Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move 

N° 94,  April 2004, pp. 35-37

Réflexions de Noël 

pour les Migrants et les Personnes en déplacement,

a l’occasion du Message de sa Sainteté le Pape Jean Paul II

pour la 90eme Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (2004)

S.E. Mgr Agostino MARCHETTO

Secrétaire du Conseil Pontifical pour

la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement

Dans le monde contemporain, toujours plus globalisé et interdépendant, le développement du phénomène de la mobilité humaine, comme l’a répété depuis plusieurs années le Saint‑Père, représente une grande occasion d'encourager une plus large connaissance des cultures et des religions et d'initier le dialogue entre populations différentes, afin d'améliorer la convivialité entre les civilisations. La mobilité humaine peut devenir dans ce sens une chance extraordinaire dans le cheminement pour une vraie paix dans le monde, dont nous sentons tellement le besoin.

Que la mobilité humaine soit en constante augmentation est un fait qui saute aux yeux. Il suffit de réaliser qu'il y a aujourd'hui plus de 200 millions de migrants et de réfugiés qui vivent en dehors de leur pays d'origine, pas seulement pour réaliser leur désir d'une vie meilleure, mais trop souvent ils y sont contraints par la faim, la misère, la violence et aussi les guerres et les rivalités ethniques. Leur destination sont généralement les pays dits industrialisés, où l’on considère ces flux incessants de gens dans le besoin comme une «invasion». Cette rencontre‑conflit déclenche souvent des réactions d'enfermement sur soi et d'incompréhension. Au contraire, cela devrait faire naître la solidarité, qui se traduirait avant tout par des centres d'accueil, par des législations justes qui permettraient de régulariser la situation des nouveaux arrivants, en évitant des déséquilibres économiques. Il s'agit ici d'un véritable «itinéraire de l'accueil» qui a justement comme caractéristique sine qua non, le dialogue, avec la possibilité de rencontrer les autres, de les écouter, de chercher à les comprendre, de les accepter avec leurs cultures et traditions, dans notre vie quotidienne, sur le lieu de travail et dans la famille. Eux, par contre, doivent respecter l’identité culturelle et les lois des pays d'accueil. Certainement dans les écoles cet «itinéraire de l'accueil» est plus facile. Les enfants, en fait, se retrouvent désormais dans des salles de classe multiethniques et «multilinguistiques», et ils accueillent plus naturellement le voisin de classe de nationalités différentes et ainsi cette rencontre les stimule à connaître l'histoire des peuples et à apprendre la géographie. Leur connaissance générale se développe sans peur ni méfiance, plus vaste et diversifiée. Combien grand et solidaire doit être l'accueil que nous, en tant qu'Eglise, nous prêchons et cherchons à mettre en pratique dans notre communauté, pour faire germer des spirales de paix entre les personnes, les peuples et les nations.

A l’approche de Noël, quand beaucoup de migrants se réunissent avec leurs familles respectives ou simplement se sentent spirituellement plus proches d'eux, l’Eglise fait à tous le don de son message de paix, de son amour inconditionnel, fait de respect, d'écoute, de service solidaire, d'accompagnement, de soutien et d'espérance.

Notre réflexion ne s’arrête pas, naturellement, au monde des migrants, des étudiants étrangers et des réfugiés, et à celui des personnes déplacées, mais inclut toutes les personnes qui, pour différentes raisons, se trouvent en déplacement, comme les marins et pécheurs qui travaillent dans des conditions difficiles, pour des longues périodes de temps, loin de leurs familles. Puisse la prière à Marie, Etoile de la Mer, en cette nuit de Noël, les rapprocher les uns des autres et qu'elle illumine leur route.

Nous nous souvenons également des nomades, une population de 30 millions de personnes, à travers le monde, qui sont traditionnellement des itinérants. Leur chemin est différent de celui des autres, mais toujours marqué par des incompréhensions, par l'intolérance, l’exclusion et le refus. Combien il est nécessaire de dialoguer avec eux pour les connaître, et de réfléchir pour les comprendre! Le Bienheureux Zeferino Jimenes, a été le premier Tzigane à être béatifié, qu'il veille spécialement sur eux!

Il y a ensuite les forains et les gens du cirque qui avec leur travail égaient nos fêtes, spécialement dans les rencontres traditionnelles de Noël. Avec reconnaissance et gratitude nous pensons à eux en ces jours de fête pour la commémoration de la naissance du Sauveur. Avec eux nous pensons également à ceux qui travaillent dans le monde de l’aviation civile et qui ne s’arrêtent pas pour Noël comme nous.

En ces jours de fête, par contre, le nombre de touristes augmente. Nous les invitons à montrer leur appréciation à ceux qui travaillent dans l’industrie du tourisme (ils sont 200 millions dans le monde). Il suffit quelquefois d'une parole et d'un sourire pour remercier ceux qui s'emploient à rendre plus agréable nos vacances.

Quand nous parlons de voyages, nous pensons immédiatement aux pèlerins et à ceux qui voyagent sur les routes et les autoroutes. Ce moyen de locomotion devient de plus en plus frénétique, en proportion directe avec le nombre de véhicules en circulation et avec nos rythmes de vie, toujours plus rapide. Combien de victimes, de blessés et de souffrances se succèdent quotidiennement! Les chauffeurs doivent faire plus attention en ces temps de fête et pratiquer une plus grande courtoisie envers les autres!

Que la Sainte Fête de Noël nous trouve tous plus unis, dans le désir de nous rapprocher les uns des autres, de nous comprendre, de nous aider et de marcher ensemble vers l’Enfant Jésus. Qu’IL nous donne une simplicité de cœur pour nous faire petits, proches des plus humbles de nos frères les plus démunis. Que la Sainte Nuit de Noël soit nuit d'humilité, de paix et de contemplation chrétienne de cette mangeoire qui accueille le Roi des Rois, le petit enfant Jésus, le pauvre par excellence.