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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 110 (Suppl.), August 2009

 

 

 

M. Ange GARCY

Voyageur de Toulon

France 

Nous, Jeunes de France, ce qui nous touche en premier lieu, et qui nous fait mal, c’est le REGARD des Gadjé qui nous considèrent toujours comme des arriérés. C’est pourquoi nous rêvons d’un monde sans barrière entre les hommes, sans discrimination entre les races. 

Dans notre rapport à la société

Nous dénonçons le carnet de circulation que nous vivons comme une loi raciste. Il n’y a que pour nous et en France que cela existe, alors que nous sommes français. 

Nos inquiétudes

Les difficultés toujours plus grandes pour stationner lors de nos déplacements : on ne peut pas s’arrêter de partout comme l’on veut. Nous sommes chassés, alors que les schémas départementaux prévoyant des aires d’accueil dans les communes de plus de 5000 habitants sont peu ou pas appliqués, nous y voyons là une pression pour une sédentarisation forcée. On nous oblige à plus voyager. En même temps, quand on veut  acheter un terrain pour le  viabiliser avec l’eau  et l’électricité, cela reste un véritable parcours du combattant. Tout nous est refusé : le terrain, l’eau, l’électricité. Ceux qui logent en maison peuvent avoir des aides du gouvernement pour payer leur loyer, pour nous la caravane n’est toujours pas reconnue comme logement. Résultat : pas d’aide. 

Autre source d’inquiétude : le travail

Le travail chez les Gadjé reste toujours source de méfiance, bien que beaucoup de jeunes Voyageurs travaillent comme vigiles, agents de sécurité, faute de pouvoir trouver autre chose. Il est vrai que nous ne pouvons pas faire n’importe quoi vu que nous n’avons pas de qualification. La disparition des petits métiers traditionnels, une chine de plus en plus rare augmentent encore notre difficulté à gagner notre vie.

Le travail sur les marchés devient de plus en plus difficile, le pouvoir d’achat baisse, la vie est de plus en plus chère, les salaires n’augmentent pas… alors les gens achètent moins. Conséquence de cette crise : plus de travail, plus d’avenir. Tout cela développe en nous de l’inquiétude par rapport à nos enfants, que nous poussons à aller à l’école pour suivre des études et avoir un métier afin qu’ils ne soient pas comme nous à vivre au jour le jour. Mais l’accès à l’école reste un problème pour les Voyageurs. Nos enfants sont encore régulièrement refusés, sous couvert d’un manque de places, masquant ainsi un rejet manifeste. Une société où nous, jeunes Voyageurs, avons du mal à entrer. 

Dans notre rapport à l’Eglise

Nous, jeunes Voyageurs de France, nous sommes conscients d’un manque de formation pour être en capacité d’annoncer la Parole de Dieu de manière juste.

- Par rapport aux sacrements, nous reconnaissons l’importance de la catéchèse préparatoire avant la communion ou la confirmation.

- Par contre, celle du mariage n’est pas adaptée à notre vie de Voyageurs : chez nous il n’y a pas de dates, l’exigence d’une préparation sur une année ne correspond pas à notre réalité. Si nous nous marions selon le rite de notre culture, nous souhaiterions aussi pouvoir vivre un temps de bénédiction plus simple.

D’une manière  générale, les prêtres nous apparaissent peu formés à ce que nous vivons, peu adaptés à notre mentalité de Voyageurs :

- le rapport au temps différent

- vocabulaire trop compliqué

- absence de proximité

Quant à l’Eglise, nous la percevons comme peu disposée à donner des responsabilités (lettres de mission, ministères…) aux Voyageurs… alors que dans notre culture le titre a de l’importance :

il est signe de respect et d’écoute, par exemple quand l’ancien  parle, nous l’écoutons.

Le titre marque la reconnaissance de celui à qui l’Eglise ou la société a fait confiance.

Il faut quand même reconnaître que nous, jeunes Voyageurs, nous sommes assez souvent peu disposés à nous engager et prendre des responsabilités.

Notre espoir se porte sur une formation adaptée,

sur une conscience politique et religieuse susceptible de nous mobiliser tant au niveau des associations pour la défense de nos droits que dans une participation plus active à la vie de l’Eglise.

 

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