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COMMISSION PONTIFICALE POUR LE PATRIMOINE CULTUREL DE L'ÉGLISE Interventions de S.E. Mgr Mauro Piacenza Inauguration des nouvelles salles d'exposition thématique du "Musée de la Visitation" à Moulins 14 mai 2007 C'est bien avec la plus vive sympathie et un très grand intérêt que la Commission Pontificale pour les Biens culturels de l'Eglise a pris connaissance de l’invitation qui lui a été adressée par l'Association Regard sur la Visitation, en vue de prendre part à la présente cérémonie d'inauguration. En effet, la Commission Pontificale n'a pas manqué d'approuver et d'encourager les initiatives qui, jusqu'ici, ont vu le jour dans le domaine muséographique et ont été réalisées par cette Association. C’est dire combien le leitmotiv de cette journée, "Splendeurs dévoilées, cinq siècles d'art à la Visitation" ne fait que renforcer la conviction de la Commission Pontificale à devoir exprimer sa propre admiration et, partant, celle du Saint-Siège lui-même en ce qui concerne l’œuvre ainsi accomplie autant que la qualité de cette réalisation. Il vaut la peine de souligner en cette circonstance que cela est aussi le résultat d'une collaboration active entre les divers responsables et opérateurs spécialisés mais aussi et surtout entre les autorités compétentes, civiles et religieuses locales. C'est enfin le moment de rappeler brièvement combien l'Eglise est attachée non seulement à la conservation mais avant tout à la promotion de son propre patrimoine culturel dans ses dimensions aussi bien historiques qu'artistiques et dans un souci essentiellement pastoral et d'évangélisation, ce dont le Musée que voici est un excellent exemple. En effet, le Pape Jean-Paul II, de vénérée mémoire, ne rappelait-il pas à la Commission Pontificale, qu'il avait lui-même instituée, que le concept de bien culturel comprend sous ce terme "avant tout les patrimoines artistiques de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la mosaïque et de la musique, mis au service de la mission de l'Eglise". A ceux-ci, le Pape ajoutait, bien évidemment, les biens culturels qui se présentent aussi "sous forme de livres, qui se trouvent dans les bibliothèques ecclésiastiques, et les documents historiques conservés dans les archives des communautés ecclésiales" (Allocution aux membres de la Ière Assemblée plénière du 12 octobre 1995, n. 3). Tous ces biens culturels sont "mis au service de la mission de l'Eglise". Certes, ceux-ci le sont dans la mesure où ils demeurent effectivement en usage, comme c'est le cas des vêtements et des objets sacrés qui trouvent, aujourd'hui encore, leur place dans la liturgie bien vivante de l'Eglise. mais aussi de ceux qui, tout en conservant leur destination originelle, sont tombés en désuétude pour une raison ou l'autre et sont actuellement déposés dans l'une ou l'autre institution muséale. De tels objets d'art, outre leur intérêt d'ordre historique ou artistique, maintiennent toutefois leur valeur proprement spirituelle et ecclésiale. Leur intérêt historique consiste donc dans le témoigne qu’ils représentent d'un moment donné de la vie de l'Eglise et des communautés chrétiennes qui en sont à l’origine et les ont alors réalisés, souvent avec beaucoup de goût et de génie créateur. Leur caractère d’œuvre d'art en font non seulement les témoins privilégiés de la vie et de la foi du peuple chrétien à une époque déterminée mais, souvent, de la pérennité de la beauté artistique absolue, universelle et impérissable, reflet de la beauté divine et éternelle. Mais c'est surtout le niveau spirituel de ces mêmes communautés, dont toutes ces œuvres d'art sont le reflet, qui en fait le prix essentiel pour nous aujourd'hui. Beaucoup de ces objets peuvent parfois atteindre les sommets de l'art comme aussi bien consister en humbles témoins la foi et de la vie de communauté comme, par exemple et dans le cas précis, l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie, dont la ville de Moulins accueillit l'une de ses fondations historiques et où décéda sainte Jeanne de Chantal. Une réflexion sur un Musée ecclésiastique et religieux tel que celui-ci, où sont déposés tant d’œuvres et objets d'art en provenance de nombreux Monastères de la Visitation de France et d'Europe, débouche donc merveilleusement sur le riche héritage spirituel de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal. D'où, sa valence éminemment pastorale, qui est la priorité de toute institution ecclésiale de ce genre. Il s'en suit que l'organisation même du Musée ecclésiastique ou religieux, comme en fait foi l'aménagement des salles inaugurées en ce jour, doit correspondre, le mieux possible, aux exigences et aux besoins d'une animation pastorale et missionnaire qui disposera alors d'un instrument des plus utiles. Car un tel Musée "n'est pas un simple recueil d'objets désuets: il prend place, à juste titre, parmi les institutions pastorales, étant donné qu'il conserve et met en valeur des biens culturels qui étaient une fois mis au service de la mission de l'Eglise et qui revêtent maintenant une signification historique et artistique. Il se présente comme un moyen d'évangélisation chrétienne, d'élévation spirituelle, de dialogue avec ceux qui sont éloignés de la foi, de formation culturelle, de jouissance esthétique, de catéchèse et de spiritualité" (cf. Commission Pontificale pour les Biens culturels de l’Eglise, La fonction pastorale des Musées ecclésiastique, 15 août 2001, n. 2.1.1.). Car, pour reprendre les paroles de Sa Sainteté Benoît XVI dans son Exhortation apostolique "Sacramentum caritatis", "une connaissance approfondie des formes que l'art sacré a su produire tout au long des siècles peut être d'une grande aide pour les personnes qui, face aux architectes et aux artistes, ont la responsabilité de la commande d’œuvres artistiques liées à l'action liturgique" (22 février 2007, n. 41). Par suite de l'incarnation du Verbe de Dieu et du caractère sacramentel de l'Eglise, cette dernière a toujours estimé que l’œuvre d'art contribue à sa manière à proclamer le lien indissoluble qui existe entre l'homme et son Créateur et qu'elle constitue en quelque sorte une anticipation, par le truchement de la beauté sensible, de la splendeur du Royaume des cieux et de la vision béatifique. C'est bien là le vœu que formule la Commission Pontificale en ce qui concerne le Musée de la Visitation, qui est certes un exemple stimulant, lié comme il est à la mémoire de saint François de Sales, de sainte Jeanne de Chantal et de tous ceux et celles qui ont émaillé de leurs vertus spirituelles ou de leur génie artistique la glorieuse histoire de l'Ordre de la Visitation au cours des siècles. Mauro Piacenza Président |