Conseil Pontifical pour la Famille Université Catholique de RUÂOMBEROK
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Les médias : un don et une responsabilité pour tous,
Rapport de S.Em. le Cardinal Ennio Antonelli RUÂOMBEROK, 5 septembre 2008
1. Introduction Je suis heureux de me trouver ici parmi vous, en tant que nouveau Président du Conseil Pontifical pour la Famille. Avec des sentiments de respect et d'amitié, je salue tous les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, les autorités, les professeurs, les experts et toutes les autres personnes présentes. Je ne peux pas ne pas rappeler avec affection et gratitude le Cardinal Alfonso López Trujillo, mon prédécesseur, qui avait promis de participer à notre Congrès et qui, certainement, y participe effectivement en esprit, après avoir été appelé au Paradis. Je souhaite à notre rencontre un travail fécond, pour pouvoir offrir les éclaircissements et effectuer les discernements nécessaires sur le rapport difficile entre les familles et le monde complexe des médias, et ce grâce à de sages propositions dans le domaine de l'éducation, ainsi que dans la sphère ecclésiale, culturelle et politique. Pour ma part, je me limiterai à suggérer quelques points de réflexion et des perspectives d'engagement. Je me laisserai plus spécialement guider en cela par le message de Jean-Paul II pour la XXXVIIIème Journée mondiale des Communications sociales de 2004, sur le thème Les médias en famille (MF), qui traitait l'usage que les familles font des médias, ainsi que le traitement que ceux-ci réservent aux familles.
2. Le changement d'époque en cours Le développement rapide et stupéfiant des médias est en train de transformer radicalement le travail et l'économie, la science et la culture, et la société tout entière au niveau planétaire. Aux médias est étroitement lié l'important phénomène de la mondialisation avec des flux imposants et continuels d'idées, d'images, de connaissances et de technologies, d'argent, de biens et de services ; avec aussi une mobilité et des migrations de foules de personnes, ce qui entraîne un mélange des peuples et des cultures. En outre, ce n'est pas seulement la société que les médias modifient ; c'est aussi les personnes individuellement, leur mentalité, leurs intérêts, leurs attitudes, leurs comportements, et même jusqu'à leur psychologie, leurs capacités et leurs aptitudes. De façon synthétique, Jean-Paul II soulignait que les médias possèdent une "grande capacité de modeler les idées et d'influencer les comportements" (MF 6). Nous entrons actuellement dans un monde modelé en grande partie par les médias, de sorte que certains parlent déjà de médiocratie. Dans l'Eglise, nombreux (mais pas tous, hélas !) sont ceux qui perçoivent que la nouvelle situation exige de nouvelles modalités d'évangélisation, en se débarrassant du sentiment diffus d'impuissance et de résignation, et en se rappelant que, par la grâce de Dieu, David, un jeune garçon, peut toujours l'emporter sur le géant Goliath. Les médias transforment aussi la vie des familles. Désormais, observait Jean-Paul II, ils sont les "hôtes habituels de nombreuses maisons et familles" (MF 6). Les maisons abritent les anciens médias, la presse, la radio et la télévision qui tiennent les enfants occupés bien plus longtemps que n'importe quelle autre activité, à part les moments réservés au sommeil et peut-être à l'école. Les maisons abritent aussi les nouveaux médias : internet et la poste électronique, les téléphones portables qui pour les adolescents mais aussi de nombreux enfants, sont devenus un prolongement fixe de leur bras, les ordinateurs de taille toujours plus réduite et faciles à porter. Les anciens et les nouveaux médias sont toujours plus étroitement entrecroisés et reliés entre eux, dans un processus rapide d'intégration et dans une multiplicité croissante de fonctions et de prestations. A partir de chez elles, les personnes  y compris les plus pauvres  ont la possibilité d'allonger leur regard et leur action au monde entier. Jean-Paul II le faisait remarquer explicitement : "De nombreuses familles dans le monde entier, également celles qui disposent de moyens plutôt modestes, peuvent à présent accéder à partir de chez elles aux ressources immenses et variées des moyens de communication sociale" (MF 2). 3. De merveilleuses opportunités Jean-Paul II parlait "des opportunités exceptionnelles pour enrichir la vie non seulement des individus, mais également des familles" (MF 1). Et il spécifiait ensuite : "Des opportunités presque illimitées d'information, d'éducation, d'enrichissement culturel et même de croissance spirituelle, des opportunités largement supérieures à celles que la plupart des familles possédait par le passé" (MF 2). Avec les médias, non seulement la communication s'amplifie, mais se dilate aussi l'expérience globale de la réalité. Fondamentalement, ils remplissent deux fonctions générales : informer et mettre en communication. Ils informent, instruisent, mémorisent les nouvelles, les opinions, les idées, les photos, les adresses, les rubriques, les documents, les journaux, les films, la musique. En même temps, ils mettent les personnes en communication, leur permettent de se rencontrer, de dialoguer, de converser, d'établir des rapports de proximité, de se regrouper en communautés ayant les mêmes intérêts, de participer à de grands événements collectifs, de partager sensations et émotions. Ils donnent la possibilité de voyager, d'échanger des biens et des services, de faire des réservations et des achats, de voyager guidés par le navigateur satellitaire. Quant à l'Eglise, elle trouve dans les médias de nouveaux canaux d'évangélisation et de nouvelles expressions et réalisations de la communion. L'accès aisé aux nouvelles et aux événements ecclésiaux, l'écoute de la Sainte-Ecriture et du Magistère du Pape et des évêques sont proposés à tous, de même que la possibilité de profiter de la catéchèse et de la théologie, de la participation aux célébrations liturgiques ou à d'autres formes de prière, comme par exemple le Rosaire... Il est possible de pouvoir se mettre en liaison avec les institutions et les communautés ecclésiales : paroisses, diocèses, conférences épiscopales, Siège apostolique, ordres religieux, associations et mouvements. Il est même possible de mettre en Âuvre de nouvelles formes de communication spirituelle et fraternelle entre les personnes ; à cet égard, il suffit de penser à l'expérience du Mouvement des Focolari. Quant au mariage et à la famille, en plus des bénéfices généraux déjà mentionnés, il faut aussi rappeler, avec Jean-Paul II, un soutien spécifique qui peut leur être apporté par les médias, lorsque leurs valeurs  amour, fidélité, pardon et don généreux de soi à autrui  sont mises en relief et lorsque leurs crises sont présentées avec une juste sensibilité et un jugement correct, c'est-à-dire lorsque les médias "reconnaissent l'échec et la déception inévitablement éprouvés par les couples mariés et par les familles  tensions, conflits, insuccès, choix erronés et actes douloureux Â" et qu'ils "s'efforcent cependant en même temps de séparer ce qui est juste re ce qui ne l'est pas, (...) et de montrer l'importance irremplaçable de la famille comme unité fondamentale de la société" (MF 3). 4. De graves dangers Jean-Paul II indiquait non seulement les avantages des médias, mais aussi les risques existant pour les personnes et pour les familles. Il parlait explicitement des "nouveaux défis" provenant des messages (MF 1) et se référait implicitement à ceux qui dérivaient de l'usage même des médias (cf. MF 1 ; 5). En réalité, les médias constituent de puissants moyens aussi bien d'éducation que de "déséducation" ; ils conditionnent au bien et au mal ; en particulier chez les mineurs dont la personnalité est encore en phase de formation. Le marché a occupé et déformé la communication sociale, et jusqu'à la communication interpersonnelle et familiale elle-même. Les rapports de marché sont des rapports quantifiés d'échanges, des rapports basés sur la correspondance entre les intérêts. Au contraire, en tant qu'expression de vérité et contact entre les personnes, les rapports de communication sont une valeur en soi, comme la connaissance, l'amour, l'art, la prière, le sport. Et les relations familiales en particulier reposent sur la gratuité et sur la reconnaissance réciproque de la valeur des personnes : l'amitié conjugale est un immense bien en soi ; les enfants sont, en eux-mêmes aussi, un trésor sans prix. "Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l'amour, ne recueillerait que mépris" (Ct 8,7). Hélas, l'hypertrophie de l'économie et du marché au sein de notre société tend à exploiterui okffrirait toutes les richesses de sa jusqu'aux rapports dans la famille : le rapport de couple est souvent considéré comme la coïncidence entre deux égoïsmes, d'une durée plus ou moins longue, du fait que l'un d'eux est utilisé comme l'instrument de l'autoaffirmation ou pour le plaisir de l'autre ; les enfants sont souvent perçus, par les femmes également, comme un obstacle à la carrière professionnelle... et ils sont trop chers. Pour ce qui est de la communication sociale, elle est exploitée de façon toujours plus envahissante depuis que les télévisions commerciales ont fait irruption dans les années 80. La programmation est faite en fonction de la publicité et du business. Les émissions se dilatent dans le temps jusqu'à couvrir les 24 heures du jour et de la nuit. On assiste au déchaînement de l'auditel, par des programmes d'évasion, souvent banals, des spectacles basés sur la violence ou sur le sexe, avec la recherche du sensationnel et de l'extravagant. On ne s'adresse plus aux familles en tant que telles, mais aux individus ; non plus à l'intelligence et au cÂur, mais aux émotions et aux sensations fortes. Ce qui fait spectacle maintenant, c'est la vie privée, l'intimité, les affections, les formes du corps humain. Jean-Paul II mettait en garde à l'égard des médias, en affirmant qu'ils "sont capables d'endommager gravement les familles, en leur présentant une vision inadéquate, et même déformée, de la vie, de la famille, de la religion et de la moralité" (cf. MF 3). En effet, on peut voir comment les thèmes religieux et éthiques sont traités dans les débats où les interventions s'opposent et se succèdent très rapidement, comme dans une sorte de carrousel, ou bien dans les sondages d'opinion, ou encore dans les déclarations d'un personnage du spectacle, parfois superficiel et incompétent. Cela favorise le relativisme dans le domaine religieux et éthique. Les enfants et les adolescents, qui ont un extrême besoin de certitudes, se trouvent gravement désorientés. Parce qu'Il est en marge ou même totalement absent des médias, Dieu ne compte plus, pas même dans l'expérience vécue du fait que ce qui n'apparaît pas dans les médias est sans importance et comme inexistant. Ce qui est exalté, c'est le succès, le pouvoir, la richesse, la santé, la force et la beauté physiques, le plaisir, la transgression, la violence ; tout cela a de fortes répercussions sur la dégradation morale de la société. Selon un préjugé endurci, les choses bonnes et ordinaires ne font pas sensation. Les solides valeurs traditionnelles sont remplacées par celles de la société sécularisée et consumériste (cf. MF 4), créant souvent de faux besoins et un certain conformisme culturel. Jean-Paul II déclarait à propos de la famille : "L'infidélité, l'activité sexuelle en dehors du mariage et l'absence d'une vision morale et spirituelle du contrat matrimonial sont représentées de façon acritique, en défendant parfois en même temps le divorce, la contraception, l'avortement et l'homosexualité. Ces représentations qui promeuvent des causes ennemies du mariage et de la famille sont nuisibles au bien commun de la société" (MF 3). Hélas, il est facile de vérifier combien la vision du sexe en tant que divertissement est répandue, et la façon dont sont considérés comme normaux les rapports sexuels pré-matrimoniaux, toujours plus précocement, et ceux en dehors du mariage, ainsi que l'adultère, le divorce, les couples de fait, l'homosexualité, l'avortement et le désengagement des parents dans l'éducation de leurs enfants. Il faut souligner en outre qu'au-delà des messages et des contenus, s'il n'est pas géré de façon équilibrée et sagement, l'usage même des médias (souvent la télévision, Internet, les téléphones portables) comporte des risques tout autre que négligeables. Il tend à absorber l'intérêt des usagers et à créer une dépendance psychique, soustrayant du temps à d'autres activités importantes, aux rapports interpersonnels, au travail, à la prière. La primauté des images sur la parole et la rapidité avec laquelle elles se succèdent alimentent des sensations et des émotions continuelles, aux dépens de la réflexion, de la capacité critique et de la mémoire ; d'où l'importance excessive accordée, dans les décisions, aux sentiments éprouvés plutôt qu'au fait de comprendre et de rechercher les raisons. Les contacts trop nombreux à travers les messages médiatiques créent avec les autres personnes des rapports superficiels, parfois trompeurs, et peuvent cacher la peur et la solitude. Les médias remplissent différentes fonctions qui sont positives pour les usagers : ils leur tiennent compagnie, ils leur permettent de résoudre aisément certains problèmes, ils leurs proposent des jeux, les protègent, leur assurent une certaine sécurité et les font même sentir au centre d'un vaste monde ; mais c'est justement pour cela qu'ils peuvent aussi contribuer à les déresponsabiliser et à affaiblir leurs caractères, les rendant incapables de supporter une fatigue ou des sacrifices. Le fait d'être étranger à la réalité conduit certains usagers à expérimenter ce qui est appelé une second life, c'est-à-dire une vie virtuelle dans un milieu virtuel, où l'on entre avec une fausse identité pour travailler, faire des achats, construire sa maison, créer des entreprises, employer agréablement son temps libre, faire des rencontres intéressantes, tisser des liens affectifs et sexuels, et même se marier. Le tout, bien sûr, de façon virtuelle. Bref, les médias présentent d'immenses opportunités mais aussi des risques importants ; aussi exigent-ils un engagement intelligent et responsable. 5. La famille engagée dans le dialogue avec les médias Jean-Paul II enseignait : "Toute communication possède une dimension morale" (MF 1) ; et encore : "La communication, sous toutes ses formes, doit toujours s'inspirer du critère éthique du respect de la vérité et de la dignité de la personne humaine" (MF 2). La communication doit être fidèle à la vérité et au bien des personnes : elle doit exclure tout mensonge, parce que celui-ci ronge l'authenticité et la fiabilité des rapports humains. "Que votre langue soit : «Oui ? Oui», «Non ? Non»" (Mt 5,37)."Que votre oui soit oui, que votre non soit non" (Jc 5,12). Les mots et les gestes mensongers constituent un désordre moral, abstraction faite de leurs conséquences (par exemple, le baiser traître de Judas, la poignée de main qui simule un accord, le rapport sexuel en absence des deux dimensions d'unité et de procréation). Les familles où règne l'amour constituent un modèle de la communication humaine authentique car, en elles, les personnes sont traitées comme valeur en soi, sans être exploitées, et la communication s'effectue dans le respect de leur altérité selon une dynamique de gratuité. A ce propos, dans son Âuvre Le Prophète, Kahlil Gibran  le célèbre poète libanais  a employé des expressions très suggestives. Il recommande aux époux : "Aimez-vous l'un l'autre, mais que votre amour ne devienne pas une prison ; De la même façon, à propos du rapport entre les parents et les enfants, le poète recommande : "Vos enfants ne vous appartiennent pas (...) Ils viennent sur terre à travers vous, En employant des mots conceptuels abstraits mais appropriés, on pourrait dire que l'amour est une énergie unifiante, dans le respect de l'altérité des personnes. Il anime la communication authentique aussi bien dans l'intimité des rapports familiaux que dans la sphère plus vaste des rapports sociaux et culturels. Tout comme, dans la famille, le vrai bien de chaque personne n'est jamais en opposition avec celui des autres, et que le vrai bien commun de toutes les personnes est aussi le bien de chaque membre de la famille, de même, dans la société, le bien de chacun ne peut exister sans et contre celui des autres, et le bien commun est inséparable du bien de chacun. La communication sociale est une partie du bien commun : elle concerne tous les hommes, et tous en sont responsables et doivent en prendre soin. La famille doit se placer face aux médias en tant qu'interlocuteur préparé et responsable non seulement dans la phase de la consommation, mais aussi dans celle de la production et de la réglementation. Hélas, nombre de parents (et nombre d'enseignants et d'éducateurs également) n'ont pas la préparation nécessaire, et comme le recommande Jean-Paul II, ils doivent acquérir "la sagesse et le discernement" (MF 1). En premier lieu, les parents doivent s'éduquer eux-mêmes, et leurs enfants également, à l'usage correct des médias. C'est la tâche qui est le plus directement à leur portée. Jean-Paul II disait : "Les parents, en tant que premiers éducateurs de leurs enfants, sont également les premiers à leur expliquer les moyens de communication. Ils sont appelés à former leurs enfants «dans l'utilisation modérée, critique, vigilante et prudente de ces moyens» (Familiaris consortio, 75)" (MF 5). Il est donc nécessaire de comprendre, et de faire comprendre, la raison et la façon dont naissent certains messages, et comment ils fonctionnent ; de se rendre compte que, loin de n'être qu'une simple fenêtre ouverte sur le monde, les médias donnent souvent une vision partielle et déformée de la réalité, en soumission à des intérêts commerciaux et politiques. Il faut ensuite fournir des critères de valeur, éduquer à la vérité, à ce qui est bien et à ce qui est beau, cultiver le développement de personnes ayant une identité solide et qui sont en même temps ouvertes au dialogue. Mais il ne suffit pas d'éduquer : il faut aussi discipliner l'usage des médias. Ecoutons encore une fois Jean-Paul II : "Les parents doivent également réglementer l'usage des moyens de communication chez eux. Cela signifie planifier et programmer l'utilisation de ceux-ci, en limitant sévèrement le temps que les enfants leur consacrent et en faisant du programme une expérience familiale, en interdisant certains moyens de communication et, périodiquement, en les excluant tous pour laisser place aux autres activités familiales" (MF 5). Dans ce sillage tracé par le Saint-Père, nous pouvons énumérer quelques indications et recommandations : a) déterminer un emploi sobre de la télévision et d'Internet, et proposer des activités alternatives, en tenant compte de ce qu'habituellement, les enfants préfèrent le jeu et le travail ; b) limiter l'emploi du téléphone portable, grâce au contrôle économique, et même s'efforcer en ligne générale de ne pas donner du tout de portable aux enfants de moins de dix ans ; c) installer la télévision et l'ordinateur uniquement dans des pièces communes et fréquentées ; d) évaluer et sélectionner au préalable les programmes télévisés, et utiliser un programme-filtre pour l'usage d'Internet, en en expliquant les raisons et les avantages ; e) favoriser l'attention et l'accès aux médias d'inspiration catholique ; f) dans le dialogue familial, discuter à propos des programmes vus, en les confrontant avec les idéaux de la famille. Enfin, nous devons souligner que l'engagement des familles à l'égard des médias ne se limite pas à la seule phase de la consommation, mais qu'il doit remonter bien plus haut, à celle de la production, des règlements et des contrôles publics. Ecoutons Jean-Paul II à ce sujet : "(les familles) peuvent souvent considérer utile de se joindre à d'autres familles pour étudier et discuter les problèmes et les opportunités qui apparaissent dans l'usage des moyens de communication. Les familles doivent être fermes dans leurs revendications aux producteurs, à ceux qui font la publicité et aux autorités publiques à propos de ce qui leur plaît et de ce qu'elles n'apprécient pas" (MF 5). Je pense que cet appel du Pape peut se réaliser particulièrement à travers l'adhésion à des Associations de Familles qui, s'exprimant à travers des comités hautement qualifiés et compétents, peuvent ensuite influencer les opérateurs de façon positive (producteurs, professionnels et publicitaires) et collaborer avec les autorités publiques et les hommes politiques. Les familles pourraient aussi agir parfois directement face aux opérateurs, en leur envoyant, par poste électronique, un courrier de protestation à propos des programmes qu'ils considèrent comme étant dignes de blâmes et contraires à l'éducation. Pour leur part, les opérateurs sont tenus de respecter les critères éthiques dans l'exercice de leur profession, même si cela doit exiger de grands sacrifices. Citant les mots de Paul VI son prédécesseur, Jean-Paul II le rappelait : "Les responsables des communications sociales doivent «connaître et respecter les exigences de la famille. Et cela suppose parfois chez eux un grand courage et toujours un très haut sens de responsabilité» (Message pour la Journée mondiale des Communications sociales 1969)" (MF 4). Pour ce qui est des hommes politiques, ils doivent considérer la famille comme un sujet social d'intérêt public, qu'ils doivent soutenir par des politiques familiales adéquates dans différents domaines, parmi lesquels la sphère de la communication sociale, où ils pourraient conditionner positivement la production et l'offre des programmes mais aussi promouvoir l'éducation aux médias dans les écoles. Enfin, les communautés ecclésiales peuvent intervenir et aider les familles de différentes façons, soit directement, soit indirectement : a) en organisant des rencontres de familles pour bénéficier ensemble et discuter de certains programmes médiatiques destinés à la formation ; b) en insérant l'éducation à l'emploi des médias, dans les itinéraires de préparation au mariage ; c) en encourageant et stimulant l'adhésion des familles aux associations familiales ; d) en diffusant l'usage des médias d'inspiration catholique ; e) en contribuant à préparer, à l'intention des médias, de nouveaux personnels dans la profession, en dirigeant vers eux des jeunes particulièrement aptes de par leurs qualités humaines et le sérieux de leur vie chrétienne ; f) en se donnant une figure ministérielle spécifique : l'animateur de la communication sociale. 6. Un signe des temps Le Concile Vatican II nous a rappelé que "l'Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile" (GS 4). Doivent être considérés comme signes des temps les graines du royaume de Dieu qui se développent dans l'histoire, les phénomènes et les courants de tendance positifs dans lesquels se manifeste la divine Providence. Parmi eux, le Concile reconnaissait le sens de solidarité entre les peuples, qui se développe actuellement (AA 14). Il me semble raisonnable d'ajouter aussi parmi ces signes l'essor prodigieux de la communication sociale qui a fait du monde un "village global". De par notre foi, nous savons que les hommes sont appelés à vivre en rapport entre eux et avec Dieu, et que leur but ultime est la communion parfaite dans le Christ et la participation à l'unité trinitaire des personnes divines. Nous connaissons la prière passionnée de Jésus, le désir suprême de son cÂur : "Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé" (Jn 17,20-21). Il me semble donc que dans la mesure où la communication sociale se développe au service de la vérité et de l'amour, de grands pas en avant sont faits vers l'unité que Jésus désire. Dans cette perspective, les chrétiens et les familles chrétiennes trouvent une merveilleuse raison pour s'insérer dans la communication sociale, avec responsabilité et cohérence évangélique, pour le bien des personnes et de la société.
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