HOMÉLIE D’OUVERTURE Québec, 15 juin 2008
Chers frères et soeurs dans le Seigneur, Nous nous trouvons en ce lieu splendide, en ce décor fascinant du resserrement du Saint-Laurent, là où fut fondée, il y a 400 ans, la ville de Québec, ce joyau admiré de nombreux visiteurs et partie du patrimoine mondial. Cette ville a joué un rôle particulier dans l’histoire de l’Amérique du Nord, dans sa découverte comme dans la première évangélisation des nations autochtones. Les beautés et les richesses naturelles, architecturales, humaines, passées et présentes, sont un vrai don du Créateur qui mérite le souvenir, l’admiration, la gratitude. La ville de Québec veut rendre actuelle sa devise: “Don de Dieu, feray valoir” en proclamant celle de la province dont elle est la Capitale, qui invite à faire mémoire de ce don de Dieu: “Je me souviens/I remember/Me ricuerdo”. Nous tous, nous rendons hommage aux habitants de Québec et nous voulons, avec eux, prendre part à la fête. Mais justement ces paroles significatives qui expriment une mémoire, une réalité présente et un programme ouvrent nos horizons par-delà le fleuve Saint-Laurent et même par-delà l’histoire de quatre siècles. Les devises de la ville et de la province de Québec nous rappellent le don de Dieu qui nous fut offert il y a deux mille ans et l’invitation qui accompagne ce don: “Faites ceci en mémoire de moi”. Quel rapport providentiel! Québec offre à l’Église universelle l’invitation à faire mémoire de Dieu. L’Église locale de Québec a préparé pour l’Église universelle cette fête qui s’accorde si bien avec les célébration civiles. Et nous voici rassemblés provenant non seulement des diverses régions de ce grand pays, le Canada, mais aussi des pays voisins et même de tous les continents. “Adunavit nos in unum Christi amor” Nous sommes venus pour célébrer le Don de Dieu, la mémoire et la présence du Christ, son sacrifice pour la vie du monde, ainsi que l’annonce le thème de notre Congrès: “L’eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde”. En bref: le Don du Christ fait à notre monde. Nous sommes réunis ici comme appartenant à l’Église catholique, universelle, répandue dans le monde entier. Le pape Benoît XVI est de tout coeur avec nous. Ne pouvant être présent physiquement, il m’a envoyé comme délégué pour présider en son nom aux célébrations du Congrès qu’il suit dans la prière et conclura avec un message spécial transmis par voie télévisée. Dès le début de ce Congrès, nous lui faisons parvenir nos hommages les plus chaleureux. Je salue cordialement son Éminence le Cardinal Marc Ouellet, pasteur de cette Église de Québec, qui, depuis le dernier Congrès eucharistique international de Guadalajara en octobre 2004, n’a pas épargné ses efforts pour préparer cet événement eucharistique avec le concours de nombreux collaborateurs et l’appui du Comité pontifical des Congrès eucharistiques internationaux de Rome. Avec lui je salue fraternellement Messieurs les Cardinaux et mes vénérables frères dans l’épiscopat provenant du Canada, d’autres pays et d’autres continents. J’adresse ensuite mes salutations respectueuses aux autorités civiles, nationales, régionales et locales, surtout à celles qui ont favorisé l’organisation de ce Congrès qui coïncide heureusement avec les fêtes du quatrième centenaire de la fondation de la ville de Québec. Je salue affectueusement les diacres, les religieux et religieuses, les séminaristes, les membres de mouvements et d’associations ecclésiales, en particulier de celles qui promeuvent l’adoration eucharistique, et nous saluons les jeunes, les familles et les délégations des différentes nations, langues et continents. May I now convey special greetings to the English speaking people. We came to this beautiful region and city of Quebec at the invitation of this local church, as members of the universal Catholic Church to celebrate the 49th international Eucharistic Congress. The City of Quebec, with its motto, “God´s gift I will treasure” commemorates 400 years of foundation and the province of Quebec has also a similar motto: “I remember”. We too are following a mandate that Jesus gave to his apostles at the Last Supper: “Do this in memory of me”. We remember, we celebrate, we pray, we live the Eucharist as “Gift of God for the life of the world”. Jesus Christ is with us, the Head of the Church, Pope Benedict XVI wants to be with us by sending me as his personal Legate and by his special Message which he will personally transmit through the TV at the end of the Congress. We send him our affectionate greetings. We greet His Eminence Cardinal Marc Ouellet, Archbishop of Québec and our host as well as all Cardinals and Bishops from different countries and continents. We pay respect to the civil Authorities at national, regional and local level. I greet the delegations from various continents, nations, languages, movements and associations, especially those cultivating the Eucharistic adoration. My cordial greetings to the priests, deacons, religious both male and female, seminarians and families. We have a special greeting for the youth. And we will remember in these days our poor, sick and old brothers and sisters. Peace and joy from Eucharistic Christ to you all! Paz y alegría también a todos aquí presentes de habla española. Estamos aquí convenidos por invitación de la Iglesia de Québec y de su pastor, el Cardenal Marc Ouellet que saludamos cordialmente. Este cuarenta y noveno Congreso Eucarístico es una celebración de la Iglesia universal che sigue el precedente Congreso convenido en octubre de año 2004 en Guadalajara en México. Estamos aquí para recordar el inmenso Don que Dios ha hecho a toda la humanidad, incluido el nuestro mundo. Fieles al mandamiento de Jesús en la Última Cena:”Haced esto en conmemoración mía”, nos recordaremos de infinito amor de Cristo che se ofrece para la vida del mundo, meditaremos, rozaremos, haciendo la fiesta al grande Don de Dios. Toda la Iglesia es aqui representada en nombre de su Salvador. El Santo Padre, Vicario de Cristo, me ha enviado como su Legado y comunichera personalmente con nosotros por via de telecomunicacion al momento de la conclusion del Congreso. A El nuestro saludo muy cariňo de esta asemblea eucaristica. En nombre del Papa saludo fraternamente mis hermanos Cardinales y Obispos, pastores de muchas Iglesias del Canada, en primer lugar de Quebec, y del mundo entero. Saludo respectosamente las Auctoridades civiles nacionales, regionales y locales, las delegaciones de varias naciones y asociaciones, los presbiteros, diaconos y seminaristas, los religiosos y religiosas, los jóvenes todos, los matrimonios y los ancianos. Verdaderamente, “adunavit nos in unum Christi amor”- el amor de Cristo Eucaristia nos ha reunido aqui como la grande familia eclesial. “L’Eucharistie, Don de Dieu” Nous nous trouvons en ce lieu venant de divers coins du monde. Nous faisons partie de cette humanité qui nous entoure, marée de personnes en mouvement, en marche vers l’avenir, luttant pour le pain de chaque jour, une masse de six milliards et demi, tout occupée à améliorer ses conditions de vie, aspirant au bonheur. Nous sommes plongés en cette humanité en marche vers l’avenir. Et nous nous réjouissons si nous trouvons la force de lever quelquefois la tête et de nous poser des questions très sérieuses comme « d’où vient ce monde qui nous entoure et où va-t-il? ». « Et moi que fais-je sur cette terre? » Ce sont des moments bénis quand nous ressentons le besoin d’une présence supérieure qui puisse illuminer notre chemin, satisfaire notre faim de pain, d’amour, de bonheur, de fraternité. Ce Congrès est une occasion de ce genre. Il nous permet de rencontrer cette présence, de nous arrêter et de nous pencher sur les questions fondamentales de notre existence, sur le sens de notre vie et de notre mort. Vautil la peine de vivre? Vivre? Oui! Mais vivre quelle vie? C’est ici que nous touchons le problème de Dieu et de sa présence dans notre vie. C’est en ce moment que l’eucharistie nous apparaît en sa grandeur et en son importance vitale. Nous sommes invités à prendre une conscience plus profonde de ce “Don de Dieu pour la vie du monde”. Qu’est-ce que ça veut dire: “Don de Dieu” et, en plus, “pour la vie du monde”? Le don de Dieu est celui que Jésus Christ, Fils de Dieu, a promis à Capharnaüm, promesse qu’il a réalisée ensuite pour nous au Cénacle au moment de quitter ce monde. C’est ce pain mystérieux dont il parla à la multitude après l’avoir rassasiée matériellement par la multiplication des pains: “Moi, je suis le pain vivant, descendu du ciel [...] Et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde ” (Jn 6, 51). L’eucharistie est ce don de Dieu que Jésus a institué dans le Cénacle quand il a déclaré sur le pain: “Ceci est mon corps” et sur le vin: “Ceci est mon sang”. Le don de Dieu est la nourriture qui nous rassasie et maintient notre vie pour l’éternité: “Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle” (Jn 6, 54). Devant quitter ses disciples, Jésus, comme fait un père pour les siens, désire leur laisser en souvenir de lui, quelque chose de précieux. Jésus ne leur donne pas une riche propriété, un objet rare, un bijou, son image, son portrait ou un autre don particulièrement mémorable. Son don, c’est lui-même. Le pain eucharistique est lui-même, le Fils de Dieu: “Je suis le pain vivant, descendu du ciel” (Jn 6, 51) . Comme l’a exprimé avec force l’inoubliable Jean-Paul II: “L’Église a reçu l’eucharistie du Christ son Seigneur non comme un don, pour précieux qu’il soit parmi bien d’autres, mais comme le don par excellence, car il est le don de lui-même, de sa personne dans sa sainte humanité, et de son œuvre de salut” (Ecclesia de Eucharistia, 11). L’eucharistie est le don de Dieu parce qu’elle est le Christ-Dieu qui se donne. L’eucharistie est une personne, non un objet, non un don mort. Nous ne devrions pas nous demander “ce qu’est l’eucharistie”, mais “qui est l’eucharistie”. Mais il y a encore plus. L’eucharistie est une personne vivante. Elle est le Pain vivant descendu du ciel. Elle est le Christ ressuscité qui ne meurt plus. L’eucharistie n’est pas la relique de son corps, mais Jésus-Christ, vivant et présent avec son humanité et sa divinité. L’eucharistie est le don de Dieu; elle est la présence du Christ-Dieu au milieu de nous. Il est toutefois présent sous forme sacramentelle. Jésus a voulu demeurer présent au milieu de nous sous la forme du pain et du vin pour signifier qu’il avait l’intention de devenir notre nourriture, soutien de notre vie et source de notre existence ouverte sur l’éternité. Analogiquement avec la nourriture matérielle qui entre dans les fibres de nos corps et, à travers le métabolisme, devient notre vie et notre énergie, Jésus lui-même a voulu entrer en communion intime avec nous: “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi” (Jn 6, 56-57) L’eucharistie est donc le Christ vivant réellement présent au milieu de nous sous les signes du pain et du vin. Pour cette raison, elle est Dieu qui se fait don; elle est notre Emmanuel - “Dieu avec nous”, le pain du ciel et notre nourriture de vie éternelle. Elle est la présence du Christ Jésus avec sa divinité et son humanité, une présence réelle et substantielle, mais qui échappe à l’expérience de nos sens, de la vue, de la mensuration physique et chimique, comme l’affirme l’hymne traditionnelle: “Visus, tactus, gustus in te fallitur, sed auditu solo tuto creditur”. L’unique moyen pour la connaître est notre foi. Devant l’hostie et le calice élevés par le prêtre, nous proclamons: “Mystère de la foi” - “Il est grand le mystère de la foi”. Pour notre mentalité habituée à tout vérifier avec des instruments, avec la technique, les affirmations eucharistiques de Jésus peuvent sembler “dures”. Mais face au ferme réalisme de Jésus, nous reconnaissons avec Pierre: “Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu” (Jn 6, 68). Devant un Christ-Dieu qui se fait don dans l’eucharistie, nous professons aujourd’hui notre admiration, notre stupeur, notre joie et notre amour: “Devant un si grand sacrement, prosternons-nous et adorons”. Et notre foi devient adoration, parce que nous nous trouvons en présence de Dieu qui se fait don. “For the life of the world” The Eucharist is a gift of God. Not as an object, as the other gifts of God, but a very special one, because the gift of God himself. The Eucharist is Christ himself, a Person with his divine and human nature, given to us. It is the body and blood of the Risen Christ present with us under the sacramental signs of the bread and wine. Before leaving this world, Jesus wanted to leave to his Church and to the whole humanity the gift of his Presence. He has chosen the form of the bread and wine. Since the beginning of his public life, in Capernaum, he has promised the bread of life: “The bread I will give is my flesh for the life of the world” (Jn 6, 51). On the eve of his passion, in the Cenacle he took the bread and solemnly declared: “This is my body given up for you”. And he said over the wine: ”Drink from it, all of you, this is my blood of the covenant, which will be shed on behalf of many for the forgiveness of sins”. He has accomplished only a few hours in advance of and in a bloodless, sacramental manner, the sacrifice offered in bloody way on the Cross at Calvary. Jesus therefore instituted the Eucharist as his redemptive sacrifice. The Eucharist is a sacramental form of the sacrifice of Jesus on cross, Cenacle and Calvary are just one sacrifice “for the life of the world”. This sacrifice happened only once, but Jesus wanted to apply and to perpetuate it through the centuries. Therefore he gave a commandment to his apostles: ”Do this in memory of me”. It is a memorial and a command: not only to remember him with speeches and words, but to do what he has done. From that time, the priests of his Church accomplish this sublime command doing the same action and pronouncing the same words. Through two thousand years the same words of Jesus consecrating the bread and wine resounds in each church. As saint Paul testifies about the church of Corinth: “For as often as you eat this bread and drink the cup, you proclaim the death of the Lord until he comes” (1Cor 11, 26). In each celebration of the Mass, Jesus Christ himself is present with us in the situation of sacrifice as the lamb of God who takes away the sins of our world, of our community, our sins. When the priest proclaims after the consecration: ”This is the mystery of faith”, the people profess their faith in Christ’s sacrifice that is renewed at the altar: ”We proclaim your death, Lord!” It is not a show, not a pure commemoration or remembrance, it is sacramental representation of this salvific event, a persevering memorial bringing its fruits to the faithful. The Sunday Mass is such a memorial. If we understand in depth the meaning of our weekly Eucharist, we will revise our frequentation to it. It will become clear for us why the martyrs of Abitine in Northern Africa declared to the pagan judge: “We cannot live without the (Sunday) Eucharist” (“Sine Dominico non possumus vivere”) and why they offered their lives for this conviction. The Holy Mass, possibly with the Holy Communion, and the adoration of our Lord present among us in the Eucharist – are the main form of our response to such a great Love of God. Eucaristia-el Cristo-Dio che se dona por el mundo En el don de Eucaristia Jesu Cristo mismo se dona a la humanidad, al mundo. El se re-presenta en lo estado de victima, de cordero de Dios sacrificado por los pecados del mundo, con su corazon abierto de donde pasa y se efonde el suo amor por la umanidad entera, por cadauno de nosotros. Como afirma el Santo Padre Bendito XVI, “el Seňor está siempre en camino hacia el mundo…Nuestros caminos sean caminos de Jesús. Nuestras casase sean casas para él y con él. Nuestra vida de cada día esté penetrada de su presencia. Con este gesto ponemos bajo sus ojos los sufrimientos de los enfermos, la soledad de los jóvenes y ancianos, las tentaciones, los miedos: toda nuestra vida” (Homilía en el Corpus Domini 26.5.2005). Chers frères et soeurs en Jésus-Christ Nous ouvrons maintenant solennellement ce quarante-neuvième Congrès eucharistique international avec des sentiments de foi, de stupeur, d’admiration, de louange et de gratitude pour les merveilles de l’amour du Christ qui se donne à nous et qui nous offre, non pas un don appartenant à ce monde créé, mais lui-même en personne. Vraiment “il est grand le mystère de la foi!” Que le regard et l’intercession maternels de Marie, “Femme eucharistique”, nous accompagnent et nous encouragent dans la vénération de ce “Corps né de la Vierge Marie”. Ave verum Corpus natum ex Maria Virgine, vere passum, immolatum in cruce pro homine.
Jozef Cardinal Tomko
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