L’EUCHARISTIE: LE DON DE DIEU PAR EXCELLENCE Lundi, 16 juin 2008, Homélie « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné
Chers frères et soeurs, Un Congrès eucharistique international culmine chaque jour par la célébration de la Sainte Eucharistie, le mémorial de la Pâque du Seigneur. En ce 16 juin 2008, je suis très honoré de la présider, en tant qu’archevêque de Québec et président du Congrès eucharistique international de Québec. L’animation de ce jour a été confine à l’Amérique du nord, parce que c’est l’anniversaire de l’arrivée du premier évêque du continent nord-américain, le bienheureux François de Laval, le 16 juin 1659. François de Laval a vécu saintement et il a servi pendant 50 ans en terre d’Amérique. Il est mort le 6 mai 1708, il y a exactement 300 ans cette année. Le pape Jean-Paul II l’a déclaré bienheureux le 22 juin 1980, en même temps que Marie de l’Incarnation et la jeune Kateri Tekakwitha, de la tribu amérindienne des Agniers. Comme pèlerins de l’Église universelle ou comme membres de cette Église particulière de Québec, nous sommes très heureux de rendre grâce à Dieu, pour la plantation de l’Église en Amérique française, il y a 400 ans, et pour son développement extraordinaire sur tout le continent, en de multiples cultures, autour de la Parole de Dieu et de la Sainte Eucharistie. Mes salutations très cordiales vont à tous les congressistes, avec un sentiment de gratitude particulière envers ceux et celles qui viennent de très loin, comme de l’Asie, de l’Afrique, de l’Océanie, de l’Europe et de l’Amérique du Sud. Votre présence à ce Congrès eucharistique international est bien le témoignage de votre foi et de votre espérance dans le Seigneur. Je vous en remercie! Que Dieu bénisse cette assemblée qui représente l’Église universelle en acte de louange, d’adoration et d’intercession pour la vie du monde. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, qui s’est fait pain de vie pour nous. Dieu a tant aimé le monde qu’il a longuement préparé ce don suprême afin que, par la foi, nous puissions l’accueillir et en être nourris. Dieu a aimé le peuple d’Israël d’un amour d’élection, il lui a donné la Torah, et il a scellé avec lui une Alliance par le rite du sang dont nous parle le livre de l’Exode. Moïse dit au peuple : « Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. » Et le peuple répondit : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » Les Saintes Écritures témoignent que cette alliance a été souvent rompue par le peuple d’Israël, mais Dieu n’a pas cessé d’aimer son peuple et de lui rappeler, par les prophètes, son amour trahi. Il a mené son peuple au désert, il l’a nourri de la manne et il l’a protégé contre les serpents. Dieu a finalement conduit son peuple à la terre promise, puis à l’amère expérience de l’exil et à sa dispersion parmi les nations qui entraîna la perte d’un grand nombre et la nostalgie d’un retour à Jérusalem. Quand l’Heure fut venue, Dieu porta à son accomplissement suprême son dessein d’Alliance avec son peuple, en envoyant Jésus comme Médiateur de l’Alliance nouvelle et éternelle. Jésus se consacra à l’annonce du Royaume et à la formation de ses disciples afin d’établir, autour des Apôtres et de Marie, les bases de l’Église. Son action prophétique fut rejetée par les autorités religieuses et civiles de l’époque et il fut condamné par Ponce Pilate au supplice de la croix. Mais Jésus, animé d’un plus grand amour que toute la haine du monde, s’offrit lui-même en sacrifice afin de réparer les offenses des pécheurs et de réconcilier le monde avec Dieu. Dieu a agréé l’offrande d’amour de son Fils, accomplie une fois pour toutes sur la croix, et il l’a glorifié une fois pour toutes par sa résurrection d’entre les morts. Nous croyons en l’Amour infini du Père et du Christ ressuscité que le Saint Esprit diverse dans nos coeurs par le baptême, la confirmation et l’Eucharistie. Puissions-nous y croire encore davantage en ces jours merveilleux de fêtes eucharistiques! Frères et soeurs bien-aimés, nous célébrons maintenant le mémorial de l’offrande d’amour de Jésus et de sa Pâque. Le Seigneur vient à notre rencontre, il nous interpelle et nous prend avec lui au coeur de son offrande d’amour pour le salut du monde. En nous livrant avec Lui, par amour, demandons d’être nous-mêmes des sources d’amour pour le monde. « Celui qui croit en moi, dit Jésus, de son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7, 38). Que l’Esprit Saint augmente notre foi et ouvre notre coeur au Don de Dieu qui veut couler en nous et atteindre par nous la vie du monde. La Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta portait douloureusement dans son coeur la détresse des pauvres et la soif d’amour du Coeur de Jésus comme un seul et même mystère. Puissions-nous communier nous aussi au Don de Dieu qui veut rassasier tous les pauvres! Nous célébrons ce grand congrès eucharistique international au moment où s’abat sur l’humanité une crise alimentaire soudaine et désastreuse. Certaines denrées de base, comme le riz et le maïs, ont doublé ou triplé de prix en quelques semaines, au désespoir des pauvres qui n’ont plus la capacité d’acheter ces denrées à des prix exorbitants. Cette situation est intolérable. Une action rapide et concertée, des instances gouvernementales et des Nations Unies, est nécessaire et urgente pour secourir les affamés et rétablir l’équilibre dans la production alimentaire et dans les échanges commerciaux. Prions pour que le sens de la justice prévale sur l’appât du profit chez ceux qui détiennent le pouvoir économique. Nous-mêmes qui célébrons le Pain du ciel, le Don de Dieu pour la vie du monde, nous ne pouvons pas nous rassasier de ce pain de vie sans nous préoccuper du sort des affamés. Cherchons à connaître les causes de cette crise alimentaire et à réclamer une action politique, tout en nous engageant pour une plus juste circulation des aliments de base, sans oublier l’eau, afin que les plus pauvres ne soient pas exclus de la table commune. Dans quelques instants, au coeur de notre assemblée, le Seigneur descendra du ciel pour se rendre présent, sacramentellement, sous sa forme la plus humble et la plus substantielle, la forme eucharistique. Il descendra jusqu’au fond de nos coeurs par la communion, pour nous habiter, nous transformer et nous faire connaître la hauteur, la largeur et la profondeur du coeur de Dieu. Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous. Pour la Nouvelle Alliance. Prenez et mangez. Prenez et buvez. Faites cela en mémoire de moi. Nous allons communier dans la joie au rite sacré de la Nouvelle Alliance. Souvenons- nous que le Seigneur veut surtout que nous vivions l’amour que ce rite signifie et que Jésus a symbolisé le jeudi saint en lavant les pieds de ses disciples. Conscients de l’engagement de notre baptême, redisons « oui » au don de la foi et de la vie divine. Redisons « oui » au sang de la Nouvelle Alliance qui nous engage à aimer jusqu’au sacrifice. Redisons « oui » au partage du pain quotidien avec tous les affamés, en demandant à l’Esprit Saint de renouveler notre fidélité enthousiaste envers la Sainte Eucharistie, don de Dieu par excellence. Amen !
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