Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People People on the Move - N° 85, April 2001
Le pèlerin des années 2000
[Italian summary, English summary]
Après 52 congrès vécus dans différentes villes ou sanctuaires de France et dEurope, cest à Lourdes, du 20 au 23 novembre 2000, que notre Association Nationale des Directeurs Diocésains de Pèlerinages (ANDDP) a organisé son congrès de lannée jubilaire. Avec plus de 315 participants, nous nous sommes rassemblés pour vivre ensemble un événement pastoral ! Depuis 1936, date de la « réunion-congrès des directeurs de pèlerinages », cétait la première fois de son histoire que lANDDP organisait sa réunion annuelle en ce lieu. Il fallait bien une année sainte pour cela ! « Le pèlerin des années 2000 » tel était le thème retenu pour lannée 2000, première étape dune réflexion qui se terminera à Nantes cette année 2001. Qui est ce pèlerin et, plus largement, qui est pèlerin ? Pour nous, le pèlerinage, son actualité et son renouveau, nest pas quun fait de société, une mode du moment. Le pèlerinage appartient au patrimoine chrétien qui nous est commun. « Avec dautres traditions, ce patrimoine fait partie de lhéritage religieux qui a contribué à ce que la civilisation européenne soit ce quelle est » (Mgr Louis-Marie Billé, Assemblée plénière 2000, Discours de clôture). Les conférences, les rencontres en régions, les dialogues et échanges en assemblée nous ont permis de mieux dessiner la physionomie de celui qui donne une certaine raison dêtre à notre mission : le pèlerin. Notre assemblée na pas seulement été la réunion annuelle statutaire que toute association doit organiser, mais avant tout un outil pastoral proposé à chacun de nos services diocésains ou nationaux de pèlerinages. Le congrès a témoigné de la vitalité et de lengagement missionnaire de notre association, tout en reconnaissant que les temps sont rudes et que de nouveaux défis nous attendent. Il a été aussi loccasion de réaffirmer notre désir dêtre à part entière un service dÉglise conformément à la mission pastorale reçue de nos évêques ou de nos supérieurs légitimes. Dans la dynamique de la proposition de la foi à la société daujourdhui, nos pèlerinages proposent et suscitent « des temps nouveaux pour lévangile ». Pour beaucoup le pèlerinage a une dimension catéchuménale. Des hommes et des femmes de tous les âges se mettent en marche en recherche de sens, assoiffés de raisons de vivre et despérer. Chercheurs de Dieu, ils avancent à la rencontre de Celui qui par amour pour eux est venu partager leur humanité, prenant sans cesse linitiative de la rencontre et de lalliance. « Il faut quil y ait des lieux où tout homme, quel quil soit, puisse toucher le surnaturel dans la mesure où Dieu le veut » (François Mauriac). Cest lamour du Christ qui nous presse et qui nous pousse à sans cesse passer sur lautre rive à la rencontre de communautés humaines et ecclésiales pour raviver nos racines en ces lieux de foi et de témoignage où la grâce se fait comme plus proche. Nos chemins de pèlerinages ne sont pas des sentiers sans issues : ils nous conduisent à la rencontre de lautre et de nous-mêmes et sont orientés vers le face à face avec le semblable et le Tout-Autre. Ce ne sont pas des chemins virtuels et, même si nous ne sommes que de passage, nous sommes en marche vers une Cité sainte où toutes les pierres vivantes sassemblent et se retrouvent autour de la pierre dangle, le Christ. La marche du pèlerin le maintient en bonne forme humaine et spirituelle. Comme le dit un livre récent : « Marcher donne du tonus. Favorise la croissance chez lenfant. Équilibre ladolescent. Régénère ladulte. Ralentit la décrépitude au troisième âge. Retarde la ruine au quatrième. Même les morts vont mieux pourvu quils se lèvent et remuent les jambes : voyez Lazare ! » (Yves Paccalet, Le Bonheur en marchant, JC Lattès, 2000, pp. 176-177). Il ny a donc plus de raison de retarder notre mise en route ! « Dans la mesure où nous nous orientons vers Dieu, nous nous enracinons plus profondément dans la vie ». À une telle école, nous découvrons que toute notre vie peut devenir pèlerinage. Lorsquil traduit les béatitudes, Chouraqui emploi lexpression « en marche » ! Finalement, le pèlerin ne serait-il pas lhomme des béatitudes ? Le pèlerin des années 2000, riche de lexpérience et des témoignages de ceux et celles qui lont précédé, riche de ces sentiers déjà parcourus ou encore à explorer, est invité à faire de sa vie une vie « en marche ». Le pèlerinage est alors une école de vie et de sainteté pour tous les hommes et femmes au cur disponible et doux, pour les artisans de réconciliation et de paix, pour les assoiffés de justice et de vérité. La vie du pèlerin est déjà une vie béatifiée ! Le pèlerin de lan 2000 est un bâtisseur de paix, prêt à lémerveillement et au partage, disponible aux appels de lEsprit et aux soifs de ses frères et surs en humanité, toujours en marche, chaque jour davantage pèlerin. Durant ces quelques jours de notre congrès, nous avons eu devant nos yeux et à lhorizon de notre responsabilité pastoral le pèlerin des années 2000. Au-delà des calculs, des raisonnements, des prévisions nous sommes les uns et les autres invités à une disponibilité. Disponibilité à laujourdhui dune mission reçue de nos évêques ou de nos supérieurs. Comme un écho, nous entendons la Vierge Marie nous inviter à dire avec elle : « que tout se passe pour moi selon ta Parole ». Disponibilité aussi à laccomplissement dune tâche, dune ministère. Cette fois, Marie murmure à nos oreilles : « tout ce quil vous dira, faites-le ». Notre objectif nest pas de dessiner une figure idéale de pèlerin, ni même dimaginer un prototype de pèlerin. Nous voulons simplement rejoindre des hommes et des femmes qui se trouvent sur notre route ou, quelquefois, arrêtés au bord du chemin, et leur proposer daller un peu plus loin. Peut-être nirons-nous pas jusquau bout de la route avec eux, peut-être ne seront-ils que des gens de passage mais ce qui nous est demandé est de faire au moins un pas de plus avec eux. Notre spiritualité nest pas celle du « poteau indicateur », qui indique la route mais qui reste lui-même sur place ; notre spiritualité est celle du chercheur, du marcheur, du témoin qui savance avec ceux et celles quil invite. Notre proposition rejoint « tout homme et tout lhomme » et, si nous transmettons une parole, cest pour susciter une communion. En ce sens, nous prenons au sérieux la dimension catéchuménale du pèlerinage : une proposition qui rejoint lhomme tel quil est, là où il en est et qui linvite à grandir encore, à se laisser dépouiller pour accueillir la vraie liberté, celle que seul le Christ peut lui donner. Tout être humain est aimé de Dieu, il est un pèlerin en devenir et en puissance car cest dans ce regard damour quil va découvrir quil doit aller plus loin, se mettre en route vers un ailleurs où Dieu et lhomme se révèlent. Les appels du Christ sadressent toujours à ses amis daujourdhui : « viens », « va », « passe sur lautre rive , je vous envoie » Lami de Dieu est toujours en mouvement et, dans ce mouvement, il accueille laujourdhui de Dieu. Litinéraire du pèlerinage nest pas déterminé à lavance, figé et décidé dune façon immuable ; il nest pas un moule par lequel il faudrait passer et qui serait obligatoire et unique pour tous. Ce chemin séclaire à chaque instant à travers la découverte du sens de ce que nous sommes et de ce que nous vivons. Il est porteur despérance car lhomme est alors libéré de ses peurs et de ses angoisses, car les murs de la division et les pierres de tous les enfermements éclatent grâce à la douceur de la tendresse de Dieu. Le pèlerin nest ni un frileux, ni un peureux. Il est audacieux comme le Christ ouvrant tous les chemins de dialogues et de rencontres. Au « toujours plus vite », le pèlerin répond par la valeur du temps donné aux autres et au Tout-Autre. Face aux séductions du « virtuel », le pèlerin choisit le contact humain et affirme lharmonie de la création. À toutes les solitudes qui isolent, le pèlerin préfère lexpérience humaine et le partage entre frères. Devant le « tout, tout-de-suite », le pèlerin savance sur des chemins de fidélité inscrits dans la durée de lamour. Face à la dispersion et à linstantané, le pèlerin est lhomme qui respire au rythme dune histoire et dune tradition vivante. Le pèlerin des année 2000 attend de nous « des temps nouveaux pour lÉvangile ». « Tu ne me chercherais pas si tu ne mavais déjà trouvé » Nous partons bien souvent à la recherche de Celui qui est déjà au plus intime de nous-mêmes ; nous le cherchons au-dehors, ailleurs, alors quIl est là, en nous. Le pèlerin est un vivant, assoiffé ou saisi par lamour et la tendresse de Dieu et donc libéré des peurs et des appétits de pouvoirs. Il est lhomme des béatitudes. Au service de ce pèlerin, nous navons pas toutes les réponses établies davance, nous ne disposons pas de toutes les recettes, nous avons simplement une certitude : Dieu marche avec son peuple, Dieu est proche de chacun de nous. Avec ce Dieu qui se fait pèlerin, toujours en recherche de notre humanité, mettons-nous en marche et laissons-nous conduire par lEsprit qui se révèle le plus souvent dans la discrétion et la tendresse dun cur à cur. Finalement, ce pèlerin des années 2000 nous ressemble étrangement car, ce pèlerin, cest nous ! Il pellegrino degli anni 2000Riassunto E stato questo il tema del congresso giubilare realizzato dallAssociazione Nazionale dei Direttori Diocesani di Pellegrinaggi (ANDDP), congresso che ha permesso di meglio delineare la fisionomia di colui che costituisce la ragion dessere della missione dellassociazione: il pellegrino. Il pellegrinaggio appartiene al patrimonio cristiano comune, patrimonio che, con altre tradizioni, fa parte delleredità religiosa che ha contribuito a fare della civiltà europea quella che è. Per molti il pellegrinaggio ha una dimensione catecumenale. Uomini e donne di ogni età si mettono in cammino per dare senso alla loro vita, assetati di ragioni per vivere e sperare. Lamore di Dio ci spinge a passare sullaltra riva per incontrare comunità umane ed ecclesiali e ravvivare le comuni radici in quei luoghi di fede e di testimonianza in cui la grazia sembra più vicina. I nostri cammini di pellegrinaggio sono sentieri senza uscita, ma ci spingono allincontro con laltro e con noi stessi. Non sono cammini virtuali ; anche se siamo di passaggio, siamo in cammino verso una Città santa in cui tutte le pietre vive si riuniscono e si ritrovano attorno alla pietra dangolo, Cristo. Tutta la nostra vita può diventare un pellegrinaggio. Il pellegrino degli anni 2000, ricco dellesperienza e della testimonianza di quanti lo hanno preceduto, è invitato a fare della sua vita una vita « in cammino ». Il pellegrinaggio è quindi una scuola di vita e di santità. Lobbiettivo dellasssociazione non è quello di delineare una figura ideale di pellegrino, né dimmaginarne un prototipo, ma semplicemente raggiungere gli uomini e le donne che si trovano sulla strada e proporre loro di andare un po più lontano. Forse non arriveremo fino alla fine della strada con loro, forse essi saranno soltanto gente di passaggio, ma quel che ci viene chiesto è di fare almeno un passo con loro. Litinerario del pellegrinaggio non è determinato prima, deciso in modo immutabile. E un cammino che si illumina ad ogni istante attraverso la scoperta del senso di ciò che siamo e di ciò che viviamo. Il pellegrino degli anni 2000 attende da noi tempi nuovi per il Vangelo. Egli stranamente ci rassomiglia, perché questo pellegrino siamo noi. The pilgrim of the years 2000Summary This was the theme of the jubilee congress organised by the National Association of Diocesan Directors of Pilgrimages (ANDDP), the congress which gave the opportunity to define better the physiognomy of the man who constitutes the reason for the mission of the association: the pilgrim. The pilgrim belongs to the common Christian patrimony, which with other traditions is part of the religious heredity, which has contributed to make the European civilization what it is. For many the pilgrimage has a catechumenal dimension. Men and women of every age set out to give sense to their life, thirsty of reasons to live and to hope. The love of God pushes us to go across to the other shore to meet human and ecclesial communities and to revive the common roots in those places of faith and testimony in which the graceseems closer. Our paths of pilgrimages are not roads without exits, but they drive us to meet with the other and with ourselves. They are not virtual paths; even though we are in passing, we are going towards a holy City where all the living stones are reunited and find themselves around the corner stone, Christ. All our life can become a pilgrimage. The pilgrim of the years 2000, rich in experience and in testimony of those who have preceded, is invited to make of his life a life on the move. The pilgrimage is therefore a school of life and holiness. The scope of the association is not to define an ideal figure of pilgrim, nor to invent his prototype, but simply to reach the men and women who are on the road and to propose to them to go a little farther. Perhaps we will not reach till the end of the road with them, perhaps they will be only people on the move, but what is asked us is to make at least a step with them. The itinerary of the pilgrimage is not determined before, nor decided in an unchangeable manner. It is a path, which is illumined every moment by the discovery of the sense of which we are and of which we live. The pilgrim of the years 2000 expects from us new times for the Gospel. He strangely resembles us, because we are the pilgrims. |
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