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48ème CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL (10- 17 OCTOBRE 2004)
TÉMOIGNAGE DE LA DÉLÉGATION MALIENNE
Bien chers frères et sÂÂurs en christ, La délégation Malienne constituée de :
est heureuse de prendre part à ce congrès eucharistique international, et se réjouit dÂÂavoir lÂÂoccasion de prendre la parole en ces grandes assises autour du thème de lÂÂeucharistie. Avant notre témoignage proprement dit sur lÂÂeucharistie au Mali, permettez-nous de vous donner un bref aperçu sur le Mali et lÂÂÉglise au Mali, contexte de notre témoignage. Le Mali DÂÂune superficie de 1 241 238 km2 pour environ 11 millions dÂÂhabitants, le Mali comprend :
Au Mali, Musulmans, gens de la religion traditionnelle et Chrétiens vivent dans la tolérance et dans lÂÂentente. LÂÂÉglise au Mali En ce qui concerne lÂÂÉglise du Mali, elle a pris racine le 20 novembre 1888 dans le ville de Kita, grâce aux Père du Saint-Esprit. En 1889, les Missionnaires dÂÂAfrique, Pères Blancs, prennent le relaie. Notre Église grandira donc sous la vigilance missionnaire des Pères Blancs. AujourdÂÂhui, elle compte:
Le projet pastoral des évêques du Mali, élaboré en 1988 lors des festivités du centenaire de notre Église, est de bâtir une Église-famille communion fraternelle au service de lÂÂévangile ; Une Église-famille communion fraternelle quÂÂils ont symbolisé par un baobab à six (6) branches qui représentent les six diocèses(Kayes, Bamako, Sikasso, Segou, San et Mopti) du pays. Le baobab est un gros arbre du Sahel à longue vie. Cet arbre est très imposant, important et utile pour ses feuilles et ses fruits utilisés dans lÂÂalimentation, ainsi que pour ses fibres qui servent à confectionner des cordes. Tous, agents pastoraux, communautés et baptisés conjuguent aujourdÂÂhui leurs efforts pour traduire ce projet dans le concret, dans la vie quotidienne à travers la construction de communautés ecclésiales de base (CEB) ou communautés chrétiennes de base CCB). LÂÂEucharistie célébrée et vécue au Mali. Dans ce contexte Malien, contexte où se côtoient des musulmans, des chrétiens et des adeptes de la religion traditionnelle, Quelle est la signification de lÂÂEucharistie pour nos communautés ? Comment célèbrent- elles lÂÂEucharistie et quel est le niveau de leur dévotion pour le culte Eucharistique ? Enfin, quel est lÂÂimpact de lÂÂEucharistie sur la vie des baptisés et des communautés ? Ce sont là les questions sur lesquelles portera notre témoignage en trois étapes :
I - Signification de lÂÂEucharistie pour nous au Mali Dans un milieu où se côtoient des musulmans, des chrétiens et des adeptes de la religion traditionnelle, lÂÂeucharistie est perçue avec de relatives nuances selon les expériences personnelles de quelques personnes rencontrées autour de moi. - Pour certains lÂÂeucharistie est un plat commun qui réunit tous les membres de la famille. CÂÂest lÂÂoccasion de partager le même repas qui nourrit et réconforte tous ceux qui y sont invités. - Pour dÂÂautres cÂÂest la communion avec le Christ. En rencontrant et en recevant le Christ nous devenons les membres du corps du Christ. - Pour dÂÂautres encore cÂÂest le symbole de la présence sainte, permanente et sécurisante du Christ devant tout mal qui nous envahit. La signification de lÂÂEucharistie se dégage en particulier des traductions dans nos langues du mot eucharistique. Traduire, nÂÂest-ce pas interpréter, inculturer (la traduction étant un des domaines de lÂÂinculturation) ? Voici quelques traductions du mot « Eucharistie » dans nos langues : En bambara, langue nationale = « soni » qui veut dire sacrifice En boré, = MaÂÂo » ou « MaÂÂ o-senu » qui veut dire sacrifice, sacrifice saint En Tomokan(Dogon) = « Dyamba Senou Saba » qui veut dire, le sacrifice de lÂÂassemblée sainte. LÂÂidée prédominante est donc celle de sacrifice. Une telle traduction tire son origine de la culture des religions traditionnelles, « pierres dÂÂattente de la religion chrétienne » En effet, qui dit sacrifice, dit rassemblement, Au Mali, lÂÂEucharistie signifie, comme partout dans lÂÂÉglise Catholique, Le sacrifice du Christ, Elle signifie et est présentée aux fidèles,
communion entre les vivants et les morts et communion entre les vivants et Dieu, une communion rendu possible grâce au Christ toujours vivant et présent dans sa Famille quÂÂil nourrit et protège. Il mérite donc dÂÂêtre approché avec respect au moment de la Communion contemplé et adoré. LÂÂEucharistie est source sûre dÂÂabondantes grâces pour le croyant. Pour y communier pleinement, elle présuppose lÂÂacception et la conversion au message de Jésus et de sa Famille, la réconciliation avec Dieu et les hommes et ayant les mains ou le cÂÂur « propre ». II - La célébration de lÂÂEucharistie et la dévotion Eucharistique au Mali. 2.1 ÂÂ La célébration de lÂÂEucharistie Au Mali, il nÂÂexiste pas de rite particulier ( propre) pour la célébration de lÂÂEucharistie. Nous utilisons le missel Romain. La chasuble et lÂÂétole sont lÂÂhabillement habituel du prêtre pour les célébrations. Même si lÂÂinculturation nÂÂest pas très avancée, ces célébrations sont néanmoins beaucoup marquées par notre sensibilité malienne, par notre culture. Aussi, elles prennent généralement lÂÂallure de fête et de joie avec les danses, les gestes et les attitudes et durent en moyenne 1 h 30 mn. Elles sont animées, vivantes. Les textes liturgiques sont traduits dans plusieurs langues locales : En Bambara, en Dogon, en Boré ou Bomu, en Senoufo, en Minianka. La langue liturgique la plus usuelle est le Bambara, la langue nationale. Les instruments de musique traditionnelle sont régulièrement utilisées dans nos liturgies. On assiste souvent et de plus en plus, à un mariage entre instruments de musique traditionnels et instruments de musique modernes ou même à des célébrations avec instruments de musique moderne uniquement dans les grands centres, les villes.
LÂÂusage des instruments de musique traditionnels et modernes. Des cris de joie (yuyu) Des tires de coups de fusils (gloria, action de grâce, anamnèse) Des danses de lÂÂassemblée ou devant lÂÂautel (processions dÂÂentrée, processions dÂÂoffrandes, processions de la parole de Dieu, gloria, action de grâce) Des applaudissements (gloria, action de grâce) Des préfaces chantées et dansées par les prêtres à lÂÂautel ; joie que partage lÂÂassemblée en reprenant le refrain tout en dansant et poussant des cris de joie. Aux processions dÂÂoffrande et de la parole de Dieu, les fruits de notre terre sont souvent présents : mil, maïs, riz, arachides, ignames, etcÂÂ Nous offrons ainsi les fruits de notre terre et nos personnes à Dieu Nous symbolisons ainsi la parole de Dieu comme nourriture. Toute la célébration nÂÂest pas que joie explosive.
SÂÂagenouiller la main sur la tempe tête inclinée en avant, Dans lÂÂorientation pastorale des évêques du Mali, « ce qui compte, cÂÂest la relation à lÂÂautre », à Dieu et à son frère. Cela est exprimé en particulier au moment du Pater où tous se tiennent les mains pour le prier. Cela, pour exprimer le lien de fraternité en Christ qui existe et qui est à consolider. Nous sommes fils de Dieu, membres de la même Église communion fraternelle au service de lÂÂévangile.
Il sÂÂagit de ne pas oublier de soumettre régulièrement nos tentatives dÂÂinculturation à lÂÂappréciation dÂÂune équipe compétente. Il est bien dÂÂinnover, mais il est aussi important dÂÂévaluer régulièrement. Bref, nous nous invitions et nous nous engageons mutuellement à inspirer et à soutenir ce qui peut aider nos fidèles à bien vivre, célébrer et témoigner de leur foi. Par ailleurs, les célébrants usent de Chorégraphies, de para-liturgies et dÂÂexpressions proverbiales pour communiquer le message de lÂÂévangile. La fréquentation de lÂÂeucharistie par les fidèles : Nombreux sont ceux qui sont conviés à cette grande table mais beaucoup sont exclus pour des raisons diverses (situation de polygamie, de concubinage, de divorcés, de catéchumène permanent, de chrétiens isolés, de communautés irrégulièrement visitées par les prêtresÂÂ ). Quelques musulmans et adeptes de la religion traditionnelle qui assistent occasionnellement à nos célébrations se sentent aussi exclus. Ceci pose le problème dÂÂune pastorale de la famille et dÂÂune pastorale des vocations à promouvoir. La fréquentation est cependant massive lors des célébrations dominicales des grandes fêtes et des évènements diocésains et nationaux. En semaine, elle est relativement faible de manière générale. LÂÂimportance de lÂÂEucharistie pour eux se traduit par le soin quÂÂils se donnent avant de venir à la célébration : habillement décent, propreté du corps, etcÂÂ Elle se traduit également par lÂÂaugmentation progressive des demandes de messes. Les personnes âgées font lÂÂeffort de se confesser avant lÂÂeucharistie et observent même le jeûne eucharistique. Quant aux jeunes gens et jeunes filles, ils fréquentent moins le sacrement de réconciliation avant lÂÂeucharistie. 2.2 ÂÂ La dévotion au Saint Sacrement Elle nÂÂest pas développée. Le culte au Saint Sacrement a lieu surtout le Jeudi Saint, lors des pèlerinages nationaux et paroissiaux, dans certaines équipes apostoliques(à lÂÂoccasion des récollections et retraites) et communautés religieuses de manière périodique(une fois par semaine ou une fois par mois). Le salut au Saint Sacrement et la « fête-Dieu » sont à valoriser par ci et à revaloriser par là. Le sens du saint, du sacré dans lÂÂEucharistie sÂÂexprime néanmoins chez les gens par des attitudes de respect et dÂÂadoration devant le Saint Sacrement etcÂÂ III - LÂÂimpact de lÂÂEucharistie sur la vie au Mali La liturgie est un moyen efficace dÂÂévangélisation. Elle est, selon le Concile Vatican II, « le sommet auquel tend lÂÂaction de lÂÂÉglise et en même temps la source dÂÂoù découle toute sa vertu. « (S. C. 10.) Son importance est de ce fait indéniable dans la vie du croyant et de toute lÂÂÉglise et requiert des soins et une attention particulière. Au Mali, depuis 15 ans, elle connaît un développement spectaculaire. Des chorales naissent et se développent par-ci, par-là : chorales de communautés, de secteurs, de paroisses, de diocèses. Elles constituent en même temps le berceau de lÂÂinculturation de la foi dans nos diocèses, dans notre pays. Elles représentent une force dÂÂévangélisation sans précédent. Je cite en témoin nos célébrations nationales lors du pèlerinage à Kita. Les acteurs des liturgies ne manquent pas dÂÂinitiatives pour nous aider à entrer en communion avec le sacré et bien prier. Ils ne tarissent pas dÂÂinitiatives pour faire du message du Christ une réalité dans la vie quotidienne du chrétien et de tout croyant. A lÂÂoccasion, ils usent de talents de musiciens, de chorégraphes, de metteurs en scène, de connaisseurs de la tradition et de lÂÂhomme africain malien, de « liturgie » etcÂÂ afin de bien mener à bout ce travail dÂÂévangélisation et de christianisation. Quel est lÂÂimpact de tout cet effort sur la vie des gens ? En particulier, quel est lÂÂimpact de lÂÂEucharistie sur la vie ? Quel est le lien entre Eucharistie et vie quotidienne chez les fidèles. LÂÂimpact de lÂÂEucharistie sur la vie des chrétiens et même des non- chrétiens est le suivant : Elle rassemble, forme et informe la communauté. Elle éclaire et guide les fidèles chrétiens, Elle donne un sens aux évènements de notre vie chrétienne Elle est un lieu de communion entre le ciel et la terre et entre les hommes. Elle est un lieu de communication et de dialogue : Communication/dialogue entre Dieu et les hommes ;entre les hommes eux-mêmes. Elle est communication des grâces divines. Elle est un lieu dÂÂexpression et de profession de foi de lÂÂÉglise Elle a un rôle de sanctification du peuple chrétien. Elle permet un renouvellement de la foi en Dieu Père, Fils et Esprit saint Elle permet une communion des fidèles à la source (eucharistie et parole de Dieu) Elle fait prendre conscience aux fidèles chrétiens de leur appartenance à lÂÂÉglise et de leur mission au service de cette même Église. Elle est source de joie et dÂÂespérance qui conduit le fidèle chrétien à un témoignage permanent et affirmé. Au Mali, elle a toujours été objet dÂÂadmiration pour les non-chrétiens (surtout les grandes fêtes et autres évènements.) Dans ce sens, elle permet une ouverture ; voire un dialogue entre chrétiens et non-chrétiens. Malgré ces efforts, le lien entre Eucharistie et vie quotidienne nÂÂest pas satisfaisant chez les baptisés de manière générale. Il reste faible. En effet, il existe même dans certains cas, une dichotomie entre vie eucharistique et vie quotidienne avec lÂÂexistence de ceux quÂÂon pourrait appeler « chrétiens du dimanche », des chrétiens qui ne vivent pas ce quÂÂils célèbrent. Ils sont justes consommateurs de lÂÂeucharistie et des sacrements. Pour que nos célébrations soient plus vivantes, plus priantes et mieux vécues, nos communautés ont besoin de redécouvrir le sens de certains gestes et attitudes en liturgie. Il y a lieu de ce fait que les responsables de la liturgie se forment pour former les fidèles au sens de ce que nous célébrons. Voilà ce qui a motivé le Mali à prendre part au présent congrès eucharistique. Nous espérons repartir enrichis pour promouvoir au Mali une vraie pastorale Eucharistique.
TÉMOIGNAGE DE DOURO SYLVESTRE TEMBELY Dans un milieu où se côtoient des musulmans, des chrétiens et des adeptes de la religion traditionnelle, lÂÂeucharistie est perçue avec de relatives nuances selon les expériences personnelles de quelques personnes rencontrées autour de moi. Pour certains lÂÂeucharistie est un plat commun qui réunit tous les membres de la famille. CÂÂest lÂÂoccasion de partager le même repas qui nourrit et réconforte tous ceux qui y sont invités. Pour dÂÂautres cÂÂest la communion avec le Christ. En rencontrant et en recevant le Christ nous devenons les membres du corps du Christ. Pour dÂÂautres encore cÂÂest le symbole de la présence sainte, permanente et sécurisante du Christ devant tout mal qui nous envahit. Tous sont conviés à cette grande table mais beaucoup sont exclus pour des raisons diverses (situation de polygamie, de concubinage, de divorcés, de catéchumène permanent, de chrétiens isolés, de communautés irrégulièrement visitées par les prêtresÂÂ ). Quelques musulmans et adeptes de la religion traditionnelle qui assistent occasionnellement à nos célébrations se sentent aussi exclus. La messe dominicale, Pâques, Noël, les ordinations, les rassemblements occasionnels de mouvements dÂÂactions catholiques sont entre autres occasions de célébrer, adorer et contempler lÂÂeucharistie. Le pèlerinage annuel à notre Dame de Kamma est une occasion particulièrement importante pour les chrétiens de la Paroisse de Bandiagara et ceux des paroisses voisines dÂÂadoration de lÂÂeucharistie. Le Saint sacrement est exposé et lÂÂadoration dure toute la nuit sous le regard de Marie « le premier tabernacle de lÂÂhistoire ». Il est ce pendant bon de signaler que la ferveur communautaire doit tendre vers une prise de conscience individuelle plus prononcée sur le fait que lÂÂeucharistie est vraiment « le réconfort et la gage de la victoire pour ceux qui luttent contre le mal et le péché ».
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