synodaux, Verbum Domini souligne en outre la grande importance de la Parole de Dieu et de la Liturgie des Heures. Elle offre également des suggestions précieuses pour l’animation liturgique, la célébration et la proclamation de la Parole de Dieu, le silence, le temps liturgique chrétien, l’exclusivité des textes bibliques dans la liturgie, le chant inspiré par la Bible, l’attention particulière aux non-voyants et aux malentendants.

Le troisième chapitre est consacré à La Parole de Dieu dans la vie ecclésiale, en soulignant l’importance de l’animation biblique de la pastorale, la dimension biblique de la catéchèse, la formation biblique des chrétiens, l’Écriture Sainte dans les grands rassemblements ecclésiaux, la Parole de Dieu en relation avec les vocations. Une attention particulière est consacrée à la Parole de Dieu et aux pasteurs — évêques, prêtres, diacres, candidats à l’ordre sacré — aux membres de la vie consacrée, ainsi qu’aux fidèles laïcs, notamment au sein du mariage et de la famille. Une partie importante du chapitre est réservée à la lecture orante de l’Écriture Sainte, en particulier à la Lectio divina, et à la prière mariale. Le chapitre se conclut par des réflexions appropriées sur la Parole de Dieu et la Terre Sainte, ou la Parole de Dieu s’est incarnée, a été révélée et précieusement conservée sous forme orale et écrite.

3. La troisième partie, Verbum pro Mundo, souligne le devoir des chrétiens d’annoncer la Parole de Dieu dans le monde dans lequel ils vivent et œuvrent. Elle est divisée en quatre chapitres. Le premier, La mission de l’Eglise: annoncer la Parole de Dieu, réfléchit sur la mission de l’Eglise et a comme point de départ et d’arrivée le mystère de Dieu le Père. Le Verbe de Dieu nous a communiqué la vie divine. Sa parole nous touche non seulement en tant que destinataires, mais également en tant que ses annonciateurs. En effet, tous les baptisés sont responsables de l’annonce de la Parole de Dieu, dont provient la mission de l’Eglise. Celle-ci est orientée vers la première annonce, ad gentes, à ceux qui ne connaissent pas encore le Verbe, Parole de Dieu, mais également a ceux qui ont été baptisés mais ne sont pas assez évangélisés et qui ont besoin d’une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la Parole de Dieu. La crédibilité de l’annonce de la Bonne Nouvelle dépend du témoignage de la vie chrétienne.

Parole de Dieu et engagement dans le monde est le titre du deuxième chapitre. Celui-ci indique des pistes pour une animation de la réalité complexe du monde a travers la Parole de Dieu. Les chrétiens sont appelés a servir le Verbe de Dieu chez leurs frères et les plus petits et donc a s’engager dans la société en vue de la réconciliation, de la justice et de la paix entre les peuples. La Parole de Dieu est source d’une charité concrète et créative pour soulager les souffrances des pauvres du point de vue matériel et spirituel. Verbum Domini s’adresse, à travers la lumière de la Parole de Dieu, aux jeunes, aux migrants, aux personnes qui souffrent, aux pauvres. Elle possède également des connotations écologiques importantes dans la vision chrétienne de la création qui est également, de façon analogique, Parole de Dieu.

Le troisième chapitre est consacré à la Parole de Dieu et la culture, étant donné que la Bible est perçue a juste titre comme un code important pour la culture de l’humanité, source inépuisable d’expressions artistiques jusqu’à nos jours. C’est pourquoi, il serait souhaitable que la Bible soit mieux connue dans les écoles et les universités et que les moyens de communication sociale soient toujours mieux utilisés dans sa divulgation, en bénéficiant de toutes les possibilités technologiques actuelles. Le thème de l’inculturation de l’Écriture Sainte est lié également aux traductions et à la diffusion de la Bible, qu’il faut davantage développer. Quoi qu’il en soit, la Parole de Dieu a besoin de s’exprimer dans les cultures des peuples, mais celle-ci dépasse largement les limites des cultures humaines.

Parole de Dieu et dialogue interreligieux est le thème du quatrième chapitre. Après avoir établi la valeur et l’actualité du dialogue interreligieux, Verbum Domini, à la lumière de la Parole de Dieu qui s’est pleinement révélée dans la Personne de Jésus Christ, fournit des indications précieuses en ce qui concerne le dialogue entre chrétiens et musulmans, ainsi qu’avec les membres d’autres religions non-chrétiennes, dans le cadre de la liberté religieuse qui implique non seulement la liberté de professer sa foi en privé et en public mais également la liberté de conscience et donc de choisir sa propre religion .

Dans la Conclusion, le Saint-Père Benoit XVI réitère l’Exhortation à tous les chrétiens «à s’engager pour devenir toujours plus familiers des Écritures Saintes» (VD, n. 122) La Parole de Dieu pousse à la mission, comme le montre l’exemple de saint Paul, apôtre des nations. «Ainsi, aujourd’hui, l’Esprit Saint ne cesse de susciter des auditeurs et des messagers convaincus et persuasifs de la Parole du Seigneur» (VD, n. 122). Ceux-ci sont appelés a être «des messagers crédibles de la Parole du salut», communiquant «la source de la vraie joie... qui jaillit de la conscience que seul le Seigneur Jésus a les paroles de la vie éternelle (cf. Jn 6, 68)» (VD, n. 123). «Cette relation intime entre la Parole de Dieu et la joie est manifestée avec évidence chez la Mère de Dieu, “Mater Verbi et Mater laetitiae”» (VD, n. 124).

V) Contribution du Pape Benoît XVI

En conclusion, il faut souligner la contribution importante du Pape Benoît XVI à l’Exhortation apostolique post-synodale. Dans celle-ci est rassemblé son riche magistère sur la Parole de Dieu, exprimé également au cours de la XIIème assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Outre l’intervention du 14 octobre 2008 dans la salle du synode, qui a été accueillie par les pères synodaux et élaborée dans Verbum Domini, les homélies en ouverture et en conclusion de la célébration de l’assemblée synodale ont été particulièrement riches de contenu, et ont enrichi les réflexions synodales, tout en orientant l’Exhortation apostolique post-synodale. En effet, celle-ci ne communique pas seulement les réflexions de l’assemblée synodale et les conseils soumis au Saint-Père, mais sur certains aspects, elle en représente un véritable approfondissement.

En tenant compte des nombreuses citations et rappels au Magistère éclaire de Sa Sainteté, il faut reconnaître la très haute contribution de l’Évêque de Rome, président du synode des évêques, aux débats synodaux, qu’il a développés ensuite dans Verbum Domini. Il met en évidence une fois de plus la priorité de la Parole de Dieu dans son pontificat. Dans cette perspective, on pourrait conclure que le Saint-Père Benoît XVI peut être défini comme le Pape de la Parole de Dieu.

 

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