48èmeCONGRÈS EUCHARISTIQUE
INTERNATIONAL
du 10 au 17 octobre 2004
ÂÂLÂÂEucharistie, lumière et vie
du nouveau millénaireÂÂ
texte de base
ARCHIDIOCÈSE DE GUADALAJARA
Sommaire
SIGLES
PRÉSENTATION
I. NOUS VOULONS VOIR TON VISAGE, SEIGNEUR
La Présence réelle du Christ dans le Mystère eucharistique
Contemplateurs de Jésus-Christ Eucharistie
Nous croyons en la Présence réelle de Jésus dans lÂÂEucharistie
ÂÂLes disciples furent remplis de joie à la vue du SeigneurÂÂ: lÂÂitinéraire de lÂÂesprit
ÂÂCÂÂest ta face, Seigneur, que je chercheÂÂ: le visage eucharistique de Jésus
II. ÂÂLA LUMIÈRE LUIT DANS LES TÉNÈBRES ET LES TÉNÈBRES NE LÂÂONT PAS SAISIEÂÂ (Jn1,5)
Lumières et ombres du monde actuel
Les lumières
Les ombres
III. LÂÂEUCHARISTIE, LUMIÈRE ET VIE DU NOUVEAU MILLÉNAIRE
ÂÂLÂÂEucharistie, source et sommet de la vie chrétienneÂÂ (LG 11)
1. LÂÂEucharistie accompagne notre pèlerinage
Sacrifice de la Nouvelle Alliance
Pain qui transforme
2. LÂÂEucharistie, mystère de communion et coeur de la vie de lÂÂÉglise
3. LÂÂEucharistie, exigence de partager
4. Jésus-Christ Évangélisateur et lÂÂEucharistie, source de lÂÂévangélisation
5. Marie, ÂÂMère du vrai dieu pour qui nous existonsÂÂ
Marie,ÂÂÉtoile de lÂÂévangélisationÂÂ
PRIÈRE À JÉSUS-CHRIST EUCHARISTIE
ORAISON DU CONGRÈS EUCHARISTIQUE
SIGLES
CEC Le Catéchisme de lÂÂÉglise Catholique (11-X-1992)
ChL Jean-Paul II, Exhortation apostolique, Christifideles Laici (30-XII-1988)
CCL Corpus Christianorum. Series Latina, Tournhout 1953s
CSCO Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Paris-Louvain,1903s
DD Jean-Paul II, Lettre apostolique, Dies Domini (31-V-1998)
DetV Jean-Paul II, Lettre encyclique II, Dominum et Vivificantem (18-V-1986)
DH H.Denzinger-P. Hünermann, El Magistero de la Iglesia, Herder, Barcelona, 2000
DI Congrégation pour la Doctrine de la foi, Dominus Iesus (6-VIII-2000)
DM Jean-Paul II, Lettre encyclique, Dives in Misericordia (30-XI-1980)
DTC Dictionnaire de théologie catholique, Paris 1903-1970
DV Concile Vatican II, Constitution dogmatique Dei Verbum (18-XI-1965)
EA Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America (22-I-1999)
EN Paul VI, Lettre encyclique Evangelii Nuntiandi (8-XII-1975)
EV Jean-Paul II, Lettre encyclique Evangelium Vitae (25-III-1995)
FetR Jean-Paul II, Lettre encyclique Fides et Ratio (14-IX-1998)
GS Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes (7-XII-1965)
LG Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium (21-XI-1964)
NMI Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte (6-I-2001)
OLM Congrégation pour les Sacrements et le Culte divin, Ordo Lectionum Missae (21-I-1981)
PO Concile Vatican II, Décret Presbyterorum Ordinis (7-XII-1965)
RH Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptor Hominis (4-III-1979)
SC Concile Vatican II, Constitution Sacrosanctum Concilium (4-XII-1963)
TMA Jean-Paul II, Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente (10-XI-1994)
UR Concile Vatican II, Décret Unitatis Redintegratio (6-VIII-1993)
VS Jean-Paul II, Lettre encyclique Veritatis Splendor (6-VIII-1993)
PRÉSENTATION
1 Jésus est le Verbe qui existe depuis le commencement, le Verbe qui crée et qui donne la vie (cf. Jn 1,1.3-4). Cette Vie était la lumière des hommes: ÂÂlumière véritable qui éclaire tout homme; il venait dans le mondeÂÂ (Jn 1,9; cf. Jn 1,4). Et le Verbe sÂÂest fait chair, afin que nous puissions le contempler et le toucher (cf. Jn 1,14) et pour que nous recevions la plénitude de la vie qui le comblait (cf. Jn 1, 4.16). Jésus nous communique la vie par sa chair et son sang, comme Il nous lÂÂenseigne avec insistance dans son discours de Capharnaüm (cf. Jn 6, 51-58).
2 À l'aube du nouveau millénaire et après avoir célébré avec joie et gratitude le Grand Jubilé de lÂÂIncarnation du Seigneur Christ Jésus, ÂÂle même hier, aujourdÂÂhui et à jamaisÂÂ (cf. He 13,8), lÂÂÉglise fondée par Lui continue à vivre lÂÂexpérience de sa Présence renouvelée. Or, cette Présence se renouvelle dans sa Parole, ÂÂ lampe qui éclaire son cheminement ÂÂ, dans la Liturgie, dans le frère, spécialement le pauvre, visage humain du Christ souffrant (cf. EA 12); mais surtout dans lÂÂEucharistie: sacrifice, mémorial, banquet et présence (cf. SC 7). En effet, dans lÂÂEucharistie, le Christ, présent corporellement[1], offre en nourriture pour la vie nouvelle ce même corps que la Vierge Marie porta en son sein il y a vingt siècles (cf. TMA 55), chair vivifiée par lÂÂEsprit et vivifiante, qui donne la vie aux hommes (cf. PO 5).
3 Confiant en cette Présence que le Seigneur Ressuscité nous a promise: ÂÂJe suis avec vous pour toujours, jusquÂÂà la fin du mondeÂÂ (Mt 28,20), nous avons été motivés et incités à avancer sur le chemin par la voix du successeur de Pierre, écho des paroles que lÂÂapôtre écouta de son Maître: ÂÂAvance au large!ÂÂ (Lc 5,4; cf. NMI 1).LÂÂÉglise avance au large dÂÂun nouveau millénaire en sachant quÂÂelle arrivera à bon port parce quÂÂelle nÂÂest pas seule et quÂÂelle ne devra pas se fier seulement à ses propres forces; le Seigneur est avec elle, Il lui donne son Esprit et la nourrit de ses sacrements, en particulier de l'Eucharistie.
4 En tournant son regard reconnaissant vers Jésus-Christ Eucharistie, cette Église pèlerine se réunira à lÂÂoccasion du 48èmeCongrès eucharistique international dans la ville de Guadalajara, au Mexique, terre de martyrs récemment canonisés, qui ont puisé dans lÂÂEucharistie la force et le courage de donner la vie pour leur peuple et leur foi, au cri de: ÂÂVive le Christ Roi et Sainte Marie de Guadalupe!ÂÂ. Dans cette Statio orbis, réunie dans la prière, la contemplation et la célébration, lÂÂÉglise avance dans le nouveau millénaire avec une espérance renouvelée, en adorant Jésus-Christ, lumière et vie pour lÂÂhumanité pèlerine qui cherche de meilleures conditions de vie et aspire à la patrie définitive.
5 Le prochain Congrès eucharistique international représentera pour lÂÂÉglise une merveilleuse opportunité de glorifier Jésus-Christ ÂÂ présent en elle ÂÂ et de Le vénérer publiquement par des liens de charité et dÂÂunité; ce sera une occasion magnifique pour exprimer la foi en la Présence eucharistique; pour approfondir certains aspects de ce mystère et en souligner le rôle central dans la vie et la mission de lÂÂÉglise du monde contemporain; et pour assumer de nouveaux engagements vis-à-vis de lÂÂévangélisation. Pour cela, une préparation soigneuse est nécessaire.
6 Ainsi, le texte que nous présentons ici a comme but de fournir aux Églises locales quelques pistes de réflexion, qui pourront être développées et approfondies au cours des rencontres dÂÂétude et de prière, pendant la préparation et le déroulement du Congrès. On commence par une invitation à éprouver le désir de la contemplation de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, à se laisser regarder par Lui et à vivre sa Présence: Nous voulons voir ton visage, Seigneur (chap. I). Nous voulons le voir à travers la contemplation qui ÂÂn'éloigne pas de nos contemporains, mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes et elle élargit le cÂÂur aux dimensions du mondeÂÂ,[2] en élaborant ainsi une vision de foi de notre présent, avec la certitude que ÂÂLa lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne lÂÂont pas saisieÂÂ (Jn 1,5), (chap. II). ÂÂSommet de l'évangélisation et le témoignage le plus éminent de la résurrection du ChristÂÂ,[3] lÂÂEucharistie est lumière et vie du nouveau millénaire pour lÂÂÉglise qui pérégrine et qui sÂÂengage dans le travail dÂÂune nouvelle évangélisation (chap. III). Enfin, en ce début du nouveau millénaire, le besoin se fait sentir dÂÂune proclamation forte et joyeuse de notre foi en Jésus-Christ, qui éclaire cette nouvelle étape de lÂÂhistoire: Prière à Jésus-Christ Eucharistie.
+ Juan Cardinal Sandoval Íñiguez
Archevêque de Guadalajara.
I. NOUS VOULONS VOIR TON VISAGE, SEIGNEUR
La Présence réelle du Christ dans le Mystère eucharistique
Contemplateurs de Jésus-Christ Eucharistie
7 Comme ces pèlerins grecs qui arrivèrent à Jérusalem pour la célébration pascale et dirent à Philippe quÂÂils voulaient voir Jésus, les hommes de notre temps, peut-être pas toujours de manière consciente, demandent aux chrétiens dÂÂaujourdÂÂhui non seulement de leur parler de Jésus, mais aussi en un sens de Le leur montrer. Telle est justement la tâche de lÂÂÉglise: refléter la lumière du Christ à chaque époque de lÂÂhistoire et en faire resplendir le visage aux générations du nouveau millénaire. Mais nous ne pourrons pas remplir cette mission si nous ne serons pas nous-mêmes les premiers contemplateurs du visage du Christ (cf. NMI 16). Aussi est-il indispensable que nous vivions dÂÂabord lÂÂexpérience que lÂÂapôtre Jean nous relate: ÂÂce que nous avons vu et entendu, nous vous lÂÂannonçons afin que vous aussi soyez en communion avec nousÂÂ (1Jn 1, 3).
8 Comment pouvons-nous aujourdÂÂhui voir et contempler cette Vie, lumière des hommes (cf. Jn 1,4) qui sÂÂest manifestée à nous? Grâce à lÂÂIncarnation du Fils de Dieu (cf. NMI 22), le Christ sÂÂest fait visible, Il a habité parmi nous (cf. Jn 1,14). Ainsi, les Apôtres ont pu contempler dans le visage humain de Jésus le visage du Père, et surtout être les témoins de ses multiples signes et signaux (cf. Jn 20,30-31; cf. NMI 24). Ils ont contemplé aussi le visage souffrant du Christ, exposé sur la Croix, Mystère dans le mystère, face auquel lÂÂêtre humain doit se prosterner en adoration (cf. NMI 25). Mais ils ont surtout contemplé le visage du Ressuscité (cf. NMI 28) qui leur a restitué la paix et la joie perdues (cf. Lc 24,36-43). LÂÂÉglise vit tout cela dans la contemplation du Mystère eucharistique. Car cÂÂest là que nous rencontrons quotidiennement ce Jésus, Dieu et homme vrai; cÂÂest là même que sa passion et sa mort sÂÂaccomplissent de manière non sanglante; enfin, cÂÂest là que nous rencontrons Jésus ressuscité, pain de vie éternelle, gage de notre résurrection.
9 Jésus est lumière et vie (cf. Jn 8,18). Il est alors urgent de chercher les moyens adéquats pour que sa Parole soit proclamée, que son Eucharistie soit fréquentée dans les communautés ecclésiales; et pour que, à partir de là, elle touche tous les cadres de la société et soit le ferment dÂÂune nouvelle civilisation.
Nous croyons en la Présence réelle de Jésus dans lÂÂEucharistie
10 Pouvons-nous réellement rencontrer Jésus dans lÂÂEucharistie? Dès la Dernière Cène (cf. Mt 26,17s ; Lc 22,15), lÂÂÉglise croit en la Présence réelle du Corps et du Sang du Christ, avec son âme et sa divinité, dans les espèces du pain et du vin: ÂÂAu cÂÂur de la célébration de lÂÂEucharistie il y a le pain et le vin qui, par les paroles du Christ et par lÂÂinvocation de lÂÂEsprit Saint, deviennent le Corps et le Sang du ChristÂÂ (CEC 1333). Il est certain, comme nous lÂÂenseigne lÂÂÉglise, que le Christ se fait présent de multiples manières à elle, mais surtout sous les espèces eucharistiques du pain et du vin (cf. CEC 1373).
11 En recueillant une série de témoignages de la Tradition, le Catéchisme de lÂÂÉglise catholique nous enseigne que ÂÂle mode de Présence du Christ sous les espèces eucharistiques est unique. Il élève lÂÂEucharistie au-dessus de tous les sacrements et en fait ÂÂcomme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrementsÂÂÂÂ (CEC 1374). LÂÂÉglise a toujours compris le réalisme des paroles que Jésus a prononcées en instituant lÂÂEucharistie; cÂÂest pourquoi le Concile de Trente a résumé la foi en la Présence réelle en disant: ÂÂParce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce quÂÂil offrait sous lÂÂespèce du pain était vraiment son Corps, on a toujours eu dans lÂÂÉglise cette conviction, que déclare le saint Concile de nouveauÂÂ (CEC 1376).
12 Le discours de Capharnaüm, après la multiplication des pains (cf. Jn 6,1-71), met en évidence le réalisme des paroles de Jésus en nous révélant quÂÂIl est le pain descendu du ciel (v. 51); nous devons donc manger son corps et boire son sang (v. 53) pour pouvoir avoir la vie que le Pain de vie nous offre (v. 48). Le réalisme des paroles de Jésus eut un tel impact que les gens en discutèrent: ÂÂComment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?ÂÂ (v. 52). Et face à lÂÂinsistance du Christ quant à la véracité littérale de ses affirmations: ÂÂCar ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boissonÂÂ (v. 55), ses disciples furent scandalisés à tel point quÂÂils LÂÂabandonnèrent (v. 66). À la fin de son discours, Jésus interpelle ses Apôtres en leur demandant si eux aussi veulent partir. Les paroles de Pierre prouvent à Jésus quÂÂeux, au contraire, croient en la véracité de ses paroles: ÂÂSeigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelleÂÂ (v. 68). Malheureusement, il y en avait et il y en a qui ne croient pas en la Présence réelle de Jésus dans le pain eucharistique (v. 64). LÂÂÉglise, au début du troisième millénaire, doit se demander: pourquoi est-ce difficile découvrir le visage de Jésus dans lÂÂEucharistie? Que faire pour que plus de personnes apprécient et jouissent de ce Christ qui se livre à nous? Que faire pour quÂÂil soit adoré en silence face au tabernacle ou acclamé solennellement à la Fête-Dieu?
ÂÂLes disciples furent remplis de joie à la vue du SeigneurÂÂ(Jn 20,20): lÂÂitinéraire de lÂÂesprit
13 Le visage que les Apôtres ont contemplé après la résurrection était le visage de ce même Jésus avec qui ils avaient vécu trois ans, et qui leur donnait la preuve, à présent, de la vérité étonnante de sa nouvelle vie, en leur montrant les mains et le côté. Certes, il ne leur fut pas facile de croire. Ce nÂÂest quÂÂaprès un cheminement spirituel laborieux que les disciples dÂÂEmmaüs ont cru (cf. Lc 24, 13-35). Ce nÂÂest quÂÂaprès avoir été invité à toucher le Ressuscité que lÂÂapôtre Thomas a cru (cf. Jn 20, 24-29). En réalité, il ne suffit pas simplement de voir et de toucher pour croire, seule la foi peut pénétrer le mystère. CÂÂétait là une expérience que les disciples avaient déjà dû faire au cours de la vie mortelle du Christ, interpellés tous les jours par ses prodiges et ses paroles. On ne parvient vraiment à Jésus que par la foi, à travers un chemin dont les étapes nous sont présentées par lÂÂÉvangile dans la scène bien connue de Philippe en Césarée: ÂÂTu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. En réponse Jésus lui dit: ÂÂTu es heureux, Simon fils de Jonas car cette révélation tÂÂes venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieuxÂÂ (Mt 16,16-17; cf. NMI 19).
14 Saint Pierre sut affirmer la foi en Jésus Eucharistie parce quÂÂil ne procéda pas dans un mode humain, mais il reçut de Dieu cette grâce (cf. NMI 20). ÂÂCe n'est cependant pas par les sens que nous le percevons et que nous sommes proches de Lui. Sous les espèces du pain et du vin, c'est la foi et l'amour qui nous conduisent à reconnaître le SeigneurÂÂ.[4] AujourdÂÂhui plus que jamais, il est important de signaler que ÂÂseule l'expérience du silence et de la prière offre le cadre approprié dans lequel la connaissance la plus vraie, la plus fidèle et la plus cohérente de ce mystère peut mûrir et se développer.ÂÂ (NMI 20).
ÂÂCÂÂest ta face, Seigneur, que je chercheÂÂ(Ps 27,8): le visage eucharistique de Jésus.
15 ÂÂL'antique aspiration du Psalmiste ne pouvait être exaucée de manière plus ample et plus surprenante que dans la contemplation du visage du Christ. En lui, Dieu nous a véritablement bénis, et il a fait ÂÂresplendir son visageÂÂ sur nous (Ps 67,2). En même temps, étant à la fois Dieu et homme, il nous révèle aussi le visage authentique de l'homme, ÂÂil manifeste pleinement l'homme à lui-mêmeÂÂÂÂ (NMI 23). Cette aspiration du Psalmiste est présente dans le cÂÂur de tout être humain, mais particulièrement en ceux qui, par la foi, ont été touchés par Dieu. Ce désir de contempler le visage de Dieu nÂÂest pas vain, car le Christ nÂÂest pas parti, au contraire, il tient sa promesse: ÂÂJe suis avec vous pour toujours jusquÂÂà la fin du mondeÂÂ (Mt 28,20).
16 Nous sommes conscients de cette Présence du Ressuscité parmi nous, grâce à lÂÂEucharistie, et ÂÂdeux mille ans après ces événements, l'Église les revit comme s'ils venaient de se produire aujourd'hui. Dans le visage du Christ, elle, l'Épouse, contemple son trésor, sa joie. ÂÂDulcis Iesu memoria, dans vera cordis gaudiaÂÂ: qu'il est doux le souvenir de Jésus, source de la vraie joie du cÂÂur! Réconfortée par cette expérience, l'Église reprend aujourd'hui son chemin, pour annoncer le Christ au monde, au début du troisième millénaire: ÂÂJésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamaisÂÂ (Hb 13,8)ÂÂ (NMI 28).
17 En suivant lÂÂinvitation de Sa Sainteté Jean-Paul II à ÂÂlaisser plus que jamais grande ouverte la porte vivante qu'est le ChristÂÂ (NMI 59), il importe de réfléchir sur la manière de partager lÂÂexpérience de la contemplation eucharistique qui éclaire nos communautés et en fait des communautés pleines de joie et dÂÂespérance.
18 Jésus est la lumière et la vie. Ces paroles synthétisent en un sens tous les biens quÂÂIl nous offre et que le mystère de lÂÂEucharistie résume. Le pain et le vin sont les moyens pour nourrir la vie naturelle. Pareillement, si nous ne mangeons pas le pain eucharistique, nous nÂÂalimentons pas la vie reçue par le Baptême. CÂÂest une vie qui se perfectionne; en effet, lÂÂEucharistie augmente les vertus et promeut tous les dons spirituels, en vue de nous apporter le salut pour lequel elle fut instituée. Contrairement à la vie naturelle, la vie de la grâce nÂÂa pas de limites. Dans lÂÂhorizon de ce nouveau millénaire apparaissent les questions et les espoirs, les lumières et les ombres; cÂÂest lÂÂéternelle lutte des ténèbres pour offusquer la lumière: le Sauveur est déjà venu et sa Présence dans lÂÂEucharistie est un gage de salut pour nous et pour lÂÂhistoire.
Les lumières
19 Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II nous demande souvent de regarder les lumières qui font de ce monde un monde aimable, digne dÂÂaffection, malgré sa misère. Car le Fils de Dieu sÂÂest fait chair dans un monde beau que son Père avait créé en faisant chaque chose bonne (cf. Gn 1, 10.12.18.21.25). Dans le Nouveau Testament, Luc oppose les enfants de la lumière aux enfants de ce monde, et Saint Jean nous dit que Dieu est la plénitude de la lumière. Le Christ, révélation du Père, est la lumière qui se révèle aux hommes, mais ce monde, qui est ténèbres, ne reçoit pas de lumière. Nous, enfants de la lumière, nous sommes appelés à lui donner un sens et à mettre en relief ses rayons de lumière. Parmi ceux-ci, nous en distinguons quelques uns:
20 Nous constatons avec bonheur lÂÂaugmentation du nombre de catholiques, ces dernières années, la croissance de nombreux mouvements ecclésiaux, un éveil encourageant de la vie spirituelle. Suivre Jésus, telle est la réponse que beaucoup dÂÂhommes et de femmes du monde continuent à donner à leurs inquiétudes. Nous percevons aussi une augmentation des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, une raison dÂÂespérer en un avenir meilleur.
21 Pour nombreux chrétiens, la défense de la dignité et des droits de lÂÂhomme, au nom de lÂÂÉvangile, représente un aspect central de leur mission et de leur travail. Le Pape Paul VI a dit: ÂÂLÂÂÉglise se déclare, dans un certain sens, pendant tout le Concile, servante de lÂÂhumanitéÂÂ.[5] Une grande lumière est de voir comment la Gloire du Seigneur sÂÂest manifestée ÂÂau cours de tous les siècles, en particulier au cours du siècle que nous laissons derrière nous, assurant à son Église une vaste cohorte de saints et de martyrs [...] Message éloquent qui n'a pas besoin de paroles, elle représente d'une manière vivante le visage du Christ. (NMI 7). La chute des totalitarismes athées, les nouveaux espaces de liberté et lÂÂavancement de la démocratie dans beaucoup de nations sont dÂÂautres signes dÂÂespérance.
22 LÂÂhomme cherche la vérité, il ne veut pas vivre dans le mensonge; cÂÂest pourquoi le Pape, à juste titre, a proposé aux jeunes une tâche magnifique: devenir les ÂÂveilleurs du matinÂÂ (cf. NMI 9; Is 21, 11-12). Pour eux, lÂÂEucharistie sera toujours le soleil qui éclaire et réchauffe leurs vies; en elle, ils trouvent ce quÂÂest la Vie. Dans lÂÂEucharistie, ce nÂÂest pas seulement lÂÂhomme qui cherche Dieu, cÂÂest dÂÂabord Dieu qui cherche et attend lÂÂhomme.
23 LÂÂÉglise nous a souvent parlé de la culture de la vie, de la valeur incomparable de chaque personne humaine, en nous disant que ÂÂlÂÂÉvangile de lÂÂamour de Dieu pour lÂÂhomme, lÂÂÉvangile de la dignité de la personne et lÂÂÉvangile de la vie sont un Évangile unique et indivisibleÂÂ (EV 2). LÂÂEucharistie, Pain de vie éternelle, nous conduit à proclamer une fois de plus que la valeur de la vie humaine est sacrée depuis sa conception jusquÂÂà la mort naturelle.Àchaque rencontre avec lÂÂEucharistie, Jésus nous rappelle: ÂÂRespecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine!ÂÂ (EV 5).
24 La communauté chrétienne et la société civile ont proposé, et continuent de le faire, de nombreuses initiatives au bénéfice des plus faibles et vulnérables. Les enfants sont accueillis comme un don de Dieu; des centres dÂÂaide à la vie surgissent. On apprécie davantage les progrès de la science, de la technique et de la médecine, à condition quÂÂils soient toujours au service de la dignité de la personne humaine et du bien commun des nations. On remarque une aversion plus forte envers la peine de mort et envers le recours à la guerre pour résoudre les conflits (cf. EV 26-27).
25 De même, en ce qui concerne la nature, les hommes sont plus conscients dÂÂavoir reçu en elle à la fois un don et une tâche, cÂÂest-à-dire être les administrateurs de la création. De fait, le pain et le vin eucharistiques, fruit de la nature et du travail de lÂÂhomme, représentent le désir de porter à la plénitude toute la création qui gémit en travail dÂÂenfantement, en attendant la rédemption (cf. Rm 8, 22).
26 Reconnaissants pour les lumières que nous avons constatées, nous nous interrogeons: Comment peut-on augmenter les aspects positifs dans le monde actuel, en implorant pour lui la grâce divine et en contribuant avec nos efforts et nos responsabilités?
Les ombres
27 Nous rencontrons de graves problèmes: nous vivons dans une mondialisation qui est ambivalente et parfois excluante. On voit apparaître des systèmes économiques sauvages qui ne tiennent pas compte de lÂÂhomme, et des cultures puissantes qui excluent les plus faibles; au lieu de se réduire, lÂÂécart entre riches et pauvres sÂÂélargit.
28 Nous déplorons lÂÂobscurcissement de la conscience morale, la perte de la capacité dÂÂaimer jusquÂÂà la fin, le terrorisme, la mort et la souffrance provoquées par la violence, le désintéressement à la vérité, la désunion des familles, la douleur de vivre une vie qui nÂÂa pas de sens, lÂÂavortement qui tue sans pitié les plus vulnérables, les emplois précaires qui étouffent lentement la vie individuelle et familiale de nombreuses personnes.
29 Les ténèbres semblent obscurcir le chemin du chrétien: ÂÂParmi ces péchés, on doit rappeler ÂÂle commerce de la drogue, le recyclage des bénéfices illicites, la corruption dans quelque domaine que ce soit, la violence terroriste, la course aux armements, la discrimination raciale, les inégalités entre les groupes sociaux, la destruction irraisonnée de la natureÂÂ.Ces péchés manifestent une crise profonde due à la perte du sens de Dieu et à l'absence des principes moraux qui doivent guider la vie de tout homme. Sans références morales, on tombe dans la soif illimitée de la richesse et du pouvoir, qui obscurcit toute vision évangélique de la réalité sociale.ÂÂ (EA 56).
30 Nous remarquons une absence de Dieu, exclu de la vie privée et de la vie sociale, alors que foisonnent les manifestations dÂÂune religiosité sectaire et fanatique, souvent fondamentaliste, ou dÂÂune religiosité vague sans une référence à Dieu, ni un engagement moral.
31 Les lumières et les ombres propres à notre temps, celles-ci et dÂÂautres, nous obligent à nous poser la question: Que faire pour que nos communautés, avec leur vocation chrétienne dÂÂenfants de la lumière, offrent au monde les fruits de la lumière: bonté, sainteté et vérité? (cf. Ep 5, 8).
III. LÂÂEUCHARISTE, LUMIÈRE ET VIE DU NOUVEAU MILLÉNAIRE
ÂÂLÂÂEucharistie, source et sommet de la vie chrétienneÂÂ (LG 11)
1. LÂÂEUCHARISTIE ACCOMPAGNE NOTRE PÈLERINAGE
32 Au début du troisième millénaire, confiante en la Présence toujours nouvelle du Seigneur, lÂÂÉglise tiendra le 48èmeCongrès eucharistique international. LÂÂÉglise, peuple pèlerin, trouve en lÂÂEucharistie la nourriture de vie qui la soutient le long du chemin, puisque elle sait quÂÂelle chemine vers la patrie définitive (cf. Hb 11, 13-16). LÂÂÉglise ÂÂcélèbre le mémorial du Seigneur ressuscité, en attendant le dimanche sans fin dans lequel lÂÂhumanité tout entière entrera dans ton reposÂÂ (Préface dominicale X).
Sacrifice de la Nouvelle Alliance.
33 LÂÂEucharistie est un sacrifice: le sacrifice de la Rédemption et, en même temps, le sacrifice de la Nouvelle Alliance.[6] Au Dernier Repas, Jésus a institué le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang, avec lequel il a perpétué au fil des siècles son sacrifice et a donné à son Église le mémorial de sa mort et résurrection (cf. SC 47).
34 Jésus, dans lÂÂEucharistie, est la victime que le Père nous offre pour quÂÂelle soit immolée; une victime qui se livre pour nous purifier et nous réconcilier avec Lui. Ce don en sacrifice est préfiguré dans lÂÂAncien Testament: le Sacrifice dÂÂAbraham (cf. Gn 22, 1-14) que lÂÂon chante poétiquement dans la séquence du Corpus Christi: ÂÂIn figuris praesignatur, cum Isaac immolatur (Séquence ÂÂLauda SionÂÂ). Le caractère sacrificiel de lÂÂEucharistie est exprimé par les paroles mêmes de lÂÂinstitution: ÂÂle corps qui va être donné et ÂÂle sang qui va être versé (cf. Lc 22, 19-20; CEC 1365). Le sacrifice du Christ et celui de lÂÂEucharistie sont un seul et unique sacrifice: la victime est la même, ils ne diffèrent que dans la manière de lÂÂoffrir (cf. Trente DH 1743; CEC 1367). Le sacrifice du Christ est aussi le sacrifice des membres de son Corps, ÂÂlavie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle (CEC 1368).
35 De même, ÂÂlÂÂEucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, lÂÂactualisation et lÂÂoffrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de lÂÂÉglise qui est son CorpsÂÂ (CEC 1362), un mémorial qui est la proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes, et qui rend présente la Pâque du Christ. Le sacrifice quÂÂIl a offert une fois pour toutes sur la croix sÂÂactualise à travers la célébration (cf. Hb 7, 25-27). En rendant présent le passé, le Mémorial nous lance vers le futur, dans lÂÂespoir du retour du Seigneur: ÂÂQuand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous rappelons ta mort, Seigneur, et nous attendons que tu viennesÂÂ (Acclamation 2 après la consécration).
36 Depuis ses origines, lÂÂÉglise célèbre lÂÂEucharistie en obéissant au mandat du Seigneur: ÂÂFaites ceci en mémoire de moiÂÂ (1 Co 11, 24-25). CÂÂest ce que nous proclamons dans la partie centrale de la Prière eucharistique, immédiatement après le récit de lÂÂInstitution: ÂÂEn faisant mémoire de ton Fils, de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection et de son ascension dans le ciel, alors nous attendons son dernier avènement, nous présentons cette offrande vivante et sainte pour te rendre grâceÂÂ (Prière eucharistique III).
Le pain qui transforme
37 La Sainte Écriture présente lÂÂEucharistie aussi comme une nourriture. Les images eucharistiques de lÂÂAncien Testament annoncent et mettent en relief cet aspect. Parmi ces images, figure le sacrifice de Melchisédech, qui offrit au Dieu Très-Haut le pain et le vin (cf. Gn 14, 18). LÂÂagneau pascal et les pains azymes représentent aussi lÂÂEucharistie comme une nourriture (cf. Ex 12, 1-28): avant de délivrer le peuple de lÂÂesclavage, un banquet est réalisé dans lequel lÂÂagneau est le signe de lÂÂaction salvatrice de Dieu; puis le peuple entreprend un long pèlerinage qui le conduit à la terre promise. Le banquet que Moïse célébra avec les soixante-dix anciens, après le sacrifice par lequel fut ratifiée lÂÂalliance, est une image de cette même Eucharistie (cf. Ex 24, 11).
38 LÂÂEucharistie assume aussi le sens de banquet du pèlerin dans lÂÂimage de la Manne (cf. Ex 16, 1-35; Dt 8, 3), aliment miraculeux que Dieu envoya au peuple juif et qui pendant quarante ans le soutint dans sa traversée du désert, et auquel se réfère expressément le Christ lorsquÂÂil parle du pain de vie descendu du ciel, son corps eucharistique (cf. Jn 6, 49-51. 58).
39 Une autre image montrant lÂÂEucharistie comme un banquet qui nourrit le pèlerin, est le pain cuit sous les cendres quÂÂÉlie mangea: ÂÂIl se leva, mangea et but, puis soutenu par cette nourriture, il marcha quarante et quarante nuits jusquÂÂà la montagne de Dieu, lÂÂHorebÂÂ (1 R 19, 5-8).
40 La condition de lÂÂEucharistie comme nourriture est reprise de manière poétique dans la séquence de la solennité de la Fête-Dieu: ÂÂEcce panis angelorum, factus cibus viatorumÂÂ (Séquence ÂÂLauda, SionÂÂ). Le pain de lÂÂEucharistie est la force des faibles: ÂÂEn effet, quand nous mangeons sa chair, immolée pour nous, nous sommes fortifiésÂÂ (Préface de lÂÂEucharistie I); cÂÂest la consolation des malades, le viatique des moribonds, dans lequel le Christ ÂÂse fait nourriture et boisson spirituelles, pour nous nourrir le long de notre voyage vers la pâque éternelleÂÂ (Préface de lÂÂEucharistie III); cÂÂest la nourriture substantielle qui soutient tant de chrétiens dans leur témoignage en faveur de la vérité de lÂÂÉvangile, témoignage que les différents milieux doivent donner.
41 ÂÂCelui qui me mange, lui aussi vivra par moiÂÂ (Jn 6, 57), nous dit Jésus en indiquant le besoin urgent du chrétien de se nourrir de Lui, qui est le pain descendu du ciel. La participation à ce Banquet saint nous édifie comme Corps mystique du Christ. Jésus Eucharistie est ainsi au cÂÂur de la vie de lÂÂÉglise.
42 LÂÂEucharistie est pour lÂÂÉglise la nourriture qui la soutient et la transforme à lÂÂintérieur. À cet égard, Saint Léon le Grand affirme: ÂÂLa participation au Corps et au Sang du Christ nÂÂa dÂÂautre effet que de nous transformer en ce que nous recevonsÂÂ.[7] Nous sommes assimilés par le Christ, nous sommes transformés en hommes nouveaux, unis intimement à Lui, qui est la Tête du Corps mystique.
43 La vie nouvelle que le Christ nous donne dans lÂÂEucharistie se transforme pour nous en ÂÂremède dÂÂimmortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en Jésus-Christ pour toujoursÂÂ (Saint Ignace dÂÂAntioche, Aux Éphésiens 20, 2). Nous qui vivons du Christ, et le Christ veut que nous ayons tous la vie en abondance, nous devons proclamer le caractère sacré de la vie humaine, depuis sa conception jusquÂÂà son déclin naturel, et contrecarrer les influences nocives de la culture de mort.
2. LÂÂEUCHARISTIE, MYSTÈRE DE COMMUNION ET COEUR DE LA VIE DE LÂÂÉGLISE
44 LÂÂEucharistie est le sacrement de lÂÂunité dans lÂÂÉglise, comme le proclame Saint Paul: ÂÂParce quÂÂil nÂÂy a quÂÂun pain, à plusieurs nous ne sommes quÂÂun corps, car tous nous participons à ce pain uniqueÂÂ (1Co 10,17). Le Christ lui-même, dans la Prière quÂÂIl éleva au Père pour ses disciples, après avoir institué lÂÂEucharistie, exprime son désir de ce que tous soient un et demeurent en Lui, de même que Lui demeure en le Père (cf. Jn 17, 20-23). Les Actes des Apôtres nous montrent la réalisation efficace dÂÂune communauté de vie et de sentiments autour de la fraction du pain (cf. Ac 2, 42-47). CÂÂest lÂÂunité qui symbolise et produit lÂÂEucharistie.
45 La participation à une table unique est déjà, en soi, un symbole de fraternité et de communion de sentiments. Le signe extérieur de la nourriture que lÂÂon consomme est aussi, comme nous le rappelle la Didaché (cf. 9,4), le fruit du blé dispersé dans les champs et recueilli en un seul pain, symbole de lÂÂunité de lÂÂÉglise, rassemblée de toutes les extrémités de la terre. Ce symbolisme eucharistique en lien avec lÂÂunité de lÂÂÉglise a été suffisamment traité par les Pères depuis le début de lÂÂÉglise, et le Concile de Trente le reprend lorsquÂÂil affirme que le Christ a laissé lÂÂEucharistie à son Église ÂÂcomme symbole de son unité et charité, par laquelle il a voulu que tous les chrétiens sÂÂunissent et se rapprochent les uns aux autres (DH 1628), et comme symbole de cet unique Corps dont Il est Lui-même la Tête. Le Vatican II décrit aussi lÂÂEucharistie comme ÂÂsacrement de lÂÂamour, signe de lÂÂunité, lien de la charité (SC 47  en se référant à Saint Augustin).
46 Or, si lÂÂEucharistie est source dÂÂunité, elle est aussi le cÂÂur de la vie de lÂÂÉglise, car elle est pour nous un principe unique et fondamental, en vertu duquel elle peut obtenir ce que les hommes ne peuvent pas obtenir, en raison de leur péché et de leur désagrégation. Ce principe dÂÂunité est le Corps physique du Christ, livré à son Église pour lÂÂédifier en son Corps mystique, dont Lui est la tête et nous les membres.
47 LÂÂÉglise fait lÂÂEucharistie et lÂÂEucharistie fait lÂÂÉglise (cf. RH 20). CÂÂest pourquoi lÂÂEucharistie est au cÂÂur de la vie de lÂÂÉglise, et cÂÂest à elle que sont ordonnés les autres sacrements (cf. SC 7), les ministères ecclésiaux et les ÂÂuvres dÂÂapostolats. La Sainte Eucharistie est la source et le sommet de la prédication évangélique. Dans lÂÂEucharistie est contenu tout le bien spirituel de lÂÂÉglise, à savoir: le Christ lui-même, notre Pâque et Pain vivant, par sa chair vivifiée et vivifiante à travers le Saint Esprit, qui donne la vie aux hommes (cf. PO 5).
48 Par conséquent, le Mystère eucharistique doit être lui aussi le cÂÂur de lÂÂÉglise locale. LÂÂÉglise du Christ est vraiment présente à toutes les réunions locales des fidèles qui, légitimement unis à leurs pasteurs, reçoivent aussi, dans le NT, le nom dÂÂÉglises. En elles, les fidèles sont rassemblés par la prédication de lÂÂÉvangile, et le mystère de la Cène du Seigneur est célébré, pour que, au moyen de son Corps et de son sang, tous soient unis dans la fraternité. Dans ces communautés, si petites et pauvres quÂÂelles soient ou dispersées, le Christ est présent par la vertu de qui se constitue lÂÂÉglise, une, sainte, catholique et apostolique. Car la participation au Corps et au Sang du Seigneur fait que nous nous transformions en ce que nous recevons (cf. LG 26).
49 LÂÂEucharistie, mystère de communion, est pour le salut du monde. Les Églises et communautés séparées, malgré leurs déficiences, sont des moyens de salut, dont la force dérive, dit le Vatican II (cf. UR 3), de la plénitude de grâce et de vérité qui fut confiée à lÂÂÉglise catholique. Ces Églises et communautés ecclésiales (UR 13,19)ne jouissent pas de cette unité que le Christ a confiée à son Église, ni de la plénitude des moyens de salut dont le Christ lÂÂa enrichie. Parmi ces moyens de salut, la célébration de lÂÂEucharistie revêt une importance particulière, car elle symbolise et accomplit lÂÂunité de tous ceux qui croient au Christ.
50 Les Églises dÂÂOrient, affirme le Concile Vatican II, ont conservé le sacrement de lÂÂOrdre et notre même foi eucharistique (cf. UR 15), alors que certaines communautés non catholiques dÂÂOccident nÂÂont pas conservé la substance authentique et intégrale du Mystère eucharistique, en raison notamment de lÂÂabsence du sacrement de lÂÂOrdre, bien quÂÂelles commémorent, à la Sainte Cène, la mort et la résurrection du Seigneur, professent que la vie consiste dans la communion du Christ et attendent son retour glorieux (cf. UR 22). Pour cette raison, la célébration du sacrement de lÂÂunité nous pousse à découvrir les valeurs positives quÂÂoffrent les Églises et les communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec lÂÂÉglise catholique et à les orienter vers leur plénitude par une attitude capable de reconnaître que lÂÂunité, comme lÂÂEucharistie, est lÂÂÂÂuvre de Dieu, qui nous appelle à une coopération active et responsable ÂÂavec amour de la vérité, charité et humilité (UR 11).
51Une paroisse vivante est identique à une communauté eucharistique: ÂÂAucune communauté chrétienne ne peut se construire sans trouver sa racine et son centre dans la célébration de l'Eucharistie: c'est donc par celle-ci que doit commencer toute éducation de l'esprit communautaireÂÂ (PO 6). Ainsi, la planification et la mise en ÂÂuvre des programmes pastoraux doivent commencer et passer réellement par lÂÂEucharistie célébrée, et contemplée dans lÂÂadoration, pour produire les fruits, en particulier dans le domaine des vocations.
3. LÂÂEUCHARISTIE, EXIGENCE DE PARTAGER
52 ÂÂLe sens authentique de lÂÂEucharistie devient, en soi, école dÂÂamour actif pour le prochain ÂÂ (Dominicae Cenae, 6). CÂÂest ainsi que nous comprenons la relation entre lÂÂEucharistie et la Lumière, selon lÂÂaffirmation de Saint Jean apôtre: ÂÂCelui qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère est encore dans les ténèbresÂÂ (1Jn 2, 9).
53 Offrir vraiment le sacrifice du Christ veut dire poursuivre ce même sacrifice à travers une vie donnée aux autres. De même que Lui sÂÂest offert en sacrifice sous la forme du pain et du vin, nous devons nous donner, à travers un service fraternel et humble, à nos semblables, tenant compte de leurs besoins plus que de leurs mérites, en leur offrant le pain, cÂÂest-à-dire ce qui est le plus nécessaire pour une vie digne.
54 Le chrétien nÂÂa pas inventé la nourriture, ni le banquet. Ce sont des éléments constitutifs de lÂÂexistence humaine, des besoins vitaux. Plus que dans le fait de manger et boire, la richesse de son contenu se manifeste dans le fait de communiquer, partager, fraterniser. Pour le chrétien, conscient quÂÂil est membre du Corps mystique du Christ, le fait de pouvoir célébrer le ÂÂBanquet eucharistiqueÂÂ est un privilège, mais aussi une interpellation. Le pain et le vin que nous présentons sur lÂÂautel nous remettent en mémoirela nourriture et la boisson qui devraient être sur la table de tout être humain, parce que beaucoup dÂÂhommes ne peuvent pas jouir de ce droit, parce quÂÂils nÂÂont pas à manger ou parce quÂÂils nÂÂont pas quelquÂÂun avec qui partager, et ceci est une grande injustice.
55 Cette situation sÂÂoppose radicalement à ce que Jésus a prêché et réalisé au cours de sa vie, et à ce que la communauté primitive a servi et vécu, en suivant les enseignements du Christ. Ainsi, lÂÂEucharistie, célébrée et partagée dans le banquet, nous invite à unir la fraction du pain au partage des biens (cf. Ac 2,42.44; 4,34), aux collectes en faveur des plus nécessiteux (cf. Ac 11,29; 12,25), au service des tables (cf. Ac 6,2), au dépassement de toute division et discrimination (cf. 1Cor 10,16; 11,18-22; St 2, 1-13). Des conséquences évidentes sÂÂen dégagent pour lÂÂévangélisation dans le monde et, précisément, dans les pays en voie de développement.
56 LÂÂEucharistie actualise la diaconie ou service du Christ, elle est le lieu du renouveau de la mission de lÂÂÉglise, surtout en faveur des plus nécessiteux. Aussi lÂÂEucharistie est-elle école, source dÂÂamour et diaconie qui tend nécessairement à sÂÂaccomplir dans la vie. Cela suppose que dans lÂÂEucharistie, et par lÂÂEucharistie, soient promues les valeurs dÂÂaccueil fraternel, de solidarité et de partage des biens. Ce témoignage dÂÂamour est un élément indispensable de la vraie évangélisation.
4. JÉSUS-CHRIST ÉVANGÉLISATEUR ET LÂÂEUCHARISTIE, SOURCE DE LÂÂÉVANGÉLISATION
57 Au cÂÂur de la mission salvifique de Jésus-Christ réside sa tâche évangélisatrice. Toutefois, Jésus nÂÂaccomplit pas lÂÂannonce du Royaume seulement par les paroles, mais ÂÂpar toute sa Présence, par tout ce qu'il montre de lui-même [...]surtout par sa mort et sa glorieuse résurrection d'entre les mortsÂÂ (DV 4); au fond, nous pouvons dire que Jésus est lui-même le Royaume.
58 Comme le dit Paul VI à propos de lÂÂévangélisation, ÂÂtout cela commence durant la vie du Christ, est définitivement acquis par sa mort et sa résurrection, mais doit être patiemment conduit au cours de lÂÂhistoire, pour être pleinement réalisé au jour de lÂÂAvènement définitif du ChristÂÂ (EN 9); cÂÂest pourquoi lÂÂÉglise a avant tout le devoir de poursuivre la mission de Jésus et de faire siennes les paroles de Saint Paul, ÂÂOui, malheur à moi si je nÂÂannonçais pas lÂÂÉvangile!ÂÂ (1 Co 9, 16).
59 LÂÂEucharistie est source dÂÂévangélisation parce quÂÂelle est, dans un certain sens, le ÂÂcÂÂur de lÂÂÉvangileÂÂ; elle est liée, en effet, à la Pâque, comme le racontent les textes sur lÂÂinstitution de lÂÂEucharistie (cf. Mt 26, 17-25 et par.), et aux sujets les plus importants de lÂÂÉvangile, comme la proclamation de la Parole de Dieu, la conversion et la foi, la réconciliation et le pardon, et même la vie éternelle (cf. Jn 6; Ac 2, 42-46; 1 Co 10, 14-22; 11, 17-26).
60 LÂÂEucharistie est en plus le sommet de lÂÂitinéraire sacramentel, puisquÂÂelle synthétise et renvoie aux diverses étapes sacramentelles - Baptême, Confirmation et Mariage - au moyen desquelles le chrétien exprime son incorporation au mystère du Christ et de son Église. CÂÂest pour cela que lÂÂEucharistie implique lÂÂÉglise tout entière et chaque chrétien non seulement dans la configuration au Christ, mais aussi dans la tâche évangélisatrice que les membres du Corps mystique du Christ devront assumer vis-à-vis des autres.
61 Enfin, lÂÂEucharistie donne lÂÂélan pour lÂÂévangélisation dans ce troisième millénaire, parce quÂÂelle nÂÂest pas seulement le cÂÂur, mais aussi la source qui déclenche et promeut toute lÂÂaction évangélisatrice dans le monde contemporain (cf. NMI 36).
62 La dévotion liturgique et populaire à Jésus au Saint Sacrement constitue certainement un aspect particulier. Les reposoirs du Jeudi Saint, la solennité de la Fête-Dieu avec ses processions, la Visite au Saint-Sacrement, lÂÂHeure Sainte, lÂÂadoration des Quarante Heures, les Églises expiatrices avec adoration perpétuelle, la Bénédiction avec le Très-Saint-Sacrement, la communion des premiers Vendredis du mois, lÂÂAdoration nocturne et les Congrès eucharistiques sont, parmi dÂÂautres, des expressions dÂÂune foi simple et profonde en la Présence réelle de Jésus-Christ dans lÂÂEucharistie, et dÂÂun amour profond pour Celui qui a voulu établir sa demeure parmi nous (Jn 1,14). Indéniablement, la tâche évangélisatrice de lÂÂÉglise trouve ici aussi un terrain de purification et de croissance exceptionnelle, surtout à notre époque; devant ÂÂles ténèbres et lÂÂombre de mortÂÂ (Lc 1,79) qui entourent notre monde, lÂÂEucharistie doit être en plénitude, lumière et vie pour toute lÂÂhumanité.
63 La force évangélisatrice de lÂÂEucharistie est telle quÂÂelle invite le chrétien à se livrer à un engagement missionnaire généreux, répondant à la situation de chaque région et pays. Comme au Dernier Repas Jésus nous a dit: ÂÂFaites ceci en mémoire de moiÂÂ (Lc 22, 19), nous ne pouvons pas ignorer son invitation à être, comme Lui, le pain que lÂÂon fractionne et partage, le sang que lÂÂon verse pour la vie du monde; sans cet engagement, la célébration de lÂÂEucharistie ne sera pas pleinement ÂÂannonce de lÂÂÉvangileÂÂ, comme le signale Saint Paul à la communauté de Corinthe (cf. 1Co 11, 17-34).
64 De même, la participation à lÂÂEucharistie est au cÂÂur du dimanche de chaque chrétien. Sanctifier le jour du Seigneur est un privilège auquel on ne peut renoncer et quÂÂil faut vivre non seulement pour respecter un précepte, mais parce que cÂÂest une nécessité pour une vie chrétienne vraiment consciente et cohérente (cf. NMI 36). LÂÂencouragement à participer à lÂÂEucharistie, spécialement celle dominicale, doit donc être un élément indispensable dans les programmes pastoraux de la Nouvelle Évangélisation.
5. MARIE, ÂÂMÈRE DU VRAI DIEU, POUR QUI NOUS EXISTONSÂÂ (Nican Mopohua)
65 Sainte Marie de Guadalupe dit à Juan Diego, et le répète aujourdÂÂhui à chaque chrétien: ÂÂSachiez que je suis la toujours Vierge Marie, Mère du vrai Dieu pour qui nous existonsÂÂ et elle dit aussi: ÂÂNe suis-je pas là, moi qui suis ta Mère?ÂÂ.[8] La Vierge se présentait ainsi comme la Mère de Jésus et des hommes. La Dame de Guadalupe est aujourdÂÂhui le signe de la proximité du Christ; elle nous invite à entrer en communion avec Lui pour avoir accès au Père. En comptant sur lÂÂaide maternelle de Marie, lÂÂÉglise désire conduire les hommes vers la rencontre avec le Christ, qui est le point de départ et dÂÂarrivée dÂÂune conversion authentique et dÂÂune communion et dÂÂune solidarité renouvelées.
66 Pour les habitants de ces terres, la Vierge Marie a représenté le grand signe, au visage maternel et miséricordieux, de la proximité du Père et du Christ, avec qui elle nous invite à entrer en communion. Ainsi, la religiosité des peuples américains, de par leur histoire et culture, est caractérisée par des teintes profondément maternelles et mariales, et trouve son expression particulière dans le visage métissé de la Vierge de Guadalupe qui, étant la Mère du Christ, sÂÂest présentée aussi comme la Mère des indigènes, des pauvres opprimés et de tous ceux qui ont besoin dÂÂelle. De fait, les premiers missionnaires arrivés en Amérique, venant de terres avec une forte tradition mariale, se sont fondés sur leurs rudiments de la foi chrétienne pour enseigner lÂÂamour de la Vierge, Mère de Jésus et de tous les hommes. LÂÂapparition de Marie de Guadalupe à Juan Diego, sur la colline de Tepeyac, au Mexique, a eu une répercussion déterminante sur lÂÂévangélisation (cf. EA 11); et le Pape Jean-Paul II a lui-même affirmé que ÂÂle visage métissé de la Vierge de Guadalupe a été dès le début un symbole de l'inculturation de l'évangélisation, dont elle a été l'Étoile et le guideÂÂ (EA 70).
67 La présence de Marie au Cénacle est une référence pour toute la communauté ecclésiale qui se prépare à recevoir la grâce de lÂÂEsprit Saint pour évangéliser (cf. AG 4; LG 49; EN 82). On peut affirmer que lÂÂexpérience mariale des communautés chrétiennes est une réalité permanente. CÂÂest un fait que lÂÂon constate dans la célébration eucharistique des communautés primitives et, actuellement, dans les grandes expressions de piété mariale populaire. Dans ses chants poétiques, Saint Éphrem soulignait la relation profonde qui existe entre la Vierge Marie et lÂÂEucharistie: ÂÂMarie nous donne lÂÂEucharistie, en opposition au pain que nous donnaÈve. Marie est en outre le tabernacle où habita le Verbe fait chair, symbole de lÂÂhabitation du Verbe dans lÂÂEucharistie. Le corps de Jésus, né de Marie, est né pour se faire Eucharistie.ÂÂ[9]
Marie, ÂÂÉtoile de lÂÂévangélisationÂÂ
68 Le Pape Paul VI, en concluant son Exhortation apostolique, Evangelii Nuntiandi, donne le titre dÂÂÂÂÉtoile de lÂÂévangélisationÂÂ à Marie de Dieu: ÂÂAu matin de la Pentecôte, elle a présidé dans la prière au début de lÂÂévangélisation sous lÂÂaction de lÂÂEsprit Saint: quÂÂelle soit lÂÂÉtoile de lÂÂévangélisation toujours renouvelée que lÂÂÉglise, docile au mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir, surtout en ces temps à la fois difficiles et pleins dÂÂespoirÂÂ (EN 82). CÂÂest pourquoi Marie est une voie sûre pour rencontrer le Christ. La dévotion envers la Mère du Seigneur, quand elle est authentique, conduit toujours à orienter sa propre vie selon lÂÂEsprit et les valeurs de lÂÂÉvangile (cf. EA 11).
69 Marie est lÂÂÂÂÉtoile de lÂÂévangélisationÂÂ dans plusieurs sens: parce quÂÂelle a participé maternellement aux débuts de lÂÂÉglise par sa prière avec les Apôtres, en obtenant la grâce du Saint-Esprit; parce quÂÂelle est, de par sa maternité, modèle et image de lÂÂÉglise; parce quÂÂelle fait croître, par son attitude de foi et son intercession maternelle, la foi de lÂÂÉglise. CÂÂest elle qui accompagne lÂÂaction évangélisatrice de lÂÂÉglise, qui, par la Parole et les sacrements, suscite la foi, conduit à la conversion du péché et confère la vie dÂÂenfants de Dieu. Son action est donc vraiment maternelle.
70 Recommandons à la Très Sainte Vierge Marie la préparation et la réalisation du 48ème Congrès eucharistique international, pour que celui-ci soit un événement de foi et donne lÂÂélan évangélisateur dans ce nouveau millénaire, qui a tellement besoin de la vraie lumière et vie: Jésus-Christ Eucharistie.
PRIÈRE À JÉSUS-CHRIST EUCHARISTIE
1. Dieu Notre Père, nous croyons que Tu as créé toutes choses
et que tu tÂÂes fait proche de nous dans le visage de ton Fils,
né de la Vierge Marie par l'action du Saint-Esprit,
pour être notre gage et notre garantie de vie éternelle.
2. Nous croyons, Père plein de bonté,
que, par la force de ton Esprit, le pain et le vin
deviennent le corps et le sang de ton Fils,
nourriturequi soulage la faim sur la route.
3. Nous croyons, Seigneur Jésus, que ton Incarnation
se perpétue dans la semence de ton corps eucharistique,
afin de nourrir les affamés de lumière et de vérité,
d'amour et de pardon, de grâce et de salut.
4. Nous croyons que par l'Eucharistie, tu restes avec nous dans l'histoire
pour alimenter le pèlerin défaillant
et le rêve de celui qui aspire à donner du fruit par son travail.
Nous savons qu'à Bethléem, dans la "maison du pain",
lePère Éternel nous a fait cadeau, dans le sein de la Vierge Marie,
du pain qu'Il offre à ceux qui ont faim d'infini.
5. Nous croyons, O Jésus, que Tu es présent en vérité
dans le pain et le vin consacrés, perpétuant ainsita Présence salvatrice
et offrant à tes brebis des mets abondants et des breuvages limpides.
6. Nous croyons que sous les apparences sensibles du pain
et du vin que perçoivent nos sens, c'est Toi tout entier qui est là,
offert en sacrifice et donnant vie au monde,
toujours en quête du paradis.
7. Cette nuit-là au Cénacle, Seigneur,
QuandTu prenais le pain et le vin entre tes mains
Tu les offrais à tous et à chacun
Pour les années et les siècles à venir.
8. A chaque autel où tu tÂÂoffres au Père, Agneau de l'Alliance,
On offre avec toiles fruits de la terre et du travail de l'homme,
la vie du croyant, le doute de celui qui cherche,
le sourire des enfants, les rêves de la jeunesse,
la douleur de ceux qui souffrent
et l'offrande de celui qui donne et se donne à ses frères.
9. Nous croyons, Seigneur Jésus, que ta bonté a préparé
une table pour les grands et les humbles,
et qu'à ta table, nous devenonsfrères
jusqu'à donner nos vies les uns pour les autres
comme Tu lÂÂas fait pour nous.
10. Nous croyons, Jésus, quÂÂà l'autel de ton sacrifice,
nous retrouvons la force de notre faible chair
qui ne répond pas toujours aux aspirations de l'esprit
mais que Tu transformerasà l'image de ton corps.
11. Nous croyons qu'à la table que Tu as préparée pour tous,
il y aura toujours une place pour celui qui cherche,
un espace pour lÂÂexclu,
dépassant ainsi les signes de la mort,
inaugurant des cieux nouveaux et une terre nouvelle.
12. Nous croyons, Jésus, que Tu n'as pas abandonné tes frères à la solitude,
Tu demeures discrètement dans le tabernacle de la conscience
ainsi que dans le pain et le vin de ta table,
comme lumière et force pour le faible pèlerin.
13. Nous croyons enfin qu'à l'aube de ce Troisième Millénaire
Tu te fais compagnon sur le chemin.
ÂÂAvancer au largeÂÂ est la consigne
en ce moment de ton Église,
pour construire, pleins d'espoir,
une nouvelle étape de l'histoire.
14. Merci, Jésus au Très Saint Sacrement, de nous inciter
à une nouvelle évangélisation dans la vigueur de Ta force.
Que ta Mère accompagne ceux qui acceptent
de vivre et d'annoncer ta Parole,
et que son intercession rende féconde ta semence.
Amen.
Traduction révisée de lÂÂespagnol par le Comité Pontifical pour les Congrès Eucharistiques Internationaux
ORAISON POUR LE 48ème CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL
Seigneur, Père Saint,
Toi qui, à travers Ton Fils Jésus-Christ,
réellement présent dans l'Eucharistie,
nous donnesla lumière qui éclaire tout homme
qui vient en ce monde,
et la vie véritable qui nous remplit de joie;
nous te demandons d'accorder à ton peuple
qui chemine en ce début du troisième millénaire
de célébrer avec confiance,
le 48èmeCongrès Eucharistique International,
afin que, fortifiés par ce Banquet sacré,
nous soyons dans le Christ, lumière dans les ténèbres,
et que nous vivions intimement unis à Luiqui est notre vie.
Que la présence aimante de la Vierge Marie,
Mère de Dieu, nous soutienne et nous accompagne
toujours sur la route du Royaume.
Par Jésus-Christ, Ton Fils, Notre Seigneur,
qui vit et règne avec Toi, dans l'unité du Saint-Esprit,
Dieu pour les siècles des siècles.
Amen.
(Traduction révisée)
[1] Cf.
Myst Fid: AAS 57 (1965) 766
[2] Jean-Paul II,
Lettre sur lÂÂAdoration eucharistique envoyée à lÂÂévêque de Lieja à lÂÂoccasion du 750
ème anniversaire de la Fête-Dieu, 28 mai 1996 n° 4.
[3]
Ibid. n. 7 ÂÂ en citant LG 28; PO 6.
[4] Jean-Paul II,
Lettre sur lÂÂAdoration eucharistique, n. 3.
[5] BIFFI F.,
Il magistero dei Papi: Seminarium 35 (1983) 347
[6] Cf. Jean-Paul II,
Dominicae Cenae, 9
[7]
Serm. 63, 7; cité dans LG 26
[8] LAMADRID J.G.,
Nican Mopohua, ed.Jus, p. 45
[9] BACK E., CSCO, 218-219, Louvain, 1961