24 - 15.10.2008 RÉSUMÉ - DIX-SEPTIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 15 OCTOBRE 2008, APRÈS-MIDI) - AVIS DIX-SEPTIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 15 OCTOBRE 2008, APRÈS-MIDI) - RAPPORT APRÈS LE DÉBAT GÉNÉRAL Mercredi 15 octobre 2008, à 16h30, avec la prière de lAdsumus, a débuté la Dix-septimème Congrégation générale pour le Rapport après le Débat général (Relatio post disceptationem). Le Président Délégué du jour était S.Ém. le Card. Odilo Pedro SCHERER, Archevêque de São Paulo (BRÉSIL). À louverture de la Dix-septième Congrégation générale, Mgr Nikola ETEROVIĆ, Archevêque de Sisak, Secrétaire Général du Synode des Évêques, a remercié lUniversité Pontificale Salésienne, qui a fourni, pour lemploi en Salle, des traductions interconfessionnelles de la Bible dans les différentes langues. À cette Congrégation générale qui sest conclue à 19h00, avec la prière de lAngelus Domini, étaient présents 236 Pères. Dans les Congrégations Généraux précédentes sont intervenus 229 Pères synodaux. Les interventions de trois autres Pères synodaux seront publiées in scriptis. En plus, sont intervenus 9 Délégués fraternels et 22 Auditeurs. RAPPORT APRÈS LE DÉBAT GÉNÉRAL Lors de cette Dix-septième Congrégation générale, le Rapporteur général, S.Ém. le Card. OUELLET, P.S.S., Archevêque de Québec (CANADA) est intervenu pour la lecture en latin du Rapport après le Débat général (Relatio post disceptationem). Dans son second rapport, en conclusion du Débat général sur le thème synodal en Salle, le Rapporteur général a fait la synthèse des différentes interventions qui se sont suivies lors des journées dans les Congrégations générales et a proposé certaines lignes dorientation pour faciliter les travaux des Carrefours. Nous publions, ci-dessous, la traduction en français de la présentation et de lintégralité du texte du Rapport après le Débat général. Dans les éditions linguistiques respectives, nous publions la version originale en latin ; les traductions en italien, anglais, français, espagnol et allemand de la présentation du Rapport. Présentation Le Rapport après le Débat général (Relatio post disceptationem) présenté par le Rapporteur général, S. Ém. le Card. Marc OUELLET, sest ouvert en mettant en évidence comment la discussion initiale dans la salle du Synode sur le thème La Parole de Dieu dans la vie et la mission de lÉglise sest déroulée dans une atmosphère fraternelle découte de la Parole de Dieu et dattention à la présence du Seigneur au milieu de ses disciples, climat favorisé par la Messe inaugurale en la Basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs, par la Célébration du 50e anniversaire de la mort du Serviteur de Dieu et Souverain Pontife Pie XII et par la Canonisation de quatre nouveaux saints, qui ont déterminé un cadre de prière privilégié pour les travaux synodaux et exprimé la vie même de lÉglise. Selon le Règlement du Synode des Évêques, a expliqué le Rapporteur général, le rôle du Rapport après le Débat général est celui de présenter une synthèse de la discussion tenue en salle, pour faire émerger les éléments principaux sur lesquels se poursuivra la discussion dans les Carrefours. Dans le rapport, un cadre densemble est offert à la réflexion des Pères Synodaux afin de faciliter lapprofondissement du thème et la préparation des propositions pastorales à soumettre à lattention du Saint-Père. Une telle synthèse émerge des interventions prononcées en salle après le Rapport avant la Discussion générale (Relatio ante disceptationem) et est élaborée à partir dun cadre général en dix chapitres, choisis par le Rapporteur général et développés avec laide du Secrétaire spécial et des Experts. En suivant la division utilisée dans le cadre du Document de travail, elle est présentée en trois parties: La première partie a pour titre Dieu nous écoute et contient trois points: 1- Révélation, création, histoire du salut; 2- Le Christ, lEsprit et lÉglise; 3- Parole de Dieu, liturgie, écoute. Le premier point part de la considération de la réflexion du Saint-Père Benoît XVI qui, commentant le Psaume 18, a rappelé que la Parole de Dieu est solide, constitue la réalité, le fondement stable et durable de toute chose. À partir de cette invitation à un nouveau réalisme fondé sur la Parole de Dieu, lAssemblée Synodale - a expliqué le Rapporteur général - a entrepris une précieuse discussion. La synthèse se poursuit en traitant les arguments de la Révélation et le dialogue intratrinitaire, le caractère dialogique de la Parole, dont le fondement se trouve dans le mystère de la Trinité et qui appelle lhomme au dialogue; la Parole de Dieu et lhistoire du salut, la révélation comme mouvement dialogique dans lequel Dieu sadresse à sa créature et la conduit à la plénitude du salut; enfin lhistoire du salut, qui sest réalisé dans lIncarnation, la mort et la Résurrection du Verbe et par le don définitif du Saint Esprit. Le second point présente le Christ, plénitude et accomplissement de la révélation trinitaire; le Christ, unique médiateur, et le dialogue; le mystère de lÉglise, laction de lEsprit Saint et linterprétation des Écritures. Le troisième point rappelle la dimension sacramentelle inhérente à la Parole de Dieu et limportance, soulignée par un grand nombre dinterventions des Pères Synodaux, que le rapport existant entre la Parole de Dieu et la liturgie et, en particulier, la liturgie eucharistique, soit renforcée; la dimension anthropologique de la révélation de Dieu dans sa Parole, par laquelle lhomme est un être appelé à lécoute de la Parole; lÉglise, mère et maîtresse découte de la Parole de Dieu; enfin le rapport entre Parole et vocation, la Parole et les pauvres, Parole, silence et prière, Parole et foi, Parole et sainteté. La deuxième partie sintitule: Parole de Dieu, Écriture Sainte, Tradition et est développée en quatre points: 1- Événement, rencontre, interprétation; 2- Unité, primat, circularité; 3- Eucharistie, homélie, communauté; 4- Exégèse, théologie, lectio divina. Dans le premier point, Événement, rencontre, interprétation, la Parole de Dieu est présentée comme événement dans lhistoire. Il est rappelé que de nombreuses interventions en salle ont souligné le fait que la Parole de Dieu en tant que telle ne sidentifie pas seulement avec la Sainte Écriture , bien que les deux termes soient souvent considérés comme synonymes. La doctrine exprimée en effet par la Dei Verbum affirme clairement que la Parole de Dieu nous est transmise de manière inséparable par la Parole écrite inspirée (Écritures Saintes) et par la Tradition vivante de lÉglise. La synthèse se poursuit en traitant de linterprétation et du lien entre la Sainte Écriture et la vie du croyant dans lÉglise; la Parole de Dieu et les défis culturels de notre temps. Dans le deuxième point, intitulé Unité, primat, circularité, sont présentés les thèmes de lunité et du primat de la Parole de Dieu, de lunité dans la relation entre Écriture, Tradition et Magistère exprimée dans la Dei Verbum; loeuvre de lEsprit Saint dans la triple connexion Écriture-Tradition-Magistère.Le troisième point Eucharistie, homélie, communauté traite de la relation entre lÉcriture et lEucharistie, avec la question, ayant émergé au cours de la discussion synodale, de savoir comment favoriser parmi les fidèles, une perception plus unitaire de ce rapport; la dimension sacramentelle de la Parole, Parole et dimension eschatologique; la célébration de la Parole; limportance de lhomélie; lart comme forme analogique de prédication; enfin le rapport entre Parole de Dieu, célébration et communauté. Le quatrième point, Exégèse, théologie, lectio divina, traite du rapport entre exégèse et théologie et présente la Lectio divina comme lecture individuelle et communautaire dun passage, rappelant que lapproche au texte sacré, lorsquelle est faite personnellement par le fidèle, ne peut être séparée de la communion et du contexte ecclésial. Enfin, la troisième partie sintitule Parole de Dieu, mission et dialogue et comprend trois points: 1- Témoignage, kérygme, catéchèse; 2- Culture, dialogue, engagement; 3- Communication, proclamation, traductions. Dans cette partie, au deuxième point, Culture, dialogue, engagement, la Parole de Dieu est présentée comme lien oecuménique et source de dialogue entre croyants et juifs; la synthèse se poursuit en présentant la Parole de Dieu dans le cadre du dialogue interreligieux, dans le rapport avec les cultures et comme appel à lengagement. Il y est souligné que nombre de Pères Synodaux ont parlé dinculturation et quune intervention en salle en a illustré le fondement christologique. Le dernier point met en lumière lurgence, fréquemment exprimée par les Pères Synodaux, de rendre la Bible disponible en toutes les langues, y compris celles qui ne sont pas écrites; il évoque les nouvelles possibilités de transmission des Écritures Saintes au travers des moyens de communication modernes, souligne la proposition, avancée par plusieurs Pères Synodaux, de créer un ministère spécifique ou de valoriser le lectorat dans lÉglise. Dans les conclusions, le Rapporteur général a enfin rappelé comment tous les Pères Synodaux perçoivent lurgence de lannonce de lÉvangile et comment les nouvelles possibilités de communication invitent à prendre des initiatives originales pour faire connaître et aimer le Christ et les Écritures, pour favoriser lunité des Chrétiens et contribuer à la justice et à la paix dans le monde. Au terme du Rapport, quelques questions sont posées qui peuvent être utiles dans le cadre des Carrefours. [00291-03.04] [NNNNN] [Texte original: italien] Traduction en français de lintégralité du texte original en latin Introduction «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis là au milieu deux» (Mt18, 20). La discussion initiale dans laula synodale sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de lÉglise sest déroulée dans une atmosphère fraternelle découte de la Parole de Dieu et dattention à la présence du Seigneur au milieu de ses disciples. Ce climat a été facilité par la messe douverture à Saint-Paul-hors-les-murs, la célébration du 50ième anniversaire de la mort du serviteur de Dieu Pie XII et la canonisation de quatre nouveaux saints, qui ont fourni à nos travaux un cadre de prière privilégié exprimant la vie même de lÉglise. Comme vous tous, jai été profondément édifié par les informations, les enseignements et les témoignages entendus dans cette enceinte. Jen rends grâces à Dieu et je remercie aussi chacun et chacune dentre vous de votre participation. « En cette année paulinienne, a dit le Saint Père Benoît XVI à la messe douverture, nous entendrons résonner avec une urgence particulière le cri de lapôtre des nations : Oui, malheur à moi si je nannonçais pas lÉvangile » (1 Co 9, 16). « Que les Saints viennent à notre aide, en particulier lapôtre Paul, quau cours de cette année nous découvrons toujours plus comme témoin intrépide et héraut de la Parole de Dieu ». Selon lOrdo Synodi Episcoporum, le rôle de la Relatio post Disceptationem est de présenter une synthèse du débat tenu dans laula, en vue de préciser les points majeurs sur lesquels la discussion se poursuivra dans les groupes linguistiques. Dans les pages qui suivent, une reprise de lensemble est donc offerte à la réflexion des Pères synodaux afin de faciliter lapprofondissement du thème et la préparation des propositions pastorales à lintention du Saint-Père. Cette synthèse émerge des interventions faites dans laula à la suite de la Relatio ante Disceptationem et ne peut évidemment pas couvrir tous les aspects qui ont été touchés par les orateurs. Elle a été élaborée à partir dun cadre général en dix chapitres que jai choisi et développé avec laide du Secrétaire spécial et des experts, que je remercie vivement de leur précieuse collaboration. Ce cadre reprend globalement la division de lInstrumentum laboris que nous avons suivi pour la discussion. Des questions dapprofondissement en vue de la formulation des orientations pastorales sont émises à la fin de certains paragraphes ou reprises sous forme de brefs énoncés dans une liste à la fin. Jai divisé la matière en trois parties, la première sous le titre : Dieu parle et écoute, qui contient trois points: 1) Révélation, création, histoire du salut; 2) Le Christ, lEsprit et lÉglise ; 3) Parole de Dieu, liturgie, écoute. La deuxième partie sintitule: Parole de Dieu, Sainte Écriture, Tradition et développe quatre points: 1) Événement, rencontre, interprétation; 2) Unité, primauté, circularité; 3) Eucharistie, homélie, communauté; 4) Exégèse, théologie, lectio divina. Enfin, la troisième partie sintitule: Parole de Dieu, mission, dialogue et comprend trois points: 1) Témoignage, kérygme, catéchèse; 2) Culture, dialogue, engagement; 3) Communication, proclamation, traductions. I. DIEU PARLE ET ÉCOUTE 1. RÉVÉLATION, CRÉATION, HISTOIRE DU SALUT 1. La Parole de Dieu comme fondement de la réalité Le Saint Père, Benoît XVI, au début de cette assemblée synodale nous a rappelé, en commentant le Psaume 118, que la Parole de Dieu est solide, est la réalité, est le fondement stable et durable de toute chose; par conséquent, lhomme vraiment réaliste est celui qui construit sur le fondement de la Parole (cf. Gn 1; Mt 7, 24-27). Tout est créé dans la Parole; aussi le but de la création est quil y ait la rencontre entre Dieu et sa créature. Cest pourquoi, le Christ est le prototokos (Col 1, 15), «le premier né de toute la création»; lhistoire du salut, lalliance, précède la création (Benoît XVI, homélie de loffice de Tierce, lundi 6 octobre). Pour cela, seul celui qui entre dans la Parole de Dieu entre véritablement dans le monde, comprend la création et se comprend lui-même. À partir de cette invitation à un nouveau réalisme fondé sur la Parole de Dieu, notre assemblée synodale a engagé un précieux débat. 2. Révélation et dialogue intratrinitaire Un premier thème fondamental a émergé à plusieurs reprises dans lassemblée synodale; celui de la relation entre Parole et dialogue entre Dieu et tous les hommes. La thématique concernant le dialogue a émergé non pas en termes généraux, mais dans un cadre trinitaire. Quelques interventions en effet ont rappelé que la première réalité, que la Parole de Dieu nous présente est la suivante: le Dieu des chrétiens est le Dieu qui parle, le Dieu qui se communique Lui-même et révèle son mystère de Salut dans sa Parole (cf. DV 2). Ceci nous place immédiatement dans lhorizon trinitaire de la Révélation: «la patrie de la Parole de Dieu» est la Trinité. Nous pouvons dire que la Révélation est autocommunication de la Très Sainte Trinité à lhomme, ce dernier appelé ainsi à participer, comme «fils dans le Fils» (Ga 4, 6), à la même vie divine (cf. DV 2). 3. La Parole de Dieu appelle lhomme au dialogue De cette manière, comme lon souligné les interventions de quelques Pères synodaux, la Révélation chrétienne a, de par sa nature, un caractère dialogique, dont le fondement se trouve dans le mystère de la Trinité. La vie même de la Trinité est dialogue damour entre les personnes divines: lamour du Père qui sexprime et se donne lui-même dans sa Parole éternelle, dans le mystère de léternelle génération du Fils, lequel à son tour saccueille lui-même éternellement du Père et répond à ce don, lêtre éternellement engendré, dans leur commun Esprit Saint. Selon les grands docteurs médiévaux saint Thomas dAquin et saint Bonaventure, les réalités créées procèdent de la Parole du Dieu trinitaire dans le prolongement des processions du Verbe et de lEsprit. La Parole de Dieu qui se communique à nous dans la révélation porte en elle-même cette structure profondément dialogale et nous appelle au dialogue avec le Dieu qui parle et qui sadresse à nous comme à des amis (cf. DV 2). Ainsi, créés au moyen de la Parole, nous sommes appelés à entrer en dialogue avec Dieu Trinité. Face au mystère de la communication que Dieu fait de lui-même dans sa Parole, Lui-même devient un «Tu» pour lhomme. 4. Parole de Dieu et histoire du salut À partir de là, nous comprenons la «belle notion dhistoire du salut» (IL 10, 25, 34); ce concept, comme quelques interventions lont mis en évidence, exprime de manière efficace le changement dune vision intellectualiste en une vision dynamique de la révélation. Cette dernière aide à comprendre de manière unitaire le plan de Dieu et sa révélation en son ensemble comme un mouvement dialogique dans lequel Dieu sadresse à sa créature, par «des gestes et des paroles intrinsèquement connexes» (DV 2), et lengage, en la conduisant à la plénitude du salut. Cest dans cette perspective quà plusieurs reprises, dans laula synodale, fut évoquée lobservation de Benoît XVI à leffet que la Parole de Dieu «nest pas seulement informative mais aussi performative», puisquelle se réalise dans lhistoire au moment même où elle se dit (cf. Gn 1, 3.6.9.11.20.24). À ce propos, un intervenant a affirmé ceci: «Dieu a inauguré un dialogue vivant avec lhumanité et sa Parole ouvre à toutes générations des horizons inattendus de vérité et de vérification. En ce sens, on peut comprendre pourquoi le christianisme est une religion de la parole et non du livre; elle est religion de la Parole qui dialogue et rencontre tout homme en lappelant à la communion. 5. Analogia Verbi symphonie à plusieurs voix De cette manière, on trouve ici, en plus de la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture et dans la Tradition vivante de lÉglise, dautres éléments de cette symphonie à plusieurs voix. Dans laula synodale, plusieurs interventions nont pas manqué de souligner les divers modes de la présence de la Parole de Dieu. À partir de la Parole définitive, Jésus Christ, souvre devant nous un vaste champ qui mérite dêtre approfondi en lien avec dautres manifestations de la Parole. De la Création jusquaux événements de lhistoire et même à lart inspiré par la foi, tout cela, à des degrés divers, peut être compris comme des formes analogiques de la Parole qui ne se comprennent, en dernière analyse, quen référence à lévénement du Christ lui-même. Dans cette perspective, la création elle-même est lue à la lumière de laccomplissement de lhistoire du salut qui sest réalisée dans lincarnation, la mort et la résurrection du Verbe et dans le don définitif du Saint Esprit. Cela ne supprime pas mais rehausse la signification de la création elle-même en tant que livre de la nature. Un intervenant a synthétisé de la manière suivante cette idée de la Parole de Dieu qui se vérifie dans lÉcriture en relation avec dautres expressions de la Parole de Dieu: «À travers lÉcriture, lÉglise nous offre une grammaire et nous éduque à lécoute, de telle manière que nous apprenions à discerner les diverses paroles de Dieu au milieu des voix de la nature, de lhistoire et des cultures, aussi bien que dans notre propre existence». Comment approfondir cette dimension dialogique de la révélation, tant dans la théologie que dans la praxis pastorale de lÉglise? Comment aider les fidèles à regarder toute la réalité à la lumière du Christ, capable de créer en nous une nouvelle mentalité? Comment apprendre à voir en toutes choses un signe de la Parole de Dieu qui nous interpelle et nous appelle à la conversion? 2. LE CHRIST, LESPRIT ET LÉGLISE 6. Le Christ, plénitude et accomplissement de la révélation trinitaire La notion dAlliance qui, dans le dessein de Dieu, précède la création elle-même, exprime bien lactualisation présente et efficace de la Parole de Dieu, qui sest accomplie parfaitement dans lincarnation, la mort et la résurrection du Christ et à laquelle nous participons au moyen de la vie de lÉglise. Là, les diverses étapes, mises en évidence par la théologie paulinienne regardant la trajectoire du mystère, trouvent leur unité intrinsèque: mystère caché depuis les siècles en Dieu et maintenant révélé pleinement dans le Christ, dans lEsprit Saint, et donné à connaître aux Gentils par le moyen de lÉvangile (Rm 12, 25-26; Col 1, 26-27; Ep 3, 3-12). Dans cette perspective, apparaît lunité intime entre le mystère révélé par Dieu et la Parole de Dieu. Une telle relation apparaît chargée de multiples implications, tant théologiques que pastorales. La clef dynamique et dialogale de la révélation et de la Parole de Dieu nous fait regarder toute lhistoire du salut en y reconnaissant une concentration christologique comme la fait Dei Verbum par laquelle nous reconnaissons et nous confessons le Christ comme le médiateur et la plénitude de la révélation (DV 2.4.7.15.16.17). 7. Le Christ, unique médiateur, et le dialogue Le Christ apparaît dans lhistoire du salut comme la Parole de Dieu incarnée qui accomplit et porte à son achèvement la révélation de Dieu (cf. He 1, 1-2). Ce que nous savons du Dieu Trine, cest Jésus qui nous la fait connaître. Le Fils incarné est le Révélateur du Père (Jn 1, 18). Mais lEsprit nous conduit à la pleine connaissance de la révélation de Dieu apportée par Jésus (Jn 16, 13). Lhistoire du salut, en tant quhistoire du mystérieux dialogue entre Dieu et sa créature, trouve ici son accomplissement indépassable. Dans la Parole incarnée, crucifiée et ressuscitée, nous avons le don de lAlliance nouvelle et éternelle. Le Christ se révèle ainsi pour nous comme lunique médiateur entre Dieu et les hommes qui accomplit en lui-même notre salut éternel. Toutefois, comme on la souligné dans laula, cela ne fait pas cesser le dialogue avec lhomme, avec les diverses cultures et les diverses expériences religieuses; au contraire, cela rend ce dialogue encore plus intense, puisque le salut réalisé par Dieu dans le Christ est continuellement offert à tous les hommes par laction du Saint Esprit dans les curs. La parole définitive de Dieu devient ainsi, précisément par leffet de lunique médiateur, source de dialogue avec tous, sans pour autant diminuer la vérité salvifique communiquée dune manière définitive par le sacrifice du Christ, mort et ressuscité. Souvent, au niveau culturel, laffirmation que Christ est lUnique (cf. Ac 4, 12) et quil est Parole ultime et définitive du Père, semble saper à la base toute idée du dialogue: comment aider à comprendre que, justement, la plénitude de la révélation porte elle-même lexigence la plus profonde dun dialogue avec toute réalité en quête authentique de la vérité salvifique? Cela conduit sans doute à considérer aussi la valeur des autres traditions religieuses face à lunicité du Verbe de Dieu. 8. Le mystère de lÉglise, laction du Saint Esprit et linterprétation des Écritures Il ressort de diverses interventions que lÉglise est la réalité fondamentale dans le dialogue entre Dieu et sa créature, en tant quépouse qui accueille le don du Christ; cest lui qui la rend féconde en elle-même pour toute lhumanité et pour tout le cosmos. La Parole de Dieu a dans lÉglise son authentique sujet de réception. De la sorte, lÉglise est déjà originairement impliquée dans lautocommunication de la Trinité dans le Christ et dans le Saint Esprit. Lunicité de la médiation du Christ comporte aussi la médiation originaire de lÉglise. Par conséquent, les Écritures aussi ont pour lieu herméneutique le mystère de lÉglise, elles sont le don de lEsprit à lÉglise; épouse du Christ. Ce mystère est mis en lumière dans la figure de Marie; le Verbe de Dieu se fait chair en elle par luvre de lEsprit Saint. De la même manière, les Saintes Écritures sont don de lEsprit à lÉglise; elles sont écrites au sein de lÉglise grâce à linspiration de lEsprit, qui guide aussi son acte interprétatif. De cette manière, lÉglise est le lieu où la Parole résonne, est accueillie, proclamée et interprétée dans son contexte le plus approprié. En ce sens, quelques interventions ont suggéré lidée que, si, dune part la révélation sest close avec la mort du dernier Apôtre, dautre part, il faut dire que la Parole de Dieu est aujourdhui encore vivante plus que jamais et à luvre dans le cur des croyants (cf. Jr 55, 10-11). Cette Parole, pourtant, nest pas une parole du passé, mais elle demeure toujours contemporaine, pour nous, pour tout homme et toute époque. Tout cela met en lumière combien la Parole même de Dieu, dans sa structure trinitaire, peut être réellement comprise et accueillie seulement dans son horizon pneumatologique. En effet, laction de lEsprit Saint est présente dans toute lhistoire du salut, de diverses manières. Cette dimension pneumatologique mériterait dêtre soulignée, dans la réflexion synodale, de manière significative. Une fois comprise la centralité de lÉglise par rapport à la Parole de Dieu, on comprend pourquoi le sens vrai des Écritures comme on la affirmé se situe dans la fides Ecclesiae. Ainsi, on a rappelé de manière suggestive que limportante affirmation «ignorantia scripturarum ignorantia Christi est» comporte aussi cette autre proposition : «Ignoscere Ecclesiam ignoscere Christum est». Dans la foi, on ne peut daucune manière séparer le Christ de lÉglise dans laccueil et dans linterprétation de lÉcriture : «La juste interprétation faite par lÉglise est absolument nécessaire dès linstant de la première rencontre avec la Parole de Dieu». Comment aider théologiquement et pastoralement à comprendre le lien profond entre la Parole de Dieu et le mystère de lÉglise, en répondant aux objections fausses ou étranges? 3. PAROLE DE DIEU, LITURGIE, ÉCOUTE 9. Parole de Dieu et convocation Le caractère historique, salvifique, de la Parole de Dieu nous aide à comprendre que celle-ci nest pas réductible au livre des Saintes Écritures et que, toutefois, ces Écritures sont effectivement lattestation normative et imprescriptible de cette Parole qui, comme telle en tant que symphonie à plusieurs voix , culmine dans la personne du Christ, qui est le Verbe incarné (Jn 1,14). Dans cette perspective, on doit mettre en relief un grand nombre dinterventions des Pères qui ont souligné limportance de relier la parole de Dieu à la liturgie et, en particulier, à la liturgie eucharistique. Dans la ligne de lhistoire du salut, la parole de Dieu trouve son lieu originaire dans la convocatio liturgique, comme lieu de la rencontre. Comme cela a été souligné plusieurs fois dans les interventions, toute la réalité liturgique, de la prière des psaumes aux lectures et jusquà la célébration du mystère eucharistique, est imprégnée de la Parole de Dieu, laquelle ici et maintenant sadresse aux fidèles et les fait participer, afin quils se laissent chaque jour davantage transformer par son efficacité durable. Le contexte liturgique, et en particulier la célébration eucharistique, invite à bien faire comprendre la dimension sacramentelle inhérente à la Parole de Dieu. Cela implique limportance de la liturgie pour lherméneutique même des Saintes Écritures. Lapproche de la Parole de Dieu, à lintérieur du contexte liturgique de la célébration, met en uvre un critère herméneutique approprié en ce quil permet de sapprocher des Écritures pour ce quelles sont réellement : Parole de Dieu qui sadresse à lhomme, afin que celui-ci laccueille dans la foi. Plus exactement, comme lont rappelé quelques interventions, le contexte de la vie ecclésiale, qui sexprime de manière paradigmatique dans la liturgie, est lunique lieu approprié pour une vraie compréhension de la Parole de Dieu qui est attestée dans les Saintes Écritures. En effet, la Parole de Dieu est «lâme de toute liturgie» et dans la liturgie «la narration biblique devient évènement actuel de salut». En ce sens, on doit dire que lÉglise, avant tout dans son cycle liturgique, est le lieu vital où la «parole de Dieu est religieusement écoutée, fidèlement proclamée et interprétée» (DV 1). On a aussi affirmé que «la célébration de la Parole de Dieu devient un des lieux privilégiés de la rencontre avec Jésus Christ, centre et plénitude de toute lÉcriture et de toute célébration liturgique». Comment aider tout le peuple de Dieu à découvrir limportance de la Parole de Dieu dans la richesse de la vie liturgique de lÉglise? Quelles conséquences pour la théologie et pour la spiritualité implique le fait de considérer la liturgie comme le lieu originaire de la rencontre avec la Parole de Dieu? Quelles conséquences en tirer pour lexégèse et lherméneutique? Quelle relation y a-t-il entre parole de Dieu et liturgie en tant quactuation sacramentelle de «loeconomia salutis»? 10. Lhomme, un être appelé à lécoute de la Parole En ce sens, la reconnaissance de la Parole de Dieu comme parole vivante que lon rencontre dans la convocatio liturgique rappelle de manière inévitable, à celui auquel cette parole sadresse, pourquoi elle est écoutée, accueillie, générant en nous, dans la foi, une authentique obéissance. Si, dune part, le Christ, dans la Parole (et dans lEucharistie), nous dit: Je suis à toi, dautre part, nous sommes appelés à Lui répondre: Je suis à Toi (Benoît XVI). La Parole demande à être authentiquement écoutée, accueillie, non dune manière superficielle. Ceci met au premier plan, comme lont fait plusieurs intervenants, la dimension anthropologique de la révélation de Dieu dans sa Parole. Lhomme apparaît ici comme convoqué par la Parole, appelé intimement à en être un auditeur loyal. Mais cela ne peut pas se produire si lhomme nouvre pas la porte à Dieu qui frappe pour entrer chez lui (cf. Lc 24; Ap 3, 20) et sil reste attaché à létroitesse de ses limites. Cette dimension anthropologique particulière selon laquelle lhomme est appelé à lécoute, à laccueil et à la réponse à la parole de Dieu, soppose certainement aux codes culturels de notre temps marqué par la distraction et par un manque fondamental déducation à lécoute de lautre. 11. LÉglise, mère et maîtresse de lécoute de la Parole de Dieu Indispensable et incontournable est la tâche de lÉglise déduquer à lécoute de la Parole de Dieu; lÉglise est, au plus profond delle-même, lépouse qui écoute, accueille et rend féconde la Parole donnée par son époux. En conséquence, lÉglise peut répondre aux défis de notre temps qui, au contraire, tend à distraire lhomme, en le rendant incapable daccueillir linvitation du Seigneur à la liberté. À notre époque, plus que jamais, lÉglise doit être maîtresse découte. On doit, comme cela sest fait dans laula, exprimer notre disponibilité ecclésiale à lécoute: «Parle, Seigneur, que ton Église técoute». Même si lhomme peut être distrait et vivre dans une culture qui fait obstacle à la soif de transcendance, lÉglise sait pourtant que lhomme a été créé par Dieu pour écouter et accueillir Sa Parole. Sa disposition à lécoute nest pas, pour lhomme, une option facultative, mais elle est lune de ses constituantes ontologiques. LÉglise, quand elle invite lhomme à lécoute de la Parole de Dieu, lui rappelle du même coup lune de ses caractéristiques constitutives en tant quhomme. Lhomme est tiré du néant par la puissance de la Parole créatrice de Dieu et ne peut se réaliser que comme auditeur qui accueille la Parole, en lui obéissant. Ces considérations sont lourdes de conséquences pastorales. Mettre au centre la Parole de Dieu signifie éduquer lhomme à lécoute, à se redécouvrir lui-même comme ayant besoin de lécoute de la Parole de Dieu, aider lhomme à se redécouvrir comme un affamé de la Parole. Comment expliquer cette mission ecclésiale dêtre mère et maîtresse de lécoute? 12. Parole et vocation Une considération découle de cette réflexion: la Parole de Dieu comme telle se manifeste en interpellant lhomme et en lappelant, par vocation, à se réaliser lui-même en sortant de lui-même précisément pour faire sien le projet de Dieu sur lui. En ce sens, on doit mettre en évidence le caractère éminemment vocationnel quimplique une juste conception de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu qui appelle, a-t-on dit, constitue lhomme en une «identité responsoriale». La Parole de Dieu nous invite à une réponse. La rareté et la crise des vocations sont souvent une crise de la capacité découte. De cela découle naturellement la nécessité pour lÉglise de jeter les bases dune action spirituelle et pastorale apte à mettre en lumière la structure anthropologique de chaque homme en relation à lappel de Dieu. 13. Dieu qui parle et écoute lhomme dans le besoin Mais, au cours de notre assemblée synodale, on a fait ressortir plus dune fois, ce qui peut paraître étonnant, le fait quen Dieu Lui-même nous trouvons aussi lécoute et que Lui-même nous éduque à lécoute. En effet, la Parole de Dieu est une parole qui donne voix à ceux qui nen ont pas; le Seigneur écoute le cri de lhomme qui recherche la paix, la justice et la vérité. Donc, à lécole de la Parole de Dieu, nous pouvons aussi apprendre lécoute. Plusieurs Pères nous ont rappelé, dans laula synodale, combien lÉcriture nous parle non seulement dun Dieu qui parle, mais aussi dun Dieu qui écoute. À ce sujet, diverses interventions nous ont remémoré la nécessité de cultiver dans le cur de lhomme cette attitude découte, de réceptivité face à la Parole de Dieu. LÉglise également doit apprendre à écouter: écouter Dieu pour porter la Parole de Dieu à lhomme; écouter lhomme de la manière dont Dieu lécoute, pour porter à Dieu, à travers cette médiation, la parole de lhomme adressée à Dieu. Le Seigneur sadresse à notre cur, à lintimité profonde de notre existence, attentif à nos demandes et à nos besoins, surtout au besoin décisif de salut et de rédemption. La prédication et lannonce de lÉglise requièrent, des humains, quils soient des gens qui parlent extérieurement et écoutent intérieurement. Comment approfondir, dans lÉglise, cette dimension découte des sans-voix, et comment nous éduquer à lécoute? 14. La Parole et les pauvres Ici, comme on la rappelé, la figure des pauvres, des enfants et des simples de cur a été puissamment mise en évidence. Les pauvres apparaissent ici comme une figure décisive pour nous enseigner la manière juste daccueillir et de répondre promptement et loyalement à linvitation qui nous vient du Seigneur à travers Sa Parole. «Les pauvres ont une ouverture profonde envers la Parole de Dieu et pour cela lÉglise doit les fréquenter tous les jours». Les pauvres constituent certainement un grand défi pour le monde mais aussi pour lÉglise. Ceux-ci manifestent une faim particulière de la Parole. LÉglise a la responsabilité de répondre à ce besoin en mettant à profit toutes les ressources à sa disposition afin que la faim des pauvres puisse trouver une réponse adéquate dans la pastorale ecclésiale. Comment être toujours plus une Église qui vit de la Parole de Dieu et qui, pour cela, donne voix à ceux qui sont sans voix? 15. Parole, silence et prière Dans lassemblée synodale est ressortie plus dune fois, en lien avec lécoute, la nécessité du silence, de faire place en nous-mêmes à la Parole vivante de Dieu. Comme le rappelle lImitation du Christ: «Verbo crescente, verba deficiunt». Dans laula, les rappels significatifs nont pas manqué à leffet quil ne peut y avoir de véritable accueil de la Parole de Dieu si on ne laborde pas avec un cur qui prie et contemple. Il ne saurait y avoir dapproche neutre de la Parole de Dieu; aussi dans le concret de lapproche des Saintes Écritures, lunique attitude adéquate savère celle de la prière. Dans cette perspective, quelques Pères synodaux ont rappelé la nécessité, pour les fidèles, de demeurer longuement penchés sur les Écritures pour quelles puissent senraciner dans leur cur. À lexemple de Marie qui contemplait et méditait les paroles du Fils et les événements, ainsi nous sommes appelés à nous attarder aux paroles des Saintes Écritures, en valorisant aussi la mémorisation de quelques versets particulièrement expressifs de la Vérité révélée. Aussi la prière comme le Rosaire (ou lAngelus, où nous faisons mémoire de lIncarnation de la Parole de Dieu, ou bien le chemin de Croix où nous méditons la Parole qui se fait silence ou devient muette dans la mort par amour pour nous), doit être valorisée, ainsi que la rumination de la Parole en fixant des versets significatifs. On a affirmé que Marie, de cette manière, a fait de son cur une «bibliothèque de la Parole». Voilà ce quil faut désirer pour nous-mêmes et pour tous fidèles. Marie se présente à nous comme lauthentique clef daccès aux trésors de lÉcriture. Dans laula, il na pas manqué démouvants témoignages illustrant comment, en temps de persécution et de manque de prêtres, la communauté ecclésiale est demeurée fidèle à la Parole à travers la prière du Rosaire. Quelles propositions pouvons-nous faire concrètement afin que le Peuple de Dieu demeure dans la Parole et grandisse en elle? Comment penser à une formation concrète pour les fidèles? 16. La Parole de Dieu et la foi Somme toute, notre écoute de la Parole, comme la lecture de lÉcriture, doit être une écoute et une lecture de croyant. Lannonce de la Parole de Dieu ne réalise pas le but pour lequel elle a été prononcée si elle nest pas écoutée et rendue féconde par la foi. Il ne faut jamais oublier comme cela a été dit que la prédication de la Parole doit inciter à la foi. Il faut toujours chercher la Parole de Dieu à travers les paroles. Si nous nous arrêtons aux paroles, nous risquons de ne pas trouver la vraie Parole de Dieu et de ne pas reconnaître leur vrai auteur: lEsprit Saint. En entrant dans la Parole, nous sortons vraiment de nous-mêmes, de nos limites, et nous entrons dans une dimension universelle. Seule la foi sait vraiment correspondre à la convocation que la Parole de Dieu adresse à notre existence. Lécoute croyante sait trouver la Parole à travers les paroles; à travers lhumanité de Jésus, la foi sait reconnaître le Fils de Dieu; ainsi dans la foi, dans les paroles humaines et les limites, nous recueillons la Parole éternelle de Dieu qui change notre vie. La Parole de Dieu, et toute annonce, ont comme fin lattitude de la foi en nous, parce que seule la foi sait accueillir la présence du Christ opérant dans laujourdhui de notre vie qui, dans le temps, nous conforme à Lui. Dans la perspective de la Parole de Dieu, il faut reprendre une vraie pédagogie de la foi qui implique le développement dune écoute et dune lecture croyantes de la Parole. Comment approfondir une authentique vie de foi qui se configure dans lobéissance à la Parole? Cette perspective peut-elle aider à dépasser certaines dichotomies à lintérieur de la vie chrétienne, entre lecture spirituelle et scientifique des Saintes Écritures? Peut-elle aider à développer une nouvelle relation entre exégèse et théologie? 17. Parole de Dieu et sainteté Donc la foi ne sajoute pas de lextérieur à lapproche donnée à la Parole de Dieu. La foi est essentielle pour comprendre lautocommunication de Dieu attestée dans les Écritures et dans la Tradition (cf. DV 5). Dans ce contexte, il semble important de rappeler, comme lont fait quelques intervenants, que lexégèse la plus authentique de la Parole de Dieu se trouve en ceux qui, dans la foi, ont écouté cette Parole. Dans cette perspective, dans laula, sont ressortis de nombreux témoignages émouvants de Parole de Dieu vécue. On reconnaît toujours plus la sainteté dans lÉglise comme une interprétation vivante de la Parole de Dieu, parce quelle en est un véritable témoignage. On a souligné aussi limportance des charismes, en tant que dons de lEsprit Saint à lÉglise, qui permettent de vivre la Parole même de Dieu dune manière créative dans le temps et les diverses cultures. Que lon pense en particulier, comme on y a fait allusion, aux diverses formes de vie consacrée dans lÉglise, lesquelles sont «des exégèses vécues de la Parole» (Benoît XVI). En ce sens, il est important de souligner, comme lont fait quelques intervenants, que la Parole de Dieu continue à sincarner dans la vie des croyants, en particulier dans leur témoignage de charité. Chacun est appelé à être un Évangile vivant, qui se fait «chair et sang». En définitive, le vrai auditeur est celui qui vit une rencontre personnelle avec le Christ, qui lamène à «se conformer totalement au Christ, se laisser transformer par lui et adhérer à lui, inconditionnellement, dans la foi, développant ainsi une véritable attitude de disciple, une fidèle sequela Christi, partout où le Christ le conduit». Comment renouer de façon efficace lexégèse de lÉcriture et la sainteté? Comment développer dans le Peuple de Dieu une sainteté enracinée toujours plus dans lécoute et la célébration de la Parole de Dieu? II. PAROLE DE DIEU, SAINTE ÉCRITURE ET TRADITION 4. EVÉNEMENT, RENCONTRE, INTERPRÉTATION 18. La Parole de Dieu comme événement dans lhistoire Aussi bien lInstrumentum laboris (n°15) que nombre dinterventions dans laula ont souligné le fait que la Parole de Dieu comme telle ne coïncide pas simplement avec la Sainte Écriture, même si, souvent, dans le langage commun, de fait, les deux termes sont retenus comme synonymes. Cela implique certainement une retombée pastorale quil faut prendre au sérieux. La doctrine exprimée dans Dei Verbum affirme clairement que la Parole de Dieu nous est transmise inséparablement dans la Parole écrite inspirée (Saintes Écritures) et dans la Tradition vivante de lÉglise (n°9). La même constitution dogmatique, à travers le concept dhistoire du salut, aide à comprendre le caractère dynamique de la Révélation, et à saisir ainsi le caractère «vivant» de la Parole de Dieu, qui ne sarrête pas à la lettre. Quelques interventions de Pères synodaux dans cette perspective de lhistoire du salut ont souligné combien la Parole de Dieu possède intrinsèquement le caractère dévénement dans lhistoire, attesté normativement dans les Saintes Écritures et transmis fidèlement dans la Tradition vivante de lÉglise. Beaucoup dintervenants ont tenu à citer le Prologue de lÉvangile selon Jean(Jn 1, 14): «Le Verbe, le Logos de Dieu, sest fait chair et est venu habiter parmi nous». La Parole de Dieu est devenue une présence humaine qui communique et agit parmi les hommes. Si, en effet, Dieu se révèle et communique la vérité salvifique aux hommes dans lhistoire, alors lauto-communication de Dieu ne peut que se présenter à nous avant tout sous la forme dune rencontre. On a rappelé à plusieurs reprises dans les interventions, à ce propos, le passage initial de lencyclique de Benoît XVI, Deus Caritas Est: «Au commencement du devenir chrétien, il ny a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon, et avec lui, la direction décisive» (DCE 1). De là, on peut comprendre pourquoi la Parole de Dieu est une Personne qui soffre à nous dans une rencontre, capable de provoquer notre liberté et notre raison. Ceci, en effet, ne peut être vraiment accueilli que dans la foi: la grâce dune rencontre qui provoque notre raison à élargir sa mesure pour accueillir la nouveauté de la révélation, et qui interpelle une réponse libre, comme adhésion à linvitation de la sequela. Quimplique le fait que souvent lexpression «Parole de Dieu» soit comprise seulement comme Sainte Écriture? Quelle attention pastorale nous impose cette constatation? Que peut vouloir dire pour la pastorale de lÉglise le fait de valoriser le caractère historique et essentiel de la rencontre avec le Christ, Parole de Dieu faite chair? La rencontre avec le Christ, Parole faite chair, requiert lengagement de la raison et de la liberté. Que peut vouloir dire pour notre démarche pastorale le fait dimpliquer la réalité humaine dans sa capacité de connaissance et de décision? 19. Linterprétation entre Écriture Sainte et vie croyante dans lÉglise On a aussi affirmé que rappeler ce caractère historique et essentiel de la Parole de Dieu ne réduit pas, de fait, le sens des Saintes Écritures. Au contraire, les Saintes Écritures demeurent muettes ou sont réduites à une interprétation arbitraire pour lhomme qui ne souvre pas à la rencontre où Dieu se rend présent dans sa vie. On a rappelé à ce sujet laffirmation du document de la Commission biblique sur lInterprétation de la Bible dans lÉglise: «La juste connaissance du texte biblique est accessible seulement à qui a une affinité vécue avec ce dont le texte parle» (n°70). Une telle affirmation a des conséquences tant sur la qualité de la vie ecclésiale que sur les études de la Bible. La rencontre qui se produit grâce à lÉglise et aux témoins authentiques de la foi crée dans la personne cette affinité existentielle capable de lui faire découvrir la profonde pertinence du témoignage scripturaire pour sa propre vie. De cette manière, la Sainte Écriture se présente à nous comme un témoignage écrit, normatif et inspiré, de cet événement originaire dont nous sommes rendus participants aujourdhui au moyen de la vie de lÉglise: «La contemporanéité du Christ par rapport à lhomme de tout temps se réalise dans son Corps, qui est lÉglise» (VS 25, cf. FR 11). On doit approfondir laspect de témoignage qui caractérise la relation entre vie de lÉglise et la Sainte Écriture dans limportant développement de la Tradition vivante: on a dit que «le témoignage des hommes qui participent à lévénement du Christ et le témoignage de la Parole écrite sappellent réciproquement». Il y a une profonde logique du témoignage qui lie le texte sacré (la Parole attestée) et la rencontre avec le témoignage chrétien: cette logique est lourde de conséquences pastorales. Limmanence dans une authentique expérience ecclésiale permet de développer correctement lherméneutique du texte biblique dans une lecture réellement croyante. Linterprétation peut trouver une voie intéressante de confrontation dans le rapport entre la Parole de Dieu comme norma normans, et la vie de lÉglise comme unique sujet adéquat pour comprendre le sens et la vérité du texte sacré, et pour lapprofondir dans le temps. De cette manière, on comprend le processus herméneutique comme processus enraciné dans la Tradition vivante de lÉglise, que lEsprit conduit dans la connaissance de la vérité toute entière. LEsprit qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui anime lÉglise aujourdhui; et donc, cest dans cet Esprit que lÉcriture doit être lue (DV 8). La Parole de Dieu attestée et la rencontre avec le Christ aujourdhui dans la vie de lÉglise, à travers les témoins, permettent ainsi de redécouvrir, comme il a été dit, «les traits singuliers, ne pouvant être confondus», de la personne du Christ, non seulement comme caractéristiques dun fait du passé, mais aussi comme réalité atteignant lhomme dans le présent de la vie de lÉglise, dans lobjectivité de sa structure sacramentelle, et dans la vitalité avec laquelle laction de lEsprit anime toujours le Corps du Christ avec les dons et les charismes: «LÉglise dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce quelle est elle-même, tout ce quelle croit» (DV 8). Quimplique dans laction pastorale le fait de découvrir la circularité entre la Parole de Dieu, écrite et transmise, et la vie de lÉglise, comme sujet authentique capable de pratiquer une écoute et une lecture croyante de la Sainte Écriture? Comment affronter le problème dune exégèse et dune herméneutique de lÉcriture dans la foi de lÉglise, pour quau sein de cette dernière se développe une authentique expérience ecclésiale et une intelligence spirituelle des Écritures? 20. Parole de Dieu et défis culturels de notre temps Comme lont encore affirmé certains Pères, la Parole de Dieu, même dans le présent, ne cesse de se montrer significative et attrayante pour lhomme. La Parole de Dieu qui se rend présente dans lhistoire des hommes est parole salvifique, se révélant à nous pour notre salut et pleine de sens. Il est de la responsabilité des pasteurs et des diverses composantes de la réalité ecclésiale, que chacun, à sa place, affronte notre culture contemporaine qui tend à ne pas reconnaître, à censurer et dénigrer la valeur salvifique de la Révélation et le besoin dêtre sauvé, repliant lexpérience anthropologique sur elle-même et la rendant esclave du relativisme. Face aux aberrations dont lhomme contemporain devient victime, aberrations qui attestent la faillite de lhomme vivant comme si Dieu nexistait pas, la Parole de Dieu nous pousse à profiter de la capacité de lÉvangile dassainir les blessures de cet homme qui, trop souvent, sémancipant de la grâce de Dieu, a ouvert les portes à de nouvelles servitudes. Pourtant, dans la présentation de la Parole de Dieu, on mettra tout en uvre pour aider à saisir lintérêt et la pertinence anthropologique de la Révélation. Les fidèles, aussi, développeront leur intérêt pour la Parole de Dieu quand ils seront formés à découvrir la pertinence de cette Parole dans leur propre vie. Comment aider les fidèles à vérifier la capacité de la Parole de Dieu à changer leur vie, et à répondre aux questions profondes du cur de tout homme?En termes de travail pastoral, que veut dire affronter les grands défis culturels qui tendent à délégitimer lannonce chrétienne du salut? Comment aider les fidèles à découvrir la capacité de la Parole de Dieu de venir à notre rencontre et de soigner nos blessures? 5. UNITÉ, PRIMAUTÉ, CIRCULARITÉ 21. Unité et primauté de la Parole de Dieu Dans les interventions des Pères synodaux, on a repris la présentation classique des termes fondamentaux du rapport entre la Parole de Dieu et lÉglise. À partir de Dei Verbum (chap. 2), on a plus dune fois mis en relation les Saintes Écritures, la Tradition et le Magistère. On doit reconnaître que la profonde synthèse entre Écritures, Tradition et Magistère, comme elle est articulée en Dei Verbum, a besoin dun approfondissement ultérieur, aussi bien dans le cadre des études théologiques que dans le cadre de la communauté chrétienne. Dune part, quelques interventions ont fait remarquer lattention accrue quon a portée au texte de la Bible dans les dernières décennies, aussi bien de la part de la théologie que de la communauté chrétienne en général; dautre part, quelques interventions ont mis en évidence le risque actuel de reléguer au second plan la Tradition vivante de lÉglise. Sil est vrai que le Magistère de lÉglise nest pas à mettre sur le même pied que lÉcriture et la Tradition, celui-ci apparaît toutefois essentiel pour une correcte interprétation de la Parole de Dieu, et on ne peut donc pas len dissocier. Du reste, comme on la rappelé, ce nest pas la Bible qui crée lÉglise. La Bible présuppose lÉglise, et en dépend pour son authentique interprétation. La Bible devient Sainte Écriture avec lÉglise et doit y être lue avec foi et vénération. 22. Unité entre Écriture, Tradition, et Magistère Il faut aussi rappeler à ce propos, comme la affirmé Dei Verbum dans ses sept premiers numéros, quil y a un primat de la Révélation de Dieu et de sa transmission qui advient «dans la prédication orale, avec les exemples, et les institutions par lesquelles [les Apôtres] ont transmis aussi bien ce quils avaient reçu des lèvres, des uvres du Christ, et de leur vie avec Lui, que ce quils avaient appris par linspiration du Saint-Esprit» (DV 7). Des intervenants ont rappelé que lunique dépôt de la Révélation est confié à lÉglise qui, à travers le ministère vivant des successeurs des Apôtres, non seulement le transmet, mais linterprète «authentiquement [
] nenseignant que ce qui a été transmis» (DV 10). Néanmoins, la Parole de Dieu «vit en une indépassable unité qui permet de voir en mode différencié la Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère comme une unique source pérenne à atteindre pour connaître la vérité de la révélation en tout temps de lhistoire de lÉglise». Quelques critères pour lire la Sainte Écriture avec le Christ ont été proposés: le Saint-Esprit, la Tradition apostolique, la communion avec le Corps de lÉglise, la confession de foi de lÉglise (analogia fidei), la cohérence avec la totalité de lÉcriture (analogia scripturae). En termes plus concrets, on a aussi évoqué la liturgie, le témoignage des saints, létude menée dans la foi, lexégèse canonique, le contexte, la promotion de lunité, la disposition intérieure (docilité, prière, humilité). 23. Luvre de lEsprit Saint au sein de la triade Écriture-Tradition-Magistère Cependant, même si on reconnaît lindiscutable primat de la Parole de Dieu, on doit en même temps affirmer lindépassable circularité entre Écriture, Tradition et Magistère, qui permet à lÉglise de conserver et dapprofondir dans le temps la vérité salvifique qui nous a été révélée dans le Christ. En ce sens, la relation de la Parole de Dieu avec le Magistère napparaît pas extrinsèque, mais impliquée dans cette même logique que le Saint-Esprit porte en avant dans lhistoire du salut. LEsprit de Dieu, en effet, agit dune manière particulière quand la Parole éternelle de Dieu sincarne dans le sein de la Vierge Marie; lEsprit de Dieu assure la Tradition vivante tout au long de lhistoire; lEsprit Saint que le Christ ressuscité a donné à ses disciples après la Résurrection permet de reconnaître en Jésus de Nazareth lunique Engendré du Père. Le Magistère de lÉglise, fortifié par lassistance du même Esprit, garantit tout au long de lhistoire de lÉglise la compréhension de cette vérité salvifique. Il apparaît ici nécessaire dapprofondir le sens de cette circularité, surtout pour éviter que, aussi bien du point de vue des études que de la vie de lÉglise, le rapport entre ces éléments soit perçu de manière extrinsèque et juxtaposée. Écriture, Tradition et Magistère, dans leur mutuelle corrélation, sont à même dindiquer la condition nécessaire pour que lÉglise puisse, avec le temps, croître dans la compréhension profonde de la Révélation de Dieu. 6. EUCHARISTIE, HOMÉLIE, COMMUNAUTÉ 24. Écriture et Eucharistie Un autre point abordé à plusieurs reprises dans les interventions est le rapport entre la Sainte Écriture et lEucharistie. Nous avons déjà mentionné la liturgie comme lieu originel des Saintes Écritures, en tant que lieu de la rencontre avec Dieu qui se révèle dans le Christ. Un tel cadre liturgique trouve son expression particulière dans la célébration eucharistique. Toutefois le Synode sinterroge sur le moyen de favoriser parmi les fidèles une perception plus unitaire de ce rapport. Certainement lÉcriture possède le maximum dactualité et dénergie spirituelle quand elle est proclamée durant la Sainte Messe. Cette suprême efficacité se vérifie quand la Parole que lon proclame est écoutée, comprise, aimée, intériorisée; cela suppose une grande familiarité qui se développe seulement par la lecture constante de la Parole de Dieu. Dans cette perspective, la relation entre Écriture et Eucharistie est décisive. La Bible en effet parle de lamour de Dieu au travers de la longue histoire de son peuple, qui se condense dans le geste suprême damour de Jésus. Voilà pourquoi lEucharistie aide à comprendre le message de la Bible, de même que la Bible explique le mystère eucharistique. On a rappelé, de manière suggestive dans laula, un chemin de conversion qui, de façon toute spéciale, a reconnu dans lEucharistie le Dieu de la Parole. Lunité intrinsèque entre le Dieu de la Parole et le mystère eucharistique nous porte à envisager le problème déjà signalé concernant une certaine juxtaposition des deux parties de la messe, problème dont Sacramentum Caritatis sétait déjà occupé (n°44 & 45): la liturgie de la Parole et la liturgie de lEucharistie. Cette relation est assurée par laction de lEsprit, à luvre dans les deux parties. LEsprit, qui agit dans la Parole, est à luvre dans la liturgie eucharistique. Ici, un Père a parlé dune «dimension épiclétique» qui concerne tout autant la Parole que lEucharistie. Ce même Esprit constitue lunité intrinsèque et le renvoi mutuel entre Parole et Sacrement eucharistique. Comment est-il possible daider, par une pastorale liturgique vraiment adéquate, à faire comprendre plus intimement lunité de la célébration et la relation intrinsèque entre Écriture et Sacrement eucharistique? 25. Dimension sacramentelle de la Parole Sur le même sujet du rapport entre Parole de Dieu et Eucharistie, quelques intervenants ont mis en évidence la nécessité de parler dun caractère sacramentel de la Parole de Dieu et de la Sainte Écriture. LÉcriture et la voix qui proclame la Parole de Dieu sont, par analogie avec les espèces eucharistiques, «signes» qui véhiculent le mystère eucharistique. Ce nest pas par une analyse de la matérialité du signe que lon peut saisir le mystère; ce qui est communiqué ne peut être saisi que dans lEsprit qui opère dans la foi. Comme les espèces eucharistiques communiquent le mystère sous le voile du signe, ainsi la Parole éternelle de Dieu se communique dans les limites dune parole humaine. En ce sens, aussi bien lEucharistie que la Sainte Écriture se rejoignent dans lhorizon sacramentel de la Révélation de Dieu (FR 13), que seule la foi peut reconnaître, accueillir et vivre. 26. Parole et dimension eschatologique Cette dimension sacramentelle de la Parole sunit aussi à sa dimension eschatologique. Celle-ci brille alors dans lunité entre la Parole de Dieu proclamée dans la célébration et le mystère eucharistique. La proclamation de lÉvangile durant lEucharistie est communication du Christ ressuscité par la puissance de lEsprit Saint; ainsi, elle offre lopportunité de voir maintenant déjà la gloire de Dieu. Cest un moment eschatologique de la révélation. La Parole qui est proclamée est la Parole définitive de Dieu. Lévêque, le prêtre et le diacre qui proclament lÉvangile dans la célébration liturgique doivent être conscients de leur grande responsabilité, chacun selon son ordre. La proclamation de lÉvangile doit aider les participants à la célébration à accueillir la manifestation de Jésus, le Fils de Dieu, comme accomplissement de lhistoire. En effet, toute la célébration eucharistique possède le caractère «danticipation» de la Manifestation finale de la Gloire de Dieu, comme la affirmé Sacramentum Caritatis (n°30 & 31). De la même manière, la Parole de Dieu proclamée en son sein participe dun tel caractère eschatologique. 27. Célébration de la Parole Lunité entre Parole et Sacrement apparaît décisive pour la vie des fidèles. Cette constatation fait sentir toute la douleur que vivent les communautés chrétiennes quand à cause de la raréfaction du clergé ou en raison de situations de persécutions la célébration eucharistique ne peut être assurée de manière continue. Quelques intervenants, faisant allusion à ces situations, ont souligné limportance de la célébration de la Parole de Dieu dans la communauté ecclésiale, qui ne doit jamais être laissée de côté. Grâce à la célébration de la Parole, beaucoup de communautés ecclésiales privées de lEucharistie célèbrent la foi dans le mystère du Christ et nourrissent ainsi leur foi et le témoignage chrétien. La célébration de la Parole même sans prêtre est un des lieux privilégiés de la rencontre avec le Christ. Sacramentum Caritatis (n°75) invite à ces célébrations. Moyennant laction de lEsprit Saint, la Parole de Dieu ainsi proclamée et célébrée fructifie dans le cur et dans la vie de ceux qui la reçoivent. 28. Limportance de lhomélie Toujours dans le contexte de la relation entre Parole et Eucharistie, beaucoup de Pères ont noté limportance de lhomélie pendant la Sainte Messe en relation avec lÉcriture proclamée. Cela est certainement un thème qui a besoin dêtre approfondi et sur lequel on doit donner des indications claires. En effet, lhomélie occupe une place importante et nécessaire et est lun des services majeurs que lévêque, le prêtre, et le diacre, chacun dans son ordre, doivent prêter à la communauté des fidèles: pour la majeure partie dentre eux, cest lunique occasion découter la Parole de Dieu, particulièrement lors de la célébration dominicale. Un intervenant a suggéré que lhomélie doit être préparée dans un climat détude, de prière et de méditation répondant à trois demandes: Que signifient les lectures qui ont été proclamées? Que signifient-elles pour moi personnellement? Que dois-je, moi en tant que pasteur, communiquer aux fidèles en tenant compte des circonstances dans lesquelles se développe la vie de la communauté? À ce propos, dautres interventions ont rappelé que le renouveau conciliaire invite à faire des homélies qui soient principalement une exposition et une application de la Sainte Écriture. On a recommandé comme une nécessité de passer dune prédication moralisante à une prédication plus kérygmatique. Une prédication simplement moralisatrice ne génère pas la foi qui sauve. Une prédication du kérygme savère nécessaire, une prédication plus missionnaire qui tend à évoquer la foi. Quelles indications doivent être données de la part du Synode à ce sujet? Peut-il être utile et nécessaire délaborer un Directoire homilétique général qui aide à former les prédicateurs dans lars predicandi? 29. Formes analogiques de prédication: lart Certaines interventions des Pères, instructives et enrichissantes, ont rappelé combien la proclamation de la Parole de Dieu trouve un écho non seulement dans les homélies, mais aussi dans dautres formes de communication liées à lart et à la beauté. Comme illustration de ce fait, on a donné le témoignage et lexemple de la liturgie byzantine. La communication de la Parole de Dieu est liée à lhymnographie liturgique et à liconographie. À ce sujet, un intervenant a souligné limportance, durant la liturgie, de chants qui soient adaptés, beaux et clairement inspirés des textes de la Sainte Écriture. De là aussi limportance que les chants utilisés dans la liturgie soient approuvés par lAutorité compétente qui peut vérifier une telle qualité. La Parole de Dieu, a-t-on encore souligné, trouve une incontournable communication dans lart figuratif: quon pense, par exemple, aux icônes. Ces expressions artistiques sont non seulement une illustration du texte biblique, mais encore une fenêtre ouverte sur le ciel à travers laquelle se développe le dialogue entre Dieu et lhomme et entre lhomme et Dieu. Comment valoriser et promouvoir un art, en ses diverses formes, toujours plus enraciné dans la Parole de Dieu, qui soit non seulement une biblia pauperum mais aussi un approfondissement, véritable expression de la foi et du dialogue avec Dieu qui se donne lui-même à nous dans Son Fils? 30. Parole de Dieu, célébration et communauté Dans la célébration liturgique, dans la proclamation de la Parole de Dieu, les fidèles sont appelés à se découvrir comme communauté vivante qui se nourrit de la Parole et du Pain de la Vie. Le Saint-Esprit crée une harmonie et une syntonie entre lÉcriture et la communauté. Il sera donc important de respecter le besoin intérieur qui pousse la communauté à la rencontre de la Parole de Dieu, mais on fera attention aussi à contrôler cette sensibilité qui exalte lexcès de spontanéité, lexpérience strictement subjective et la soif du prodigieux. La communauté chrétienne se construit chaque jour en se laissant conduire par la Parole de Dieu sous laction du Saint-Esprit qui donne illumination et consolation. La célébration authentique de la Parole et du Pain de Vie empêchent la communauté chrétienne de se replier sur elle-même. Au contraire, souvrir et se laisser atteindre dans le mystère célébré permet délargir les limites de sa propre réalité, empêchant les lectures intimistes, fondamentalistes, qui sont typiques des sectes. Les communautés deviennent ainsi sous laction vivifiante de lEsprit Saint servantes de la Parole, avec la tâche particulière de loffrir au monde qui lentoure. Dans ce contexte, se sont succédé dans laula divers intervenants qui ont recommandé le contexte communautaire pour lécoute et le partage de la Parole de Dieu comme contexte qui favorise le développement avec le mystère communiqué dans la Sainte Écriture. À propos de cette dimension communautaire de lapproche du texte sacré, qui se réalise de façon paradigmatique dans la liturgie eucharistique, nont pas manqué les interventions qui ont recommandé la constitution de petites communautés pour lécoute et le partage biblique, communautés qui peuvent être composées des noyaux familiaux, dans lhorizon plus ample de la communauté paroissiale et des diverses expériences liées aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés. De telles communautés sont aussi des lieux où on peut expérimenter la réalité concrète de la Parole qui veut faire croître, en nous et parmi nous, lamour fraternel. 7. EXÉGÈSE, THÉOLOGIE, LECTIO DIVINA 31. Exégèse et théologie «[
] Létude des Saintes Lettres doit être comme lâme de la sainte théologie» (DV 24). En référence à cette expression de Dei Verbum, de nombreuses interventions dans laula ont signalé certaines problématiques qui nécessitent un approfondissement. Certainement létude biblique a fait de grands progrès dans les dernières décennies. On a évoqué dans laula synodale les divers instituts bibliques à la charge de grands ordres religieux. Il ne manque pas de figures de chercheurs qui, emblématiquement, ont vécu non sans tension la fidélité à la recherche scientifique et la fidélité au Magistère de lÉglise. Aussi Sa Sainteté Benoît XVI, dans la célébration du cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII, a rappelé durant lhomélie limportant document Divino afflante Spiritu, qui a marqué une introduction significative, dans la rechercher biblique, des méthodes modernes danalyses textuelles que Vatican II a ultérieurement approfondies et relancées. Nonobstant quelques pas significatifs, on peut dire que beaucoup dintervenants, durant la discussion, ont fait état dune tension entre lexégèse biblique et la théologie, où se répercute la difficulté de saisir adéquatement le lien entre sens littéral/historique et sens spirituel/plénier de lÉcriture. Quelquun a parlé de divorce pratique entre exégèse, théologie biblique et théologie dogmatique. Cette tension sest vérifiée à plusieurs reprises dans la relation entre exégèse et Magistère de lÉglise. On ne doit jamais oublier, a-t-on affirmé, que le sens des Écritures est, de par sa nature, théologique. Certainement, de nos jours, on affirme la nécessité dexpliquer le sens des Écritures selon le sens de lÉglise, interprétant la Parole écrite dans la Bible dans le contexte de la Tradition vivante, valorisant en cela lhéritage des Pères. Dautre part, il est indubitable que lEsprit de Dieu nous pousse à penser de nouveaux chemins que la Parole de Dieu entend accomplir chez les hommes de notre temps, en recueillant les attentes et les défis que lhumanité daujourdhui pose à la Parole. Il en découle de nouvelles tâches. Il devient indispensable de développer létude selon les indications du Magistère, aussi bien quant à la connaissance et lemploi des méthodes de recherche scientifique quau processus interprétatif qui doit aboutir à la plénitude du sens spirituel du texte sacré. On demande que soit dépassée la distance quon observe entre la recherche exégétique et lélaboration théologique, en vue dune collaboration réciproque. Le théologien utilise le donné biblique sans linstrumentaliser, alors que lexégète ne limite pas sa recherche aux seules données littéraires, mais semploie à reconnaître et à communiquer les contenus théologiques présents dans le texte inspiré.En particulier, on demande au théologien de se faire un devoir de développer une théologie de la Sainte Écriture qui aide à comprendre et à valoriser la vérité de la Bible, dans la vie de foi et le dialogue avec les cultures, tout en réfléchissant aux tendances anthropologiques actuelles, aux défis posés par la morale, au rapport entre raison et foi, au dialogue avec les grandes religions
En outre, la communauté attend, des savants, quils aident les ministres de la Parole de Dieu à offrir au peuple de Dieu laliment des Écritures. Pour cela, on souhaite un dialogue intense entre exégètes, théologiens et pasteurs. À ce propos, simpose aujourdhui la nécessité dune lecture croyante de la Sainte Écriture qui se fait un devoir dinsérer toute la problématique du texte à lintérieur dune vision de foi. Il ne sagit pas seulement daller au-delà de la lettre, mais de percevoir le texte comme signe dans lequel la Parole révélée demande dêtre écoutée. Voilà pourquoi lexégèse ne peut être réduite à une simple philologie neutre. Cela vaut pour les études bibliques et en particulier pour les études dans les séminaires où se forment les prêtres qui devrontrompre le pain de la Parole pour le peuple de Dieu. À ce sujet, il est nécessaire dapprofondir la problématique ici soulevée. Comment dépasser la dichotomie souvent présente entre les savants, entre les problématiques du texte et le sens théologique de la Parole de Dieu dans la Sainte Écriture? Comment favoriser la collaboration entre exégètes et théologiens et comment aider à saisir limportance de se référer au Magistère de lÉglise, comme un processus inhérent à létude même de la Parole de Dieu? Au sujet de la relation entre exégètes, théologiens et Magistère, certains Pères ont demandé daborder certains thèmes spécifiques qui aujourdhui requièrent un approfondissement: cest le cas de linspiration (et conséquemment, de lherméneutique), et de linerrance des Saintes Écritures. Comment comprendre aujourdhui ces concepts? 32. Sainte Écriture et Lectio divina Dans le contexte dune lecture et dune étude réellement croyantes du texte sacré, il convient de situer certains instruments qui forment à une approche authentiquement spirituelle de la Bible. Ici, on doit rappeler, comme du reste lavait fait amplement lInstrumentum laboris, le fait que les intervenants dans laula synodale ont mis laccent sur limportance de la Lectio divina en notre temps. À ce sujet, on doit rappeler que pour une authentique spiritualité de la Parole, «la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour que sétablisse un dialogue entre Dieu et lhomme, car cest à lui que nous nous adressons quand nous prions; cest Lui que nous écoutons quand nous lisons les oracles divins» (DV 25). Cest ce que confirme saint Augustin: «Ta prière est ta parole orientée vers Dieu; quand tu lis la Bible, cest Dieu qui te parle; quand tu pries, cest toi qui parles à Dieu». La Lectio divina est une lecture individuelle et communautaire dun passage plus ou moins long de lÉcriture écoutée comme Parole de Dieu et qui se prolonge sous la stimulation de lEsprit dans la méditation, la prière et la contemplation (cf. PCB, Interprétation de la Bible dans lÉglise, 4 C 2) Cest une forme doraison qui purifie le désir et produit une disponibilité en harmonie avec la Volonté de Dieu. La diffusion de la Lectio divina tient au cur de Benoît XVI: il la proposée comme un point décisif pour un renouveau de la foi (cf. LOsservatore Romano, 7 avril 2006). Toutefois, on doit aussi dire que la Lectio divina nest pas facile. Une approche pédagogique dinitiation savère nécessaire, approche qui fasse bien comprendre de quoi il sagit et qui contribue à clarifier le sens des diverses étapes et une manière de les appliquer qui soit aussi fidèle que sagement créative. On a rappelé dans laula quelques méthodes quil faut bien tenir présentes et qui rendent compte des divers contextes culturels dapproche de la Sainte Écriture. Le nom même de Lectio divina est en partie modifié, par exemple en «école de la Parole», ou bien «lecture orante». Surtout on gardera à lesprit le fait que le fidèle daujourdhui vit dans un contexte de rapidité et de fragmentation; cela demande une formation claire, patiente et continue chez les prêtres, les personnes dans la vie consacrée et les laïcs. Un intervenant dans laula a rappelé à ce sujet que Dei Verbum parle aussi dun approfondissement de lÉcriture «per piam lectionem». Pour en arriver là, on doit toujours rappeler que la nature du texte sacré est dêtre témoignage de luvre de salut accomplie par Jésus. La lecture pieuse recommandée par Dei Verbum exprime en ce sens«la modalité de connaissance amoureuse de foi». Dans cette perspective, on doit toujours rappeler que lapproche du texte sacré quand elle est faite personnellement par le fidèle, ne peut être isolée de la communion et du contexte ecclésial. La lecture de foi reconnaît dans lÉcriture le «témoignagefidèle et vrai», le Christ lui-même, la Parole incarnée de Dieu et pourtant qui veut faire de nous des témoins toujours plus crédibles de la vérité révélée. Pour cela, on peut dire que Marie est le meilleur exemple daccueil de la Parole de Dieu. En particulier, si lon considère sa manière découter la Parole. Le texte évangélique «Marie, pour sa part, gardait toutes ces choses dans son cur et les méditait» (Lc 2, 19) signifie quelle écoutait et connaissait les Écritures, les méditait dans son cur en une sorte de processus intérieur, où lintelligence nest pas séparée du cur. Marie recherchait le sens spirituel de lÉcriture et le trouvait en le reliant (symballousa) aux paroles, à la vie de Jésus et aux événements quelle découvrait dans son histoire personnelle. Comment aider pastoralement à une lecture de la Parole de Dieu qui fasse croître, personnellement et communautairement, dans la vie spirituelle, et rende les croyants chaque jour toujours plus capables dun témoignage crédible de lamour communicatif de la Révélation chrétienne? III. PAROLE DE DIEU, MISSION, DIALOGUE Passons maintenant à la troisième partie: «Parole de Dieu, mission, dialogue». Un participant a affirmé: «Le saint Synode de la Parole est le Synode de la mission.» Un autre a même suggéré de reformuler le titre de cette troisième partie: non pas «La Parole de Dieu DANS la mission de lÉglise», mais «La Parole de Dieu EST la mission de lÉglise». Maintes fois, dans cette aula, on a affirmé le statut de la Parole comme «âme de toute la pastorale», en en faisant un objectif ferme à réaliser. Dans une intervention libre, lun de nous a même parlé de la Parole comme «âme de lhumanisation». Cest dire toute lampleur de la mission: ad intra, certes, mais encore et surtout ad extra, en dialogue effectif avec lhumanité tout entière (cf. Mt 28, 19-20). Je développerai le sujet en trois étapes contenant chacune trois points. Je traiterai dabordde tout ce qui touche au contenu: le témoignage, le kérygme, la catéchèse. 8. TÉMOIGNAGE, KÉRYGME, CATÉCHÈSE 33. Le témoignage Il est apparu clairement aux Pères synodaux que le facteur déterminant de linterprétation du texte biblique est lexpérience de la rencontre du Christ présent dans la tradition de lÉglise. Cette rencontre communique la force daimer qui vient de la foi. Une telle rencontre du Christ nest pas lapanage des spécialistes et des responsables dÉglise. Plus encore que les études, cest le témoignage des pauvres et des saints qui nous ouvrent à la beauté et à la force de la Parole. Ne les empêchons pas, par trop de précautions, de devenir des «amoureux de la Parole». On a souligné deux autres lieux importants où se vit le témoignage: la famille et la communauté. Lécoute en commun de la Parole de Dieu a le pouvoir de susciter, par là, une nouvelle ecclésiogénèse. La Parole biblique, en effet, doit sincarner dans des témoins crédibles: lhomme daujourdhui est particulièrement sensible au témoignage des personnes pour qui la rencontre personnelle du Christ a causé un réel changement de vie. 34. Le kérygme On la dit plusieurs fois depuis louverture du Synode, il est nécessaire de recentrer lannonce de la Parole de Dieu sur son foyer essentiel: le kérygme, devenu, dans bien des cas, étranger aux hommes et femmes de notre temps. Le kérygme est la clé qui donne aux Écritures le pouvoir de remplir leur mission. Ainsi pourra-t-on éviter un triple danger: la dérive du moralisme, lattrait du mysticisme (spécialement lengouement excessif pour les révélations privées), et lhermétisme dune exégèse aux approches scientifiques et littéraires multiples, qui se noie parfois sous les doutes et les hypothèses et ne se prête pas toujours facilement à lactualisation. De plus, le kérygme permet de donner tout son sens à lAncien Testament, puisque le Christ est «mort, selon les Écritures», et ressuscité, «selon les Écritures» (1 Co 15,3-4; cf. Jn 5,39). 35. La catéchèse Lherméneutique chrétienne des Écritures est la clé de la catéchèse: elle seule lui donne la structure théologique et anthropologique capable de lunifier. On a dit: «Un projet catéchétique ne partant pas de la Bible et ne conduisant pas à la Bible, est inacceptable.» Il faut voir celle-ci, non pas comme un simple outil didactique ou un appui apporté au contenu, mais vraiment comme la source vivante de toute catéchèse. Ne parlons plus dutiliser la Parole de Dieu, mais de la servir comme des disciples. Les Pères synodaux ont beaucoup insisté sur le développement dune attitude découte: écoute de la Parole de Dieu, écoute du Christ, écoute des pauvres. De plus, le modèle du chemin dEmmaüs a été nettement privilégié: cest un texte biblique auquel beaucoup dintervenants se sont référés. Il suggère une pédagogie en quatre étapes: écoute du vécu, long mûrissement à la lumière des Écritures, pour aboutir finalement au partage du pain et au partage du témoignage en communauté de croyants (Lc 24, 13-32). On a déploré le peu de poids quon accorde au monde des enfants, quon a appelé de manière heureuse «la génétique de notre Église», mais aussi «les plus pauvres dentre les pauvres». En contrepartie, on a souligné lattitude on ne peut plus accueillante de Jésus. Plusieurs intervenants ont estimé nécessaire dintroduire dans la catéchèse une bonne part dapprentissage par cur de textes bibliques importants et adaptés. Pour lâge adulte, on souhaite que les paroisses offrent des sessions de formation permanente et graduelle sur la Parole, dans le cadre dexpériences de communautés ecclésiales ou de groupes de réflexion. On fait état dexpériences nouvelles, comme le «Bibliodrame», le théâtre, et diverses formes darts qui, par le biais du symbole, touchent non seulement lintellect mais le corps et toute la personne. Là encore, il convient dencourager la mémorisation de passages de lÉcriture: lexpérience émouvante des Églises du silence, naguère frappées dinterdit pour limpression de livres religieux, démontre quon peut, par la mémoire, développer une tradition orale vivante et durable. On a suggéré, pour promouvoir la culture biblique de bien des fidèles, de répandre lusage de calendriers ayant pour chaque jour une courte citation biblique, expliquée et appliquée. Le Synode accueille avec bonheur le témoignage des catéchistes qui, particulièrement en Afrique, installés à la tête des communautés villageoises, ont assuré à lÉglise son épanouissement et son expansion. Nourris de la Parole de Dieu non moins que de la tradition et des coutumes de leurs propres ethnies, ils savent interpeller les mentalités encore marquées par les us et coutumes contraires à lÉvangile, la vengeance, lesprit fétichiste. Le Synode espère ardemment que cette structure ecclésiale très souple des catéchistes soit maintenue et au besoin améliorée, malgré lexode rural vers les grandes villes qui rend plus difficile la relève. Il en va de même pour les Délégués de la Parole et autres structures analogues qui, en Amérique latine, se révèlent être un germe dauthentiques communautés ecclésiales, un levain irremplaçable de développement social et une source de vocations presbytérales. 9. DIALOGUE, CULTURE, ENGAGEMENT La deuxième étape concernant la mission vise à tirer les conséquences dun sens élargi de la Parole de Dieu, spécialement dans une optique douverture à la diversité. À travers lÉcriture, lÉglise offre au monde une grammaire qui nous enseigne à distinguer les paroles de Dieu diversifiées, notamment à travers les voix de la nature, de la culture et de lhistoire. Cela implique que lÉglise ne soit pas centrée sur elle-même, mais quelle se considère en mission face au monde entier. De là trois mots clefs: dialogue, culture, engagement. LÉvangile, a-t-on dit avec raison, nenlève rien à la liberté de lhomme, ni au respect dû aux cultures, ni à tout ce qui est bon dans chaque religion. En matière de dialogue, il importe de proposer sans imposer, de se considérer comme des interlocuteurs. Le chrétien doit être prêt à parler et à écouter, à donner et à recevoir. Sans prétention dexhaustivité, nous retenons cinq aspects: la Parole de Dieu en lien avec lcuménisme, le dialogue entre chrétiens et juifs, le dialogue interreligieux, les diverses cultures et lengagement social 36. La Parole de Dieu, lien cuménique Le Synode reconnaît limmense contribution de la tradition protestante au développement de lexpertise biblique. Ne fût-ce que pour aider à guérir la mémoire, on peut même affirmer quune certaine insistance de la Réforme à faciliter laccès aux Écritures a bien profité à toutes les confessions chrétiennes. Toutefois, en dépit des fruits de fraternité produits par les rencontres et dialogues cuméniques, on ressent actuellement un certain malaise qui appelle à une conversion plus profonde à loecuménisme spirituel. Ce synode souligne fortement la dimension sacramentelle de la Parole de Dieu. Écouter ensemble les Écritures nous introduit par anticipation dans une unité, imparfaite peut-être, mais réelle. Sil est vrai que, historiquement, à la racine des divisions entre chrétiens il y a eu des controverses sur des textes bibliques fondamentaux, il nen reste pas moins que la Bible est véritablement un terrain dunité pour surmonter ce scandale des divisions; en particulier, si lon intègre une pratique commune de la Lectio divina et une dimension de spiritualité mariale. Quelques participants ont décrit lincompréhension des fidèles face à lexclusion des chrétiens des autres confessions de la table eucharistique; il faut mieux en expliquer le fondement théologique, et mettre en relief, corrélativement, le pouvoir unificateur de la Parole de Dieu. La théologie elle-même gagnerait sans doute davantage à affermir et rajeunir sans cesse ses concepts, nés parfois dans des contextes polémiques, au contact de la Parole de Dieu une et unifiante. Le Synode salue tous les efforts de mise en commun des ressources pour traduire et diffuser la Bible, et organiser des célébrations interconfessionnelles. Dans tous les continents, on a souligné avec force les dangers du fondamentalisme et de la prolifération cancéreuse des sectes. Il appert que la meilleure voie de dialogue en loccurrence savère être une saine interprétation de lÉcriture. 37. La Parole de Dieu, source du dialogue entre chrétiens et juifs Le dialogue entre chrétiens et juifs, nos frères aînés, touche lintérieur même de lÉglise et du mystère de la foi. Jésus et les Douze étaient des Juifs de naissance. La Terre sainte est la première matrice de lÉglise. Il convient de faire, de la relation entre chrétiens et juifs, un objet qui concerne tous les chrétiens et pas seulement les spécialistes du dialogue. Cela implique des attitudes concrètes: toujours parler des juifs au présent; tenir la survie du peuple juif pour un fait spirituel; accueillir la portée universelle du judaïsme; éviter toute théologie de la substitution; dans la lecture chrétienne de lAncien Testament, laisser une place à la lecture juive; partager avec les juifs lattente eschatologique. Là où, pour des raisons politiques et idéologiques, sur fond de sang et de souffrances, des chrétiens éprouvent des difficultés à lire lAncien Testament, même au point de le rejeter, on voudra bien élaborer une herméneutique catholique, commune à tous, réelle et claire, qui soit apte à résoudre ce problème. 38. La Parole de Dieu dans le cadre du dialogue interreligieux Passons maintenant au dialogue interreligieux. On en trouve les fondements dans louverture même des textes fondateurs, qui incluent des réflexions, des discussions, des débats. Dans toutes les grandes religions, on trouve un dénominateur commun: le respect des livres sacrés. Nous pouvons même, à partir de là, faire un examen de conscience sur notre propre manière dutiliser la Bible. Il est important de faire connaître la Bible aux fidèles des autres religions, et de bien leur expliquer notre approche herméneutique, de manière à dissiper lopinion de ceux qui classent le christianisme parmi les «religions du Livre», alors que, pour nous, la Bible est avant tout le livre de la rencontre dune Personne. Plus particulièrement, dimportants points communs rendent possible et profitable un dialogue avec lIslam, lui-même enraciné dune certaine manière dans la tradition biblique: résistance à la sécularisation et au libéralisme, défense de la vie humaine, affirmation de limportance sociale de la religion. Le dialogue avec eux est plus important que jamais dans les circonstances actuelles afin de promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. Toutefois, les confrontations parfois difficiles nécessitent des attitudes prudentes et des paroles adéquates, dans le cadre dun dialogue interreligieux ouvert mais vrai, à labri de discours accommodants. On a suggéré dorganiser un «Forum de la Parole de Dieu» où chrétiens et musulmans pourraient se rencontrer, discuter et méditer ensemble. Dautre part, dimportants points communs rendent possible et profitable un dialogue avec les grandes religions dAsie centrale et orientale: parmi de nombreux facteurs, signalons un sens du sacré très développé, limportance de la religion même en plein contexte de sécularisation, et la pratique de la méditation. En matière de dialogue interreligieux, le respect mutuel doit être une règle dor, et tout prosélytisme est à proscrire. Si les discussions au niveau doctrinal sont difficiles à mener, au moins on peut encourager la collaboration dans les uvres de charité. 39. La Parole de Dieu en lien avec les cultures Non seulement lÉglise transmet ses vérités et ses valeurs, et renouvelle les cultures de lintérieur, mais elle prend aussi en elles les éléments positifs qui y sont déjà présents. Plusieurs Pères synodaux ont traité de linculturation et lun dentre eux a exposé le fondement christologique de linculturation. Lorsquil se fait chair, de par linitiative tout aimante de Dieu, le Verbe éternel sinculture. Par le fait même, il épouse une culture particulière, dailleurs teintée de péché, et en subit linfluence. Mais du même coup, il agit sur la culture et la transforme, par la force de lévénement pascal, en excluant tout ce qui est non conforme à son image. Il appert que linculturation de la Parole de Dieu nest ni un processus moderne ni une démarche facultative. Le phénomène sobserve dans la genèse même des écrits bibliques. Nombre de Pères synodaux, en particulier de lAfrique, de lAsie et de lAmérique latine, ont souligné lapport précieux des cultures traditionnelles. Dans les premiers siècles, les moines syriens ont diffusé la Parole de Dieu à la grandeur de lAsie, depuis la Perse et lInde jusquen Chine. Ils ont dialogué et inculturé. Il est prouvé quils ont interagi avec les zoroastriens, les bouddhistes, les manichéens, les taoïstes, les confucéens, les hindous et les musulmans, ainsi quavec certains chefs des religions tribales parmi les Turcs, les Huns et les Mongols. Les moines ont emprunté des langues, des cultures, des religions et des idées indigènes. Récemment, le Synode africain a réhabilité la religion traditionnelle et les cultures locales: cela simpose, notamment, pour contrer lexode des néophytes, en particulier des jeunes, vers la religion traditionnelle. Dans les cultures de lInde et de lest de lAsie, il existe, de temps immémorial, des modèles de vie religieuse où des valeurs comme la renonciation, laustérité, le silence, la prière, la contemplation et le célibat jouissent dune grande considération; des pratiques rituelles comme les sacrifices, les processions, lusage des images, les ablutions, les fêtes, existent dans lhindouisme; dans le confucianisme, les valeurs familiales, le respect de lordre social, le respect des aînés et des ancêtres, tout cela est proche de nos valeurs. Des évêques ont fait état defforts fructueux déployés actuellement pour développer une herméneutique biblique qui tienne compte de la riche culture et de lhistoire des peuples asiatiques: sans mettre de côté les méthodes scientifiques dexégèse, elle les complète en faisant ressortir un sens spirituel des textes bibliques qui rejoint lâme asiatique. Quant aux cultures locales, principalement en Amérique et en Océanie, de par leur caractère rural, elles sont proches de la Bible sous plusieurs aspects: limportance des traditions orales, les cosmogonies, lidée de Dieu, le sens de la rédemption et de la croix, la vie communautaire. Mais dans tous ces cas, comme lont souligné plusieurs participants, il faut rester prudent dans lemprunt déléments qui sous-tendent la foi et ladoration; autrement, on risque de verser dans le syncrétisme, de causer des malentendus ou de tout mettre sur le même pied. La Parole de Dieu a également un lien essentiel avec les cultures modernes: elle peut et doit en être le ferment. Un dialogue ouvert simpose avec la science et lart. Certes, à lère des technologies nouvelles, les difficultés sont multiples: lindifférence, le bruit, les distractions de toutes sortes, le repli sur soi-même, lauto-divinisation de lhomme, la vision athée ou agnostique de lhomme, de lunivers et de lhistoire, et même la disparition, de limagination populaire, des expressions et figures bibliques traditionnelles. De là la nécessité, pour les chrétiens, de nourrir un dialogue soutenu entre la foi et la raison, de rester présents et actifs sur toutes les scènes de la vie publique, et de témoigner de la foi chrétienne en paroles et en actes. Dans cette ligne, quelquun a proposé comme indispensable le renouvellement en profondeur des études philosophiques dans les centres catholiques denseignement supérieur. 40. La Parole de Dieu, appel à lengagement Plusieurs Pères synodaux ont souligné limportance dune lecture contextualisée des Écritures, cest-à-dire étroitement liée aux réalités de la vie courante et capable de transformer les personnes et les structures. Mis en demeure par la Parole, nous ne pouvons que condamner les maux qui provoquent la violence et linjustice dans notre monde. On a signalé la nécessité dune connexion plus grande entre létude de lÉcriture et létude de la doctrine sociale de lÉglise: option préférentielle pour les pauvres et les exclus, promotion de la justice, égalité fondamentale et dignité de tous les humains, destination universelle des biens, sens humain et social du travail, caractère sacré de la vie, rapport entre Église et État, motifs dengagement des chrétiens dans la société
Faisant état dune catastrophe récente, un évêque a déclaré: «Le monde est notre autel, et nous avons rompu le pain de laccompagnement humain des masses éprouvées». Bref, il importe de ne jamais dissocier les activités humanitaires de leurs racines bibliques. 10. TRADUCTION, COMMUNICATION, PROCLAMATION 41. Traduction Un des points le plus fréquemment abordés par les Pères synodaux a été lurgence de rendre la Bible disponible dans toutes les langues, y compris celles qui ne disposent pas de lécriture, et donc, de solliciter la collaboration des Églises mieux nanties pour rendre lopération matériellement possible. 42. Communication La culture de la lecture étant en perte de vitesse, il importe dutiliser au maximum les moyens de communication modernes. Nous sommes à lère de linternet, et les possibilités daccès à lÉcriture Sainte se sont démultipliées. Le Synode doit écouter, discerner et encourager les projets de transmission et de transposition des Saintes Écritures dans tous ces nouveaux langages qui attendent de servir la Parole de Dieu. De ce point de vue, il faut tout mettre en oeuvre pour combler le fossé qui, en ce domaine, sélargit quotidiennement entre pays riches et pays pauvres. Linsistance mise sur lécoute de la Parole ouvre la voie à de nombreux moyens qui tablent sur la créativité, tels le théâtre, le conte, la musique, la création de sites internet interactifs, liconographie, ou qui favorisent, même à lintérieur des célébrations, le partage de la Parole. Sil est vrai que lÉcriture est une lettre que Dieu nous adresse, et que toute la Bible parle du Christ, il importe de respecter le critère essentiel de lunité du message et, donc, de mettre à profit toutes les parties de la Bible, en surmontant les peurs non fondées et en évitant les omissions qui affaiblissent le message. De ce point de vue, une révision à long terme du lectionnaire, peut-être en synergie avec nos frères orientaux, serait souhaitable. Certains Pères synodaux ont suggéré la mise sur pied de Congrès internationaux sur la Parole de Dieu. 43. Proclamation Quant à la proclamation liturgique de la Parole, plusieurs Pères synodaux ont suggéré de créer un ministère spécifique ou, du moins, de clarifier et de valoriser le statut du lectorat dans lÉglise, et de mettre sur pied des écoles dapprentissage de la lecture liturgique. De plus, quelques-uns ont souhaité que se répande, là où on le juge bon, lexpérience de la lecture de toute la Bible en continu, de manière à mettre en valeur lensemble des Écritures. CONCLUSION «Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute uvre bonne.» (2 Tm 3, 15-17) La première phase du Synode sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de lÉglise sest avérée une expérience très intense et très riche, tant par la qualité des interventions dans lassemblée synodale que par le climat de communion qui règne entre tous les participants. La Parole de Dieu sy est manifestée comme puissance spirituelle qui illumine et rapproche les esprits et les curs. Il est trop tôt pour tirer des conclusions mais on peut dores et déjà espérer de ce premier exercice des orientations pastorales qui feront éclore un nouveau printemps de la mission. Lurgence dannoncer lÉvangile aujourdhui est vivement ressentie par tous les Pères synodaux et beaucoup de nouvelles possibilités de communication invitent à prendre des initiatives originales, pour faire connaître et aimer le Christ et les Écritures, pour uvrer à lunité des chrétiens et contribuer à la justice et à la paix dans le monde. La présence du Seigneur au milieu de nous a rappelé à tous, évêques, experts, auditeurs et auditrices, que nous sommes avant tout des disciples, des curs croyants qui écoutent ce que lEsprit dit à lÉglise aujourdhui. Poursuivons joyeusement nos travaux, en communion avec Marie et tous les saints, dans lespérance que fait naître en nous la Sainte Écriture dévoilée par lEsprit Saint. Trouvant du Paradis Et le pont et la porte Au-dedans de ce Livre,J'y passai et j'entrai. Si mes yeux, pour leur part, restèrent au-dehors, Mon esprit pénétra dans son intimité. J'en vins à parcourir Ce qui n'est point décrit: Limpide, est ce sommet, Pur, sublime et splendide. Il a reçu du Livre un nom qui est Éden: Sommet de tous les biens. Saint Ephrem, Hymnes sur le Paradis, Hymne V QUESTIONS POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES 1. Comment faire mieux comprendre à nos fidèles que la Parole de Dieu, cest le Christ, Verbe de Dieu incarné? Comment approfondir la dimension dialogale de la Révélation dans la théologie et la pratique de lÉglise? 2. Quelles implications procèdent du fait que la célébration liturgique est le lieu originaire et le sommet de la Parole de Dieu? 3. Comment éduquer à une écoute vivante de la Parole de Dieu, dans lÉglise, pour toute personne et à tous les niveaux culturels? 4. Comment former à la Lectio divina? 5. Faut-il élaborer un Compendium pour aider les homélistes à mieux servir la Parole de Dieu? (ars predicandi). 6. Y a-t-il lieu de revoir le Lectionnaire et de modifier le choix des lectures de lAncien et du Nouveau Testament? 7. Quelle place et quelle importance accorder à la ministérialité de la Parole de Dieu? 8. Comment faire mieux saisir le lien intrinsèque entre la Parole et lEucharistie? 9. Quels moyens devons-nous mettre en uvre pour la traduction et la diffusion de la Bible dans le plus grand nombre de cultures possibles, en particulier chez les pauvres? 10. Comment assainir les rapports et stimuler la collaboration entre exégètes, théologiens et pasteurs? 11. Comment approfondir le sens de lÉcriture et son interprétation dans le respect et léquilibre entre la lettre, lEsprit, la tradition vivante et le magistère de lÉglise? 12. Que penser de lidée dun Congrès mondial de la Parole de Dieu promu par le magistère de lÉglise? 13. Comment développer davantage la recherche de lunité des chrétiens et le dialogue avec les Juifs autour de la Parole de Dieu? 14. Quentend-on par animation biblique de toute la pastorale? 15. Quelles questions mériteraient un traitement plus détaillé de la part du magistère de lÉglise? (Inerrance, pneumatologie, rapport Inspiration-Écriture-Tradition-Magistère) 16. Comment concilier la pratique du dialogue inter-religieux et laffirmation dogmatique à propos du Christ, unique médiateur? 17. Comment cultiver la connaissance de la Parole de Dieu par dautres voies que le texte biblique? (Art, poésie, Internet, etc) 18. Quelle formation philosophique est nécessaire pour bien comprendre et interpréter la Parole de Dieu et les Saintes Écritures? 19. Quels critères dinterprétation de la Parole de Dieu assurent une authentique inculturation du message évangélique? N.B. La liste nest pas exhausive et laisse toute liberté pour lexamen dautres questions. [00290-03.10] [NNNNN] [Texte original: latin] AVIS - BULLETIN - CONFÉRENCES DE PRESSE - BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES - POOL POUR LA SALLE DU SYNODE - INFORMATIONS TÉLÉPHONIQUES - HORAIRE DOUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIÈGE BULLETIN Le prochain Bulletin N. 25, avec les interventions in scriptis, sera à la disposition des journalistes accrédités demain, jeudi 15 octobre 2008. Le Bulletin N.26 suivant, sur les travaux de la Dix-huitième Congrégation générale de vendredi 16 octobre 2008, avec les Rapports des Carrefours, sera à la disposition des journalistes accrédités à la fin de la Congrégation générale. CONFÉRENCES DE PRESSE À la Deuxième Conférence de presse sur les travaux de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques de demain, jeudi 16 octobre 2008, à 12h45, participeront: - S. Ém. le Card. William Joseph LEVADA, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CITÉ DU VATICAN), Président délégué de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Ém. le Card. George PELL, Archevêque de Sydney (AUSTRALIE), Président délégué de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Ém.le Card. Odilo Pedro SCHERER, Archevêque de São Paulo (BRÉSIL), Président délégué de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Coast, Président de lAssociation des Conférences épiscopales dAfrique occidentale (A.C.E.A.O.) (GHANA), Président de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Exc. Mgr Diarmuid MARTIN, Archevêque de Dublin (IRLANDE), Membre de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Exc. Mgr Luis Antonio G. TAGLE, Évêque dImus (PHILIPPINES), Membre de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; À la Troisième Conférence de presse sur les travaux de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques de vendredi 24 octobre 2008, à 12h45, participeront: - S. Exc. Mgr Gianfranco RAVASI, Archevêque titulaire de Villamagna de Proconsolare, Président du Conseil Pontifical pour la Culture (CITÉ DU VATICAN), Président de la Commission pour le Message de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Exc. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque auxiliaire de Valparaíso (CHILI), Vice-Président de la Commission pour le Message de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. À la Quatrième Conférence de presse sur les travaux de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques de samedi 25 octobre 2008, à 12h45, participeront: - S. Ém.le Card. Marc OUELLET, P.S.S., Archevêque de Québec (CANADA), Rapporteur Général de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Exc. Mgr. Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kinshasa, Président de la Conférence épiscopale (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO), Secrétaire Spécial de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques; - S. Exc. Mgr. Filippo SANTORO, Évêque de Petròpolis (BRÉSIL), Membre de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Les Conférences de presse sont présidées par le R.P. Federico LOMBARDI, S.J., Directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège, Secrétaire ex-ufficio de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES Le lieu des briefings des Attachés de presse indiqué dans le Bulletin N° 2 est modifié comme suit: le groupe linguistique français ne se réunira plus près Radio-Vatican, mais près le Bureau de Presse du Saint-Siège, dans un local qui sera déterminé au fur et à mesure. Le neuvième briefing pour les groupes linguistiques se tiendra le vendredi 17 octobre 2008, à 13h10 environ. Nous rappelons aux opérateurs de laudiovisuel (cameramen et techniciens) et aux photo-reporters quils sont priés de sadresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales pour lautorisation daccès (très limitée). Mardi 21 octobre 2008, les Attachés de presse seront accompagnés lors des briefings par les Pères synodaux suivants: Groupe linguistique italien: - S. Ém.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence Épiscopale (ITALIE). Groupe linguistique anglais: - S. Exc. Mgr Terrence Thomas PRENDERGAST, S.I., Archevêque dOttawa (CANADA), Membre de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Groupe linguistique français: - S. Exc. Mgr Joseph AKÉ, Évêque de Yamoussoukro (CÔTE DIVOIRE), Membre de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Groupe linguistique espagnol: - S. Ém. le Card. Oscar Andrés RODRÍGUEZ MARADIAGA, S.D.B., Archevêque de Tegucigalpa, Président de la Conférence Épiscopale (HONDURAS). Groupe linguistique allemand: - S. Exc. Mgr Kurt KOCH, Évêque de Bâle (SUISSE). POOL POUR LA SALLE DU SYNODE Le septième pool pour la Salle du Synode sera formé pour la prière douverture de la Dix-huitième Congrégation générale de vendredi matin, 17 octobre 2008. Les listes dinscription aux pools sont à la disposition des rédacteurs au Bureau Informations et Accréditations du Bureau de presse du Saint-Siège (dans le hall dentrée, à droite). Nous rappelons aux opérateurs de laudiovisuel (cameramen et techniciens) et aux photo-reporters quils sont priés de sadresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales pour la participation au pool dans la Salle du Synode. Les participants aux pools sont priés de se rendre à 08h30 dans le Secteur Presse, installé à lextérieur de lentrée de la salle Paul VI, doù ils seront appelés pour accéder à la Salle du Synode, toujours accompagnés par un attaché du Bureau de presse du Saint-Siège et du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales. INFORMATIONS TÉLÉPHONIQUES Pendant la période synodale, une ligne dinformations téléphoniques sera mise en place: - +39-06-698.19 pour écouter le Bulletin ordinaire du Bureau de presse du Saint-Siège; - +39-06-698.84051 pour le Bulletin du Synode des Évêques du matin; - +39-06-698.84877 pour le Bulletin du Synode des Évêques de laprès-midi. HORAIRE DOUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIÈGE Le Bureau de Presse du Saint-Siège, à loccasion de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synodes des Évêques appliquera lhoraire suivant: - Jeudi 16 octobre: 09h00 - 21h00 - Vendredi 17 octobre: 09h00 - 16h00 - Samedi 18 octobre: 09h00 - 19h00 - Dimanche 19 octobre: 10h00 - 13h00 - Du lundi 20 octobre au samedi 25 octobre: 09h00 - 16h00 - Dimanche 26 octobre: 09h00 - 13h00 Le personnel du Bureau Informations et Accréditations sera présent (dans le hall dentrée, à droite): - du lundi au vendredi: 09h00-15h00 - le samedi: 09h00-14h00 Les éventuelles modifications seront affichées dès que possible dans la Salle des journalistes du Bureau de presse du Saint-Siège, dans le Bulletin dinformations de la Commission pour lInformation de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, et dans la partie Communications de service du site Internet du Saint-Siège. |