05 - 03.10.2005 RÉSUMÉ ♦ PREMIÈRE CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI, 3 OCTOBRE 2005 - MATIN) ♦ DEUXIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI, 3 OCTOBRE 2005 - APRÈS-MIDI) ♦ PREMIÈRE CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI, 3 OCTOBRE 2005 - MATIN) Après la lecture de lHeure Tierce, le Saint-Père Benoît XVI a tenu la réflexion suivante: Chers frères, Ce texte de lHeure Tierce daujourdhui implique cinq impératifs et une promesse. Essayons de comprendre un peu mieux ce que lApôtre entend nous dire à travers ces paroles. Le premier impératif est extrêmement fréquent dans les Lettres de saint Paul, lon pourrait même dire quil sagit dun cantus firmus de sa pensée: gaudete. Dans une vie si tourmentée comme la été la sienne, une vie emplie de persécutions, de faim, de souffrance en tous genres, un mot-clé demeure, toutefois, toujours présent: gaudete. Ici, une question sélève: est-il possible de ressentir la joie en quelque sorte sur commande? La joie, pourrions-nous dire, vient ou ne vient pas, mais elle ne peut pas être imposée comme un devoir. Nous pouvons trouver une aide dans le texte sur la joie le plus connu des Lettres pauliniennes, celui du Dimanche Gaudete, au cur de la Liturgie de lAvent: gaudete, iterum dico gaudete quia Dominus propest. Dans ces Lettres, nous comprenons la raison pour laquelle saint Paul au milieu de toutes les souffrances, de toutes les tribulations, pouvait non seulement dire aux autres gaudete: mais il pouvait le dire, parce quen lui-même la joie était présente. Gaudete, Dominus enim prope est. Si le bien-aimé, lamour, le plus grand don de ma vie, mest proche, si je peux être convaincu que celui qui maime est proche de moi, même dans des situations de tribulation, la joie demeure au fond de mon cur, une joie plus grande que toutes les souffrances. Lapôtre peut dire gaudete parce que le Seigneur est proche de chacun de nous. Ainsi, cet impératif est en réalité une invitation à percevoir la présence du Seigneur près de nous. Cest une sensibilisation à la présence du Seigneur parmi nous. LApôtre entend attirer notre attention sur cette présence du Christ - cachée mais très réelle - proche de chacun de nous. Pour chacun de nous sont vraies les paroles de lApocalypse: je frappe à ta porte, entends-moi, ouvre-moi. Il sagit donc également dune invitation à être sensibles à cette présence du Seigneur qui frappe à ma porte. Ne pas être sourds à Son appel, parce que les oreilles de nos curs sont tellement emplies de tous les bruits du monde, que nous ne pouvons pas entendre cette présence silencieuse qui frappe à nos portes. Réfléchissons, en même temps, pour savoir si nous sommes réellement disponibles à ouvrir les portes de notre cur; ou peut-être ce cur est-il plein de tant dautres choses quil ny pas de place pour le Seigneur et que, pour le moment, nous navons pas de temps pour le Seigneur. Ainsi, insensibles, sourds à sa présence, emplis dautres choses, nous nentendons pas lessentiel: Il frappe à la porte, Il nous est proche et ainsi la vraie joie est proche, une joie qui est plus forte que toutes les tristesses du monde, de notre vie. Prions, donc, dans le cadre de ce premier impératif: Seigneur rends-nous sensibles à Ta présence, aide-nous à entendre, à ne pas être sourds à Ton appel, aide-nous à avoir un cur libre, ouvert à Toi. Le second impératif perfecti estote, comme on le lit dans le texte latin, semble coïncider avec les paroles de résumé du Sermon sur la Montagne: perfecti estote sicut Pater vester caelestis perfectus est. Cette parole nous invite à être ce que nous sommes: des images de Dieu, des êtres créés en relation au Seigneur, miroir dans lequel se reflète la lumière du Seigneur. Ne pas vivre le christianisme à la lettre, ne pas entendre la Sainte Écriture à la lettre est souvent difficile, discutable dun point de vue historique, mais il faut aller au-delà de la lettre, de la réalité présente, vers le Seigneur qui nous parle et ainsi à lunion avec Dieu. Mais si nous regardons le texte grec, nous trouvons un autre verbe, catartizesthe. Ce mot signifie refaire, réparer un instrument, lui rendre sa pleine fonctionnalité. Lexemple le plus fréquent pour les apôtres est celui de réparer un filet pour les pécheurs qui nest plus en bon état, qui a tant de lacunes quil ne peut plus servir, réparer le filet afin quil puisse à nouveau être un filet pour la pêche, revenir à sa perfection dinstrument destiné à ce travail. Un autre exemple: un instrument de musique à corde dont une corde est cassée, si bien que la musique ne peut pas être interprétée comme il le faudrait. Ainsi, dans cet impératif, notre âme apparaît comme un filet apostolique qui souvent, toutefois, ne fonctionne pas bien, parce quil est déchiré par nos intentions; ou comme un instrument de musique dont malheureusement quelque corde est cassée, et donc la musique de Dieu quil devrait interpréter au plus profond de notre âme ne peut pas bien résonner. Réparer cet instrument, découvrir ses déchirures, ses destructions, ses inattentions, à quel point il a été négligé, et essayer que cet instrument soit parfait, soit complet afin quil serve à ce pour quoi il a été créé par le Seigneur. Ainsi, cet impératif peut également être une invitation à un examen de conscience régulier, pour voir dans quel état se trouve cet instrument qui est le mien, dans quelle mesure il a été négligé, il ne fonctionne plus, pour essayer de lui faire retrouver son intégrité. Cest également une invitation au Sacrement de la Réconciliation, à travers lequel Dieu lui-même répare cet instrument et nous donne à nouveau la plénitude, la perfection, la fonctionnalité, afin quen cette âme-ci puisse à nouveau résonner la louange de Dieu. Vient ensuite exortamini invicem. Corriger son frère est une uvre de miséricorde. Aucun de nous ne se voit bien lui-même, ne voit bien ses lacunes. Ainsi, il sagit donc dun acte damour, afin de se compléter lun lautre, pour nous aider à mieux nous voir, à nous corriger. Je pense que lune des fonctions de la collégialité est précisément de nous aider, également au sens de limpératif précédent, de connaître les lacunes que nous-mêmes nous ne voulons pas voir - ab occultis meis munda me dit le Psaume - de nous aider afin que nous nous ouvrions et que nous puissions voir ces choses. Naturellement cette grande uvre de miséricorde, qui consiste à nous aider les uns les autres afin que chacun puisse réellement parvenir à sa propre intégrité, à sa propre fonctionnalité comme instrument de Dieu, exige beaucoup dhumilité et damour. Uniquement si cela vient dun cur humble qui ne se place pas au-dessus de lautre, qui ne se considère pas meilleur que lautre, mais seulement comme un humble instrument afin de saider réciproquement. Uniquement si lon sent cette profonde et véritable humilité, si lon sent que ces paroles viennent de lamour commun, de laffection collégiale dans laquelle nous voulons ensemble servir Dieu, nous pouvons en ce sens nous aider avec un grand acte damour. Ici aussi le texte grec ajoute une nuance supplémentaire, le mot grec est paracaleisthe; cest la même racine que lon trouve également dans le mot Paracletos, paraclesis, consoler. Non seulement corriger, mais également consoler, partager les souffrances de lautre, laider dans les difficultés. Et cela aussi me semble un grand acte de véritable affection collégiale. Dans les si nombreuses situations difficiles qui naissent aujourdhui dans notre pastorale, certains se trouvent réellement un peu désespérés, ne voyant pas comment aller de lavant. Cest dans un moment semblable que lon a besoin de consolation, lon a besoin que quelquun soit à nos côtés dans la solitude intérieure et accomplisse luvre de lEsprit Saint, du Consolateur: luvre de donner courage, de nous porter ensemble, de nous épauler ensemble, aidés par lEsprit Saint lui-même qui est le grand Paraclet, le Consolateur, notre Avocat qui nous aide. Cest donc une invitation à nous faire nous-mêmes ad invicem luvre de lEsprit Saint Paraclet. Idem sapite: nous comprenons derrière le mot latin, la parole sapor, le goût: Ayez le même goût pour les choses, ayez la même vision fondamentale de la réalité, avec toutes les différences qui sont non seulement légitimes, mais même nécessaires, mais ayez eundem sapore, ayez la même sensibilité. Le texte grec dit froneite, la même chose. Cest-à-dire ayez la même pensée dun point de vue substantiel. Comment pourrions-nous avoir en substance une pensée commune qui nous aide à conduire ensemble la Sainte Église, si ce nest en partageant la foi quaucun de nous na inventée, mais qui est la foi de lÉglise, le fondement commun qui nous soutient, sur lequel nous reposons et nous travaillons? Cest donc une invitation à nous insérer dune façon toujours nouvelle dans cette pensée commune, dans cette foi qui nous précède. Non respicias peccata nostra sed fidem Ecclesiae tuae: telle est la foi de lÉglise que le Seigneur cherche en nous et qui est aussi le pardon des péchés. Avoir cette même foi commune. Nous pouvons, nous devons vivre cette foi, chacun avec son originalité, mais en étant toujours conscients que cette foi nous précède. Et que nous devons communiquer à tous les autres cette foi commune. Cet élément nous amène au dernier impératif, qui nous donne entre nous une paix profonde . Parvenus à ce point, nous pouvons penser aussi au touto froneite, un autre texte de la Lettre aux Philippiens, au début du grand hymne au Seigneur, dans laquelle lApôtre nous dit: ayez les mêmes sentiments que le Christ, entrez dans la fronesis, dans le fronein, dans la pensée du Christ. Donc nous pouvons avoir ensemble la foi de lÉglise, parce quavec cette foi nous entrons dans les pensées, dans les sentiments du Seigneur. Penser ensemble avec le Christ. Telle est la dernière estocade de lavertissement de lApôtre: penser avec la pensée du Christ. Et nous pouvons le faire en lisant la Sainte Écriture, dans laquelle les pensées du Christ se font Parole, nous parlent. En ce sens, nous devrons exercer la Lectio Divina, sentir dans les Écritures la pensée du Christ, apprendre à penser avec le Christ, à penser la pensée du Christ, pour avoir les sentiments du Christ, être capables de transmettre aux autres la pensée du Christ, les sentiments du Christ. Ainsi, le dernier impératif pacem habete et eireneuete est en quelque sorte le résumé des quatre impératifs précédents, car nous sommes alors en union avec Dieu qui est notre paix, avec le Christ qui nous a dit: Pacem dabo vobis. Nous sommes dans la paix intérieure, car être dans la pensée du Christ unifie notre être. Les difficultés, les contrastes de notre âme sunissent, nous sommes unis à loriginal, à ce dont nous sommes limage, par la pensée du Christ. Ainsi naît la paix intérieure, et ce nest quen nous fondant sur une paix intérieure profonde que nous pourrons être aussi des personnes de paix dans le monde, et pour les autres. Ici se pose une question: cette promesse est-elle soumise à des impératifs? Autrement dit, est-ce seulement dans la mesure où nous pouvons réaliser les impératifs que ce Dieu de la paix est avec nous? Quel est le rapport entre impératif et promesse? Je dirais quil est bilatéral: la promesse précède les impératifs, elle les rend réalisables, et elle suit aussi la réalisation des impératifs. Autrement dit, avant tout ce que nous faisons, le Dieu damour et de paix sest ouvert à nous, il est avec nous. Dans la Révélation, commencée dans lAncien Testament, Dieu est venu à notre rencontre avec son amour, avec sa paix. Enfin, par son Incarnation, il sest fait Dieu-avec-nous, lEmmanuel, il est avec nous, ce Dieu de la paix qui sest fait chair avec notre chair, sang de notre sang. Il est homme avec nous, et il embrasse tout lêtre humain. Et dans la crucifixion et la descente dans la mort, il sest fait totalement un avec nous, il nous précède avec son amour, il embrasse avant tout notre agir. Telle est notre grande consolation. Dieu nous précède. Il a déjà tout fait. Il nous a donné la paix, le pardon et lamour. Il est avec nous. Et ce nest que parce quil est avec nous, parce que dans le Baptême nous avons reçu sa grâce, dans la Confirmation lEsprit Saint, dans le Sacrement de lOrdre sa mission, que nous pouvons maintenant agir à notre tour, coopérer avec sa présence qui nous précède. Tout notre agir dont nous parlent les cinq impératifs consiste à coopérer, à collaborer avec le Dieu de paix qui est avec nous. Mais dautre part, cela vaut dans la mesure où nous entrons réellement dans cette présence qui nous a été donnée, dans ce don déjà présent dans notre être. Sa présence, son être avec nous, grandissent alors naturellement. Prions le Seigneur pour quil nous apprenne a collaborer avec sa grâce qui précède, afin quil soit ainsi réellement toujours avec nous. Amen! [00020-03.04] [NNNNN] [Texte original: italien] ♦ SECONDE CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI, 3 OCTOBRE 2005 - APRÈS-MIDI) ● INTERVENTIONS EN SALLE (DÉBUT) À 16h30 daujourdhui, en présence du Saint-Père, à partir de 17h55, avec la récitation de lAdsumus, a eu lieu la Deuxième Congrégation Générale, pour le début des interventions des Pères Synodaux en Salle sur le thème synodal. Le Président Délégué du jour en était S.Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. À cette Congrégation Générale qui sest conclue à 19.00 avec la prière de lAngelus Domini étaient présents 241 Pères. ● INTERVENTIONS EN SALLE (DÉBUT) Sont donc intervenus les Pères suivants: - S.Ém. le Card. José SARAIVA MARTINS, C.M.F., Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN) - S. Exc. Mgr. Donald William WUERL, Évêque de Pittsburgh (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE) - S.Ém. le Card. Stephen Fumio HAMAO, Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement (CITÉ DU VATICAN) - S. Exc. Mgr. Robert LE GALL, O.S.B., Évêque de Mende (FRANCE) - S. Exc. Mgr. Philippe GUENELEY, Évêque de Langres (FRANCE) - S. Exc. Mgr. John Patrick FOLEY, Archevêque titulaire de Neapolis Proconsolare, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN) - S.B. Ignace Pierre VIII ABDEL-AHAD, Patriarche d'Antioche des Syriens, Chef du Synode de l'Église Syro Catholique (LIBAN) - Très Rév. P. Joseph William TOBIN, C.SS.R., Supérieur Général de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur - S. Exc. Mgr. Bruno FORTE, Archevêque de Chieti-Vasto (ITALIE) - S. Exc. Mgr. Alberto GIRALDO JARAMILLO, P.S.S., Archevêque de Medellín (COLOMBIE) - S. Exc. Mgr. Salvatore FISICHELLA, Évêque titulaire de Voghenza, Vicohabentia, Évêque auxiliaire de Rome, Magnifique Recteur de l' Université Pontificale du Latran à Rome (ITALIE) - S. Exc. Mgr. Tadeusz KONDRUSIEWICZ, Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou (FÉDÉRATION RUSSE) - S. Exc. Mgr. Cristián CARO CORDERO, Archevêque de Puerto Montt (CHILI) - Très Rév. P. Josep Maria ABELLA BATLLE, C.M.F., Supérieur Général de la Congégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie (Clarétins) Nous publions ci-dessous les résumés des interventions: - S.Ém. le Card. José SARAIVA MARTINS, C.M.F., Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN) 1. Parmi les différents aspects du Mystère eucharistique, il faut souligner avant tout sa dimension pascale, une dimension essentielle dont lInstrumentum Laboris parle à plusieurs reprises. On ne peut pas distinguer la mort du Christ de sa résurrection (IL 7). En effet, elle appartient elle aussi, au sacrifice rédempteur du Christ (Rm 4,24-25). Il est mort pour ressusciter. Le Vendredi Saint naurait aucun sens sans le Dimanche de la Résurrection. Jésus na jamais séparé ces deux événements salvifiques. Bien au contraire, il a toujours dit avec la plus grande clarté quils sont inséparables. LEucharistie étant la ré-actualisation, dans le temps et dans lhistoire, du Sacrifice du Christ, elle rend présent non seulement sa mort, mais aussi sa résurrection (cf. IL 8), le mystère pascal dans sa totalité. Cest ce que souligne avec force lEncyclique Ecclesia de Eucharistia quand elle dit que le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection, dans lequel le sacrifice trouve son couronnement (EdE 14). Autrement dit, lEucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ. 2. Cest justement en tant que mémorial de la Pâque du Christ que lEucharistie est source et épiphanie de communion (MND 19), à la fois dans sa dimension verticale, cest-à-dire en relation au Christ, que dans sa dimension horizontale, cest-à-dire entre ses disciples. LEucharistie est, avant tout, source de la communion la plus profonde, la plus sublime et la plus radicale avec le Rédempteur. Aux disciples dEmmaüs qui lui demandaient de rester avec eux, le Christ répondit par un don encore plus grand: par le sacrement de lEucharistie, il trouva le moyen de demeurer non seulement avec eux mais en eux. Recevoir lEucharistie, cest entrer en communion profonde avec Jésus. Demeurez en moi, comme moi en vous (Jn 15,4) (MND 19). Or, la communion intime et mystérieuse avec le Christ réalisée dans lEucharistie ne peut être ni comprise, ni pleinement vécue, en dehors de la communion ecclésiale. La première conduit nécessairement à la seconde. Celle-ci naît nécessairement de celle-là. On lit dans MND: LÉglise est le Corps du Christ; on chemine avec le Christ dans la mesure où on est en relation avec son Corps mystique (MND 20). LUt Unum sint du Christ se réalise pleinement dans lEucharistie. Les premières communautés chrétiennes formaient un seul coeur et une seule âme en vertu de leur participation au banquet eucharistique, à la fractio panis. LEucharistie, donc, en unissant de façon vitale les hommes au Christ, les unit aussi entre eux. Le Christ lui-même devient, dans lEucharistie, lien vivant entre les membres de son Corps. LEucharistie abat toutes les barrières culturelles et sociales, pour faire de tous ceux qui la reçoivent une unique communauté de foi, despérance et damour; pour nous faire avancer vers cette unité qui trouve son modèle et sa perfection dans la Sainte Trinité. Mais outre quelle est source, lEucharistie est aussi épiphanie ou manifestation de la communion des fidèles avec le Christ et entre eux (cf. MND 19 et suiv.). Jamais comme dans la célébration de lEucharistie, lÉglise nest, et n apparaît, aussi parfaitement une koinonia, une communion. LÉglise est une parce quune est lEucharistie. Le Concile parle de lecclésiologie de communion: il sagit assurément dune ecclésiologie de communion eucharistique, car elle plonge ses racines dans le sacrement de lautel. Dans ce contexte, il convient de souligner aussi la valeur fortement oecuménique de lEucharistie. Le vrai oecuménisme, en effet, ne consiste pas tant dans le fait daller nous vers nos frères séparés ou de venir eux vers nous, mais, sous la conduite de lEsprit, de marcher ensemble vers Celui qui a voulu rester avec nous sous les espèces eucharistiques. Source et épiphanie de la communion ecclésiale, lEucharistie ne peut pas ne pas être aussi une source intarissable de joie: de cette joie pascale qui naît du Seigneur ressuscité présent dans lEucharistie. Les premiers chrétiens, rompaient le pain dans leur maison, prenant la nourriture avec allégresse et simplicité de coeur. Ils louaient Dieu (Ac 2,46-47). [00021-03.08 [IN001] [Texte original: italien] - S. Exc. Mgr. Donald William WUERL, Évêque de Pittsburgh (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE) Notre travail de catéchèse sinscrit de nos jours dans le contexte dun monde fortement sécularisé. Lun des plus grands défis auxquels nous avons à faire face en tant que disciples du Christ est la grande disparité entre ce que, à travers la foi, nous envisageons comme horizon de la vie et ce que cette culture sécularisée voit comme but et objectif de lexistence. Notre catéchèse, en particulier sur les questions de la morale et de la justice sociale, ne doit pas séloigner du cur de notre foi, la mort et la résurrection du Christ et notre participation à cet événement salvifique à travers lEucharistie. Tout programme pastoral ou toute suggestion qui pourra se faire jour pour lorientation future du ministère pastoral de lÉglise devra mettre laccent sur le mystère fondamental de la présence et de laction permanente du Christ dans lEucharistie. [00024-03.04] [IN004] [Texte original: anglais] - S.Ém. le Card. Stephen Fumio HAMAO, Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement (CITÉ DU VATICAN) Dans le panorama mondial actuel, nous assistons à des transformations si grandes quelles donnent limpression quune nouvelle humanité est en train de naître. Les frontières nationales disparaissent, les peuples et les races se mélangent, les cultures se confrontent, des organismes supra-nationaux sont créés, on cherche à définir un droit international, on tend vers lunification sociale, politique, et surtout économique, à laquelle on a donné le nom de mondialisation. Il est en train de se créer ainsi un unique marché mondial des marchandises et des idées. Cest un grand avantage, assurément, mais ce processus comporte aussi des risques. La diversité est certainement une source de richesse, mais la suppression des frontières ne coïncide pas toujours avec la mondialisation de la solidarité. On met en place des dispositions de plus en plus restrictives à légard des immigrés et des réfugiés. On adopte des procédures de plus en plus sévères pour empêcher les déshérités des pays pauvres du monde de participer au bien-être des pays riches; la diversité de létranger est souvent vue comme une menace, et non pas comme une source denrichissement mutuel. LÉglise Catholique nest pas seulement répandue dans les cinq continents, elle est aussi en mouvement entre eux, et le sacrement de lEucharistie soffre à elle comme centre dunification, comme point de convergence, comme dimension qualifiée daccueil des diversités dans lunité. Les hommes et les femmes en mouvement, selon leurs propres modalités, qui senracinent dans la culture, dans la tradition de leur propre rite, dans lutilisation de la langue vernaculaire, dans la dévotion populaire, trouvent dans la célébration de lEucharistie le point ferme de leur vie, souvent fragmentée et bouleversée: cest Jésus Christ incarné, mort et ressuscité. Tout entier... substantiellement présent dans la réalité de son Corps et de son Sang. Cest pourquoi il ne suffit pas de dire que lEucharistie est au centre de la communauté chrétienne, il faut dire aussi que lÉglise est au centre de lEucharistie! Au centre de lhistoire du salut, dans laquelle les migrations jouent un rôle important, nous trouvons le sacrifice pascal du Fils de Dieu et sa résurrection: cest la raison pour laquelle lEucharistie y occupe une place centrale. Enfin, lEucharistie tend vers le futur eschatologique, comme prémisse du banquet du Royaume auquel toute lhumanité est conviée. Elle nous porte à vivre le déjà et le pas encore, en nous engageant dans le présent de lHistoire, à un processus dinculturation adéquat et authentique. LEucharistie célébrée avec et par nos frères et nos soeurs en mobilité est un lien de fraternité et une source daccueil, source de bonnes oeuvres parce quelle conduit au témoignage des valeurs évangéliques dans le monde, dans lunité des trois dimensions de la vie chrétienne, à savoir liturgia-martyria-diaconia, pour une nouvelle évangélisation, nouvelle par son ardeur, par ses méthodes et par son expression. Cest pourquoi lEucharistie manifeste le sens de lexistence chrétienne sur terre comme moment dans lequel lÉglise expérimente le fait dêtre en marche, passante, migrante, pèlerine. LEucharistie est donc la nourriture des pèlerins, le sacrement de lexode qui continue, le sacrement pascal, ou du passage, jusquà rejoindre lhéritage éternel du Royaume de Dieu dans la communion des Saints. [00025-03.04] [IN010] [Texte original: italien] - S. Exc. Mgr. Robert LE GALL, O.S.B., Évêque de Mende (FRANCE) L'Instrumentum laboris souligne à plusieurs reprises comment l'Eucharistie est un don et un mystère (n. 12, 25, 34, 35, 48, 86) auquel il nous faut accéder et conduire avec humilité (n. 51) et dans un esprit d'adoration (n. 65). Dans le même sens, on insiste comme le pape Jean-Paul II dans Tertio millenio ineunte sur la primauté de la grâce (n. 31). Dans ce même esprit, il faudrait mieux montrer comment dans l'Eucharistie Dieu est l'Acteur premier qui suscite notre agir et le magnifie. Le numéro 25 va dans ce sens, mais reste confus. Il conviendrait de serrer de plus près l'enseignement de Sacrosanctum Concilium dans le n. 7 qui exprime avec clarté la théologie de la liturgie. La richesse propre du n. 7 de Sacrosanctum Concilium est de reprendre la définition de la liturgie que proposait le pape Pie XII dans Mediator Dei en la complétant: le culte oriente l'homme vers Dieu grâce à l'Homme-Dieu qui nous conduit au Père; c'est la ligne ascendante. Mais la ligne descendante (cf. Dies Domini, n. 43), par laquelle Dieu vient à nous dans l'Incarnation rédemptrice, est toujours première: le Concile l'appelle la sanctification, tandis que la ligne ascendante est justement appelée le culte intégral exercé par le Corps mystique tout entier. Pour la qualité de nos célébrations, il importe beaucoup que soit perçue clairement cette articulation dans l'Opus Dei - le mot revient souvent dans les premiers numéros de Sacrosanctum Concilium - entre l'opus Dei facientis et l'opus Ecclesiæ, entre ce que Dieu fait pour nous, avec nous, et ce que nous faisons pour lui, avec lui. C'est bien le sens de la doxologie de la Prière Eucharistique, sorte de sommet de la messe. Il s'agit d'une clé de toute la vie spirituelle, où la primauté de la grâce suscite le meilleur de notre liberté. Si nous rendons grâce, c'est parce que nous recevons la grâce. [00026-03.05] [IN013] [Texte original: français] - S. Exc. Mgr. Philippe GUENELEY, Évêque de Langres (FRANCE) L'une des préoccupations majeures des pasteurs dans les communautés chrétiennes est l'initiation à l'Eucharistie. Cette initiation concerne les enfants qui sont préparés à la première communion, ainsi que les jeunes et les adultes auxquels est proposé un parcours catéchuménal adapté à leur âge et qui les conduit progressivement à la célébration des sacrements de l'initiation chrétienne, dont l'Eucharistie. Or, le lien entre le baptême et l'Eucharistie n'est pas suffisamment marqué et la permanence de la pratique eucharistique est rendue difficile au lendemain de la première participation. Il serait souhaitable que le Synode insiste sur le lien étroit entre le baptême et l'Eucharistie, pour que celle-ci apparaisse bien comme le sommet de la vie baptismale. Avec les petits enfants qui ont été baptisés dans les premières années, il faut une mystagogie, pour qu'ils prennent conscience que l'Eucharistie s'enracine sur leur état de baptisés et vient nourrir réellement cette vie baptismale. Pour les jeunes et les adultes, il convient que, durant le temps d'initiation aux sacrements, la préparation ne soit pas focalisée uniquement sur le baptême, et que l'initiation à l'Eucharistie soit conjointement effectuée avec celle du baptême. Il est conseillé de proposer aux catéchumènes d'être présents à des célébrations eucharistiques, avant qu'ils n'y participent pleinement par la communion. Le contexte familial et social est tel qu'il existe une certaine ignorance sur ce qu'est l'Eucharistie. Si la pratique eucharistique est faible, n'est-ce pas en particulier parce que le sens de l'Eucharistie n'a pas été découvert. Il importe de prendre le temps de découvrir ce qu'est l'Eucharistie. Des célébrations qui préparent à l'Eucharistie sont à proposer. Une véritable pédagogie est à mettre en uvre. Un effort considérable, qui porte des fruits, est réalisé dans nos diocèses pour la préparation au sacrement de la confirmation. Ne convient-il pas de s'inspirer de ce qui est fait en faveur de la confirmation pour initier à l'Eucharistie? [00027-03.04] [IN014] [Texte original: français] - S. Exc. Mgr. John Patrick FOLEY, Archevêque titulaire de Neapolis Proconsolare, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN) Je souhaiterais demander aux évêques à travers le monde de profiter de lopportunité quoffre la télédiffusion de la liturgie et de considérer attentivement la manière dont les liturgies télévisées sont célébrées. Dans de nombreux diocèses, et même de nombreuses nations, il existe aujourdhui une tradition dans la télédiffusion de la liturgie les dimanches et les jours prescrits. Suite à des visites que jai effectuées dans de nombreux pays et aux cassettes-vidéo que jai pu voir, je peux attester que la plupart de ces liturgies télévisées sont célébrées de manière correcte et reflètent une préparation attentive. Quelquefois, malgré tout, lon constate que certains célébrants séloignent des normes liturgiques de lÉglise, ce qui peut, en fin de compte, désorienter, voire égarer certains spectateurs, et donner limpression à certains prêtres ou à certaines personnes que lon peut sécarter des normes liturgiques, parce quils lont vu à la télévision. Les liturgies télédiffusées devraient être considérées comme une norme de ce que lon doit sattendre dans les célébrations locales de lEucharistie. Le respect des normes liturgiques par le célébrant et les participants, la fidélité à la loi liturgique de lÉglise, la qualité de la musique et la participation des fidèles devraient représenter des modèles de service liturgique, qui éclairent les fidèles et qui édifient ceux qui ne partagent pas notre foi mais qui voient ou entendent, ne serait-ce que pas curiosité. Même si regarder une liturgie à la télévision ne suffit à ce quune personne remplisse son obligation dominicale, cela peut et devrait laider à approfondir sa vie spirituelle. La télédiffusion de la liturgie nest pas simplement un service visant les personnes malades ou âgées qui ne peuvent pas assister à la Messe. Regarder une liturgie à la télévision peut préparer de manière appropriée à la participation personnelle à la liturgie du Dimanche ou représenter une continuation daction de grâce et de réflexion une fois que le fidèle est rentré chez lui. Il est intéressant de noter que le programme religieux, diffusé régulièrement, le plus suivi dans le monde est la Messe de Minuit présidée par le Saint-Père à Noël, qui est vue dans 75 pays environ. Un bon nombre de personnes, même parmi les protestants, ont déclaré que cet événement diffusé depuis Rome est devenu pour eux une tradition de Noël, des familles entières se réunissent autour de la télévision afin dêtre unies en prière avec le Saint-Père. Alors que plusieurs pays dEurope occidentale ne diffusent pas cette célébration en lui préférant des liturgies locales, les responsables des télévisions de nombreux pays en Amérique, en Asie et en Afrique nous ont dit combien ils sont heureux de recevoir ce programme du Vatican. Avec la libéralisation des moyens de communication sociale aux États-Unis, la Messe de Minuit à Noël, depuis le Vatican, demeure, je le répète, le seul programme religieux diffusé régulièrement par les principales chaînes télévisées. La couverture, à léchelle mondiale, de la part des moyens de communication sociale, des célébrations liturgiques tenues à Rome au mois davril dernier a été, évidemment, plus large encore que la couverture réservée aux célébrations de Noël, de la Semaine Sainte et de Pâques, mais les opportunités existant dans les pays et dans les villes du monde de diffuser des liturgies télévisées à fréquence hebdomadaire ou au moins occasionnelle sont extrêmement importantes pour contribuer à satisfaire la faim spirituelle de millions de personnes qui souhaitent sidentifier avec Jésus, le chemin, la vérité et la vie. Merci! [00028-03.07] [IN016] [Texte original: anglais] - S.B. Ignace Pierre VIII ABDEL-AHAD, Patriarche d'Antioche des Syriens, Chef du Synode de l'Église Syro Catholique (LIBAN) Certaines des premières communautés syriennes dAntioche sont issues de Jérusalem dAntioche et de la Mésopotamie des communautés judéo-chrétiennes. C'est pourquoi en passant au christianisme les chrétiens dAntioche ne se sont pas détachés de leurs traditions anciennes surtout des fêtes juives, comme la fête de Pâques ou Pesah en hébreu ou Pesho en araméen. Ils ont trouvé dans le Seigneur le vrai Agneau pascal et tout de suite ils ont établi dans leurs méditations des parallélismes entre lagneau pascal dEgypte et lAgneau pascal de Jérusalem, qui fut Jésus Christ sur la croix, immolé déjà au Cénacle par anticipation. Saint Ephrem a développé ce parallélisme en écrivant: En Egypte fut versé le sang de lagneau pour la délivrance du peuple et à Sion fut versé le sang de lAgneau de la vérité. En regardant ces deux agneaux nous constatons leurs ressemblances et leurs divergences. Lagneau de lEgypte fut comme un mystère dans lombre tandis que l'Agneau de la vérité est son accomplissement. LAgneau pascal, Jésus Christ, a sauvé par son sang le peuple de ses erreurs comme lagneau dEgypte, où se furent des milliers à être offerts, mais un seul a sauvé de lEgypte.. Beaucoup dagneaux furent offerts mais un seul a dissipé lerreur. En Egypte le symbole, mais dans lEglise la réalité. Le pain que le Seigneur mangea avec ses disciples à Pâque, au Pesah, et quil a rompu, a remplacé le pain azyme qui donna la mort à ceux qui lont mangé. LEglise nous donne le Pain de Vie pour remplacer le pain azyme donné en Egypte. Marie nous a donné le Pain de Vie pour remplacer le pain de fatigues qu'Eve a donné. Dans cette spiritualité, lEglise syrienne vit tous les dimanches de lannée le Mystère Pascal, sauf les dimanches de lAvent et du Carême. Cest vers lEucharistie que les fidèles se tournent pour obtenir la purification de leurs péchés et le remède de Vie. Pâque, Pesho, a la double signification: passage et joie. LEucharistie, Pain de Vie, joie Pascale, fait la joie des croyants. Le Dieu tout puissant se baisse et il est porté par les pauvres humains. Comme le dit lanaphore de Saint Jacques: Cest le Raisin de Vie que ceux qui lont crucifié ont foulé sans le goûter et que les croyants ont reçu sans sen détacher. Cest le Pain Céleste qui naffame pas qui le mange et cest la Boisson spirituelle qui nassoiffe pas qui la boit. Avant de recevoir le Pain Céleste, la communauté des fidèles prie le Seigneur de lui donner des lèvres pures pour prendre son Corps et lui donner de jouir de son Sang. En donnant le Corps et le Sang du Christ, le prêtre dit au communiant que la braise purificatrice du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus Christ te soit pour la rémission et le pardon de tes péchés. Ainsi lEucharistie est vécue toujours comme un Mystère pascal dans lEglise Syrienne dAntioche. [00030-03.05] [IN017] [Texte original: français] - Très Rév. P. Joseph William TOBIN, C.SS.R., Supérieur Général de la Congrégation du Très-Saint-Rédempteur Dans cette discussion, je voudrais partir du rapport entre Eucharistie et Pénitence, traité au n. 23 de lInstrumentum Laboris. LInstrumentum Laboris fait souvent référence à la relation entre Eucharistie et Pénitence, et la relation entre ces deux sacrements est le plus souvent présentée comme un motif de préoccupation. Comment pouvons-nous aider les gens à retrouver lamour pour le Sacrement de la Pénitence et apprécier le don de lEucharistie comme motivation suprême pour aimer Dieu qui sest donné à nous? Je vais aborder cette question à quatre niveaux, à savoir la conception ecclésiale, sacramentelle, morale et juridique de lEucharistie et de la Pénitence. Nous rencontrons de graves problèmes dus aux tensions entre la célébration des sacrements de la Pénitence et de lEucharistie. Nous devons partir de la dimension ecclésiale de ces deux sacrements, pour continuer ensuite par une présentation sacramentelle adéquate de lun et de lautre. À la lumière de ces deux aspects fondamentaux, nous pouvons aborder les questions morales et les problèmes juridictionnels en jeu. Cest une façon de procéder bien meilleure, et bien plus fidèle à lÉcriture et à la Tradition, que de commencer par les aspects moraux et disciplinaires, ce qui peut provoquer inutilement des divisions dans lÉglise. Les réalités humaines de ces deux sacrements sont importantes, mais pas aussi fondamentales que le fait que les sacrements prennent leur sens le plus profond à la lumière du Mystère pascal du Christ, qui ouvre à la compréhension de la Présence réelle du Christ dans lEucharistie et à la libération des liens des péchés graves par le Sacrement de la Pénitence. [00029-03.03] [IN019] [Texte original: anglais] - S. Exc. Mgr. Bruno FORTE, Archevêque de Chieti-Vasto (ITALIE) Le chapitre II de la Partie I de lInstrumentum Laboris a pour thème Eucharistie et communion ecclésiale: en particulier, le n°11 parle du mystère eucharistique comme expression dunité ecclésiale. Dans dautres passages, est abordé le rapport entre eucharistie et Église: ainsi au n°14, on parle de lunité eucharistique comme manifestation de lunité ecclésiale, et au n°49 de la célébration de lEucharistie comme acte de lÉglise dans son universalité, antérieure à toute distinction particulière et locale. Malgré ces rappels, il me semble que ne sont pas suffisamment valorisées les potentialités de lecclésiologie eucharistique, de ce rapport entre Eucharistie et Église conçu par la grande tradition chrétienne comme constitutif et essentiel pour lêtre et pour lagir de lÉglise elle-même. Cest pourquoi je pense quil est important de solliciter et de proposer un approfondissement dans cette direction: il suffit de penser que lantiquité chrétienne utilisait lexpression Corpus Christi pour désigner à la fois le corps historique, le corps eucharistique, et le corps ecclésial du Christ, en montrant ainsi les profondes connections qui existent dans le mystère de lunité salvifique sous tous ses aspects. On peut dire que pour la conscience de lÉglise indivise du premier millénaire, lunité de leucharistie dans la multiplicité des célébrations représente efficacement lunité de la Catholica dans la multiplicité des communautés locales célébrantes sous la présidence de leurs Évêques: lÉglise participe à la périchorèse ecclésiologique, image et ressemblance de celle des Personnes divines, par le don de lEucharistie. Lun des moyens privilégiés pour exprimer et réaliser cette périchorèse ecclésiologique ont été, dans la grande tradition catholique, les synodes et les conciles, qui dans lÉglise antique avaient toujours un rapport direct et constitutif avec leucharistie. On se demande comment, dans le Synode des Évêques, cette synodalité ou collégialité des Évêques cum Petro et sub Petro fondée et exprimée dans la communio eucharistique des Églises dans lunique Église, peut être le mieux exprimée et réalisée. Il appartient à lÉvêque de lÉglise, qui préside dans lamour, le Pape, dindiquer ou détablir dautres formes possibles pour favoriser lexercice de la collégialité épiscopale à la lumière de la communio engendrée et exprimée par la synapse eucharistique. [00032-03.03] [IN022] [Texte original: italien] - S. Exc. Mgr. Alberto GIRALDO JARAMILLO, P.S.S., Archevêque de Medellín (COLOMBIE) La famille a toujours représenté une préoccupation majeure dans la vie et le Magistère de Jean-Paul II. Guidés par son enseignement, nous allons méditer sur trois points: Le Christ invité par la famille: Comme à Cana, le Christ se rend présent. Il sera le garant de lengagement pris par les époux, le compagnon de toute la vie de la famille. Il sera le Pain vivant qui donne la vie: les époux lauront comme compagnon de route, comme les disciples dEmmaüs. LEucharistie et le mariage: Quand le sacrement du mariage est célébré durant la Messe, cest pour indiquer, comme paradigme de lamour chrétien, lamour de Jésus Christ qui dans lEucharistie aime lÉglise comme son épouse au point de donner la vie pour elle (IL 19). Deux moments privilégiés: - La première communion des enfants, afin quune expérience dEucharistie puisse se construire dès le plus jeune âge. - La Messe dominicale, qui sera pour la famille: lumière, nourriture de lunité familiale, force de lengagement missionnaire dans et hors de la famille. La famille est lÉglise domestique. LEucharistie édifie la famille, la famille fait lEucharistie. [00033-03.03] [IN024] [Texte original: espagnol] - S. Exc. Mgr. Salvatore FISICHELLA, Évêque titulaire de Voghenza, Vicohabentia, Évêque auxiliaire de Rome, Magnifique Recteur de l' Université Pontificale du Latran à Rome (ITALIE) Cette intervention fait référence aux nn. 3-10 de lInstrumentum Laboris dans lequel, de manière répétée, apparaît le problème du contexte contemporain au sein duquel sinscrit la célébration et la compréhension du mystère eucharistique. La première remarque quil nous faut aborder porte sur le profond changement culturel qui est en uvre. Il est important de répéter que lEucharistie est source de culture et espace à lintérieur duquel se retrouvent les comportements personnels et sociaux qui manifestent le style de vie du croyant. Le grand défi qui attend les chrétiens dans les prochaines décennies est celui dun renouveau de leur style de vie qui remette le mystère eucharistique au centre de leur existence . Pour cela, il est important de retrouver certains éléments propres à lEucharistie: Léducation à la beauté qui sarticule sur différents plans: de la part du célébrant, afin quil comprenne la valeur de laction liturgique, celle des signes qui la composent et le langage évocateur quils possèdent; de la part de ceux qui soccupent de la construction des églises, afin quils ne cèdent pas aux idéologies qui tendent à obscurcir la présence de celles-ci sur le territoire ou à créer un espace hybride qui élimine la perception du sacré. Il est déterminant de retrouver un langage qui par sa nature fasse comprendre la valeur du lieu où est célébrée lEucharistie et son sens profond. À une époque comme la nôtre, influencée par une culture qui impose lacquisition des choses uniquement en fonction du désir de possession, ou, inversement, qui revendique un droit uniquement pour voir exaucé un désir, lEucharistie exprime la manière de se placer devant lessentiel de la vie à travers un comportement fort de sa gratuité. Sans cette redécouverte, lon pourra difficilement penser pouvoir atteindre à lavenir des objectifs qui qualifient lexistence personnelle et qui représentent un progrès pour toute lhistoire de lhumanité. LEucharistie peut être source dune culture qui propose à nouveau le sens du sacrifice comme offre de liberté. Il est inutile de se cacher que de nos jours la liberté est encore menacée par limposture de penser quelle nexiste que dans la volonté de faire de ce que lon veut. LEucharistie devient un véritable défi sur le plan de la mise en uvre de la liberté. Elle, en effet, dit que la liberté est réalisée lorsque lon renonce à décider pour soi-même afin de faire une place à lautre dans lamour. LEucharistie, enfin, peut éduquer à une culture qui conduise à comprendre toujours mieux la participation des croyants pour la construction du monde. Jusquà la venue du Seigneur, nous sommes appelés à rendre tous les hommes participants du mystère que nous célébrons. Celui-ci exige la capacité de savoir aller à la rencontre de lautre, en partageant son chemin de recherche de la vérité et en devenant pour chacun un compagnon de route; toutefois, dans le respect des temps de chacun, le croyant sait indiquer la route pour trouver une réponse définitive à la question du sens. [00034-03.06] [IN027] [Texte original: italien] - S. Exc. Mgr. Tadeusz KONDRUSIEWICZ, Archevêque de la Mère de Dieu à Moscou (FÉDÉRATION RUSSE) La réforme liturgique a permis une participation plus consciente, active et féconde des fidèles à lEucharistie. Cependant, outre les aspects positifs, elle a eu également des effets négatifs. Le manque de discipline et de conscience liturgique lors de la célébration de lEucharistie a une influence négative également au niveau des rapports oecuméniques. La violation des normes liturgiques obscurcit la foi et la doctrine de lÉglise concernant lEucharistie et mène à trahir la règle Lex orandi - Lex credendi. LEucharistie est au coeur de la foi chrétienne, qui souffre surtout de laltération de lEucharistie. Le Pape Benoît XVI rappelle à la dévotion eucharistique et à lexpression courageuse et claire de la foi en la présence réelle du Seigneur, surtout dans sa solennité et sa justesse. Il est donc nécessaire daccepter le fait que la Liturgie a un caractère établi den haut et non pas libertaire, quelle est, de par son essence, incorruptible et que les signes visibles utilisés par la Liturgie afin de mettre en évidence les réalités divines ont été choisis par le Christ ou par lÉglise. Face à la corruption de la vie liturgique, lapprobation dun nouveau document doctrinal qui mette laccent sur lobservance des normes liturgiques est nécessaire. Le Christ ne doit pas souffrir des abus commis dans la célébration de lEucharistie, qui doit toujours être accueillie et vécue par les fidèles comme sacrum, comme renouvellement mystérieux du Sacrifice du Christ, comme son énergie salvifique qui transforme lhomme et le monde, comme renforcement de la foi et source de moralité. [00036-03.04] [IN030] [Texte original: italien] - S. Exc. Mgr. Cristián CARO CORDERO, Archevêque de Puerto Montt (CHILI) Mon intervention portera sur deux points. Tout dabord, sur la relation qui existe entre lEucharistie et la Pénitence et, ensuite, entre lEucharistie et la Pastorale vocationnelle. 1. La relation entre lEucharistie et le Sacrement de la Pénitence est traitée dans lInstrumentum Laboris aux numéros 22-24 et aussi lorsque lon parle de lEucharistie, source de la morale chrétienne (n° 72-74). LAnnée de lEucharistie a apporté, au Chili, dimportants fruits spirituels et pastoraux dans la vie de lÉglise, qui se sont répercutés sous une forme ou une autre dans la vie de la société. Cette coïncidence entre lAnnée de lEucharistie et la canonisation du P. Alberto Hurtato, a été providentielle. Étant donné létroite relation théologique, spirituelle et pastorale qui existe entre lEucharistie et le Sacrement de la Pénitence, et compte tenu des ombres dans le domaine de ce dernier Sacrement, je propose que lon consacre une année au Sacrement de la Pénitence, en prenant en considération les points fondamentaux suivants: a) La signification du Dieu vivant et véritable et son éclipse dans la culture moderne b) La nécessité du salut et de lannonce de Jésus-Christ, lAgneau de Dieu qui enlève les péchés du monde c) Le sens du péché, qui a diminué ou même disparu, conséquence de loubli de Dieu et du relativisme moral d) La conversion et la vertu de la pénitence e) La direction ou laccompagnement spirituel f) La célébration du Sacrement de la Pénitence comme rencontre du pécheur, qui se convertit pour sa misère, et de Dieu qui, dans sa miséricorde en Christ, laccueille et le pardonne g) Les conditions pour recevoir la Sainte Communion h) La vie nouvelle en Christ, en tant que ses disciples et membres de lÉglise 2.En ce qui concerne la relation entre Eucharistie et Pastorale vocationnelle, je propose, au cours de lAnnée de la Pénitence, de motiver et de former des prêtres pour quils réalisent la direction spirituelle des jeunes et quils consacrent plus de temps au sacrement de la Réconciliation qui, avec lEucharistie, est fondamental dans la direction spirituelle. [00037-03.05] [INO31] [Texte original: espagnol] - Très Rév. P. Josep Maria ABELLA BATLLE, C.M.F., Supérieur Général de la Congégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie (Clarétins) Le numéro 25 de lInstrumentum Laboris constate la nécessité que la célébration de lEucharistie parvienne à former des personnes et des communautés eucharistiques qui aiment et servent, comme Jésus dans lEucharistie. Au fond, nous sommes en train de dire que ceux qui se réunissent pour célébrer la Pâque du Seigneur soient, au sein de la société, mémoire et signe vivant du Seigneur qui donne la vie. Toutefois, souvent ce nest pas ce qui arrive. Durant la célébration on vit un beau moment, mais la vie continue son cours, avec ses préoccupations, incapables de répondre aux exigences dérivant de lEucharistie qui a été célébrée. La célébration ne devient pas spiritualité dans la vie des fidèles ni se convertit, non plus, en dynamisme missionnaire. On observe une certaine dichotomie entre la vie et lEucharistie. Le Synode devrait analyser les causes de cette situation pour pouvoir offrir des réponses pastorales appropriées. Doù, à cet effet, quelques appréciations en ce sens. 1. Dans un milieu culturel dune certaine superficialité, comme celui que nous observons fréquemment, lEucharistie peut devenir un événement de plus parmi ceux qui ont lieu sans laisser un signe important chez les personnes. Sans une vie vécue avec intensité et approfondissement, il nest pas possible de vivre lEucharistie dans sa signification profonde. La pastorale eucharistique doit prendre en considération cette dimension anthropologique et culturelle. 2. On perçoit la nécessité dun lien plus explicite entre la célébration de lEucharistie et la vie concrète des personnes qui y participent. En effet, cest une exigence au numéro 71 de lInstrumentum Laboris. Selon ce paragraphe, il est nécessaire de mettre plus en relief dans la catéchèse eucharistique et dans la célébration elle-même, ces éléments spécifiques qui aident à trouver ce lien. Lexpérience des communautés ecclésiales de base et dautres initiatives similaires nous éclaire sur ce point. 3. Un troisième aspect concerne le langage, les signes, la structure même de la célébration et la manière de la réaliser. Nous avons, parfois, limpression davoir donné plus dimportance à la dimension culturelle, au détriment du Mémorial et du Repas partagé. Le mémorial de la Pâque de Jésus et lexigence de fraternité qui résulte de la participation à la table du Seigneur perdent ainsi une partie de leur force provocatrice. Nous devrions, dans chaque contexte culturel, trouver le moyen de mettre en évidence ces dimensions aussi fondamentales afin que le dynamisme de lEucharistie transforme la vie des fidèles et soit un ferment de changement dans lhistoire concrète des peuples. [00038-03.03] [INO38] [Texte original: espagnol] Ont ensuite suivi les interventions libres. |