INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE À LA INTERVENTION DE S.E. MGR DOMINIQUE MAMBERTI, Siège des Nations unies, New York
Messieurs les co-Présidents, Monsieur le Secrétaire exécutif, Mesdames et Messieurs les participants, Je suis heureux de vous transmettre les salutations de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, qui m’a chargé de vous assurer qu’il suit avec attention le débat sur le désarmement et sur la non-prolifération nucléaire, lui attachant une importance particulière. En effet, il s’agit de questions essentielles pour promouvoir une culture de paix, fondée sur le primat du droit et du bien commun. Comme l’a souligné le Saint-Siège dans la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en 2001, « au début du troisième millénaire, l’implémentation d’un système de désarmement généralisé et complet, capable de favoriser un climat de confiance, de collaboration et de respect entre tous les États, représente une part constitutive de la mise en œuvre réelle de la culture de la vie et de la paix » (Déclaration jointe à l’instrument de ratification du TICE, 18 juillet 2001). Messieurs les co-Présidents, La paix est un édifice en continuelle construction. La contribution que le TICE peut fournir pour en rendre les fondements plus robustes est évidente : les essais nucléaires sont, en effet, l’expression d’une ‘culture du conflit et de la mort’, qui ne met pas seulement en danger la paix, mais l’existence même de la famille humaine. Il n’est plus convaincant de justifier ces essais par l’intention de développer des armes nucléaires ‘intelligentes’, à cause des risques que ces essais font courir au régime de non prolifération nucléaire, comme aussi à cause des dommages incontrôlables et irréversibles que ces armes – même si elles sont ‘intelligentes’ – produisent. Dans sa dernière encyclique, Caritas in veritate, le Pape Benoît XVI affirme que « sans vérité, sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de conscience ni de responsabilité sociale, et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et de logiques de pouvoir, qui ont pour effets d’entraîner la désagrégation de la société, et cela d’autant plus dans une société en voie de mondialisation et dans les moments difficiles comme ceux que nous connaissons actuellement » (n. 5). Cette réflexion s’applique de façon éclairante à la matière dont traite notre Conférence, particulièrement en ce qui concerne la responsabilité qui incombe à la communauté internationale de bannir les essais nucléaires et de promouvoir avec fermeté et efficacité le désarmement nucléaire. Dans ce cadre, l’entrée en vigueur du TICE pourra non seulement donner une réponse significative aux risques de prolifération nucléaire et à la menace du terrorisme nucléaire, mais elle donnera aussi une impulsion au désarmement nucléaire. En outre, l’entrée en vigueur du TICE favorisera une meilleure réponse à certaines catastrophes naturelles, grâce à son application potentielle comme instrument d’«alerte rapide» dans le domaine civil et scientifique, en vertu du système de monitorage international qu’il prévoit. Il s’agit de composantes importantes pour la réalisation d’un authentique développement humain intégral. Pour cela, je désire renouveler l’appel du Saint-Siège afin qu’adhèrent le plus tôt possible au TICE tous les Etats qui ne l’ont pas encore fait et surtout ceux dont la ratification est nécessaire pour l’entrée en vigueur du Traité. Le moment actuel représente pour ces derniers une occasion spéciale pour montrer, face à la famille humaine tout entière, un leadership courageux et un haut sens de responsabilité politique. De la Conférence d’examen du traité de non prolifération des armes nucléaires et du processus d’universalisation du TICE, sortiront des indications importantes pour créer un climat de confiance qui valorise le dialogue multilatéral, à travers une coopération cohérente et responsable entre tous les membres de la communauté internationale. Merci, Messieurs les co-Présidents. *L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°44 p.8.
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