Mes chers frères et soeurs en Jésus Christ,
Nous sommes ici rassemblés dans cette Cathédrale pour célébrer le Sacrifice eucharistique de Notre Seigneur, centre et sommet de la vie de toute l'Eglise. Je vous salue cordialement avec ces mots que le prêtre célébrant adresse à la communauté des fidèles: "Chua o cung anh chi em" (Le Seigneur soit avec vous). "Toi than ail kïnh chao/ tat ça anh chi em/ dang bien dieu/ trong Nha Tho Chanh Toa nay" (Je salue cordialement tous ceux qui sont présents dans cette Cathédrale).
1. Nous sommes au troisième jour de la première semaine de l'Avent, ce temps durant lequel la liturgie nous invite à vivre la grande espérance dans l'attente de la venue du Messie. Nous savons bien que le Messie, Fils unique de Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ, est déjà venu, il s'est fait homme, né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, enseveli, ressuscité, et est monté aux cieux. II continue à venir dans nos coeurs, à. être présent réellement dans chaque célébration liturgique et eucharistique, il viendra à la fin du monde dans sa glorieuse manifestation pour juger les vivants et les morts.
Le Seigneur Jésus, la nuit où il fut livré, a institué le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour que soit perpétué au long des siècles le sacrifice de la Croix jusqu'à ce qu'Il vienne. Je rends grâces au Seigneur pour l'heureuse occasion qui m'est donnée de célébrer cette Eucharistie avec vous au cours de laquelle j'ordonnerai au sacerdoce de Notre Seigneur Jésus Christ 57 diacres originaires de plusieurs diocèses de la Province ecclésiastique de Hanoi. Ce sont eux qui renouvelleront et perpétueront le sacrifice du Calvaire. La vie des futurs ordonnés est une grande promesse pour la vie et la croissance de l'Eglise, et insuffle un dynamisme nouveau à l'évangélisation. Avec l'Eglise au Viêt-nam et toute l'Eglise du monde, je loue le Maître de la moisson qui ne cesse d'envoyer de nouveaux ouvriers à sa moisson.
2. En ce jour de joie et de fête, permettez-moi de m'adresser directement á ceux que je vais ordonner. Chers frères, vous avez reçu du Seigneur l'appel à être prêtre, et le privilège de continuer avec lui sa mission salvifique sur cette terre. L'ordination sacerdotale vous confère l'autorité et le devoir de proclamer l'Evangile de Jésus et de prêcher au nom de l'Eglise. Comme prêtres, vous présiderez à la célébration de l'Eucharistie, vous renouvellerez le sacrifice du Christ, en prononçant les mots du Christ: "Ceci est mon Corps livré pour vous"; "Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés". Au nom du Christ et à travers le Sacrement de la Réconciliation, vous pardonnerez les péchés. Dans votre ministère et les nombreux services que l'Eglise confiera à vos soins pastoraux, vous veillerez à être toujours considérés comme celui qui sert.
Vous avez été appelés à imiter le Seigneur et Maître, à suivre l'exemple du Fils de l'homme "qui est venu non pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (Mt 20, 28).
Un des aspects les plus frappants de la vie terrestre de Jésus a été la priorité qu'il donna à la prière. Saint Luc nous rapporte que "des foules nombreuses" accouraient pour l'entendre et se faire guérir de leurs maladies, mais Lui "se retirait dans la solitude et priait" (Lc 5, 15-16). Malgré la grande compassion qu'il éprouvait pour les foules auxquelles il proclamait la proximité du Royaume de Dieu, Jésus recherchait, régulièrement et fréquemment, "un endroit à l'écart pour prier" son Père Eternel. Parfois même il passait la nuit entière en prière.
Mes frères, n'oublions jamais cette leçon de vie que le Maître nous a laissée par la parole et par l'exemple. Prier est un élément vital pour le chrétien et il est aussi un immense service que le prêtre rend à son peuple. Par la prière, nous préservons et approfondissons notre amour personnel pour le Christ, nous percevons et acceptons la volonté de Dieu pour nous. Le temps passé en prière n'est pas du temps enlevé aux fidèles. Ce temps utilisé pour eux auprès du Seigneur est source de tout bien. Si nous ne demeurons pas unis à cette source, notre vie sacerdotale est destinée à mourir. C'est cette source qui est le Christ qui nous communique le dynamisme de notre vie sacerdotale et la joie de servir nos frères.
3. Avant de monter aux cieux pour retourner à son Père, Jésus a confié à ses disciples cette mission: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt 28, 19-20). Aujourd'hui encore, cette mission est urgente si nous regardons le Viêt-nam, ce cher et bien-aimé pays. Sur une population globale de 80 millions d'habitants, les catholiques sont une petite minorité de 6 millions. Nous avons le devoir de leur apporter la Bonne Nouvelle de Jésus. Prêcher l'Evangile n'est pas faire du prosélytisme, dans le sens péjoratif que l'on attribue souvent à l'évangélisation, mais c'est le partage du bonheur et de la vérité que nous, chrétiens, apportons aux frères non-chrétiens. C'est la nature même de l'Eglise catholique et c'est aussi le devoir missionnaire que chaque prêtre et chaque fidèle laïc doit accomplir. Saint Paul a dit: "Annoncer l'Evangile, en effet, n'est pas pour moi un titre de gloire, c'est une nécessité qui m'incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile" (1 Co 9, 16).
Mes frères, vous serez ordonnés prêtres pour l'Eglise de Dieu. Votre regard, votre coeur, votre sollicitude pastorale et missionnaire doivent s'élargir aux dimensions de l'Eglise universelle, aux quatre coins de la terre. En même temps, dans un esprit de communion et de dialogue, vous serez appelés à ouvrir votre coeur pour accepter avec gratitude toute collaboration missionnaire provenant des autres Eglises particulières, du Sud, du Centre, du Nord, d'au-delà de vos frontières. Rappelez-vous que l'Eglise du Viêt-nam est née grâce à la prédication des missionnaires étrangers. Grâce à Dieu, aujourd'hui, quelques prêtres vietnamiens portent l'Evangile aussi aux autres peuples et cultures.
Aujourd'hui ce n'est pas seulement à moi, mais aussi à votre Evêque, que vous promettez obéissance et respect. Par cette promesse, vous créez un lien spécial de confiance avec votre Evêque et avec ses successeurs. Vous avez déclaré que vous voulez coopérer avec lui et réaliser ses directives et ses ordres pour le bien de l'Eglise locale, dans un esprit d'amour et de respect. En ce sens, vous imitez Jésus Christ qui n'est pas venu pour faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l'a envoyé (Jn 6, 38). Rappelez vous que nous devons notre salut à l'oeuvre salvifique du Fils de Dieu, qui s'est abaissé, prenant la condition d'esclave et obéissant jusqu'à la mort (cf. Phil 2, 7-9).
4. En ce jour de grande joie, je salue en particulier les parents et les familles des nouveaux prêtres. Je vous remercie d'avoir offert vos enfants au service de l'Eglise, je partage votre joie, votre bonheur et l'honneur qui vous est fait d'avoir un fils prêtre dans votre famille. Vos prières, vos bons exemples, et vos sacrifices ont produit de bons fruits pour l'Eglise. Mais votre prière, votre générosité ne doit pas s'arrêter là. Je vous demande de continuer à prier et à offrir encore des sacrifices pour les nouveaux prêtres afin qu'ils deviennent chaque jour davantage des saints prêtres, à l'image du Christ, alter Christus, Ipse Christus, de vrais "Bons Pasteurs" qui donnent leur vie pour leurs brebis.
J'exhorte toute la communauté diocésaine et toutes les familles chrétiennes à encourager les vocations à la vie sacerdotale et religieuse. Je sais que les familles catholiques vietnamiennes sont très religieuses et fidèles à la prière en famille. En créant un climat de foi et de prière qui favorise la naissance et le développement de la vocation à la vie religieuse ou sacerdotale, vous jouez un rôle capital. Continuez cette admirable tradition, pour que L'Eglise au Viêtnam, surtout en cette Province ecclésiastique de Hanoi, donnent en abondance des prêtres généreux et saints, au service de l'Eglise et du Peuple de Dieu.
Je vous invite à sanctifier la famille, cette "Eglise domestique" dans laquelle chacun vit son devoir de chrétien, de père, de mère, d'enfant; dans laquelle l'amour, le partage des joies et des douleurs, dans laquelle l'entraide matérielle, morale et spirituelle ont pour objectif commun la sanctification de la famille. Je vous encourage à défendre la famille vietnamienne contre toutes les influences malsaines de la société de consommation et égoïste, à conserver jalousement la bonne tradition de la famille vietnamienne dans laquelle piété familiale et respect des personnes âgées sont encore très profonds. Nous savons que des bonnes familles naissent des bons citoyens de la société humaine.
Je vous confie tous à Notre Dame de Lavang. Qu'elle soit toujours présente à vos côtés et vous protège à jamais dans l'amour de son Fils, notre Souverain Prêtre Jésus Christ. Je vous bénis tous au nom de notre Pape Benoît XVI.
Amen!