04 - 03.10.2005 RÉSUMÉ ♦ PREMIERE CONGREGATION GENERALE (LUNDI 3 OCTOBRE 2005, MATIN) ♦ AVIS ♦ PREMIERE CONGREGATION GENERALE (LUNDI 3 OCTOBRE 2005, MATIN) Ce matin, lundi 3 octobre 2005, à 09h00, à la présence du Saint-Père, dans la Salle du Synode du Vatican, avec le chant de loffice de Tierce, ouvert par lhymne du Veni, Creator Spiritus, ont débuté les travaux de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, avec la Première Congrégation Générale. Le Saint-Père Benoît XVI a tenu la réflexion. Le Président délégué du jour était S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Lassemblée synodale ouverte hier par Benoît XVI, qui a présidé la Solennelle Concélébration Eucharistique dans la Basilique Patriarcale Saint-Pierre au Vatican, réunira jusquau 23 octobre 2005, une représentation des Prélats du monde sur le thème: LEucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise. Lors de cette première Congrégation Générale, sont intervenus le Président Délégué, S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, pour les salutations du Président Délégué; S. Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, Secrétaire Général du Synode des Évêques, pour le Rapport du Secrétaire Général; S. Ém. le Card. Angelo SCOLA, Patriarche de Venise (Italie), pour le Rapport avant le débat général du Rapporteur général. Nous publions ci-dessous le texte intégral des interventions prononcées en Salle: ● SALUTATION DU PRESIDENT DELEGUE, S. EM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PREFET DE LA CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS ● RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL DU SYNODE DES EVEQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ ● RAPPORT AVANT LE DEBAT GENERAL DU RAPPORTEUR GENERAL, S. EM. LE CARD. ANGELO SCOLA, PATRIARCHE DE VENISE (ITALIE) La première Congrégation Générale de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sest conclue à 12h20 avec la prière de lAngelus Domini présidée par le Saint-Père. 241 Pères Synodaux étaient présents. La deuxième Congrégation Générale, au cours de laquelle débutera la discussion générale sur le thème synodal, aura lieu cet après-midi, 3 octobre 2005, à 16h30. ● SALUTATION DU PRESIDENT DELEGUE, S. EM. LE CARD. FRANCIS ARINZE, PREFET DE LA CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS Très Saint Père 1. Avec un esprit de foi, avec notre action de grâce à la Divine Providence pour Votre Pontificat, dans la joie chrétienne, mais également avec un sens de responsabilité, nous sommes ici convoqués par Votre Sainteté, Successeur de Pierre et Vicaire du Christ. Cette XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, dabord convoquée par Votre Prédécesseur, de vénérée et inoubliable mémoire, le Serviteur de Dieu, le Pape Jean-Paul II, puis convoquée à nouveau par Votre Sainteté peu de temps après votre élection sur la Chaire de Pierre, nous offre loccasion de réfléchir sur un thème qui touche le cur et la vie de lÉglise: LEucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise. 2. Ce nest pas un secret que le mystère eucharistique est un thème extrêmement cher à Votre Sainteté. En effet, dans la première homélie prononcée par Votre Sainteté le matin suivant votre élection, le 20 avril 2005, dans la Chapelle Sixtine, vous déclariez entre autres aux Cardinaux et au monde: De manière plus que significative, mon Pontificat commence alors que lÉglise vit lAnnée spéciale consacrée à lEucharistie. Comment ne pas saisir dans cette coïncidence providentielle un élément qui doit caractériser le ministère auquel jai été appelé? LEucharistie, coeur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de lÉglise, ne peut que constituer le centre permanent et la source du service pétrinien qui ma été confié (Homélie du 20 avril 2005, nº 4, dans LOsservatore Romano nº 94 du 21 avril 2005, p. 9). 3. Il est dune grande importance pour lÉglise que les représentants du Collège des Évêques de toute lÉglise se réunissent autour du Successeur de Pierre pour réfléchir et prier sur le grand Mystère de la Foi. Nous venons des Églises particulières ou de diocèses en tant que représentants des Conférences épiscopales et des Églises orientales, mais également de la Curie Romaine, de lUnion des Supérieurs généraux, et certains dentre nous ont été nommés par Votre Sainteté. Nous venons pour réfléchir sur un thème qui touche le cur battant de la vie de lÉglise. La Très Sainte Eucharistie, en effet, comme le dit le Concile Vatican II, contient tout le trésor spirituel de lÉglise, cest-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque (Presbyt. Ordinis, nº 5). LEucharistie a sa place au centre de la vie ecclésiale (Eccl. de Euch., nº 3). Pendant deux ans, toute lÉglise a réfléchi, discuté, médité et prié de manière particulière sur le Mystère eucharistique. Les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises orientales, les diocèses, les paroisses, les instituts supérieurs détude catholiques, les séminaires, les monastères, les instituts religieux, les associations ou les mouvements catholiques et dautres groupes dans lÉglise ont pris des initiatives dans ce sens. Voici à présent réunie cette noble Assemblée qui tente de recueillir ensemble les fruits de ces contributions avec à sa tête le Vicaire du Christ et Successeur de Pierre. 4.Bénissez-nous, Saint-Père. Guidez-nous. Accompagnez-nous. Puisse la Vierge Marie, femme eucharistique (Eccl. De Euch., nº 53), intercéder pour nous. Puisse lEsprit Saint nous donner la lumière, la foi, la sagesse, la charité pastorale, le courage évangélique, la joie de lannonce et la conscience de notre responsabilité devant Dieu, devant lÉglise et devant le monde également, de faire notre devoir au cours de ces trois semaines pour le bien du saint peuple de Dieu. [00019-03.06] [NNNNN] [Texte original: italien] ● RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL DU SYNODE DES EVEQUES, S. EXC. MGR NIKOLA ETEROVIĆ Saint-Père, Éminentissimes et Excellentissimes Pères, Chers frères et soeurs, Pour la première fois en qualité de Secrétaire général du Synode des Évêques, jai lhonneur dadresser la parole aux membres de cette Assemblée illustre, en saluant bien volontiers tous les présents avec les mots de Saint Paul Apôtre: à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus-Christ (1 Co 1, 3). Je présente mes salutations les plus respectueuses au Saint-Père Benoît XVI qui préside la première Assemblée du Synode des Évêques de son pontificat. Dans le même temps, je remercie Sa Sainteté davoir confirmé la convocation de la présente réunion synodale et den avoir suivi de près la préparation. Au nom de tous les Pères synodaux, je lui suis reconnaissant davance de sa présence et de toute contribution précieuse quil offrira au déroulement des travaux, dont le but est de promouvoir la vie et la mission de lEglise universelle, sous le signe de lEucharistie. Je salue cordialement les 256 membres de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, dont 177 membres élus, 40 nommés par le Pape, 39 ex officio et 10 Supérieurs généraux. Parmi eux figurent 55 cardinaux, 8 patriarches, 82 archevêques, 123 évêques et 12 religieux. Quant aux fonctions quils occupent, il y a 36 Présidents de Conférence épiscopale, 234 Ordinaires, 4 Coadjuteurs, 14 Auxiliaires et 4 Émérites. Les Pères synodaux mentionnés proviennent de tous les continents, cest-à-dire 50 dAfrique, 59 dAmérique, 44 dAsie,95 dEurope et 8 dOcéanie. En les remerciant davoir accepté notre invitation, jexprime mes sentiments respectueux aux Délégués fraternels, qui représentent 12 Églises et communautés ecclésiales. Je salue également très sincèrement les Auditeurs, les Experts, les Assistants, les Traducteurs et le personnel technique, dont la collaboration est fondamentale pour un bon déroulement des travaux. Enfin, je salue et je remercie tout spécialement les généreux Collaborateurs de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, qui, par leur travail, mont particulièrement aidé dans cette première expérience synodale. Comme lApôtre des gentils, je souhaite à tous grâce et paix, dons par lesquels Dieu Un et Trine bénira nos travaux collégiaux pour le bien de lEglise et de lhumanité. Ce rapport est composé de six parties: I) Observations préliminaires; II) Période entre la X et la XI Assemblée Générale Ordinaire; III) Préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire; IV) Nouveautés dans la méthodologie synodale; V) Activités de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques; VI) Conclusion. I) Observations préliminaires Jai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir (Lc 22, 15). Par ces mots prononcés lors de la dernière cène, Jésus-Christ introduit le récit de linstitution du sacrement de lEucharistie. Les trois Évangiles synoptiques concordent sur la signification des mots prononcés sur le pain et sur le vin qui, par la grâce du Saint-Esprit, sont devenus le corps et le sang du Seigneur Jésus (cf. Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-25; Lc 22, 14-20). Ces mots furent accompagnés par des gestes concrets: Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples (Mt 26,26). Ces mots et ces gestes indiquent clairement la volonté de Jésus-Christ dinstituer lEucharistie dans le cadre du repas pascal juif, préfiguration de sa mort et résurrection, anticipation du banquet eschatologique des noces de lAgneau immolé. Le récit de lévangéliste Jean (cf. Jn chapitre 6) souligne davantage encore que Jésus de Nazareth préparait depuis longtemps son grand sacrement. En effet, pratiquement dès le début de son activité publique, Il se présenta aux gens comme le pain vivant, descendu du ciel pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51). LEucharistie que Jésus institua en présence des apôtres, réunis avec Lui autour de la table, est inséparablement liée à lÉglise, depuis le commencement jusquà la fin des temps. Par la volonté explicite du Seigneur, faites-le en mémoire de moi (1 Co 11, 24), le sacrement de lEucharistie, célébré au sein de lÉglise, devait être transmis de génération en génération comme lhéritage le plus précieux, comme le Testament damour du Seigneur. Il sagit de Tradition sainte, comme le témoigne Saint Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens (cf. 1 Co 11, 23- 26), qui par la divine Providence est parvenue jusquà nous dans sa pureté originale. Nous devons sans cesse remercier Dieu Un et Trine pour cette grâce inestimable, parce que lEucharistie, grand don et mystère, continue à être célébrée, adorée et vécue au sein de lÉglise. Elle représente le coeur de lÉglise, la source et le sommet de sa vie et de son activité dévangélisation et de promotion humaine. Héritage spirituel du Pape Jean-Paul II Cest le Pape Jean-Paul II de vénérable mémoire qui a voulu que le thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques soit axé sur lEucharistie. Ceux qui connaissent bien loeuvre et la mission ecclésiale du Serviteur de Dieu ne pourront pas ne pas y percevoir des rappels significatifs de lexemple du seul Maître et Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de lhomme. En effet, la redécouverte de lEucharistie, célébrée et vécue dune manière adéquate au sein de lEglise, semble être aussi le contenu du Testament spirituel du Pape Jean-Paul II . En sentant que son heure approchait, il essaya, avec lEsprit du Seigneur, de concentrer ses énergies sur lessentiel, cest-à-dire sur le Très Saint Sacrement. La présence admirable du Seigneur glorieux sous les espèces du pain et du vin fut le soutien de sa foi vivante, la source de sa grande espérance et le motif de sa charité incisive. Cette expérience, accumulée surtout au cours de ses 59 ans de sacerdoce, dont 44 vécus en tant quÉvêque, a poussé le regretté Pontife à proposer le thème de lEucharistie à la réflexion de lÉglise universelle. Sa dernière encyclique était Ecclesia de Eucharistia, son avant-dernière Lettre apostolique Mane nobiscum Domine. La dernière initiative pastorale prise pour lÉglise universelle est lAnnée de lEucharistie. Dans cette optique, il nest pas étonnant que la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques ait pour thème lEucharistie. Sa célébration marque la conclusion de lAnnée de lEucharistie. Entamée par le Pape Jean-Paul II, la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire sera menée à terme par son successeur, le Saint-Père Benoît XVI. Lannonce de la présence de Jésus-Chist dans lEucharistie, Testament de son amour divin, demeure la source inépuisable de la vie et de la mission de lÉglise. Lexpérience de foi eucharistique vécue par le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, quil nous a laissée comme héritage spirituel, ne manquera pas dinfluer aussi de manière positive lactivité de la réunion synodale qui commence ses travaux. Dans le choix du thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire, on peut percevoir également une intuition prophétique du Pape Jean-Paul II. Il a voulu favoriser, au niveau de lÉglise catholique, la réflexion sur la pratique eucharistique, en examinant comment les Églises particulières appliquent-elles les grands discours du Magistère sur le Sacrement sublime de la présence vraie, réelle et substantielle de Jésus-Christ ressuscité dans lEucharistie, source de lunité et de la communion ecclésiale. Il souhaitait vérifier comment le sacrement de lEucharistie est-il perçu et vécu et quelle est son influence sur la vie des fidèles, des familles, des communautés et de la société tout entière. Son intention fondamentale était de relancer lEucharistie, don inestimable de Dieu à son Église, par une catéchèse appropriée à tous les niveaux, un culte liturgique rénové, un service renforcé de la charité, qui a sa source permanente dans le pain rompu pour nous les hommes et dans le vin versé pour notre salut. II) Activités entre la X et la XI Assemblée Générale Ordinaire Hommage à lÉminentissime Card. Jan Pieter Schotte En évoquant dans cette réunion collégiale lhéritage spirituel du Pape Jean-Paul II, il est juste de rappeler, en rendant grâce au Seigneur, lun de ses collaborateurs les plus proches, Son Éminence Monsieur le Cardinal Jan Pieter Schotte, C.I.C.M., qui, pendant presque 19 ans, fut le Secrétaire général du Synode des Évêques. Au cours de cette période, cet Éminentissime Cardinal a offert des services ecclésiaux précieux. Notamment, il a organisé 12 Assemblées synodales, dont 4 (1987; 1990; 1994; 2001) Assemblées générales ordinaires, 1 (en 1985) Assemblée générale extraordinaire et 7 Assemblées spéciales (en 1991 Ière pour lEurope; en 1994 pour lAfrique; en 1995 pour le Liban; en 1997 pour lAmérique; en 1998 pour lAsie; en 1998 pour lOcéanie; en 1999 IIème pour lEurope). Son Éminence le Card. Jan Pieter Schotte entama aussi la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire. Quelques mois avant que le Seigneur de la vie ne le rappelle à Lui, le 10 janvier 2005, le Pape Jean-Paul II voulut me nommer, le 11 février 2004, pour lui succéder au bureau de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques. Cette succession a eu lieu aussi sous le signe du mystère de lEucharistie, thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire, car jai pris le relais du Cardinal Schotte alors que le chemin synodal était déjà engagé et certainement inséré dans une tradition bien affermie donnant des résultats très positifs. En effet, après avoir terminé avec succès la X Assemblée Générale Ordinaire, sur le thème LÉvêque: Serviteur de lÉvangile de Jésus-Christ pour lespérance du monde, célébrée du 30 septembre au 27 octobre 2001, Son Éminence le Cardinal Jan Pieter Schotte a commencé, en étroite collaboration avec le Souverain Pontife, la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire. Avant la conclusion de la X Assemblée Générale Ordinaire, le 26 octobre 2001, S. Ém. le Card. Secrétaire général présida la première réunion du Xème Conseil ordinaire, nouvellement créé, en soulignant que 6 Pères synodaux faisaient partie pour la première fois dun tel organisme collégial. Après avoir approfondi mutuellement leur connaissance, les membres furent informés des tâches du Conseil ordinaire, conformément aux règles en vigueur du Synode des Évêques. Notamment, on affirma que le Conseil est appelé à garder vivant lesprit collégial de la réunion synodale et à proposer de nouveau le contenu des Propositions, résultat prééminent du Synode des Évêques, dans un document à soumettre au Saint-Père en vue de la publication de lExhortation post-synodale. Le Xème Conseil ordinaire sest réuni 8 fois, depuis février 2002 jusquen novembre 2004, plus précisément la deuxième réunion sest déroulée du 6 au 8 février 2002, la troisième les 13 et 14 juin 2002, la quatrième du 5 au 7 novembre2002, la cinquième du 26 au 27 mars 2003, la sixième du 1er au 2 juillet 2003, la septième du 23 au 24 octobre 2003 et la huitième les 16 et 17 novembre 2004. Les quatre premières réunions se sont concentrées presque exclusivement sur la réélaboration du matériel de la X Assemblée Générale Ordinaire; en vue de la rédaction de lExhortation post-synodale Pastores gregis que le Pape Jean-Paul II a signée et promulguée le 16 octobre 2003, à loccasion du 25ème anniversaire de son pontificat. A cet acte solennel, qui a eu lieu dans la salle Paul VI en présence de nombreux pèlerins, ont participé les trois Présidents délégués, leurs Éminences Messieurs les Cardinaux Giovanni Battista Re, Ivan Dias et Bernard Agré, le Rapporteur général, Son Éminence Monsieur le Card. Edward Egan et le Rapporteur général adjoint, Son Éminence Monsieur le Card. Jorge Mario Bergoglio, le Secrétaire général, Son Éminence Monsieur le Card. Jan Pieter Schotte, le Secrétaire spécial, Son Excellence Monseigneur. Marcello Semeraro. À côté du Pape Jean-Paul II se tenaient le Doyen du Collège des Cardinaux, Son Éminence Monsieur le Card. Joseph Ratzinger et le Secrétaire dÉtat, Son Éminence Monsieur le Card. Angelo Sodano. Le Souverain Pontife remit dans un geste symbolique le document aux trois Présidents délégués, aux deux Rapporteurs généraux, au Secrétaire spécial et à cinq Évêques, un par continent. Entre-temps, au début de lannée 2003, S. Ém. le Secrétaire général a envoyé la Relatio circa labores peractos de la X Assemblée Générale Ordinaire aux Institutions qui en ont droit. Le document indique les données statistiques suivantes: 247 membres ont participé à la réunion post-synodale, dont 175 membres élus, 35 nommés par le Pape et 37 ex officio. La X Assemblée Générale Ordinaire a eu 25 Congrégations générales, 17 sessions des Carrefours. Les Pères ont approuvé 67 Propositiones. III) Préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire Thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire Le thème et la date de la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire ont été discutés à maintes reprises. À la fin de la X Assemblée Générale Ordinaire, les Pères synodaux ont exprimé leurs avis sur le sujet de la prochaine réunion synodale. En outre, chargée par le Pape Jean-Paul II, la Secrétairerie générale du Synode des Évêques a consulté aussi, sur ce sujet, les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris, les Dicastères de la Curie romaine, lUnion des Supérieurs généraux. Les résultats ont été examinés au cours de la troisième réunion du Xème Conseil ordinaire les 13 et 14 juin 2002. À la lumière des résultats obtenus, les membres du Conseil ont formulé les trois thèmes à soumettre à la décision du Souverain Pontife. À la première place figurait le thème de lEucharistie dans la vie et dans la mission de lÉglise. Lors de la cinquième réunion du Xème Conseil ordinaire, le 26 mars 2003, S. Ém. le Card. Secrétaire général informait les membres que le Pape Jean-Paul II avait choisi le thème de lEucharistie pour la XI Assemblée Générale Ordinaire, en recommandant de mettre laccent sur la paroisse en lien avec le ministère et le culte eucharistique. Ainsi le thème se concrétisa LEucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise et on commença à réfléchir sur les idées de base des Lineamenta, document qui a comme but de favoriser le débat au niveau de lÉglise universelle sur le sujet de la réunion synodale. Elaboration des Lineamenta La sixième réunion du Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, qui sest tenue le 1er et le 2 juin 2003, était consacrée à lexamen des ébauches des Lineamenta. Comme il est dusage, le texte fit lobjet détude dans deux groupes de travail, constitués selon les langues, italien et anglais. Lors de la rencontre conjointe, on parvint au consensus sur la structure et les changements à apporter au projet. Le travail avança et aboutit à de bons résultats à la réunion des 23 et 24 novembre 2003. Ainsi, les Lineamenta, enrichis des réponses qui parvenaient au fur et à mesure, ont pu être publiés au mois de février de lan 2004. Le débat au sein du Xème Conseil ordinaire fut suivi avec grand intérêt par le Pape Jean-Paul II qui, lors de laudience accordée le 29 novembre 2003 à lÉminentissime Secrétaire général, le Card. Jan Pieter Schotte, approuva définitivement le thème de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques Eucharistia: fons et culmen vitae et missionis Ecclesiae. La date de la célébration était prévue du 2 au 29 octobre 2005. Par une Dépêche du 18 décembre 2003, Son Éminence le Card. Angelo Sodano, Secrétaire dÉtat, communiqua officiellement à lÉminentissime Secrétaire général du Synode des Évêques la décision prise par le Pape Jean-Paul II. Ainsi, le 13 février 2004, on publia sur LOsservatore Romano le thème et la date de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Évidemment, le Souverain Pontife suivit de près aussi la rédaction des Lineamenta, dont le texte était écrit en 8 langues: latin, italien, français, espagnol, portugais, anglais, allemand et polonais. Dès sa publication au mois de février 2004, le document fut envoyé dabord aux Institutions qui en ont droit: Conférences épiscopales, Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris, Dicastères de la Curie romaine, Union des Supérieurs généraux. Puis, à travers les moyens de communication sociale, sa diffusion fut élargie à lÉglise universelle tout entière. À la fin du Document figurait un Questionnaire qui devait aider aussi bien à la réflexion sur lEucharistie, Sacrement éminent de notre foi, quà la rédaction des réponses à envoyer à la Secrétairerie générale du Synode des Évêques avant le 31 décembre 2004. Préparation de lInstrumentum laboris La réception des Lineamenta a été très positive, comme le prouvent, entre autres, le nombre de réponses et d observations reçues. À cet égard, il serait utile dindiquer les données statistiques concernant les réponses aux Lineamenta des derniers Synodes, avec une attention particulière pour les institutions à caractère collégial, comme les Conférences épiscopales et les Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris. Voici les réponses des Conférences épiscopales aux différentes Assemblées générales ordinaires: 1974 De evangelizatione (75,38 %) 1977 De catechesi (67,18 %) 1980 De familia (50,37 %) 1983 De reconciliatione et paenitentia (42,75 %) 1987 De christifidelibus laicis (59,85 %) 1990 De formatione sacerdotum (63,94 %) 1994 De vita consecrata (66,05 %) 2001 De episcopo (62,50 %) 2005 De Eucharistia (94,69 %) Il convient de noter que pour cette Assemblée synodale le pourcentage concernant les Synodes des Églises orientales catholiques sui iuris était de 73 % [1]. Les dicastères de la Curie romaine ont répondu à 100 %. La réponse de lUnion des Supérieurs généraux a été, quant à elle, prompte et bien élaborée. La Secrétairerie générale du Synode des Évêques a reçu en même temps 110 observations individuelles de la part dévêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs du monde entier. Ce haut pourcentage de réponses et dobservations est très significatif. Il faut notamment souligner que presque 95 % des Conférences épiscopales ont répondu; ce qui représente le taux le plus élevé obtenu par une Assemblée générale ordinaire [2]. Ces données statistiques expriment clairement le grand intérêt des Église particulières et dautres institutions ecclésiales pour le thème de la réunion synodale actuelle. Elles indiquent aussi ce quelles attendent du Synode des Évêques pour la vie de lÉglise et pour sa mission dans le monde. En outre, on perçoit, daprès les réponses, que les Lineamenta ont favorisé la réflexion, souvent bien organisée, sur la perception et la célébration de lEucharistie dans les respectifs diocèses, paroisses, institutions, organisations et communautés ecclésiales. Le grand débat, accompagné par la prière, a été dune grande utilité pour les Églises locales afin de vérifier le niveau de compréhension du sacrement de lEucharistie, la fréquence de la participation aux célébrations eucharistiques, surtout le dimanche et les jours prescrits, les conséquences de la foi eucharistique dans la vie personnelle, familiale et sociale. Plusieurs Diocèses ont profité de cette occasion tant pour avoir des données plus précises sur la pratique de la foi de leurs fidèles, que pour promouvoir une action de catéchèse visant à favoriser une plus grande connaissance du mystère du Très Saint Sacrement et den promouvoir différentes formes de célébration et dadoration. Dans dautres lieux, au contraire, cest une Commission de la Conférence épiscopale qui a été chargée de rédiger la réponse aux Lineamenta, délimitant la discussion ecclésiale sur le thème. Par ailleurs, cette réflexion a été encore moins étendue du fait que certaines Conférences épiscopales ont chargé des experts de répondre au Questionnaire. De toute façon, les données qui sont parvenues à la Secrétairerie générale ont permis davoir un panorama assez fidèle sur la manière dont le sacrement de lEucharistie est perçu et célébré dans lÉglise universelle avec ses caractéristiques propres selon les Traditions spirituelles, les différents rites et connotations géographiques et culturelles particulières. Les réponses qui nous sont parvenues de la part dorganismes à caractère collégial et de fidèles à titre personnel représentent labondant matériel qui a été dûment étudié. Grâce à laide dexperts et sous la responsabilité de la Secrétairerie générale, celui-ci a été incorporé et synthétisé dans lInstrumentum laboris. Le Xème Conseil ordinaire a joué un rôle important dans sa rédaction. Au cours de la réunion du 15 au 16 novembre 2004, le schéma du Document a été décidé, en tenant compte de la nature des réponses et des observations qui nous sont parvenues. Le Pape Jean-Paul II a reçu en Audience, le 16 novembre, les membres du Xème Conseil ordinaire, encourageant leur travail au service de lÉglise universelle, qui puise dans lEucharistie les énergies vitales pour sa présence et son action dans lhistoire des hommes (LOsservatore Romano, 17 novembre 2004, page 5). À cet égard, il faut rappeler quun grand nombre de réponses nous sont parvenues après la date indiquée du 31 décembre 2004, mais quelles ont été dûment prises en considération dans le laborieux et délicat travail de rédaction de lInstrumentum laboris. Le Secrétaire général a, le 7 juillet 2005, présenté au cours dune Conférence de presse le document qui, comme dhabitude, a été publié en 8 langues et diffusé par les moyens de communication sociale. Pendant les travaux de préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire, le Pape Jean-Paul II a, le 12 mars 2005, nommé les trois Présidents délégués: leurs Éminences Révérendissimes Messieurs les Cardinaux: Francis Arinze, Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Juan Sandoval Iñiguez, Archevêque de Guadalajara, Mexique, et Telesphore Placidus Toppo, Archevêque de Ranchi, Inde. En même temps, Sa Sainteté a nommé le Rapporteur général, Son Éminence Révérendissime Monsieur le Cardinal Angelo Scola, Patriarche de Venise, et le Secrétaire spécial, Son Excellence Révérendissime Monseigneur Roland Minnerath, Archevêque de Dijon, France. Participation aux réunions synodales du Pape Jean-Paul II Le Seigneur de la vie avait, entre temps, appelé à Lui Son fidèle Serviteur Jean-Paul II le 2 avril 2005. Ainsi le Synode des Évêques perdit-il son Président qui a eu de grands mérites pour le développement de cette institution ecclésiale et collégiale. Avec le décès du Pape Jean-Paul II a disparu lunique Évêque en exercice qui fut le Père synodal de toutes les réunions depuis la fondation du Synode des Évêques jusquà sa dernière Assemblée générale ordinaire au mois doctobre 2001. En particulier, en tant quArchevêque de Cracovie, le Card. Karol Wojtyła fut membre de 5 assemblées synodales: en 1969, 1971, 1974 et 1977. Quant à la première Assemblée générale ordinaire de 1967, par solidarité avec lArchevêque de Varsovie, le Card. Stefan Wyszyński, à qui le gouvernement communiste interdit de sortir du pays, le Card. Wojtyła renonça à se rendre à Rome. Sur ce sujet, il existe une correspondance très intéressante entre la Secrétairerie générale du Synode des Évêques et les délégués polonais absents, qui témoigne de leur participation spirituelle aux travaux synodaux. En lannée 1974, le Card. Karol Wojtyła fut Rapporteur général pour lAssemblée générale ordinaire du Synode des Évêques sur le thème : « Evangélisation dans le monde moderne ». Au cours de son fécond et long Pontificat de presque 27 ans, le Pape Jean-Paul II a convoqué 15 Assemblées synodales, dont 6 Assemblées générales ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994, 2001) ; 1 Assemblée générale extraordinaire (en 1985) et 8 Assemblées spéciales (1980 pour les Pays-Bas, 1991 Ière pour lEurope, 1994 pour lAfrique, 1995 pour le Liban, 1997 pour lAmérique, 1998 pour lAsie, 1998 pour lOcéanie, 1999 IIème pour lEurope). En outre le Pape Jean-Paul II a également engagé la préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, en en laissant la conclusion en héritage à son Successeur, Sa Sainteté Benoît XVI. Dans la célébration de lEucharistie, les fidèles, en sunissant au Seigneur Jésus ressuscité, dépassent les limites du temps et de lespace et, en tant que membres de la communauté des saints, se réjouissent également de la gloire de leurs frères déjà admis à la présence de Dieu dans léternité bienheureuse ou de la joyeuse attente de ceux qui sont en train de se purifier pour pouvoir au plus tôt voir face à face lunique Saint (cf. 1 Co 13, 12). En participant à ce grand mystère dans la célébration du pain et du vin, au nom de tous les Pères synodaux, je rends grâce au Dieu Un et Trine pour la chère personne du Pape Jean-Paul II et pour son éminent service ecclésial en faveur du Peuple de Dieu, accompli pour la plus grande louange et gloire de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Animés par la grâce de lEsprit Saint, nous croyons que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, depuis le ciel, intercédera également pour la réussite de cette Assemblée synodale, afin quelle porte des fruits abondants aux catholiques, aux autres chrétiens, aux croyants de religions non chrétiennes ainsi quà tous les hommes de bonne volonté. Activité synodale du Saint-Père Benoît XVI La succession apostolique permet à lÉglise de Jésus Christ de continuer sa mission dans lhistoire, en transmettant aux nouvelles générations le dépôt intégral de la foi, qui façonne les murs et règle la discipline des fidèles. Grâce aux moyens modernes de communication sociale, les catholiques présents à travers le monde, ainsi que les nombreux fidèles appartenant aux Églises et communautés chrétiennes ou aux diverses confessions religieuses, ont suivi avec une grande participation la période exceptionnelle de la fin du Pontificat du Pape Jean-Paul II et du début de celui de son successeur, Benoît XVI. Il sest agi dune grâce insigne du Seigneur à son Église, qui a pu faire lexpérience, entre autres, de limportance des structures collégiales dans la succession apostolique et notamment, en ce qui concerne lélection du Pontife Romain, du collège cardinalice. En ce lieu, alors que jai le grand honneur de renouveler les plus pieuses salutations au Saint-Père Benoît XVI, qui pour la première fois exerce son droit inné de convoquer et de présider une Assemblée synodale, jaccomplis le devoir très agréable de rappeler certaines informations concernant sa participation aux précédentes réunions synodales. Élu Archevêque de Munich et Freising le 25 mars 1977, Son Éminence Monsieur le Card. Joseph Ratzinger a participé à 16 Assemblées synodales, depuis 1977 jusquà la présente XI Assemblée Générale Ordinaire. Concrètement, en tant quArchevêque de Munich et Freising, S .Ém. le Card. Joseph Ratzinger a pris part à 2 Assemblées générales ordinaires, en 1977 et en 1980. Au cours de la seconde, célébrée sur le thème La famille chrétienne, il fut Rapporteur général. Appelé par le Pape Jean-Paul II, le 15 février 1982, à diriger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Son Éminence a participé à 5 Assemblées générales ordinaires (en 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), à lAssemblée générale extraordinaire de 1985 et à 7 Assemblées spéciales, à lexception de celle pour les Pays-Bas de 1980. Il faut rappeler que S. Ém. le Card. Joseph Ratzinger fut Président délégué de lAssemblée générale ordinaire qui sest déroulée en 1983 sur le thème La pénitence et la réconciliation dans la mission de lÉglise. Si lon considère que chaque Assemblée synodale dure environ quatre semaines, il est facile de conclure que le Saint-Père Benoît XVI a consacré au Synode des Évêques 14 mois environ, un an et 2 mois, soit une part significative de ses 54 ans de vie sacerdotale, dont 28 en tant quÉvêque. À cette constatation sur sa présence à la Réunion synodale, il faut ajouter sa participation aux travaux du Conseil de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, étant donné que S. Ém. le Card. Joseph Ratzinger a fait partie de 4 Conseils ordinaires (1980, 1983, 1987 et 1990) et de 2 Conseils extraordinaires (1983 et 1997) de cette même Secrétairerie générale. IV) Nouveautés dans la méthodologie synodale Grâce à cette grande expérience, le Saint-Père Benoît XVI a bien volontiers indiqué plusieurs innovations dans la méthodologie synodale, dans le but de favoriser encore davantage la nature collégiale du Synode des Évêques. Faisant sienne linitiative du Pape Jean-Paul II, le Saint-Père a décidé de mener à son terme la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, en en modifiant la date. En effet, le 12 mai 2005 fut rendu public de manière officielle que le Souverain Pontife avait confirmé la célébration de cette réunion synodale et le thème choisi, décidant que les travaux se dérouleraient non pas sur quatre, mais sur trois semaines, à savoir du 2 au 23 octobre de lannée courante. Par cette décision, Sa Sainteté a souhaité concentrer davantage les travaux pour en favoriser plus encore laspect collégial et synodal. Cest pour cette raison que les travaux se dérouleront également le samedi après-midi. La réduction de la durée totale de lAssemblée synodale est le résultat de divers facteurs. Dune part, du désir des Pères synodaux eux-mêmes de ne pas sabsenter trop longtemps de leurs propres sièges, même si la réglementation canonique ne pose aucune limite à labsence des Évêques du diocèse dans le cas spécifique du Synode des Évêques. Dautre part, la réduction de la durée de la célébration du Synode trouve son motif, comme on le verra plus avant, dans la redistribution des périodes destinées aux différentes activités synodales (Congrégations générales, Carrefours, etc.), dans le but de rendre la procédure plus souple et plus efficace. La manière de procéder est indiquée en détail dans le Vademecum que chaque participant a reçu au début de la réunion synodale. Il contient la pratique qui a fait ses preuves lors des précédents Synodes, qui est organisée conformément aux normes de la Lettre apostolique Apostolica sollicitudo et de lOrdo Synodi, promulgués par le Pape Paul VI de vénérable mémoire, et aux révisions et ajouts successifs. En outre, le Vademecum fait référence au Code de Droit canonique et au Code des Canons des Églises orientales. Certaines nouveautés dans la méthode synodale sont déjà perceptibles dans le Calendrier des travaux, qui est inséré à la fin du Vademecum. Pour le moment sont prévues 23 Congrégations générales et 7 sessions des Carrefours. Cela est dû aux modifications de la méthodologie synodale et à la réduction du temps de travail. À cet égard, je me permets dindiquer les innovations les plus significatives. 1) Chaque Père synodal pourra intervenir dans la salle du Synode pendant 6 et non plus 8 minutes, comme cétait le cas auparavant. Cette réduction est due à la restriction des travaux à trois semaines, alors que le nombre de participants demeure inchangé, environ 250. Il est superflu de rappeler que les Pères pourront remettre des interventions écrites plus longues, qui seront lobjet dune considération attentive de la part du Secrétaire spécial. 2) En outre, cette réduction est principalement due à lintroduction au cours du débat, dune heure de discussion libre, de 18 à 19 heures, chaque jour, au terme des Congrégations générales. Il sagit dune nouveauté significative pour les participants et pour les Présidents délégués. Ceux-ci seront les modérateurs des discussions en salle. Les Pères synodaux, quant à eux, pourront demander des informations supplémentaires à leurs confrères qui auraient déjà parlé en salle, en faisant également référence à la situation dans leur propre Église particulière. Le libre échange de points de vue et dexpériences permettra, on lespère, dapprofondir les questions de plus grande actualité, notamment à caractère pastoral, liées à la célébration du sacrement de lEucharistie, source de lunité et lien de la communion ecclésiale. Il nest pas superflu dindiquer que la libre discussion devra être circonscrite au thème du Synode: LEucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise. Comme il résulte de lInstrumentum laboris, il sagit dun sujet très riche daspects, autant doctrinaux que pastoraux, qui méritent dêtre approfondis, en ayant à lesprit la pratique dans les Églises particulières respectives. Cest pourquoi, il ne serait pas opportun de rappeler dautres thèmes qui, même sils sont dactualité, ne sont pas en lien à celui de lAssemblée synodale. À cet égard, les Présidents délégués auront la tâche de maintenir la discussion à lintérieur des limites établies. 3) Dans le but de rendre la discussion plus ordonnée, les Pères synodaux sont cordialement priés de suivre dans leurs interventions la structure de lInstrumentum laboris. Comme lon sait, ce document est composé de 4 parties. Aussi souhaite-t-on que la discussion commence par les thèmes de la première partie, quelle se poursuive ensuite sur les thèmes de la deuxième et de la troisième pour arriver à la dernière, la quatrième partie. Cet ordre des interventions exige une certaine discipline. Chaque Père synodal devrait dès les premiers jours du Synode indiquer la partie à laquelle il souhaiterait se référer, en signalant si possible le numéro du paragraphe correspondant. Il est probable que cette méthode soit plus facile à mettre en uvre pour les Évêques choisis par les Conférences épiscopales comptant plus de cent membres, qui ont droit dêtre représentés par 4 Pères synodaux. Chacun pourrait choisir dintervenir sur une partie distincte. Bien sûr il nest pas interdit dintervenir sur dautres sujets dintérêt. Les membres des Conférences épiscopales ayant moins de représentants, des Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris, des Dicastères de la Curie romaine et de lUnion des Supérieurs généraux sont également priés de suivre cet ordre logique. En sinscrivant le plus tôt possible, ceux-ci indiqueront le numéro de lInstrumentum laboris auquel ils souhaitent faire référence ou, éventuellement, la partie du document. La Secrétairerie générale en tiendra compte et, lorsquil ny aura plus de demandes dintervention sur la première partie, les Pères qui se sont inscrits pour la seconde commenceront à parler, et ainsi de suite. Quoi quil en soit, il ne sera pas opposé de refus à déventuelles interventions en ordre dispersé. Il faut toutefois souligner que cette méthode, prévue dans lOrdo Synodi, remédie aux critiques exprimées par un certain nombre de Pères, car, autrement, les interventions au cours de la première phase des travaux synodaux risquent dêtre dispersives et, par conséquent, difficiles à suivre. En outre, lordre dans lexposition devrait favoriser la discussion et donc lapprofondissement des thèmes de plus grand intérêt, notamment au cours de lheure de libre débat. Il nest pas superflu de rappeler que, si un Père ne souhaite pas prononcer publiquement son intervention, il peut en remettre le texte écrit à la Secrétairerie générale, qui se chargera de létudier et de le prendre également en considération comme les autres textes lus en salle. Dans la mesure où le nombre des interventions diminuerait, le temps rendu disponible pourrait être utilisé pour favoriser davantage encore la libre discussion. 4) Étant donné la durée réduite de lAssemblée synodale et de la longue discussion en salle, il a fallu abréger le nombre de séances des 13 Carrefours, organisés selon les 6 langues du Synode: latin, français, anglais, italien, espagnol et allemand. Aussi les membres des carrefours sont-ils priés de se concentrer principalement sur lélaboration des propositions. Chaque proposition, concise et brève, devrait traiter dun seul argument. Il serait bon déviter les prolixes expositions de la doctrine traditionnelle de lÉglise. Les Pères synodaux devraient en revanche formuler des conseils visant à favoriser un renouveau de la pratique pastorale de lÉglise et à promouvoir lapplication doctrinale et spirituelle du sacrement de lEucharistie dans la célébration liturgique et dans la vie personnelle, familiale et sociale des fidèles. 5) Pour encourager une plus grande participation, le Saint-Père Benoît XVI a approuvé la proposition que soient appliquées pour la composition de la Commission chargée du Message les dispositions prévues dans lOrdo Synodi pour les Commissions détude (cf. Art. 8 § 2). Ainsi, la Commission chargée du Message sera elle aussi composée de 12 membres, dont 4 nommés par le Pape, y compris le Président et le Vice-président, alors les 8 autres membres seront élus par les Pères synodaux, en tenant compte des qualités souhaitables pour une telle charge comme, par exemple, les qualifications professionnelles et techniques sur le sujet, la connaissance des langues. Afin dassurer une représentation correcte, il est proposé de choisir cinq candidats, un par continent, un représentant des Églises orientales catholiques sui iuris, un représentant de la Curie romaine et un représentant de lUnion de Supérieurs généraux. À cet égard, il est opportun de tenir compte de la recommandation à ce que les Pères synodaux, appelés à assumer une charge synodale, ne remplissent aucune autre fonction au sein du Synode. Cette règle a pour but de favoriser une distribution équitable des fonctions entre les membres de lAssemblée synodale. 6) Au sein de la XI Assemblée Générale Ordinaire, le nombre dAuditeurs et dExperts est assez élevé. On en trouve la raison principale dans les modifications de la méthodologie synodale et la réduction de la durée de la réunion synodale, qui exigent nécessairement un fort engagement. 32 Experts participeront à la réunion synodale, qui suivront les interventions des pères et assisteront, principalement, le Secrétaire spécial dans laccomplissement de ses devoirs. Les 27 Auditeurs, prêtres, personnes consacrées, laïcs, hommes et femmes, provenant de différentes régions du monde, enrichiront la discussion synodale à travers leurs témoignages sur limportance du sacrement de lEucharistie dans leur vie personnelle et communautaire, ainsi que dans les multiples activités sociales, selon la spiritualité eucharistique qui leur est propre. 7) Le Souverain Pontife Benoît XVI a voulu augmenter le nombre de Délégués fraternels, représentants dautres Églises chrétiennes et communautés ecclésiales. Ils sont au nombre de 12 et proviennent des Églises orthodoxes, des Anciennes Églises dOrient et des Communautés dérivées de la Réforme qui ont une vision semblable à la vision catholique du mystère de lEucharistie. Dans un tel geste, il nest pas difficile de percevoir un signe supplémentaire de considération du Souverain Pontife envers le dialogue cuménique avec les Églises et communautés ecclésiales qui croient dans le Seigneur Jésus présent dans lEucharistie et qui sefforcent den vivre les conséquences. 8) Comme on peut le vérifier, viennent également sajouter des innovations dordre technique qui devraient favoriser les travaux et, par conséquent, latmosphère de collégialité épiscopale et ecclésiale, joyeuse et responsable. Je fais référence à lamélioration de léclairage, au perfectionnement des services télé-vidéo ; aux scrutins électroniques sur les questions de moindre portée, etc. De cette uvre, il faut remercier Son Éminence Monsieur le Cardinal Edmund Casimir Szoka, Président du Gouvernatorat de la Cité du Vatican, ainsi que le personnel qui, en un temps relativement bref, est parvenu à introduire des innovations techniques significatives dont, je lespère, tous les participants tireront bénéfice. 9) La Divine Providence a voulu que la célébration de la XI Assemblée Générale Ordinaire coïncide avec le 40ème anniversaire de linstitution du Synode des Évêques. Une session des travaux sera consacrée à la commémoration de ce grand événement. Deux conférences principales sont prévues, lune dordre théologique, lautre à caractère juridique sur la nature du Synode des Évêques. Suivront ensuite 7 brèves communications sur les résultats positifs des Assemblées spéciales du Synode des Évêques. Outre celles-ci, qui concernent les Synodes continentaux, sera prononcée une intervention sur les Synodes pour les Pays-Bas et pour le Liban. Ensuite, sil en reste le temps, lon pourra, à travers un libre échange de points de vue, approfondir certains thèmes pour tenter daméliorer encore la méthodologie synodale pour le bien de lÉglise et de la société, où vivent et uvrent les chrétiens. V) Activités de la Secrétairerie générale La préparation de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques a occupé une grande partie de lactivité de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques ces derniers temps. Toutefois, elle a continué de mener également dautres activités. Parmi celles-ci, je me permets den indiquer brièvement quelques unes. La Secrétairerie générale a entrepris le travail de mise à jour de lOrdo Synodi, en conformité aux normes canoniques, notamment du Code de Droit canonique et du Code des Canons des Églises orientales, publiés après la promulgation de lOrdo. Après la présente Assemblée générale ordinaire, cette initiative se poursuivra, enrichie par lexpérience de la présente réunion synodale avec ses innovations méthodologiques déjà annoncées. Réunion des Conseils de la Secrétairerie générale Depuis la dernière Assemblée générale ordinaire du mois doctobre 2001, la Secrétairerie générale du Synode des Évêques a tenu diverses réunions avec les membres de ses Conseils. Il sagit dune expérience extrêmement profitable pour 100 Évêques environ, provenant de toutes les régions du monde, qui à travers la Secrétairerie générale fournissent au Saint-Père des informations sur les situations ecclésiales et sociales dans leurs pays respectifs, accompagnées de conseils visant à consolider la présence de lÉglise, à favoriser lévangélisation, à promouvoir la paix, la réconciliation et la justice dans chacun de ces pays ou régions. Ces rencontres sont extrêmement utiles parce que non seulement elles apportent des informations de qualité au sujet de la mise en uvre des Exhortations post-synodales, mais aussi parce que, dans un dialogue collégial, elles permettent de partager les espérances et les préoccupations des confrères dans lexercice de leur ministère épiscopal. Les rencontres de chacun de ces Conseils avec le Saint-Père, lorsque cela est possible, représentent des moments dintense communion et de profonde collégialité épiscopale. Les discours du Saint-Père prononcés en de telles occasions ont été dun grand réconfort non seulement pour les membres des Conseils, mais aussi pour tous les Évêques de chacune des Églises particulières, parts vivantes de lunique Église catholique, dont lÉvêque de Rome est le signe et le garant dunité et de communion. Comme il a déjà été rappelé, le Xème Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale sest réuni 8 fois. Par ailleurs se sont tenues les réunions suivantes des 6 Conseils spéciaux de la Secrétairerie générale. Le Conseil spécial pour lEurope sest réuni 3 fois, aux dates suivantes: du 21 au 23 novembre 2003, le 6 mai 2005 et le 14 mai 2005. Le Conseil spécial pour lAmérique a tenu 4 réunions: les 20 et 21 juin 2001, les 2 et 3 octobre 2002, le 14 octobre 2003, et le 5 novembre 2004. Le Conseil spécial pour lOcéanie a eu 3 sessions: le 23 novembre 2001, du 28 au 31 mai 2002 et les 18 et 19 février 2004. Le Conseil spécial pour le Liban sest réuni 2 fois: les 22 et 23 mai 2002 et les 16 et 17 mars 2004. Le Conseil spécial pour lAsie a tenu 4 réunions: les 20 et 21 novembre 2001, du 19 au 21 novembre 2002, les 18 et 19 novembre 2003 et les 18 et 19 novembre 2004. Le Conseil spécial pour lAfrique a eu une activité plus intense due également à la préparation de la IIème Assemblée spéciale pour lAfrique du Synode des Évêques. En effet, les membres du Conseil que lon a mentionné se sont réunis 6 fois: les 7 et 8 juin 2001, les 11 et 12 juin 2002, les 18 et 19 juin 2003, les 15 et 16 juin 2004, les 24 et 25 février 2005 et les 21 et 22 juin 2005. Comme lon sait, le 13 novembre 2004, le Pape Jean-Paul II exprima lintention de convoquer la IIème Assemblée spéciale pour lAfrique du Synode des Évêques. Le Saint-Père Benoît XVI a fait sienne cette volonté. Dans le discours du 22 juin 2005, confirmant la décision de son Prédécesseur, il a précisé: « Je désire annoncer mon intention de convoquer la Deuxième Assemblée spéciale pour lAfrique du Synode des Évêques ». Dans le même temps, Sa Sainteté a précisé lobjectif dune telle réunion collégiale: « Jai la certitude que cette Assemblée apportera un élan supplémentaire sur le continent africain, à lévangélisation, à la consolidation et à la croissance de lÉglise ainsi quà la promotion de la réconciliation et de la paix ». Actuellement, le Conseil spécial pour lAfrique de la Secrétairerie générale, avec laide de plusieurs experts, est en train de préparer les Lineamenta de la réunion synodale que lon a mentionnée qui seront rendus publics en leur temps, avec lapprobation du Saint-Père. Tous les fidèles, en particulier les participants à la XI Assemblé générale ordinaire, sont invités à prier afin que la IIème Assemblée spéciale pour lAfrique du Synode des Évêques renforce la présence de lÉglise dans toute lAfrique, quelle donne un nouveau dynamisme à lévangélisation et à la promotion humaine et que les fils de lÉglise deviennent encore davantage des agents de la réconciliation, de la paix et de la justice sur le grand continent africain. VI) Conclusion Jai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous (Lc 22,15). La parole du Seigneur retentit dans lÉglise depuis deux mille ans et, autour de la table eucharistique, réunit les chrétiens, hommes et femmes, membres du Peuple de Dieu, qui, en se nourrissant du pain descendu du ciel, reçoivent la vie en abondance (cf. Jn 10, 10). Dans lEucharistie, par conséquent, se manifeste un chemin dans une double direction. En Jésus Christ, mort et ressuscité, Dieu lui-même vient à la rencontre de lhomme racheté, le purifie de ses péchés, le nourrit avec le pain véritable, celui qui donne la vie au monde (cf. Jn 6, 33), en laccompagnant au cours de son pèlerinage terrestre vers la patrie céleste. À ce parcours descendant du Seigneur Jésus, correspond le parcours ascendant de lhomme qui, au plus profond de lui-même, aspire à rencontrer Dieu, puisquil a été créé à son image (cf. Gn 1, 27). Malgré diverses hésitations et de possibles égarements, liés au don de la liberté, dans la rencontre avec Dieu, lhomme se trouve lui-même, trouve le sens de son existence et le but de son destin éternel, qui consiste dans la vision bienheureuse. Dans lEucharistie a ainsi lieu la rencontre entre Dieu et lhomme. Elle est la forme par excellence de la présence de Dieu dans le sacrement de lhumanité glorifiée de Jésus Christ, qui soffre comme nourriture et boisson en toute célébration eucharistique. Dans le même temps, en sapprochant de lEucharistie, lhomme obtient du Seigneur Jésus la grâce qui transforme sa vie. Dans ce sublime sacrement, il trouve la vérité sur Dieu, sur sa propre existence et sur le monde créé, la force pour demeurer fidèle à la vocation chrétienne au milieu des tentations du monde, lardeur de la charité pour être témoin de lamour de Dieu en particulier à légard des plus pauvres et des plus petits (cf. Mt 25, 31-44). En se nourrissant à la table du Seigneur, le fidèle est appelé à mettre en pratique dans la vie de chaque jour, lenseignement du maître qui nest pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude (Mt 20, 28). Licône éloquente de cette attitude est le lavement des pieds (cf. Jn 13, 1-15). Une telle attitude de service eucharistique est perceptible de manière particulière dans la vie des saints qui ont atteint le degré dexcellence dans la perfection de la vocation chrétienne, grâce au sublime sacrement de lEucharistie qui était au centre de leur vie. Ceux-ci nous offrent un exemple toujours actuel de la spiritualité eucharistique comme chemin privilégié vers la perfection chrétienne. Par ailleurs, ils intercèdent continuellement pour nous, afin que, communiant au corps et au sang de Jésus Christ, nous devenions toujours davantage ce que par la grâce nous sommes déjà: fils de Dieu, membres de lÉglise, cest-à-dire du Corps mystique de Jésus Christ (cf. Col 1, 18). Parmi les saints, une place tout à fait particulière est occupée par la Bienheureuse Vierge Marie, Femme eucharistique (cf. EE, n. 53). Elle précède la grande foule des bienheureux et des saints reconnus par lÉglise, dont certains sont rappelés au n. 76 de lInstrumentum laboris. À ceux-ci, il faut ajouter une multitude immense, de toute nation, race, peuple et langue (cf. Ap 7,9), dont la sainteté nest connue quaux yeux de Dieu. Parmi eux, portés sur les ailes de la foi, nous osons espérer que se trouve également le Pape Jean-Paul II et tant dautres Évêques, qui durant leur vie terrestre ont rendu dadmirables services à lÉglise en promouvant en particulier la collégialité épiscopale. Parmi eux, S.Ém. le Card. Jan Pieter Schotte peut être indiqué comme un exemple de serviteur fidèle à lÉglise et au Saint-Père, dont nous recommandons la personne à la miséricorde de Dieu, bon et clément. En cette Année de lEucharistie, toute lÉglise accompagne par la prière la célébration du Synode des Évêques. Comme au début de lÉglise pour saint Pierre Apôtre (cf. Ac 12, 5), à présent également une prière particulière sélève incessamment vers Dieu pour le Saint-Père Benoît XVI, au début de son pontificat, en cette aube du Troisième millénaire du christianisme. Les fidèles, rendant grâce à Dieu tout-puissant pour son élection sur la chaire de Rome, invoquent sur lui labondance des dons de lEsprit Saint afin que, discernant les signes des temps, il puisse guider la barque de Pierre (cf. Jn 21, 11) vers la tranquillité du port, sans craindre déventuelles bourrasques et tempêtes, mais en sen remettant au Seigneur Jésus-Christ, le seul capable de les apaiser (cf. Mt 8, 23-27). Cette prière chorale inclut, également, les successeurs des apôtres, les Évêques, appelés à participer à la sollicitude pour lÉglise universelle de lÉvêque de Rome et Chef du collège épiscopal. Loraison accompagne par conséquent les travaux de la XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Sous la conduite de lEsprit du Seigneur ressuscité, puisse la présente réunion synodale être dune grande aide au Ministère du Souverain Pontife et des Évêques, dans la collégialité et dans la communion hiérarchique. Le service ecclésial du Synode des Évêques devient précieux surtout lorsquil cherche à approfondir les applications pastorales de la foi dans le sacrement de lEucharistie, qui depuis deux mille ans représente la source de la vie de lÉglise et la raison de sa mission dans le monde. En sunissant à lintercession de lÉglise du ciel, le Peuple de Dieu supplie le Seigneur, afin que soit apporté un nouvel élan à la célébration du sublime mystère du pain de la vie (cf. Jn 6, 35) et du calice de la nouvelle alliance (cf. Lc 22, 20), que soit suscité un amour renouvelé pour ladoration du Très Saint Sacrement et que soit ravivée la créativité de la charité fraternelle étant donné les grandes attentes de lhomme contemporain et les croissantes nécessités de notre monde. Merci de votre patiente écoute. Bon travail au nom du Seigneur. Notes [1] La Secrétairerie générale du Synode des Évêques na pas reçu les réponses du Synode de lÉglise syro-malabare, du Patriarcat dAntioche des Maronites et du Conseil de lÉglise dÉthiopie. [2] La Secrétairerie générale du Synode des Évêques na pas reçu les réponses des Conférences épiscopales de: Gabon, Iran, Laos et Cambodge, Namibie, Pacifique Turquie. [00008-03.11] [NNNNN] [Texte original: latin] ● RAPPORT AVANT LE DEBAT GENERAL DU RAPPORTEUR GENERAL, S. EM. LE CARD. ANGELO SCOLA, PATRIARCHE DE VENISE (ITALIE) INTRODUCTION Eucharistie: la liberté de Dieu vient à la rencontre de la liberté de lhomme I. Admiration eucharistique II. LEucharistie implique lévangélisation III. LEucharistie et la ratio sacramentalis de la Révélation PREMIER CHAPITRE Le novum du culte chrétien I. La logikē latreía (Rm 12, 1) II. La valeur du rite eucharistique III. La célébration eucharistique fait lÉglise 1. Une première confirmation: lÉvêque, liturge par excellence 2. Une deuxième confirmation: la nature du temple chrétien 3. Une troisième confirmation: Intercommunion? DEUXIÈME CHAPITRE Laction eucharistique I. Éléments distinctifs de la célébration eucharistique 1. Indissociable unité de liturgie de la parole et de liturgie eucharistique a. Le don eucharistique: ni droit ni possession a1. Assemblée dominicale dans lattente du prêtre a2. Viri probati? 2. Adoration 3. Attitude de confession et pénitence a. Les divorcés remariés et la communion eucharistique 4. Ite missa est II. Ars celebrandi et actuosa participatio TROISIÈME CHAPITRE Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de lEucharistie I. Deux prémisses 1. Eucharistie et évangélisation 2. Eucharistie, interculturalité et inculturation II. Dimension anthropologique de lEucharistie III. Dimension cosmologique de lEucharistie IV. Dimension sociale de lEucharistie CONCLUSION Lexistence eucharistique dans la situation contemporaine I. Résumé synthétique II. Un souhait final INTRODUCTION Eucharistie: la liberté de Dieu vient à la rencontre de la liberté de lhomme I. Admiration eucharistique Lorsquils célèbrent lEucharistie, les fidèles peuvent, dune certaine façon, vivre à nouveau lexpérience des deux disciples dEmmaüs: leurs yeux souvrirent et ils le reconnurent (Lc 24, 31) [1]. Cest pour cela que Jean-Paul II affirme que laction eucharistique suscite une admiration [2]. Ladmiration est la réponse immédiate de lhomme à la réalité qui linterpelle. Elle exprime la reconnaissance que la réalité lui est amie, cest un élément positif qui vient au-devant de ses attentes constitutives. Dans son Épître aux Romains, Saint Paul en explique la raison: la réalité se fait la gardienne du bon dessein du Créateur. À tel point que lApôtre a pu dire des hommes quils suffoquent la vérité dans linjustice, quils sont inexcusables puisque ayant connu Dieu - vu que ce quil a dinvisible depuis la création du monde se laisse voir à lintelligence à travers ses uvres - ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu gloire ou actions de grâces (cf. Rm 1, 19-21). Lincertitude et la crainte peuvent, au contraire, se faufiler, en un second temps, au sein de lexpérience de lhomme lorsquen raison de la finitude et du mal, la crainte que la positivité de la réalité ne demeure pas, se fraye un chemin en lui. Ainsi, dun côté, laction eucharistique, comme du reste le christianisme entier en tant que source dadmiration [3], sinscrit dans lexpérience humaine comme telle. Toutefois, de lautre, Elle se manifeste comme un événement inattendu et tout à fait gratuit. Dans lEucharistie, on révèle que le dessein de Dieu est un dessein damour. Et que le Deus Trinitas, qui est amour en Lui-même (cf. 1Jn 4, 7-8), sincline dans le Corps donné et le Sang versé par Jésus-Christ, jusquà devenir corps et sang qui alimentent la vie de lhomme (cf. Lc 22, 14-20; 1Co 11, 23-26). Comme les deux disciples dEmmaüs, régénérés par ladmiration eucharistique, reprirent leur chemin (cf. Lc 24, 32-33), ainsi le peuple de Dieu, sabandonnant à la force du sacrement, est poussé à partager lhistoire de lensemble des hommes. Jean-Paul II, avec grande prévoyance, a voulu prolonger les fruits bénéfiques du Grand Jubilé au cours de lAnnée Eucharistique spéciale [4], en établissant que cette XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sera dédiée à lEucharistie: source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise, ce que le Pape Benoît XVI a immédiatement adopté. La célébration eucharistique solennelle, par laquelle hier nous avons commencé dans la Basilique Saint-Pierre, nous a introduits à cette attitude dadmiration qui permettra de contribuer, si elle est secondée de façon opportune dans nos travaux, à une redécouverte de la centralité et de la beauté de lEucharistie de la part de lÉglise répandue dans le monde entier. Pour quelle raison lEucharistie est-elle le cur fascinant de la vie du peuple de Dieu destiné au salut de lhumanité entière? Parce quelle révèle et rend présent Jésus-Christ aujourdhui comme sens accompli de lexistence humaine dans toutes ses dimensions personnelles et communautaires [5]. Et elle le documente au niveau anthropologique, cosmologique et social. Dans le mystère du Verbe incarné, le mystère de lhomme trouve une véritable lumière [6]: dans lEucharistie, cette affirmation centrale révèle tout son réalisme. Loffrande totale que lhomme, être fait dâme et de corps [7], fait de soi, de ses affections et de son uvre est résumée dans le pain et le vin, fruits de la terre et du travail. Cest aussi dans ce mystère quest exprimé son rapport dinteraction permanente avec le cosmos et que se trouve également sa solidarité originaire avec lensemble des hommes, ses frères, à partir de la famille et des communautés les plus proches jusquaux extrémités de la terre. Dans le don eucharistique, laccès à la Vérité vivante et personnelle qui rend réellement libres est permis au croyant (cf. Jn 8, 36). Dans lEucharistie, linvitation de Jésus si tu veux être parfait (Mt 19, 21) prend tout son sens. Lhomme est provoqué à sortir de lui-même et à aller vers les autres et vers la réalité, afin de satisfaire le désir inextirpable de joie quil porte en son cur [8]. Dans lEucharistie, Jésus devient concrètement le Chemin à cette Vérité qui donne la Vie (cf. Jn 14, 6) [9]. En Elle, lÉglise, réalité à la fois personnelle et sociale, devient concrètement un peuple des peuples, cette admirable entité ethnique sui generis dont parlait Paul VI [10]. Lensemble du Triduum Pascal est source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise. Mais ce dernier est comme recueilli, anticipé et concentré pour toujours dans le don eucharistique étant donné quil met en place une mystérieuse contemporanéité entre ce Triduum et lécoulement des siècles [11]. Cest pour cela que, depuis deux mille ans, le saint peuple de Dieu, à quelque génération, catégorie, race ou culture quil appartienne, conflue chaque dimanche dans lecclesia eucaristica, en confessant publiquement sa propre foi. LEucharistie révèle, en effet, en elle-même et dans sa connexion avec le septénaire sacramentel toute la portée du mystère de la foi [12]. Ceci explique concrètement la raison pour laquelle, même au cours dépoques et dans des lieux de grande tribulation, lÉglise, soutenue par lEsprit, na jamais disparu. Ce qui a contribué à len empêcher, cest justement la pratique bimillénaire [13] de mettre au centre même de lÉglise laction eucharistique dominicale. Voici, de façon extrêmement synthétique, les raisons qui peuvent susciter ladmiration eucharistique chez les hommes et les femmes de tout temps et de tout lieu. Cette Relatio ante disceptationem a pour but de chercher à les illustrer quelque peu. Grâce à la préparation tracée dabord par les Lineamenta et ensuite par lInstrumentum laboris, mais sans prétendre vouloir être exhaustif, tout en évitant de négliger les principaux problèmes, elle a pour seul but dintroduire le dialogue entre les Pères Synodaux. Par commodité, jen anticipe les principales articulations. Après mêtre référé à ladmiration eucharistique, lIntroduction (Eucharistie: la liberté de Dieu vient à lencontre de la liberté de lhomme) met en évidence le lien de lEucharistie avec lévangélisation et la ratio sacramentalis propres de la Révélation. Dans le Premier Chapitre (Le novum du culte chrétien), jessaierai de mettre en évidence la nouveauté du culte chrétien. Le Deuxième Chapitre (Laction eucharistique) concernera laction eucharistique dans ses éléments distinctifs et le lien nécessaire entre ars celebrandi et actuosa participatio. Le Troisième Chapitre (Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de lEucharistie) a pour but de montrer comment lEucharistie possède intrinsèquement une dimension anthropologique, une dimension cosmologique et une dimension sociale. La Conclusion (Lexistence eucharistique dans la situation contemporaine) offrira un résumé synthétique au sujet traité et sachèvera par un bref souhait concernant nos travaux. II. LEucharistie implique lévangélisation Les données recueillies dans lInstrumentum laboris, préparé en vue de cette Assemblée Synodale, montrent que la pratique eucharistique est plutôt variée dans les grandes régions du globe. Ceci est sûrement dû aux différences culturelles significatives qui les caractérisent et qui sexpriment de façon évidente notamment dans la qualité de la participation à lEucharistie qui, elle-même, est reliée à lauthenticité de lars celebrandi. Toutefois, une remarque générale simpose. Lextinction de ladmiration eucharistique dépend, en dernière analyse, de la finitude et du péché du sujet. Pourtant, ce dernier trouve souvent un terrain de culture dû au fait que la communauté chrétienne qui célèbre lEucharistie est distante de la réalité. Elle la vit de façon abstraite. Elle ne parle plus à lhomme concret, à ses affections, à son travail, à son repos, à ses exigences dunité, de vérité, de bonté, de beauté. Cest ainsi que laction eucharistique, séparée de lexistence quotidienne, naccompagne plus le croyant dans le processus de maturation de son moi propre et de son rapport avec le cosmos et la société. LAssemblée Synodale devra examiner attentivement cet état de fait et suggérer de possibles remèdes. Elle ne pourra pas se limiter à rappeler la centralité de lEucharistie et du dies Domini. Objectivement, celle-ci nest pas en cause, mais la difficulté réside dans le fait de savoir comment réussir à réveiller ladmiration générée par lEucharistie au sein des nombreux baptisés non pratiquants (dans certains pays européens, ces derniers peuvent dépasser 80% du total). Avant que les hommes puissent sapprocher de la liturgie ne loublions pas il est nécessaire quils soient appelés à la foi et à la conversion [14]. Lannonce et le témoignage personnels et communautaires de Jésus-Christ à lensemble des hommes sont donc indispensables afin de susciter des communautés chrétiennes qui soient vitales et ouvertes. En outre, la vie de telles communautés requiert une formation systématique à la pensée du Christ (1Co 2, 16), (catéchèse surtout celle concernant linitiation chrétienne des enfants et des adultes et culture). Elle passe à travers léducation envers ce qui est gratuit (charité, engagement de partage social) et requiert une communication universelle de la vie nouvelle en Jésus-Christ (mission). En un mot, les facteurs constitutifs de lévangélisation et de la nouvelle évangélisation sont des implications essentielles de laction eucharistique. III. LEucharistie et la ratio sacramentalis de la Révélation Le Concile Vatican II, surtout dans la Constitution Dogmatique Dei Verbum, a mis en évidence le caractère dévénement propre de la Révélation. Il a ainsi offert une base doctrinale solide au réalisme eucharistique qui, seul, garantit une contemporanéité entre le Triduum salvifique de la Pâque et lhomme de tous les temps. La Constitution approfondit lenseignement de Vatican I en clef christocentrique. La Révélation saccomplit et se complète dans la Personne et lhistoire de Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, crucifié, mort et ressuscité pour nous les hommes et pour notre salut [15]. Dans Son uvre de rédemption, Il révèle le visage miséricordieux du Père qui, à travers la puissance de lEsprit du Ressuscité, nous rend fils dans le Fils (cf. Ep 1, 5). Jésus-Christ, nomen Trinitatis publicando [16], à travers le don total de Sa vie innocente, résout lénigme de lhomme et valorise ainsi sa liberté en lautorisant à décider sur lui-même. En effet, Jésus-Christ demande à la liberté de chaque homme daccueillir Son don dans chaque acte de sa propre existence à travers lobéissance de la foi (cf. Ap 3, 20). Un tel accueil implique également de la part de lhomme le don total de soi (cf. Mt 19, 21). Il sensuit une exclusion de toute conception magique du sacrement en général et de lEucharistie en particulier. Lévénement unique du Triduum Pascal a été anticipé par le Christ lui-même dans la Cène avec les siens quIl a ardemment désirée (cf. Lc 22, 15). Assis autour dune table avec ses apôtres dans le cénacle, Jésus a institué lEucharistie. À travers le don de lEsprit Saint qui permet dobéir de manière efficace au commandement faites cela en mémoire de moi (Lc 22, 19; 1Co 11, 25), Il donne au croyant de tous les temps la possibilité de participer au salut. Ainsi, dans laction eucharistique, la liberté de Dieu rencontre effectivement la liberté de lhomme. À partir de cette rencontre de liberté, le chrétien, marqué par la reconnaissance du don de Dieu et par la communion avec Lui et avec ses frères, est poussé à donner à sa vie tout entière une forme eucharistique [17]. Et ceci parce que, dans lEucharistie sexprime de façon éminente celle que Fides et ratio appelle la ratio sacramentalis de la révélation [18]. Elle permet au fidèle de découvrir quà travers toutes les circonstances et tous les rapports dont est objectivement constituée lexistence humaine, lévénement de Jésus-Christ appelle sa liberté à un engagement progressif avec la vie de la Trinité. Cest Jésus-Christ lui-même qui laccompagne dans cette expérience: je suis avec vous pour toujours jusquà la fin du monde (Mt 28, 20). Cest pour cela quIl assure à la communauté chrétienne Sa présence damour: Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu deux (Mt 18, 20). Cest ainsi que, depuis le début, a vécu la communauté primitive: Ils se montraient assidus à lenseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Ac 2, 42). Et, sur la vie de ce peuple de Dieu qui traverse lhistoire, la perspective eschatologique dans laquelle Jésus a placé laction eucharistique, depuis son institution, jette une lumière fulgurante: Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusquau jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père (Mt 26, 29; Mc 14, 25; Lc 22, 18). La ratio sacramentalis, impliquée dans le mystère de lincarnation, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, montre que la vie de tout homme est objectivement une vocation. Chaque état de vie [19] (mariage, sacerdoce ministériel, virginité consacrée) reçoit du mystère eucharistique le fondement primordial de sa propre forme. Ainsi, dans la convocation eucharistique, tout croyant trouve lorigine et le sens de sa propre vocation qui imprime à son existence une forme eucharistique. PREMIER CHAPITRE Le novum du culte chrétien Le fait important constitué par la pratique bimillénaire de la célébration eucharistique dominicale, décisive pour la genèse et la croissance des communautés chrétiennes de tout temps et de tout lieu, nest pas fortuit. Ce primat de lEucharistie comme action sexplique de façon exhaustive à partir de la ratio sacramentalis de la révélation doù jaillit la forme eucharistique de lexistence chrétienne. Pour cela, il faut décidément mettre au centre de nos travaux sur lEucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise, lapprofondissement de laction eucharistique même. Ce choix permet de dépasser toute fausse opposition entre théologie et liturgie. I. La logikē latreía (Rm 12, 1) Tout en reconnaissant avec les spécialistes une certaine continuité anthropologique différenciée des rites qui sont propres aux formes religieuses variées, et surtout avec les rites sacrificiels de lAncien Proche-Orient, avec les repas sacrés hellénistiques et, en particulier, avec ceux du judaïsme dépoque hellénistique, il est aujourdhui reconnu par tous que lEucharistie de Jésus au cours de la Dernière Cène a donné vie à un novum. Linstitution de lEucharistie sinsère dans une cène rituelle, dont le contexte pascal est désormais prouvé (cf. Mt 26, 19-20; Mc 16-18; Lc 22, 13-14; Jn 13, 1-2) [20], tout comme cette singulière action à travers laquelle Jésus associe les Siens à Son heure et à Sa mission, en anticipant le sacrifice de Sa Pâque, chemin définitif pour linstauration du Règne. En mangeant Son Corps et en buvant Son Sang, les disciples sont incorporés au Christ. De cette manière, seffectue cette communion qui constitue lÉglise. Lors de la dernière Cène, en parlant aux disciples même avec des paroles contenant la somme de la Loi et des Prophètes [21], Jésus-Christ soffre Lui-même comme unique victime proportionnée au Père (cf. Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-24; Lc 22, 19-20; 1Co 11, 23ss). Dans cet acte, Il engage également les Siens, non pas dans le cadre dun souvenir formel et triste de Sa personne et de Son action, mais dans celui dune participation permanente et active de ses disciples à Son offrande jusquà la fin des temps: faites cela en mémoire de moi (Lc 22, 19). Cest ainsi que ressort le lien indissoluble qui relie lEucharistie à lÉglise et lÉglise à lEucharistie. Ce nest pas un hasard si ecclesia est le terme technique qui indique, depuis le début, laction de se réunir pour célébrer lEucharistie propre aux chrétiens (cf. 1Co 11, 18; 14, 4-5.19.28). LÉglise vit de lEucharistie depuis ses origines. En elle, elle trouve la raison de son existence, la source intarissable de sa sainteté, la force de lunité et le lien de la communion, limpulsion de sa vitalité évangélique, le principe de son action dévangélisation, la source de la charité et lélan de la promotion humaine, lanticipation de sa gloire dans le banquet éternel des Noces de lAgneau (cf. Ap 19, 7-9) [22]. À partir de ceci, laction eucharistique émerge dans toute sa force de source et sommet de lexistence ecclésiale du chrétien car elle exprime, dans le même temps, tant la genèse que laccomplissement du culte nouveau et définitif, la logikē latreía: Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre (logikēn latreían) (Rm 12, 1). Dans cette vision paulinienne du nouveau culte comme offrande totale de sa propre personne Que 1'Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire, [23] -, toute séparation entre sacré et profane est définitivement dépassée. Le culte chrétien nest pas une parenthèse à lintérieur dune existence vécue dans un horizon profane. Il nest pas non plus un pur acte sacrificiel et réparateur des offenses et des prises de distance du regard de Dieu. Le nouveau culte chrétien devient lexpression de la rénovation de toute lexistence: soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1Co 10, 31). Tout acte de liberté du chrétien est ainsi appelé à être un acte de culte. De là découle la nature intrinsèquement eucharistique de la spiritualité chrétienne. Par le fait quelle assume lhumain dans toute sa densité historique, lEucharistie, sommet du septénariat sacramentel [24], permet, jour après jour, la progressive transfiguration de lhomme prédestiné et appelé par la grâce à être à limage du Fils même (cf. Ep 1, 4-5). Pensons à lextraordinaire efficacité du Baptême: nous découvrons que les fils, incorporés au Christ dans lÉglise, sont nôtres car ils sont fils de notre Père qui est aux Cieux. La Confirmation révèle aux confirmands, appelés au témoignage, que les affections et le travail reçoivent leur vérité du don de lEsprit de Jésus-Christ, mort et ressuscité. À travers le sacrement, lexpérience déterminante de la vie affective, le Mariage, est confié au Seigneur par lÉglise. Lui seul est en mesure de réaliser le pour toujours de lamour que toute épouse et tout époux porte dans son cur lorsquelle ou il aime vraiment. Et nest-ce peut-être pas lattention la plus humaine et délicate envers la liberté, souvent blessée par le péché, celle que lÉglise nous offre en nous invitant à la réconciliation avec Dieu et avec nos frères dans le sacrement de la Pénitence? Lorsquen outre lhomme est blessé dans sa propre chair par linévitable épreuve de la maladie, lOnction des malades exprime la proximité spéciale de Jésus qui a tant souffert et est mort et ressuscité pour nous. Une proximité tout à fait particulière, si elle est accompagnée par la possibilité qui est offerte aux malades de recevoir régulièrement la Communion et, quand cela est nécessaire, le Saint Viatique. Ceci afin que nous puissions guérir immédiatement et que, de toute façon, nous ne perdions pas lespoir de ressusciter avec Lui, de Le rencontrer à nouveau et de nous rencontrer à nouveau dans notre vrai corps. Par ailleurs, certains sont appelés au service du peuple de Dieu en tant que ministres ordonnés (le sacrement de lOrdre), non pas à cause de leurs mérites mais à linitiative de lEsprit de Jésus. Ainsi, la vie liturgique de nos communautés ne fait que témoigner de la manière dont, dans le cours concret de lexistence humaine naissance, relations, amour, douleur, mort, vie après la mort Jésus se rend présent à tous les hommes, chaque jour et en toute situation [25]. Dans lanalyse que lon vient de tracer, émerge à nouveau la force de la ratio sacramentalis, propre au génie catholique. II. La valeur du rite eucharistique Dans cette vision inaugurée par lEucharistie chrétienne, non seulement le culte, mais également le rite prends une physionomie radicalement nouvelle. À savoir celle de laction du Christ même qui, par le don de Son Esprit, admet les Siens à la présence du Père pour servir en ta présence [26]. Par sa nature de source de la logikē latreía, laction eucharistique rituelle vient même à être objectivement également la plus essentielle et décisive de toutes les actions humaines. Dans le rite eucharistique fait en effet irruption, à un instant précis du temps, la signification accomplie de lhistoire, et, donc, sa vérité. De cette façon, le rite eucharistique opère une rupture de la continuité dans la succession des événements quotidiens de lhomme, mais cest justement dans lespace ouvert dune telle discontinuité que lhomme apprend à se décider en ce qui concerne la vérité qui lui est objectivement donnée dans le rite même. Ce choix survient dans la foi: on peut se rapporter à la vérité donnée seulement dans le don total de soi. Par conséquent, laction eucharistique est source et sommet de lexistence ecclésiale chrétienne justement en vertu de la célébration même du rite qui exprime dune manière adéquate, et en toute sa substantielle plénitude, la foi vécue par le peuple chrétien. Cette action eucharistique rituelle, insérée en temps et en espace dans le déroulement de lexistence quotidienne, mais provenant dans le même temps den haut en tant que sacrement, cest-à-dire en tant que signe et instrument efficace de la grâce divine, devient un paradigme de lexistence tout entière de lhomme [27]. Le rite eucharistique nest pas accidentel par rapport à lexistence personnelle et sociale, et il nest pas non plus extrinsèque à linévitable être pour le monde de lhomme. Il est, au contraire, centre de la vie réelle de la nouvelle créature (cf. 2Co 5, 17; Ga 6, 15). Son existence est pleinement humaine, et donc historique, mais elle vit en même temps dans la perspective éternelle de la résurrection, en vertu de la mémoire eucharistique du Corps donné et du Sang versé par le Crucifié Ressuscité (cf. 1Co 15, 19-22) [28]. Dans laction eucharistique, la liturgie terrestre est intimement unie à la liturgie céleste [29]. Léchange de communion entre les vivants et les morts, dont les Messes en suffrage pour les défunts sont une expression importante, constitue un témoignage permanent de la foi de lEglise dans le lien indissoluble entre la vie terrestre et la vie éternelle [30]. Cette vision unitaire de laction eucharistique comme c ur de toute lexistence chrétienne a toujours été présente dans la conscience ecclésiale. Depuis lidentification avec laction accomplie par Jésus telle quelle nous est conservée dans le canon biblique, à la traditio qui, dans son rythme incessant de transmission et de réception, la rend certaine tout au long du temps et dans lespace; depuis les formes liturgiques les plus variées des premiers siècles, qui resplendissent encore dans les rites liturgiques des anciennes Églises dOrient, jusquà létablissement prédominant du rite romain, des indications précises du Concile de Trente et du Missel de Pie V, jusquà la réforme liturgique de Vatican II: chaque étape de la vie de lÉglise confirme que laction eucharistique, source et sommet de lexistence ecclésiale chrétienne, coïncide avec le rite sacramentel qui génère et accomplit le culte nouveau et définitif (logikēn latreían). La considération du rite dans toute sa plénitude permet déviter toute fragmentation et toute juxtaposition entre laction eucharistique et les exigences de la nouvelle évangélisation, qui vont de lannonce par le témoignage à lintérieur de chaque milieu de lexistence humaine jusquaux nécessaires implications anthropologiques, cosmologiques et sociales que lEucharistie implique objectivement. Elle permet également à la communauté chrétienne de poursuivre simultanément une fidélité soignée aux rubriques liturgiques et une souplesse attentive aux instances dinculturation. III. La célébration eucharistique fait lÉglise Ladmiration eucharistique des deux disciples dEmmaüs se reflète dans la merveille de laction liturgique de la célébration eucharistique. Elle représente lacte de culte appelé à exprimer de façon éminente lunique événement pascal. Dans la Dernière Cène, Jésus manifeste clairement avec Ses gestes et Ses paroles le lien intrinsèque entre lavènement du règne du Père et Son destin personnel (cf. Mt 26, 29; Mc 14, 25, Lc 22, 15-16; Jn 12, 23-24). Dans lidentification transformatrice du pain et du vin avec le Corps et le Sang du Christ (présence réelle [31]), la Dernière Cène anticipe sacramentellement le sacrifice de la nouvelle Pâque comme la forme à travers laquelle le Père accomplit, dans son Fils et avec l uvre du Saint Esprit, Son dessein rédempteur de salut: Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous (Lc 22, 19-20). La difficulté que le langage sacrificiel, employé par lÉcriture et par la tradition de lÉglise [32], rencontre dans la culture actuelle néchappe à personne [33]. Toutefois, si lon veut respecter toute la richesse du don inconditionné que Jésus-Christ fait de Lui-même, il apparaît aujourdhui urgent de redécouvrir lEucharistie comme sacrifice. Jésus-Christ appelle les Siens à cette forme intégrale de culte (logikēn latreían) qui représente loffre de toute sa vie, dans laquelle le chrétien est progressivement modelé justement à travers la participation pleine, consciente et active à la célébration eucharistique [34]. Linvitation à manger Son Corps et à boire Son Sang (la communion) constitue le chemin le plus sûr pour le salut (cf. Jn 6, 47-58) [35]. Ainsi, le mémorial, en continuité avec la pâque juive (cf. Dt 16, 1ss), possède le caractère physique et concret de lassomption des espèces eucharistiques, à labri de toute réduction intellectuelle de la foi. Le fruit de cette action est la communion sacramentelle avec le Christ (cf. 1Co 10, 16), rendue possible par lamour avec lequel lEsprit glorifie la chair du Ressuscité. Ce même Esprit qui a poussé le Christ au don total de Soi, pousse les Siens à Laccueillir dans lobéissance de la foi, les pousse à demeurer en Lui et à recevoir ainsi la vie comme Il la reçoit du Père (cf. Jn 14, 26; 16, 13). Ce sacrement est donné pour la communion des hommes dans le Christ. Pour Saint Paul, la koinonia est le fruit de lEucharistie à travers laquelle les chrétiens, incorporés dans le Christ, deviennent un seul corps et participent dun seul Esprit (cf. 1Co 10, 16-17) [36]. Ils constituent le nouveau peuple de Dieu qui, conduit par les successeurs des apôtres cum et sub le successeur de Pierre, traverse lhistoire avec lespérance certaine que Jésus Ressuscité constitue les prémisses de leur résurrection personnelle (cf. 1Co 15, 17-20). En dehors de cette communion eucharistique et sacramentelle, lÉglise nest pas pleinement constituée [37]: lEucharistie fait lÉglise. Le nouveau peuple de Dieu (le corps ecclésial) se configure à partir du Corps eucharistique du Christ qui rend sacramentellement présent le Corps de Jésus né de la Très Sainte Vierge Marie [38]. Le corps ecclésial est ainsi réellement modelé comme corps du Christ présent dans le temps et lhistoire, en vertu du lien qui le relie inséparablement avec le Corps eucharistique du Christ [39]. Cest justement dans la célébration rituelle de lEucharistie que lÉglise réalise la forme même de son identité de peuple rassemblé par lamour de Dieu. 1. Une première confirmation: lEvêque, liturge par excellence Ceci devient encore plus clair si lon regarde la vénérable tradition qui a toujours reconnu dans lévêque, le liturge par excellence et ladministrateur des sacrements [40]. LEvêque ne préside pas lEucharistie, en vertu dune raison simplement juridique, en tant que chef de lÉglise locale, mais par fidélité au commandement même du Seigneur qui a confié le mémorial de sa Pâque à Saint Pierre et aux apôtres. Ils les a constitués comme fidèles dispensateurs de Ses mystères et, en vertu de ceci, les premiers responsables de lannonce évangélique dans le monde entier. Cest pour cette raison que lÉvêque Diocésain, premier dispensateur des Mystères de Dieu dans lÉglise particulière qui lui est confiée, est lorganisateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique. Dans les célébrations accomplies sous sa présidence - en particulier dans les célébrations eucharistiques auxquelles, sous sa conduite, participent le presbyterium, les diacres et le peuple - se manifeste le mystère de lÉglise [41]. Ceci est particulièrement évident au sein de la concélébration eucharistique ordonnée qui manifeste heureusement lunité du sacerdoce [42]. La communion avec lÉvêque est la condition de la légitimité de la célébration eucharistique à légard du peuple de Dieu. La fécondité de la ratio sacramentalis de la révélation est encore une fois évidente: le sujet ecclésial (personnel et communautaire) ne participe pas complètement à la rédemption sil naccueille pas la modalité sacramentelle qui constitue la forme que Jésus a choisie pour demeurer au sein des événements humains. 2. Une deuxième confirmation: la nature du temple chrétien Une deuxième confirmation de la manière concrète dont la célébration eucharistique fait lÉglise est représentée par la radicale diversité entre le temple chrétien et le temple païen, voire même le temple judaïque. Alors que le temple païen et le temple judaïque étaient caractérisés par la présence de la divinité et considérés, en raison dune telle présence, sacrés et sacralisant, le lieu du culte chrétien consiste, en un certain sens, dans la même action de la célébration du mystère. Le mot ecclesia indique laction de se réunir des chrétiens. Cest simplement en tant que conséquence quil indique à présent le lieu même où, au cours dune telle réunion, se réalise la présence divine. En outre, alors que dans les temples païen et, dans un certain sens, judaïque, la rencontre des fidèles est plutôt fortuite, dans le lieu du culte chrétien, cette dernière en vient à le constituer. Chaque fidèle est une pierre vivante du temple (cf. 1P 2, 5). LEsprit est le ciment qui les unifie (cf. Ep 2, 22). Ceci explique le soin avec lequel lÉglise ne cesse doffrir des indications à légard de larchitecture et de lart sacré [43]. Les temples, en effet, sont modelés sur lassemblée liturgique en actu celebrationis, comme «épiphanie» de la communio hierarchica quest lÉglise. 3. Une troisième confirmation: « LIntercommunion? » Un problème pastoral plutôt délicat, lié au milieu cuménique, permet une autre vérification du fait quau sein de linséparable lien entre lEucharistie et lÉglise, la causalité de lEucharistie dans lÉglise (lEucharistie fait lÉglise) est essentielle et prioritaire par rapport à celle de lÉglise sur lEucharistie (lÉglise fait lEucharistie) [44]. Cet élément conduit à souligner le poids décisif de lEucharistie dans la pratique cuménique. Les nombreux développements en la matière sont connus [45]. Ils sont, à la fois, une conséquence et une cause de lintense travail cuménique du XX siècle. Dabord, il faut souligner la substantielle communion de foi entre lÉglise catholique et les Églises orthodoxes en matière dEucharistie et de sacerdoce [46]. Une communion qui, à travers un approfondissement réciproque plus important de la Célébration Eucharistique et de la Divine Liturgie, est destinée à saccroître [47]. Il faut, en outre, saluer positivement le nouveau climat concernant lEucharistie dans les communautés ecclésiales nées de la Réforme. À des degrés différents et à quelques exceptions près, même ces communautés soulignent toujours plus limportance décisive de lEucharistie comme élément clef dans le dialogue et dans la pratique cuménique. Sur la base de ces considérations et de bien dautres, on peut comprendre pourquoi, même après les déclarations du Magistère à ce propos [48], la question suivante ne cesse dêtre posée: l«intercommunion» des fidèles appartenant aux différentes Églises et communautés ecclésiales peut-elle constituer un instrument adéquat dans le but de favoriser le chemin vers lunité des chrétiens? La réponse dépend dune considération attentive de la nature de laction eucharistique dans toute sa plénitude de mysterium fidei [49]. La célébration eucharistique, en effet, est de par sa nature, profession de foi intégrale de lÉglise. En insérant le sacrifice du Golgotha dans la Dernière Cène, le Seigneur réalise la communion de Sa Personne avec Ses disciples et fait en sorte quelle devienne possible pour tous les fidèles de tous les temps et lieux. La participation à une telle communion dépasse la capacité de lamour humain et même de ses plus nobles intentions. À travers lécoute de la Parole qui se réalise pleinement dans laccueil de loffrande du Corps et du Sang du Christ, laction eucharistique exprime la plénitude de la foi et de lunité visible des fidèles au service desquels Jésus envoie les apôtres comme prêtres et pasteurs. Seulement dans la mesure où elle réalise la pleine profession de foi apostolique dans ce mystère, lEucharistie fait lEglise. Si cest lEucharistie qui assure la véritable unité de lEglise, une célébration ou une participation à lEucharistie, qui nimplique pas le respect de lensemble des facteurs qui concourent à sa plénitude, finirait, au-delà de toute bonne intention, par diviser ultérieurement et à lorigine la communion ecclésiale. Lintercommunion napparaît donc pas comme un moyen adéquat pour atteindre lunité des chrétiens [50]. Cette affirmation concernant lintercommunion nexclue pas quen des circonstances tout à fait spéciales et dans le respect de conditions objectives [51], lon puisse admettre à la communion eucharistique, en tant que panis viatorum, des personnes appartenant à des Églises ou à des communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec lÉglise catholique. Dans ce cas, une rigueur nécessaire exige que lon parle dhospitalité eucharistique. Nous sommes en présence de la sollicitude pastorale (historique et salvifique) de lÉglise qui vient à la rencontre de la circonstance particulière représentée par le besoin dun fidèle baptisé [52]. Dans ces cas-ci, lÉglise Catholique admet à la communion eucharistique un fidèle non catholique sil le demande spontanément, manifeste une adhésion à la foi catholique concernant le sacrement eucharistique et se trouve spirituellement bien disposé. Les problématiques concernant linadéquate catégorie dintercommunion et la pratique de lhospitalité eucharistique exigent une ultérieure réflexion à partir du lien intrinsèque entre Eucharistie et Église, sur le rapport entre communion eucharistique et communion ecclésiale. En ce sens, il pourrait être utile que lAssemblée Synodale revienne sur cet argument. En répondant à lincontournable processus cuménique, il ne faut toutefois pas négliger la voie maîtresse. Ne pas pouvoir accéder à la concélébration eucharistique ni à la communion eucharistique de la part des chrétiens de différentes Églises et communautés ecclésiales, et le caractère exceptionnel de lhospitalité eucharistique, ne peuvent être seulement une source de douleur; elles doivent plutôt représenter une incitation permanente à lapprofondissement continu et commun du mysterium fidei qui exige, de la part de tous les chrétiens, lunité dans lintégrale profession de foi. DEUXIÈME CHAPITRE Laction eucharistique Après avoir suggéré quelques éléments méthodologiques pour expliquer le novum du culte et du rite chrétiens, il est à présent opportun de considérer de près laction eucharistique en elle-même. Dabord, nous examinerons les principaux éléments distinctifs de la célébration eucharistique. Dans un second lieu, nous proposerons quelques réflexions sur lars celebrandi et lactuosa participatio. I. Eléments distinctifs de la célébration eucharistique Un regard synthétique aux éléments distinctifs de la célébration de lEucharistie révèle la force de lharmonieuse et complexe unité du rite eucharistique. Nous navons pas lintention de parcourir ici à nouveau de façon complète le déroulement des différents moments de la célébration eucharistique, mais nous nous limiterons à en identifier le noyau essentiel: lindissociable unité de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique. À partir de ce qui a été jusquà présent exposé, nous la considérerons dans sa nature essentielle de don. Il faudra donc mettre en relief comment, face à la présence eucharistiquement donnée en abondance par Jésus, les fidèles sont appelés à ladoration, et comment, face à un si grand mystère, ils doivent confesser leurs propres péchés en invoquant le pardon. Nous ne manquerons pas non plus de signaler le devoir (ite missa est) que génère, de par sa nature, un don semblable. 1. Indissociable unité de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique Dans lévolution historique qui va de la Dernière Cène de Jésus-Christ à lEucharistie dont vit encore aujourdhui lÉglise, le noyau constitutif et permanent de laction rituelle est donné par létroite unité entre la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique [53]. Dans cette unité, eulogie et Eucharistie proposent à la foi des disciples du Christ, le mystère pascal à travers lécoute et lexplication des Écritures (lhomélie [54]), indissociable de la représentation du sacrifice (la prière eucharistique) qui culmine dans la communion avec le pain et le vin transformés en Corps et en Sang du Christ [55]. Cela est visible dans la structure comparée des récits dinstitution, et lon peut le cueillir dans laction dEmmaüs. On en reçoit confirmation dans la description de la vie commune des premiers chrétiens que nous offre les Actes des Apôtres (Ac 2, 42). Et enfin, comme nous le témoigne également, de manière continuelle, toute lhistoire de la célébration eucharistique jusquà celle qui est tracée dans le Missel actuel. De cette indissociable unité émergent certains éléments constitutifs de lunique Eucharistie de Jésus-Christ qui réalise la foi des chrétiens. Tout dabord, le fait que le protagoniste de laction liturgique est Jésus-Christ lui-même. Concentrant Sa Personne et Son histoire dans lévénement de la Pâque, Il se révèle en même temps comme prêtre, victime et autel. En tant que prêtre Jésus-Christ, par la puissance de lEsprit, devient le pontife entre Dieu le Père et le peuple (cf. He 5, 5-10) [56]. Comme le témoignent les récits de la Cène, Il interprète lui-même Sa mission sacerdotale objectivement dans leulogie scripturale et dans loffrande sacrificielle. Mais Jésus est, en même temps, victime de propitiation (cf. 1Jn 2, 2; 4, 10), et de telle façon, Son sacerdoce implique le don total de Soi qui se manifeste dans loffrande du pain et du vin transformés en Son Corps donné et en Son Sang versé (le sacrifice [57]), auquel le peuple prend physiquement part (la communion [58]). Ce prêtre, qui est également victime, offre Son sacrifice sur la croix [59]. Cloué sur la croix, il fait descendre le ciel sur la terre, en réconciliant (rédemption) lhomme avec Dieu (cf. Ep 2, 14-16; Col 1, 19-20). La croix plantée sur le Golgotha finit par exprimer le cosmos entier et le Christ, prêtre et victime, devient une seule chose avec la croix à laquelle il est cloué. Il en devient ainsi un autel cosmique. La conscience dune telle situation devrait éviter laffaiblissement progressif du sens du mystère auquel aujourdhui sont exposées de nombreuses communautés chrétiennes, surtout dans la célébration eucharistique. Pour ne pas tomber dans une vision sacrale, certainement non chrétienne, lon risque, pour ainsi dire, de faire de la liturgie une simple expression de la dimension horizontale de la communauté, en oubliant la dimension verticale. Jésus-Christ, unique protagoniste du rite eucharistique, convoque dans lEsprit, lassemblée des chrétiens, appelée à prendre part dans la foi (le Credo), de façon articulée et ordonnée, aux saints mystères célébrés en sa faveur (les Messes pro populo). Dans le silence, le dialogue, le chant et les gestes corporels, se développe laction eucharistique à travers laquelle le salut est communiqué à lassemblée des fidèles [60]. À propos de ce qui a été dit, on sent le besoin dun approfondissement de la formation liturgique de lensemble du peuple de Dieu - notre catéchèse devrait récupérer la dimension mystagogique fondamentale des premiers siècles - et, en particulier, à tous ceux qui sont appelés à remplir des ministères ou des offices au cours de la célébration (prêtres, diacres, lecteurs, acolytes, enfants de ch urs ou servants dautel, schola cantorum). Dans la complexité des offices de la célébration, qui se déroule à lintérieur du temple chrétien orienté vers lautel, auquel sont coordonnés lambon et le siège, le prêtre accomplit son ministère particulier avec laide du diacre. Au moment décisif de la célébration, il agit in persona Christi capitis [61] en assurant, en vertu du sacrement de lordre, inséré, non certes par hasard par le Christ lui-même à lintérieur de linstitution eucharistique de la Dernière Cène, ce que la Tradition commune de lorient et de loccident appelle léconomie sacramentelle [62]. Elle est l uvre de lEsprit Saint invoqué au cours de lEucharistie à travers lépiclèse afin quelle réalise la conversion substantielle du pain et du vin en Corps et Sang du Christ [63] et quelle génère la res eucharistique qui est lunité de lÉglise [64]. On comprend alors comment lunité inséparable de la liturgie de la parole et de la liturgie eucharistique aboutit à la communion sacramentelle [65], à laquelle les fidèles sont admis, avec un réalisme significatif, par lacte physique de la procession. À travers lassimilation des saintes espèces, en fait, comme lEglise la toujours professée, les fidèles sont assimilés au Christ, ils sont incorporés à Lui, pour leur salut [66] et pour le salut du monde [67].Coordonnées inéluctables de la vie de lhomme, le temps et lespace sont assumés et transformés par laction eucharistique en vue de ce salut. Si la configuration du temple manifeste cette transformation de lespace, la beauté et larticulation de lAnnée Liturgique, à partir du Triduum pascal en passant par le dies Domini et les temps liturgiques, expriment eucharistiquement la rédemption du temps: il nest plus une succession dinstants destinés à sévanouir, mais il devient sacrement de léternel. a. Le don eucharistique: ni droit ni possession Le caractère de don propre de laction eucharistique, qui implique que la liberté du Deus Trinitas, se communique, en Jésus-Christ, à la liberté des hommes, veut que sa gratuité ne soit jamais méconnue. Même si elle suscite une grande souffrance, son absence ne confère pas au fidèle ni au peuple de Dieu un quelconque droit à lEucharistie. Pour cette même raison, le don de lEucharistie ne peut jamais être possédé par lhomme de manière idolâtrique, il ne supporte pas une attitude quasi gnostique de prétendue domination. Ladoration eucharistique ne peut pas non plus se résoudre en un regard qui prétende com-prendre la latens deitas, même si Jésus-Christ, dans un acte dextrême abaissement, se lie à la permanence de lespèce. a1. Assemblées du dimanche dans lattente dun prêtre La question de la pénurie de prêtres doit être abordée avec courage dans lhorizon de lEucharistie comme don. Cet état des choses a donné lieu à une augmentation considérable des assemblées du dimanche dans lattente dun prêtre (liturgies de la Parole avec ou sans distribution de la Communion, célébrations de la Liturgie des Heures ou de dévotions populaires) [68]. À ce propos, il est dabord important dinsister sur lappartenance de chaque communauté, surtout paroissiale, à un diocèse [69]. LÉglise particulière nest jamais privée de lEucharistie. Cest pour cette raison quil est dusage dans la pastorale dencourager la plus large participation à lEucharistie dans une des communautés du diocèse, même lorsque cela demande une part de sacrifice. En second lieu, il est utile de souligner clairement aux fidèles le caractère propédeutique à lEucharistie de toute célébration du dimanche dans lattente du prêtre. Là où une certaine mobilité nest pas facile, on jugera lopportunité de ces assemblées justement à leur capacité daccentuer au sein du peuple le désir ardent de lEucharistie. Les sacrifices accomplis, parfois jusquà lhéroïsme, par un nombre non négligeable de chrétiens, persécutés pour vivre lEucharistie, sont la preuve que son absence ne pourra jamais être comblée par dautres formes de culte, aussi significatives soient-elles. A cet égard, nous voulons rendre hommage à lexpérience eucharistique du regretté Cardinal Van Thuan au cours de sa captivité. a2. Viri probati? Pour faire face à la pénurie de prêtres, certains, guidés par le principe salus animarum suprema lex, avancent la requête que soient ordonnés des fidèles mariés, de foi et de vertu sûres, les viri probati. La demande est souvent accompagnée par la reconnaissance positive de la bonté de la discipline séculaire du célibat sacerdotal. Toutefois ils affirment que cette loi ne devrait pas empêcher de doter lEglise dun nombre adéquat de ministres ordonnés, au cas où la pénurie de candidats au sacerdoce célibataire atteindrait des proportions extrêmement graves. Il nest pas nécessaire dinsister ici sur les raisons théologiques profondes qui ont amené lEglise latine à unir lattribution du sacerdoce ministériel au charisme du célibat. Mais une question simpose: ce choix et cette pratique sont-ils viables sur le plan pastoral même dans des cas extrêmes comme ceux que lon vient de mentionner? Il serait raisonnable de répondre positivement. Etant strictement lié à lEucharistie, le sacerdoce ordonné participe de sa nature de don et ne peut être lobjet dun droit. Sil est un don, le sacerdoce ordonné doit être sans cesse demandé (cf. Mt 9, 37-38). Il est alors très difficile détablir le nombre idéal de prêtres au sein de lEglise, puisquil ne sagit pas dune entreprise qui aurait besoin dun certain nombre de cadres! Sur le plan pratique , lurgence impérative du salus animarum pousse à réaffirmer avec vigueur, surtout ici, la responsabilité que chaque Eglise particulière a, à légard de lEglise universelle, et par conséquent à légard de toutes les autres Eglises particulières. Les propositions qui seront présentées à cette Assemblée synodale en vue didentifier les critères pour une distribution plus adéquate du clergé dans le monde seront dune grande utilité. A ce sujet, il semble que le chemin à accomplir soit encore long. Il convient peut-être de rappeler aussi que, au cours de lhistoire, la Providence a appuyé la valeur prophétique et éducative du célibat, en demandant entre autres une disponibilité spéciale pour le ministère sacerdotal dans les différentes formes de vie consacrée, dans le respect de leur charisme et de leur histoire. On peut citer ici la pratique de lordination des moines dans les Eglises orientales ou dans la tradition bénédictine [70]. 2. Adoration Le caractère de don propre à lEucharistie permet de dépasser, justement à partir dune considération attentive du rite de la Messe dans sa nature daction liturgique, une opposition impropre, qui sest créée parfois à partir de lépoque moderne, entre lEucharistie comme nourriture qui doit être mangée (banquet) et comme présence divine à adorer. Sil est vrai que, au cours du premier millénaire, ladoration eucharistique ne sexprimait pas sous les formes que nous connaissons aujourdhui, il faut toutefois affirmer que, dès son origine, elle a été bien présente à la conscience du peuple de Dieu. Le deuxième millénaire a explicité ultérieurement sa valeur, en tirant même avantage de la controverse sur la présence réelle au Moyen-Âge et de celles sur la permanence du Christ dans les espèces eucharistiques avec la Réforme. Lors de la Dernière Cène, la conscience de la présence du Christ concrète, qui sidentifie avec le pain et le vin consacrés (cf. Mc 14, 22-24; Mt 26, 26-28; 1Co 11,24-25; Lc 22, 19-20) et demande ladoration, simpose avec force aux commensaux. On ne peut donc nier que la pratique de ladoration eucharistique, telle quelle se réalise aujourdhui dans lÉglise latine, a rendu plus évidente une donnée qui appartient à lessence de la foi dans le ministère eucharistique [71]. Le fait de devoir choisir entre la nourriture et ladoration signifie ne pas tenir compte ni de lintégralité ni de lunité articulée du mystère eucharistique [72]. La Cène eucharistique nest pas uniquement un repas en commun, mais le don que le Christ fait de Soi. Participer à ce don en mangeant Son Corps implique déjà le fait de sêtre prostré avec foi en adoration [73]. Ladoration du Très Saint Sacrement est donc un tout avec la célébration dont elle provient et à laquelle elle renvoie [74]: Dans lEucharistie, ladoration doit devenir une union [75]. Cette pleine conscience de la valeur de ladoration doit sexprimer jusque dans limportance artistique et architectonique que lon doit à la garde de la Très Sainte Eucharistie dans nos églises [76]. Évidemment, il faut par contre souligner avec décision que, tout comme la manducation, même ladoration eucharistique est toujours une action ecclésiale [77]. Cette dernière ne peut pas être conçue comme une pratique de pitié individualiste. Adorer Jésus-Christ au cours de la consécration et la communion et Ladorer alors quil est présent dans le tabernacle, cela signifie se reconnaître et se comporter comme un membre de Son Corps ecclésial. Ainsi, la rencontre eucharistique nest pas une rencontre qui sépuise dans lacte de la manducation, mais elle est permanente, tout comme est permanente, en vertu de la présence eucharistique, la venue continuelle du Seigneur dans Son Église.[78]. À la lumière de la nature ecclésiale de ladoration, on comprend mieux pourquoi la pitié chrétienne a unit à ladoration eucharistique également la réparation pour les péchés du monde: face au Seigneur, nous tous, membres de Son Corps, sommes responsables les uns des autres.[79]. 3. Attitude de confession et de pénitence Recevoir, dans la célébration eucharistique, le don du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, représente lexpression culminante de la démarche de celui qui se reconnaît disciple et se laisse introduire à la communion avec Lui. La différence radicale entre Celui qui se donne et celui qui reçoit le don, différence bien documentée par la disproportion entre lincommensurable richesse de lévénement pascal et lextrême pauvreté des espèces du pain et du vin, conduit le fidèle à la conscience du mysterium tremendum de lEucharistie. On ne peut pas aborder lEucharistie sans percevoir toute sa propre indignité ni sans sy préparer en invoquant le pardon des péchés [80]. Ainsi apparaît, non seulement la signification de lacte pénitentiel des rites dintroduction, rendu solennel dans des cas particuliers par laspersion au moyen de leau bénie rappelant le baptême, mais surtout lintrinsèque rapport entre lEucharistie et le sacrement de la réconciliation [81]. Lorsque les fidèles, incorporés au Christ par le baptême, commettent un péché mortel, ils se séparent de la communion avec Lui et avec Son Église, dont la pleine expression est la communion sacramentelle [82]. Toutefois, le Père miséricordieux ne les abandonnent pas mais, à travers linstrument voulu par Jésus lui-même [83], il les invite à la confession libre, personnelle et humble des fautes afin de les accueillir à nouveau, dans une étreinte plus intense - à travers la contrition, la confession des péchés, labsolution de la part du,ministre qui agit aussi in persona Christi capitis, et la pénitence [84] - dans la communion avec Lui qui sétend à lensemble des frères. Cest pour cette raison quune catéchèse eucharistique adéquate ne peut jamais être séparée de la proposition dun chemin pénitentiel (cf. 1Cor 11, 27-29) [85]. La vénérable pratique du jeûne eucharistique , qui plonge également ses racines dans lattitude de confession, représenterait un thème de réflexion utile dans le cadre de cette Assemblée. a. Les divorcés remariés et la communion eucharistique Dans cette optique, la manière singulière selon laquelle les divorcés remariés sont appelés à vivre la communion ecclésiale mérite une attention particulière. Personne nignore la tendance diffuse chez les divorcés remariés à la communion eucharistique, malgré lenseignement de lÉglise en la matière. Il faut constater quà la base de cette tendance, il ny a pas simplement de la superficialité. Au-delà des considérables différences de situations de chaque continent, il faut reconnaître - surtout dans les pays de longue tradition chrétienne - de nombreux baptisés se sont unis en mariage sacramentel par une adhésion mécanique à la tradition. Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui divorcent et se remarient. Mettant en pratique la vie chrétienne, certains manifestent un grave malaise et souvent une grande douleur face au fait que lunion contractée à la suite du mariage leur empêche une pleine participation à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique. La Familiaris consortio et dautres documents ont offert de précieuses indications doctrinales et pastorales [86]. Il faut que toute la communauté chrétienne soutienne les divorcés remariés dans la conscience de ne pas être exclus de la communion ecclésiale. Leur participation à la célébration eucharistique permet, en tout cas, cette communion spirituelle qui, si elle est bien vécue, fait écho au sacrifice même de Jésus-Christ. Dun autre côté, à ce propos, lenseignement du Magistère ne tend pas seulement à éviter la propagation dune mentalité contraire à lindissolubilité du mariage et le scandale du peuple de Dieu. Il nous met, au contraire, en face de la reconnaissance du lien objectif qui unit le sacrement de lEucharistie à lensemble de la vie du chrétien et, en particulier, au sacrement du mariage [87]. Lunité de lÉglise, qui est toujours un don de Son Époux, découle en effet de façon permanente de lEucharistie (cf. 1Cor 10, 17). Ainsi, dans le mariage chrétien, en vertu du don sacramentel de lEsprit, le lien conjugal, dans sa nature publique, fidèle, indissoluble et féconde, est intrinsèquement lié à lunité eucharistique entre le Christ époux et lÉglise épouse (cf. Ef 5, 31-32) [88]. De telle façon, le consensus réciproque que le mari et la femme séchangent en le Christ et qui les constituent en communauté de vie et damour conjugal a, pour ainsi dire, une forme eucharistique. Dans cette Assemblée, il faudra toutefois approfondir ultérieurement les modalités objectives afin de vérifier lhypothèse de nullité du mariage canonique, tout en prêtant une grande attention aux cas différents et complexes qui se présentent. Afin de respecter la nature publique, ecclésiale et sociale du consensus marital, elle ne pourra pas avec elle aussi un caractère public, ecclésial et social [89]. Donc, la reconnaissance de la nullité du mariage doit impliquer une instance objective qui ne peut se réduire à la simple conscience des époux, même si cette dernière est soutenue par lavis dun guide spirituel illuminé. Mais cest justement pour cela quil est indispensable de continuer dans l uvre de réflexion sur la nature et laction des tribunaux ecclésiastiques afin quils représentent toujours plus une expression de la vie pastorale normale de lÉglise locale [90]. Outre la vigilance continue sur les temps et les coûts, on pourra prévoir des figures et des procédures juridiques plus simples et qui puissent répondre plus efficacement au soin pastoral. À ce propos, on ne manque certes pas de significatives expériences dans de nombreux diocèses. Dans cette Assemblée, les Pères synodaux auront loccasion den faire connaître dautres. Laction pastorale ordinaire consistant à préparer au mariage chrétien les fiancés , de manière lointaine, prochaine et immédiate, reste de toute façon décisive, tout comme un accompagnement quotidien de la vie des familles au sein de la grande demeure ecclésiale. Enfin, le soin et la valorisation des nombreuses initiatives vouées à accompagner les divorcés remariées à vivre au sein de la communauté chrétienne avec sérénité le sacrifice lié objectivement à leur condition, revêt une importance tout à fait particulière. 4. Ite missa est LEucharistie est nourriture viatorum pour les fidèles en chemin dans lhistoire vers la vie éternelle. Il sagit dune vérité que la Tradition liturgique, surtout celle des Églises Orthodoxes, na pas cessé de proposer [91]. Laction de louange et de grâce qui se réalise dans la célébration eucharistique, mémorial sacramentel de la Pâque du Christ, remplit le fidèle dune gratitude particulière. Elle ne se manifeste pas seulement dans lacte du remerciement dévoué après la communion, que la pratique recommande à travers le silence et qui peut être accompagnée par le chant méditatif, mais elle sexprime pleinement dans le mandat ayant pour but délargir cette communion à lensemble des hommes, leurs frères. Ce résultat missionnaire de la participation eucharistique na pas dabord le caractère dun devoir, mais celui du témoignage gratuit de la transformation progressive de toute notre existence grâce au don sacramentel, accueilli par la liberté humaine envers tous [92]. Le témoignage vient alors à coïncider avec cette logikē latreía à travers laquelle la communion avec le Christ investit toutes les circonstances et tous les rapports qui sinstaurent au sein des différents domaines de lexistence humaine. Dans la vie passée et présente de lÉglise, le martyr représente une figure emblématique dun tel témoignage. Comme le Christ même, il remet eucharistiquement sa vie, par pure grâce, en faisant une offrande agréable au Père. De cette manière, lEucharistie traverse et transforme naturellement lhistoire personnelle, communautaire et sociale. Cest en ceci que consiste surtout la mission évangélisatrice de lÉglise [93]. II. Ars celebrandi et actuosa participatio À partir de cette vision centrée sur lEucharistie comme action ecclésiale qui sexprime dans lunité du rite eucharistique - dont le c ur est la liturgie de la parole intrinsèquement ordonnée à la liturgie eucharistique [94], don accueilli dans un esprit dadoration, qui demande une attitude de confession et pousse à la mission - apparaît un élément qui mérite décidément dêtre souligné. Affirmer que lEucharistie est source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise signifie avant tout reconnaître lobéissance nécessaire de lÉglise même à légard du sacrement eucharistique. Et dans cette affirmation, sexprime le primat de la traditio sur la receptio: dans la Dernière Cène, linitiative appartient à Jésus qui se livre aux Siens; dans le passage de la Cène à la liturgie ecclésiale, Saint Paul nous indique quil transmet ce quil a reçu (cf. 1Co 11, 23); dans la différenciation des rites et lalternance des réformes liturgiques, le critère servant de guide a toujours été celui du primat de la traditio [95]. Ainsi, dans toute célébration eucharistique, la communauté vit lexpérience qui a déjà été celle des apôtres dans le cénacle: les fidèles sont appelés à recevoir Celui qui se donne. Cet élément constitutif de laction eucharistique conduit à une conséquence pastorale décisive: la nécessité de dépasser tout dualisme entre lars celebrandi et lactuosa participatio. La participation consciente, active et fructueuse du peuple de Dieu [96] - surtout à loccasion du précepte dominical - coïncide en effet avec ladéquate célébration des saints mystères. Le caractère de don propre à lEucharistie est à nouveau au premier plan. Si lon soigne et lorsque lon soigne objectivement lart de la célébration, la participation peut devenir vraiment plena, conscia et actuosa [97]. Il sagit dobéir au rite eucharistique dans son extraordinaire plénitude, en y reconnaissant la force canonique et constitutive, étant donné que, depuis deux mille ans, et ce nest pas un hasard, elle assure lexistence de la Sainte Église de Dieu. Dans le respect des différentes sensibilités culturelles, ce critère doit orienter les modalités avec lesquelles il faut solliciter la participation de lensemble des fidèles au rite lui-même. Pour ne pas se réduire à une simple répétition de formules et de gestes, elle requiert une offre de soi de la part de chaque fidèle qui soit consciente afin de réaliser le sacerdoce baptismal du peuple de Dieu. Dans ce contexte, on comprend également lutilité si précieuse des normes liturgiques que le Saint-Siège, les Conférences Épiscopales et les Ordinaires mettent à la disposition des Églises. Dans le cadre précédemment tracé, il faut également comprendre et vivre lensemble des ministères et des offices liés au rite liturgique. Leur fonction nest pas celle de gratifier ceux qui les exercent, comme le suggère une fausse idée de participation active des fidèles, il faut dire plutôt extérieure. Leur action essentielle a pour but dassurer à toute lassemblée, la beauté et la dignité objectives de la célébration [98]. Sans pouvoir entrer dans des problèmes importants et spécifiques, il sera également utile de rappeler dans cette relation que lart mis au service de laction eucharistique - surtout en ce qui concerne les décorations sacrées [99], tout comme les chants et la musique - reçoivent à leur tour une pleine lumière dans lars celebrandi. Ils concourent à lactuosa participatio sils respectent cette objective ars celebrandi [100]. TROISIÈME CHAPITRE Dimension anthropologique, cosmologique et sociale de lEucharistie Deux prémisses La considération du rite eucharistique comme action sacramentelle seule en mesure de rendre compte de lEucharistie comme source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise, ne serait pas complète si lon ne montrait pas sa force de transformation de la vie personnelle et communautaire des fidèles et, à travers elle, sa fécondité à légard de toute la famille des hommes et des peuples. En dautres termes, en conférant à lexistence chrétienne une forme eucharistique, lEucharistie influence non seulement les personnes et les communautés ecclésiales, mais également, à travers elles, les sociétés et les cultures, tout en déterminant linteraction de lhomme avec le cosmos. 1. Eucharistie et évangélisation Lunicité de lévénement pascal, qui donne lieu à lunité intrinsèque de lEucharistie avec lÉglise, documentée dans cet acte de culte unitaire quest le rite eucharistique, génère aussi la lunité profonde entre la vie et la mission du chrétien et celle de lÉglise entière. Le témoignage commun de la rencontre gratuite et satisfaisante avec le Christ aboutit à lannonce et à linvitation de lensemble des frères humains, sans exception, à prendre part à la vie de la communauté chrétienne. En continuant au sein de la communauté, léducation à la gratuité, à la pensée du Christ et à luniversalité, les chrétiens sont invités à sengager avec lensemble des hommes au niveau culturel, écologique et social. Ainsi conçue, la vie quotidienne du chrétien (la spiritualité eucharistique), toujours personnelle et communautaire, réalise concrètement lévangélisation et la nouvelle évangélisation dans laquelle la promotion humaine est toujours impliquée. 2. Eucharistie, interculturalité et inculturation Lévangélisation, par la nature de lhomme et en vertu du dynamisme de lIncarnation, est toujours historiquement située et appelée à interagir avec les cultures les plus diverses. On comprend donc bien le soin que les différentes Églises ont porté, après le Concile Vatican II, au processus dinculturation des rites liturgiques. Une telle urgence a été plusieurs fois soulignée par le Magistère au cours des dernières décennies [101]. Cela vaut la peine de rappeler que la condition décisive pour le développement nécessaire de cet important processus, qui doit être soumis , de par sa propre nature, à une continuelle vérification, réside dans la reconnaissance préventive de loriginaire interculturalité de lévénement célébré. La célébration eucharistique présente à nouveau lévénement pascal qui pose, par lui-même, les conditions nécessaires à une communication avec toutes les cultures humaines. Elle est possible grâce à la singularité de la Personne et de lhistoire de Jésus-Christ qui assume, justement à travers lincarnation, la condition humaine tout entière. Afin dexprimer la dimension interculturelle de lEucharistie, il est précieux demployer le latin, surtout à loccasion de grandes célébrations internationales ou à lintérieur des églises où laffluence de visiteurs étrangers est importante. Dans le respect de cette perspective, lusage des langues vernaculaires et le recours pondéré à des formes dexpression particulières, dans le rite, les temples, les décorations et les chants célébrant laction eucharistique, qui doit de toute façon rester, toujours et à nimporte quelle latitude, la seule Eucharistie instituée par le Christ [102], peuvent devenir de fécondes et exemplaires expressions de cette nécessité dune inculturation pour lévangélisation [103]. Si la reconnaissance de linterculturalité du mystère célébré doit être une condition pour linculturation alors, de par sa nature, toute inculturation implique une continuelle évangélisation de la culture elle-même. Cette dernière ne sera pas sans une inévitable critique à légard de la culture dans laquelle une communauté chrétienne déterminée se trouve à vivre et à célébrer. Dans le lien équilibré entre évangélisation et inculturation, assuré par la nature interculturelle de lEucharistie, le dialogue interreligieux trouve aussi sa place [104]. Il sagit dun moment intrinsèque à la foi de la communauté chrétienne qui est décisif dans un contexte missionnaire, surtout en ce qui concerne le continent asiatique qui est si peuplé. Dans ce domaine, il convient de porter une grande attention aux Églises dOrient de façon à tirer profit de leur expérience. II. Dimension anthropologique de lEucharistie Si lEucharistie est le don de la rencontre sacramentelle entre lhomme et le Dieu de Jésus-Christ qui rend vraiment libre (Jn 8, 36), alors un tel événement possède de par sa nature, une dimension anthropologique fondamentale. La transformation de lexistence par laction eucharistique sexerce dabord dans la tension des chrétiens à la suite du Christ. Maintes fois, saint Paul affirme que lexistence dune nouvelle créature sexprime en Christ (cf. Rm 6, 11; Gal 2, 20) [105]. Dans la communion au Corps et au Sang du Christ, le Deus Trinitas vient à la rencontre de lhomme. Son irruption dans le quotidien offre à lhomme la possibilité de ne pas se faire enfermer dans sa propre finitude et son propre péché. Ce don personnel sétend de manière naturelle à la communion entre les chrétiens: lunité de lÉglise est, comme nous lavons déjà rappelé, la res du sacrement. Comme le documentent les récits du Nouveau Testament concernant la communauté primitive, la genèse sacramentelle assure lobjectivité de la communion qui tend à imprégner tous les aspects spirituels et matériels de lexistence des chrétiens (cf. At 2, 42-44; 4, 32-33) [106]. Doctrine, morale, ascèse et spiritualité ne sont pas lexpression dune religiosité générique, mais en vertu de leurs racines eucharistiques, elles deviennent articulations unitaires de laccomplissement du dessein de Dieu sur chaque personne et sur lhistoire tout entière: faire du Christ le c ur du monde [107]. De cette façon, toute la vie est conçue comme une vocation et ceci permet cette imitatio Christi témoignée tout au long des siècles par les saints dans leurs différents états de vie. Lexistence chrétienne se déroule sur les pas de celle du Maître, étant à la fois tendue vers léternité et attentive, de façon responsable et constructive, à chaque aspect de lhistoire [108]. Pour le chrétien, lannonceet le témoignage, la catéchèse, léducation chrétienne personnelle et communautaire, le partage avec lhomme et avec ses expressions faites daffections , de travail et de repos, jusquau fait daffronter les brûlantes questions anthropologiques qui agitent aujourdhui lhumanum (amour, mariage, famille, vie, maladie et mort), tout ceux-ci sont des aspects objectivement impliqués dans la célébration eucharistique dominicale. III. Dimension cosmologique de lEucharistie Dans laction eucharistique qui sappuie, en dernière analyse, sur lunité en Jésus-Christ en tant que prêtre, victime et autel, la nouvelle créature est conduite à renouveler continuellement son rapport avec la matière et le cosmos [109]. Saint Paul met en évidence la relation entre le labeur fécond de la nouvelle créature et celui de la nouvelle création (cf. Rm 8, 19-23; 2Co 5, 17). La tribulation anthropologique et le labeur cosmologique sont unis dans la perspective eschatologique toujours imminente. Il est important de souligner la dimension cosmologique de lEucharistie, comme le documente depuis lantiquité lorientation même du temple chrétien. La forme eucharistique de lexistence permet déviter, à la racine, au moins en principe, deux risques graves qui pourraient compromettre lourdement le rapport entre lhomme et le cosmos. Dun côté, celui dun anthropocentrisme exaspéré qui fait de lhomme le maître absolu de la création. Dans la présentation des dons (les fruits de la terre et du travail humain: le pain et le vin auxquels on unit leau), il est implicitement exprimé que les protagonistes du rapport entre lhomme et la création ne sont pas simplement deux, la communauté des hommes et le cosmos, mais trois. Confirmant ce qui est déjà contenu dans le deuxième récit de la création (cf. Gn 2, 4b-25), il y a un Troisième élément qui met en relation lhomme et la création: il sagit de Dieu qui, depuis le début, plaça lhomme dans le jardin afin quil le cultive et le garde. Lhomme et le cosmos sont unis dans lunique historia salutis conduite par Dieu. Dans la rédemption, le Christ ouvre la perspective de la glorification finale à lhomme et au cosmos, en ramenant définitivement à de plus justes proportions toute prétention anthropocentriste. De lautre, le rapport équilibré entre Dieu, lhomme et le cosmos - explicité par lEucharistie - exclut tout biocentrisme et tout écocentrisme qui conduit à éliminer la différence ontologique et axiologique existant entre lhomme et les autres êtres vivants [110]. La dimension cosmologique de lEucharistie trouve un emblème très significatif dans la vie de saint François dAssise. Le fameux Cantique de frère soleil apparaît comme une documentation puissante, poétiquement efficace, de la position de lhomme qui vit une existence eucharistiquement déterminée et qui, pour cette raison, sait reconnaître chaque créature dans sa relation avec Dieu: Soit loué mon Seigneur avec toutes tes créatures. La conscience de saint François exprime lattitude de gratitude envers Dieu pour et avec toutes les choses. Gratitude quil apprend justement du mystère eucharistique, dont il fut, à son époque, et ce nest pas un hasard, un chantre et un défenseur formidable, obéissant en cela aux décrets du Concile Latran IV [111]. La dimension communautaire de laction eucharistique permet, en outre, aux chrétiens de ne pas oublier que la création-cosmos est un bien commun et universel et que lengagement à son égard sétend non seulement aux besoins présents, mais également à ceux de lavenir. Cest pourquoi, la responsabilité envers la création prend la physionomie dun soin à légard de notre demeure qui prolonge, dans un certain sens, le corps et doit trouver dadéquates traductions aux niveaux éducatif, social et juridique qui en respectent la valeur simultanée de demeure et de ressource [112]. En exprimant le soin pour la demeure du Corps eucharistique et ecclésial de Jésus-Christ, le temple chrétien et, dans ce cadre, la chapelle ou le lieu réservé à la conservation et à ladoration, avec le tabernacle, peuvent devenir de précieuses ressources éducatives pour lassemblée ecclésiale en vue dun rapport correct entre lhomme et la création. IV. Dimension sociale de lEucharistie Le don total de Soi, assuré eucharistiquement par le Christ à lhomme de tous les temps, est pour le salut de tous. En ce sens, lEucharistie est pour le monde. Les Évangiles synoptiques rappellent, dans la parabole décisive du bon grain et de livraie, que lengagement de celui qui suit le Christ a comme champ le monde (cf. Mt 13, 38). Ainsi, saute aux yeux la manière dont lEucharistie possède une dimension intrinsèquement sociale inséparable de celles à caractère cosmologique et anthropologique. Lhistoire de lÉglise, riche en uvres de charité et ferment créatif dinstitutions dimportance civile et politique, le documente au travers dune grande abondance déléments. Loccasion pour avoir dultérieures confirmations à ce sujet de la part des Églises particulières représentées ici ne manquera certainement pas au cours des travaux de ces jours-ci. La charité est essentiellement eucharistique [113], tout comme lEucharistie est charité [114]. Laumône que les fidèles accomplissent à loccasion de la célébration dominicale indique clairement limportance de ce lien. Parmi les innombrables témoignages de sainteté liés à la charité, nous voulons rappeler celui de la Bienheureuse Thérèse de Calcutta. Son charisme, profondément marqué par le rapport avec le sacrement eucharistique, sut reconnaître lamour du Christ comme source intarissable de partage à légard des mourants les plus misérables et abandonnés. Dans les circonstances actuelles, qui sont marquées par la violente transition de la modernité à une nouvelle configuration géopolitique (la post-modernité?), les urgences sociales auxquelles le chrétien doit faire face qui vit sa propre existence en forme eucharistique, apparaissent particulièrement fortes et différenciées. La mondialisation, la société des réseaux, les nouveaux horizons ouverts par les biotechnologies et le processus dinévitable melting pot entre peuples et cultures, accompagné malheureusement par des guerres, par le terrorisme et par des violences inhumaines, rendent inévitable lurgence de justice sociale et de paix. La situation de pauvreté et souvent de misère endémique, à laquelle est condamnée une grande partie de la population du globe, et surtout en Afrique, constitue une blessure qui juge inexorablement lauthenticité avec laquelle les chrétiens de toute latitude vivent lEucharistie. Se réunir chaque dimanche, dans un lieu quelconque de la terre, pour prendre part au même Corps et au même Sang du Christ, impose le devoir dune lutte tenace contre toutes les formes de marginalisation et dinjustice économique, sociale et politique que subissent nos frères et s urs, et surtout les enfants et les femmes. Les formes de cette lutte exigent des critères adéquats dérivant du rapport proportionné entre la charité et la justice, rapport que lEucharistie a réclamé depuis les temps apostoliques comme nécessaire pour toute vie sociale (cf. 1Co 11, 17-22; Jc 2, 1-6). La communauté chrétienne, consciente de sa nature particulière, doit continuer à chercher les moyens adéquats pour faire face à un mal qui a pris aujourdhui des dimensions planétaires et qui, plus que jamais, crie vengeance devant Dieu, et ce par le biais danalyses appropriées et en mettant en uvre les moyens adaptés (cf. Gn 4, 10). Il apparaît évident que le fait daffronter une question si importante, comme celle de la justice sociale, ne peut pas être séparé de linfatigable devoir de poursuivre la paix. Du reste, le rapport entre la paix et lEucharistie, bien exprimé dans le rite latin par laccolade fraternelle précédant la communion, est basé sur linébranlable conviction que le Christ même est notre paix (Ep 2, 14). La racine eucharistique de laction du chrétien en faveur de la paix le mettra à labri de deux graves menaces. Dun côté, celui du pacifisme utopique, de lautre celui dune sorte de Realpolitik qui considère la guerre comme inévitable. La paix, au contraire, est une mission difficile et lourde, qui se trouve toujours devant nous et doit être patiemment poursuivie, chaque jour en notre propre personne et dans tous les rapports, à commencer par les relations familiales, celles concernant les communautés intermédiaires, et jusque dans les relations internationales. Ces implications sociales décisives de laction eucharistique demandent la contribution des chrétiens à lédification dune société civile, dans les différentes zones culturelles de lhumanité. En se fondant sur les principes de solidarité et de subsidiarité, constitutifs de lenseignement social de lÉglise, les chrétiens promeuvent une société civile qui sappuie sur la dignité et les droits de la personne, et avant tout sur le droit à la liberté religieuse, et sur les droits de tous les corps intermédiaires, en particulier de la famille. Par ailleurs, les chrétiens contribuent à la promotion des institutions étatiques et internationales favorisant un bon gouvernement, avec tous les hommes de bonne volonté et dans le respect de la nature, en grande partie plurielle, de la société contemporaine. Outre le fait que ces institutions doivent promouvoir et régler une vie saine au niveau de chaque nation, elles doivent aussi concourir à la nécessité fondamentale de construire un nouvel ordre mondial fondé sur des règles partagées et contraignantes, garantissant à tous les peuples la possibilité dun développement équilibré et intégral des ressources naturelles et humaines. CONCLUSION Lexistence eucharistique dans la situation contemporaine I. Résumé synthétique Dans la rencontre de liberté que laction liturgique suggère, lexpérience de lémerveillement se renouvelle pour lhomme, avec une intensité particulière, depuis deux mille ans dans le rite eucharistique. Et cest justement dans la réalisation du rite, grâce à la descente du Fils, mort sur la croix et ressuscité à travers le don de lEsprit, que le Père se montre, se donne et se dit à lhomme. Dans leulogie et dans lEucharistie, dans lécoute de la parole et dans la consommation du sacrifice, le fidèle adorateur du vrai Dieu, est admis, après le confiteor, à communier au Corps qui opère la rédemption en vertu de lévénement unique de la Pâque de Jésus, et est aussi envoyé pour témoigner de la rédemption au monde entier. LEucharistie devient simultanément source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise dans laction même où elle est célébrée. Ainsi, lévénement pascal, lEucharistie et lÉglise réalisent la forme concrète à travers laquelle, tout au long de lhistoire, la Trinité vient à la rencontre des hommes pour les sauver. Les merveilles de la grâce divine sont renfermées dans les espèces sacrées du pain et du vin converties en Corps et en Sang du Christ. En elles, le Fils de Dieu, fait homme, passo et ressuscité, reste volontairement livré à lattente du libre engagement de lhomme. LÉglise célèbre ces mystères, salimente à cette nourriture céleste et ladore, reconnaissant en Jésus-sacrement le Chemin à la Vérité et à la Vie. Lhomme, qui accueille ce don par grâce, fait chaque fois une expérience singulière. La miséricorde aimante de la Trinité fait irruption dans la succession mécanique des différents instants de son temps, et elle y opère une discontinuité bénéfique qui le pousse à prendre une décision. Sapercevant alors de lénorme différence entre la liberté infinie de Dieu qui se donne eucharistiquement et la petitesse de la liberté humaine, le fidèle sabandonne au Christ, et transforme son existence en offrande vivante. Cette existence assume une véritable forme eucharistique au niveau personnel et social. La physionomie du chrétien et des communautés de fidèles vit de cette forme eucharistique qui transfigure progressivement les rythmes de lexistence personnelle, tout en contribuant à lédification dune vie saine également au niveau social. La naissance, la croissance, léducation, lamour, la souffrance et la mort sont marqués par la puissance eucharistique qui sarticule dans lensemble du septénaire sacramentel et, en vertu de lEucharistie, la vie des chrétiens et des communautés bénéficie de laccueil des dons de lEsprit, de laugmentation des vertus, de la découverte que les commandements de Dieu, sils sont suivis de façon authentique, représentent laccomplissement de lamour. Le rapport de lhomme racheté avec le cosmos se renouvelle en profondeur; quand les chrétiens sont poussés, avec une énergie toujours ressuscitante, à un engagement radical en faveur de la justice sociale et de lédification de la paix. Surtout dans cette période de tribulations particulières à laquelle se trouvent confrontés toutes les zones culturelles du monde, le chrétien qui vit sa propre existence communautaire en forme eucharistique, devient un infatigable annonciateur et témoin de Jésus-Christ et de Son Évangile dans lensemble des domaines de lexistence humaine: du quartier à lécole, du travail au monde de la culture, de léconomie à la politique, en passant par les communications sociales, etc. Les communautés chrétiennes, fondées eucharistiquement, deviennent des lieux dans lesquels chaque homme peut faire lexpérience que le fait de suivre le Christ conduit à la vie éternelle en offrant le centuple, et ce déjà à lintérieur de lhistoire (cf. Mt 19, 29). Les femmes et les hommes de toute catégorie, ethnie et culture peuvent, à tout instant de leur vie, rencontrer dautres hommes et femmes, les chrétiens, qui, en vertu de lexistence eucharistique, se proposent à eux comme compagnons discrets dun chemin de liberté. II. Un souhait final Cette forme eucharistique de la personnalité et de la communauté chrétienne nest pas une utopie. Elle vit déjà pleinement en Marie, femme eucharistique. Avec son fiat, Marie représente lemblème du don eucharistique de soi et de lÉglise immaculée. Les Pères et le Magistère de lÉglise ont toujours souligné lindissociable rapport entre Marie et lÉglise [115]. En la définissant femme eucharistique [116], Jean-Paul II a appelé par son nom la forme de ce rapport. Il fleurit en effet dans la participation tout à fait particulière de la Mère à loffrande de Soi réalisée par le Fils. Nous demandons à la Vierge Immaculée et à tous les Saints que les travaux de cette Assemblée Synodale puissent se dérouler à lhorizon bénéfique de cette forme eucharistique. Notes [1] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 6. [2] Cf. ibid., 5-6. [3] Cf. Jean-Paul II, Redemptor hominis 10. [4] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 6: cette admiration eucharistique, dans la ligne de lhéritage du Jubilé. [5] Cf. Missale Romanum, Oratio Post Communionem, I Dominica Adventus. [6] Gaudium et spes 22. [7] Cf. Gaudium et spes 14. [8] Saint Thomas nous rappelle quavec le baptême, lhomme est renouvelé en Jésus-Christ (regeneratur in Christo), alors quavec lEucharistie lhomme perfectionne son union avec le Christ (perficitur in unione ad Christum). Voilà pourquoi le baptême est dénommé le sacrement de la foi (sacramentum fidei), qui est le fondement de la vie spirituelle, lEucharistie est appelée le sacrement de la charité (sacramentum caritatis) qui est le lien parfait (vinculum perfectionis) selon saint Paul (Col 3,14), saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 73, a. 3. [9] Cf. Saint Augustin, Commentaire à lÉvangile de saint Jean 69, 2. [10] Où se trouve le Peuple de Dieu dont on a tant parlé et dont on parle encore aujourdhui, où est-il? Cette entité ethnique sui generis qui se distingue et se qualifie par son caractère religieux ou messianique (ou si vous le voulez sacerdotal et prophétique),qui converge totalement vers le Christ, comme son centre focal, et qui dérive totalement du Christ? Comment est-il assemblé? Comment est-il caractérisé? Comment est-il organisé? Comment exerce-t-il sa mission idéale et tonifiante dans la société au sein de laquelle il est immergé? Nous savons bien que le peuple de Dieu a maintenant historiquement un nom qui est plus familier pour tous, à savoir celui dÉglise, Paul VI, Audience générale, 23 juillet 1975. [11] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 5. [12] Dans lEucharistie, se tout le mystère de notre salut résume (totum mysterium nostrae salutis comprehenditur), saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 83, a. 4. LEucharistie est la plus grande de toutes les merveilles faites par le Christ, ladmirable document de son immense amour pour les hommes, saint Thomas, Opusc. 57, dans la Fête du Corpus Domini. [13] Réunis dans le jour du Seigneur, le dimanche, rompez le pain et rendez grâces après avoir confessé vos péchés, afin que votre sacrifice soit pur, Didachè 14, 1. En outre, cf. Saint Justin, I Apologia 67. [14] Sacrosanctum Concilium 9. [15] Dei Verbum 4: Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils (Héb. 1, 1-2). Il a envoyé en effet son Fils, le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour quil demeurât parmi eux et leur fit connaître les secrets de Dieu (cf. Jean 1, 1-18). Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair, homme envoyé aux hommes, prononce les paroles de Dieu (Jean 3, 34) et achève l uvre de salut que le Père lui a donnée à faire (cf. Jean 5, 36; 17,4). Cest donc lui - le voir, cest voir le Père (cf. Jn 14,9) - qui, par toute sa présence, et par la manifestation quil fait de lui-même par paroles et uvres, par signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse dentre les morts, par lenvoi enfin de lEsprit de vérité, achève en la complétant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle. [16] Saint Thomas, In I Sent., Prol.: Ego sapientia effudi flumina Sir 24, 40 - Venit Filius et illa flumina olim occulta effudit nomen Trinitatis publicando. [17] Jean-Paul II, Lettre aux Prêtres pour le Jeudi Saint 2005 n̊1. [18] Jean-Paul II, Fides et ratio 13: On est renvoyé là, dune certaine façon, à la perspective [ratio] sacramentelle de la Révélation et, en particulier, au signe eucharistique dans lequel lunité indivisible entre la réalité et sa signification permet de saisir la profondeur du mystère. Dans l'Eucharistie, le Christ est véritablement présent et vivant, il agit par son Esprit, mais, comme lavait bien dit saint Thomas, tu ne le comprends ni ne le vois; mais la foi vive, elle, laffirme, en dépassant la nature. Par-dessous, la double apparence, signe elle-même dautre chose, vit la réalité sainte. Le philosophe Pascal lui fait écho: Comme Jésus Christ est demeuré inconnu parmi les hommes, ainsi sa vérité demeure parmi les opinions communes, sans différence à lextérieur. Ainsi l'Eucharistie parmi le pain commun. [19] Cf. Instrumentum laboris n. 25. [20] Avec ses disciples, Il a célébré la cène pascale dIsraël, le mémorial de laction libératrice de Dieu qui avait conduit Israël de lesclavage à la liberté, Benoît XVI, Homélie de la Sainte Messe pour la célébration de la XX journée Mondiale de la Jeunesse sur lEsplanade de Marienfeld (21 août 2005). [21] Ibidem. [22] Instrumentum laboris, Préface. [23] Prière eucharistique III. [24] Cf. Thomas, Summa Theologiae III, q. 63, a. 6; q. 65, a. 3; q. 75, a. 1 et a. 3. En outre, cf. Jean-Paul II, Redemptor hominis 20. [25] Mener une vie fondée sur les sacrements, animée par le sacerdoce commun, signifie surtout, en effet, de la part du chrétien, désirer que Dieu agisse en lui pour le faire parvenir, dans l'Esprit, à la plénitude du Christ (28). Dieu, de son côté, ne latteint pas seulement à travers les événements et par sa grâce intérieure, mais il agit en lui, avec une certitude et une force plus grandes, au moyen des sacrements. Ceux-ci donnent à sa vie un style sacramentel. Eh bien, parmi tous les sacrements, cest la Sainte Eucharistie qui porte à la plénitude son initiation de chrétien, et qui confère à lexercice du sacerdoce commun la forme sacramentelle et ecclésiale qui le relie [...] à celui du sacerdoce ministériel. Le culte eucharistique est ainsi le centre et le but de toute la vie sacramentelle (Cf. AG, 9 et 13; PO, 5), Jean-Paul II, Dominicae Cenae 7. [26] Prière eucharistique II. [27] Tu permets à lÉglise du Christ de célébrer des mystères ineffables dans lesquels notre petitesse de créatures mortelles se sublime dans un rapport éternel, et notre existence dans le temps commence à fleurir dans la vie sans fin, Préface de la XIXièmee Semaine Per Annum du Missel Ambroisien. [28] Cf. Catéchisme de lÉglise Catholique 1402-1405. [29] Prière Eucharistique I: Nous t'en supplions, Dieu tout-puissant: qu'elle soit portée par ton ange en présence de ta gloire, sur ton autel céleste, afin qu'en recevant ici, par notre communion à l'autel, le corps et le sang de ton Fils, nous soyons comblés de ta grâce et de tes. bénédictions.. En outre, cf. Sacrosanctum Concilium 8. [30] Cf. Institutio Generalis Missalis Romani (20 avril 2000) 379-385. [31] Cf. Paul VI, Mysterium fidei 35-46; Catéchisme de lÉglise Catholique 1373-1381; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 15. [32] Les textes de saint Marc et de saint Matthieu (Mc 14, 22-24; Mt 26, 26-28) se réfèrent à lalliance sinaïtique (Cf. Ex 24, 8),alors que ceux de saint Luc et de saint Paul (Lc 22, 19-20; 1Co 11, 23ss) se réfèrent à la promesse dune nouvelle alliance (Cf. Jr 31, 31-34). En ce qui concerne le magistère, cf.: Concile de Trente, Sessio XXII. Doctrina de Ss. Missae sacrificio, DS 1738-1759; Pie XII, Mediator Dei, Partie II; Paul VI, Mysterium fidei, 27-32; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 12-13. [33] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 13. [34] Cf. Sacrosanctum Concilium 14. [35] Si vous ne mangez- dit-il - la chair du Fils de lhomme et ne buvez son sang, vous naurez pas la vie e vous (Jn 6, 53). On dirait quil commande un crime ou une action absolument répugnante. En réalité, il sagit dune expression figurée avec laquelle il commande de participer à la passion du Seigneur, saint Augustin, La doctrine chrétienne, III, 16, 24. [36] Que lEsprit Saint vienne donc, et le feu après leau, de façon à ce que vous puissiez devenir pain, cest-à-dire corps du Christ, saint Augustin, Discours, 227, 1. Ceci est le sacrifice des chrétiens, cest-à-dire être nombreux et un seul corps en le Christ. LÉglise célèbre ce mystère avec le sacrement de lautel que les fidèles connaissent bien et dans lequel il est évident que, dans la chose qui soffre est elle-même offerte, saint Augustin, La città di Dio, X, 6. [37] LEucharistie devient limage de lunité de lÉglise comme le pain dérive de nombreuses graines qui, moulues ensemble, forment une seule chose, Cf. Didachè, 9, 4; saint Augustin, Commentaire à lÉvangile de saint Jean, 26, 17. [38] Ce que nous consacrons cest le corps né de la Vierge, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 75, a. 4 qui cite explicitement le De Sacramentis de saint Ambroise. Cf. Également Pascasio Radberto, De corpore et sanguine Domini, VII: Quibus modis dicitur corpus Christi: CChCM, 16, 37-40. [39] La vertu propre de ce pain est lunité, dans le sens que, transformé dans le corps du Christ, devenus ses membres, nous sommes ce que nous recevons. Alors seulement, il sera vraiment notre pain quotidien, saint Augustin, Discours, 57, 7, 7. [40] Congrégation pour il Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 19-25. [41] Institutio Generalis Missalis Romani (20 avril 2000) 22. [42] Sacrosanctum Concilium 57. [43] Cf. Sacrosanctum Concilium 122-129;Congrégation Sacrée des Rites, Inter Oecumenici 90-99; Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum Mysterium 24, 52-57; Congrégation pour le Culte Divin, Liturgiae instaurationes 70; Catéchisme de lÉglise Catholique 1179-1186; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 49. [44] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 21-23. [45] Outre limportante invitation dUnitatis redintegratio 22, nous nous limitons à rappeler ici les principaux documents des différents dialogues interconfessionnels sur lEucharistie. Cf. Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre lÉglise catholique romaine et lÉglise orthodoxe, Le mystère de lÉglise et de lEucharistie à la lumière du mystère de la sainte trinité (Monaco 30 juin - 6 juillet 1982), dans Enchiridion Oecumenicum 1/2183-2197; Commission Internationale Anglicane Catholique Romaine, Doctrine sur lEucharistie: Déclaration de Windsor 1971, dans Enchridion Oecumenicum 1/16-28; Conseil Consultatif Anglican - Conseil Pontifical pour la Promotion de lUnité des Chrétiens, LÉglise comme communion (Déclaration conjointe 1990), in Enchiridion Oecumenicum 3/ 38-106; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (1993), in Enchiridion Oecumenicum 3/107-124; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (Déclaration des co-présidents, 1994), Enchiridion Oecumenicum 3/305-314; Clarifications of Certain Aspects of the Agreed Statements on Eucharist and Ministry of the First Anglican-Roman Catholic International Commission, together with a Letter from Cardinal Edward Idris Cassidy, President of the Pontifical Council for Promoting Christian Unity (Lettera del card. Cassidy ai copresidenti dellARCIC II, 1994), in Enchiridion Oecumenicum 3/ 315-317; Gemeinsame römisch-katholische/evangelisch-lutherische Kommission, Das Herrenmahl (1978), in Enchiridion Oecumenicum 1/1207-1307; Commissione mista di studio catholique romana - riformata, Rapport officiel du dialogue (1979-1977) sur La presenza di Christ nella Chiesa nel mondo, Roma, mars 1977, in Enchiridion Oecumenicum 1/2383-2408; Commissione Fede e Costituzione del Consiglio ecumenico delle chiese, One baptism, one Eucharist and a Mutually Recognized Ministry. Three agreed statements, Accra 23 juillet- 5 août 1974, in Enchiridion Oecumenicum 1/2860-3031; Id., Baptism, Eucharist and Ministry (Documento di Lima), in Enchiridion Oecumenicum 1/3032-3181; Secrétariat pour lunion des chrétiens, Baptism, Eucharist and Ministry, Faith and Order Paper n. 111 (BEM). A catholic response (21 juillet 1987), in Enchiridion Vaticanum 10/1914-2078. [46] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Communionis notio (28 mai 1992) 17. [47] Même si nous ne trouvons pas encore un accord sur la question de l'interprétation et de la portée du ministère pétrinien, nous sommes cependant ensemble dans la succession apostolique, nous sommes profondément unis les uns aux autres pour le ministère épiscopal et pour le sacrement du sacerdoce et nous confessons ensemble la foi des Apôtres, telle qu'elle nous est donnée dans l'Ecriture et telle qu'elle est interprétée par les grands Conciles. En cette heure du monde, pleine de scepticisme et de doutes, mais également riche du désir de Dieu, nous reconnaissons à nouveau notre mission commune de témoigner ensemble du Christ Seigneur et, sur la base de cette unité qui nous est déjà donnée, d'aider le monde afin qu'il croie. Et nous supplions le Seigneur de tout notre c ur pour qu'il nous guide à la pleine unité, de façon à ce que la splendeur de la vérité, qui elle seule peut créer l'unité, devienne à nouveau visible dans le monde, Benoît XVI, Homélie en la Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin 2005). [48] Voici ce que dit le Concile Vatican II: Deux principes règlent principalement cette communicatio: exprimer lunité de lÉglise; faire participer aux moyens de grâce. Elle est, la plupart du temps, empêchée du point de vue de lexpression de lunité; la grâce à procurer la recommande quelquefois, Unitatis redintegratio 8. En outre, cf.: Orientalium Ecclesiarum 26-29; Secretariatus ad christianorum unitatem fovendam, Directorium ad ea quae a Concilio Vaticano II de re oecumenica promulgata sunt exsequenda, Pars prima Ad totam Ecclesiam (14 mai 1967); Pars altera Spiritus Domini (16 aprile 1970); Instructio In quibus rerum circumstantiis de peculiaribus casibus admittendi alios christianos ad communionem eucharisticam in Ecclesia catholique (1 giugno 1972); Conseil Pontifical pour la promotion de lUnité dei Chrétiens, Directoire pour lapplication des principes et des normes sur lOecuménisme III (25 mars 1993); Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 43-46. [49] Catéchisme de lÉglise Catholique 1327: Bref, lEucharistie est le résume et la somme de notre foi: Notre manière de penser saccorde avec lEucharistie, et lEucharistie en retour confirme notre manière de penser (Saint Iréné de Lyon, Adversus haereses, 4, 18, 5). [50] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 44. [51] Cf. Codex Iuris Canonici 844; Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium 671; Conseil Pontifical pour la promotion de lUnité dei Chrétiens, Directoire pour lapplication des principes et des normes sur lOecuménisme nos. 123-125, 130-132. Dans ce cas en effet, lobjectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de ces personnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont pas pleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale, Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 45. [52] Cf. Jean-Paul II, Ut Unum sint 46. [53] Sacrosanctum Concilium 56: Les deux parties qui constituent en quelque sort la messe, cest-à-dire la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles quelles constituent un seul acte de culte. [54] La délicatesse et lextraordinaire importance de la question devraient donner lieu, au sein de lactuelle Assemblée Synodale, à une ample confrontation vouée à recueillir et à valoriser les plus différents témoignages concernant la préparation, les contenus et les modalité de communication propres à lhomélie. [55] Il est important de signaler, concernant le rapport entre lÉcriture et lEucharistie, le fait que la célébration sacramentelle constitue le contexte paradigmatique de la lecture de lÉcriture Sacrée et de son interprétation. [56] Habens ergo novus sacerdos, non iam vetus Melchisedech, neque natus caro de carne, non de sudore suo, neque de terra, cui misere et multiplicate servit; sed novus Iesus natus de Spiritu spiritus, de donis ac datis divinis, de coelo coelestem hostiam carnis et sanguinis offert, dicens, non ut prius timide, neque hostiam servitutis, sed cum exsultatione et laetitia, Isacco della Stella, Epistola De officio missae: PL 194, 1894 B-C. [57] Cf. Paul VI, Mysterium fidei 26-34; Catéchisme de lÉglise Catholique 1362-1372; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 12-13. [58] Cf. Catéchisme de lÉglise Catholique 1384-1390; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 16-17. [59] La victime à tuer nest plus choisie parmi les troupeaux des animaux; aux autels sacrés, lon ne conduit plus les brebis ou les chèvres: le sacrifice de nos jours est désormais le corps et le sang du Prêtre même. Certainement, déjà à lépoque des Psaumes, on avait prophétisé à son sujet: Tu es prêtre à jamais selon lordre de Melchisédech (Ps 109, 4), saint Augustin, Discours 228/B, 1. Il fut dabord consommé par ses mains au cours de la cène mystique, lorsque justement il prit le pain et le rompit, et puis par la croix, lorsquil y fut crucifié. À ce moment-là, une fois la dignité du sacerdoce reçue, ou mieux, vu quil la possédait déjà, en la réalisant même de par son uvre, il consomma le sacrifice qui devait être offert pour nous, Esichio de Jérusalem, Commentaire au Lévitique, 1, 4. [60] C'est pourquoi nous aussi, tes serviteurs, et ton peuple saint avec nous, faisant mémoire de la passion bienheureuse de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, de sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension dans le ciel, nous te présentons, Dieu de gloire et de majesté, cette offrande prélevée sur les biens que tu nous donnes, le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et coupe du salut, Prière eucharistique I. [61] Cf. Pierre Damien, Liber qui appellatur, Dominus vobiscum, X: PL 144, 238 D - 239 A. [62] Cf. Catéchisme de lÉglise Catholique, 1076. [63] Cf. Cyrille de Jérusalem, Catéchèse mystagogique, 5, 7. [64] [...] ut omnes in Christo unum simus [Gal 3, 38]. [...] Unitas Ecclesiae ex personis innumerabilibus, diversi sexus, diversae conditionis, diversi ordinis, diversaeque professionis, multis modis solet significari. Hoc autem loco ab Apostolo significatur per unitatem panis et unitatem corporis, Baudouin de Ford, Il sacremento dellaltare, II, 4: SC 94, 362. En outre, cf. Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la Pentecôte, 1, 4. [65] Cf. Congrégation Sacrée pour le Rite, Eucharisticum mysterium (25 mai 1967) 31-41; Congrégation Sacrée pour la Discipline des Sacrements, Immensae caritatis (29 janvier1973); Congrégation Sacrée pour le Culte Divin, Eucharistiae sacramentum (21 juin 1973) 13-78; Congrégation Sacrée pour les Sacrements et le Culte Divin, Inaestimabile donum (3 avril 1980) 1-19; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 80-107. [66] Novum plane quod carnis Dominicae substantia, in aliena specie sumpta, sanctificationis virtutem animae confert, Gilberto di Hoyland, In cantica. Sermo VIII, 8: PL 184, 46 D. [67] Grand et vraiment ineffable est le sacrement, dans lequel nous mangeons vraiment ta chair et nous buvons vraiment ton sang: mystère qui inspire épouvante et tremblement, don la hauteur repousse le regard humain qui a lintention de le scruter. [...] Que le sacrifice de notre rédemption, pour lexercice de mon ministère, se dilate par ta compassion et ton don jusquà donner le salut à tous les fidèles, vivants et morts, Jean de Fécamp, Confession théologique, III partie, 28. [68] Cf. Congregatio pro Clericis et Aliae, Instr. Ecclesiae de Mysterio (15 août 1997); Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Directorium de celebrationibus dominicalibus absente presbytero (2 juin 1988). [69] Le diocèse, comme nous lapprend le Concile Vatican II, est cette portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour quavec laide de son presbyterium, il en soit le pasteur: ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le Saint-Esprit grâce à lÉvangile et à lEucharistie, constitue une église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante lÉglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique, Christus Dominus 11. [70] Cf. Règle de saint Benoît 62, 1. [71] La tradition théologique et magistérielle a fait recours à la catégorie de transsubstantiation également pour exprimer de façon plus adéquate cet aspect essentiel de la foi eucharistique. Cf. Concile de Trente, Sessio XIII. Decretum de Ss. Eucharistia, DS 1642 e 1652; Paul VI, Mysterium fidei 40 e 47; Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 15. [72] Cf. XI Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques: LEucharistie source et sommet de la vie et de la mission de lÉglise. Lineamenta 60. [73] Saint Augustin peut ainsi dire personne ne mange de cette chair sans lavoir dabord adorée, et ajouter que si lon mange de cette chair sans ladorer, on commet un péché, Cf. Saint Augustin, Relation sur les Psaumes 98, 9. [74] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 25: Le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Messe est d'une valeur inestimable dans la vie de l'Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et spirituelle. [...]. Il revient aux pasteurs d'encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint-Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l'art de la prière »,(NMI 32) comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement?. [75] Benoît XVI, Homélie de la Sainte Messe pour la célébration de la XX Journée Mondiale de la Jeunesse sur lesplanade de Marienfeld (21 août 2005). [76] Cf. Codex Iuris Canonici 938. [77] Cf. Sacra Congregatio Rituum, Eucharisticum mysterium (25 mai 1967) 49-67; Sacra Congregatione pro Cultu Divino, Eucharistiae sacramentum (21 juin) 1-12, 79-112; Sacra Congregatio pro Sacramentis et Cultu Divino, Inaestimabile donum (3 avril 1980) 20-27; Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 129-145. [78] La présence eucharistique du Christ - son je suis avec vous de portée sacramentelle - permet à lÉglise de découvrir toujours plus profondément son propre mystère, comme latteste toute lecclésiologie du Concile Vatican II: pour celui-ci, lÉglise (est), dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, cest-à-dire à la fois le signe et le moyen de lunion intime avec Dieu et de lunité de tout le genre humain (LG 1). Comme sacrement, lÉglise se développe à partir du mystère pascal du départ du Christ, en vivant sa venue toujours nouvelle par lEsprit Saint qui accomplit sa mission même de Paraclet, Esprit de vérité, Jean-Paul II, Dominum et vivificantem 63. [79] Jean-Paul II, Mane Nobiscum Domine 18: Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l'Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde. [80] Qui sapproche de lEucharistie en état de péché est pire que le diable, Jean Chrysostome, Homélie sur lÉvangile de Matthieu, 82, 6. Cest pourquoi, partout est respecté le déroulement ordonné du mystère: dabord, on soigne les blessures par le biais de la rémission des péchés, après quoi laliment de la sainte table est donnée en abondance, saint Ambroise, Relation de lÉvangile selon saint Luc, 6, 71. [81] Cf. Concile de Trente, Sessio XIII. Decretum de Ss. Eucharistia, DS 1661. [82] Cf. Jean-Paul II, Reconciliatio et Paenitentia 17 et 27; Catéchisme de lÉglise Catholique 1385. [83] Tout médicament nest pas forcément adapté à toute maladie. [...] De la même façon, le baptême et la pénitence sont comme des médicaments épuratifs (medicinae purgativae) qui sadministrent afin denlever la fièvre du péché. LEucharistie est, au contraire, un reconstituant (un médicament qui conforte) qui ne doit être concédé quà ceux qui sont déjà libérés du péché, saint Thomas, Summa Theologiae III, q. 80, a. 4, ad 2um. [84] Cf. Catéchisme de lÉglise Catholique 1449-1460. [85] Jean-Paul II, Redemptor hominis 20: Sans cet effort constant et toujours repris pour la conversion, la participation à lEucharistie serait privée de sa pleine efficacité rédemptrice; en elle ferait défaut ou du moins se trouverait affaiblie la disponibilité particulière à offrir à Dieu le sacrifice spirituel dans laquelle sexprime de manière essentielle et universelle notre participation au sacerdoce du Christ. [86] Cf. Jean-Paul II, Familiaris consortio 84; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de lÉglise Catholique concernant la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés, 14 septembre 1994. [87] Cf. Jean-Paul II, Familiaris consortio 57. [88] Jean-Paul II, Mulieris dignitatem 26: Nous nous trouvons au centre même du mystère pascal qui révèle pleinement lamour sponsal de Dieu. Le Christ est lÉpoux parce quil sest livré lui-même: son corps a été livré, son sang versé (cf. Lc 22, 19.20). Cest ainsi quil aima jusquà la fin (Jn 13, 1). Le don désintéressé que comprend le sacrifice de la Croix fait ressortir dune manière décisive le sens sponsal de lamour de Dieu. Le Christ est lÉpoux de lÉglise, comme Rédempteur du monde. LEucharistie est le sacrement de notre Rédemption. Cest le sacrement de lÉpoux, de lÉpouse. LEucharistie rend présent et réalise à nouveau sacramentellement lacte rédempteur du Christ qui crée lEglise, son corps. (...) Dans lEucharistie sexprime avant tout sacramentellement lacte rédempteur du Christ-Époux envers lÉglise -Épouse. Cela devient transparent et sans équivoque lorsque le service sacramentel de lEucharistie, où le prêtre agit in persona Christi, est accompli par lhomme. En outre, cf. Concile de Trente, Sessio XXII. Decretum de Missa, DS 1740; Catéchisme de lÉglise Catholique 1617. [89] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de lÉglise Catholique concernant la réception de la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés (14 septembre 1994) 7-8. [90] Cf. Conseil Pontifical pour lInterprétation des Textes Législatifs, Dignitas connubii, 25 janvier 2005. [91] Après la communion, dans le rite byzantin, le prêtre implore: O notre très sainte Pâque, Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, faite que nous puissions participer à toi dune façon encore plus parfaite, dans la lumière inépuisable de ton Règne à venir, La Liturgie de saint Jean Chrysosthome, Ed. des Bénédictins de Chèvetogne, 19574, 60. [92] Si tu tassieds à la table dun grand, prends bien garde à ce qui est devant toi; mets un couteau sur ta gorge si tu es gourmand (Pr 23, 1-2). Vous savez quelle est la table du Puissant, sur elle est déposé le corps et le sang du Christ. Celui qui sapproche de cette table doit sapprêter à restituer. Et que signifie, sapprêter à restituer? Cela que, comme le Christ a offert sa vie pour nous, nous devons, nous aussi, donner nos vies pour nos frères afin dédifier le peuple et de le confirmer dans la foi, saint Augustin, Commentaire à lÉvangile de saint Jean, 47, 2. [93] Jean-Paul II, Mane nobiscum Domine 24-25: entrer en communion avec le Christ dans le mémorial de la Pâque signifie en même temps faire l'expérience de la nécessité de se faire missionnaires de l'événement actualisé dans ce rite. L'envoi à la fin de chaque Messe constitue une consigne qui pousse le chrétien à s'engager pour la diffusion de l'Évangile et pour l'animation chrétienne de la société. Pour une telle mission, l'Eucharistie ne procure pas seulement la force intérieure, mais aussi en un sens le projet. Elle est en effet une manière d'être qui, de Jésus, passe chez le chrétien et, par le témoignage de ce dernier, vise à se répandre dans la société et dans la culture. [94] On doit donc toujours tenir à lesprit que la parole de Dieu, lue par lÉglise et annoncée au cours de la liturgie, porte en quelque sorte, comme à sa fin même, au sacrifice de lalliance et au repas de la grâce, cest-à-dire à lEucharistie. Cest pourquoi la célébration de la Messe, au cours de laquelle la parole est écoutée et où est offerte et reçue lEucharistie, constitue un acte unique de culte divin, au travers duquel est offert à Dieu le sacrifice de louange et vient communiqué à lhomme la plénitude de la rédemption, Ordo Lectionum Missae 10. [95] Certains cependant, par ignorance ou même par simplicité dâme ne répète pas lors de la consécration du calice et lors de la distribution de lEucharistie ce que Jésus-Christ, notre Seigneur et Dieu, a fait et a prescrit de répéter. Jai donc tenu pour nécessaire et conforme à la pitié chrétienne de técrire une lettre à ce propos, même si quelquun commet encore cette erreur afin quil puisse découvrir la vérité dans toute sa lumière et puisse retourner aux origines de lenseignement divin, Cyprien, Lettre De sacrement calicis Dominici, 63, 1. Cf. également Basilio, Sullo Spirite Santo, 27, 66. [96] Cf. Sacrosanctum Concilium 11. [97] Cf. Sacrosanctum Concilium 14. [98] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 43-47. [99] Cf. Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis sacramentum (25 mars 2004) 117-128. [100] Il est opportun de rappeler que lars celebrandi nécessite de lieux paradigmatiques de référence qui puissent aider lensemble du peuple chrétien. À ce propos, il est opportun de rappeler limportance des célébrations des Évêques dans les Églises Cathédrales (Cf. Institutio Generalis Missalis Romani [20 avril 2000] 22), et la fonction particulière qui peuvent avoir les instituts de vie consacrée, et surtout les communautés monastiques (Cf. Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte 32-34; Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, Instruction Repartir du Christ 8, 25-26, 31). [101] Cf. Ad gentes 22; Congrégation du Culte Divin, Varietates legitimae (25 janvier 1994); Jean-Paul II, Redemptoris missio 25, 52-54, 76, 85; Id., Fides et ratio 61e 72; Id., Ecclesia de Eucharistia 51. [102] Cest dans cette direction que va la recommandation du Sacrosanctum Concilium 38: Pourvu que soit sauvegardée lunité substantielle du rite romain, on admettra des différences légitimes et des adaptations à la diversité des assemblées, des régions, des peuples, surtout dans les missions, même lorsquon révisera les livres liturgiques; et il sera bon davoir ce principe devant les yeux pour aménager la structure des rites et établir les rubriques. [103] Voir à ce propos, le Missel romain pour les Diocèses du Zaïre et lapprobation de lOrdo Missae pour lInde. Des tentatives en ce sens ont été faites également en Amérique Latine. [104] Cf. Jean-Paul II, Redemptoris missio 52-55. [105] Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6,56). Manger de cette nourriture et boire cette boisson, veut dire demeurer dans le Christ et lavoir toujours en nous, saint Augustin, Commentaire à lÉvangile de saint Jean, 26,18. [106] Comme le dit la Lettre à Diognète: Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par la région, ni par la langue, ni par leur habillement. En effet, ils nhabitent pas de cités propres, nutilisent pas de langue qui les différencie, et ne conduisent pas un genre de vie spécial. Leur doctrine ne repose pas sur la découverte de la pensée dhommes multiformes pas plus quils nadhèrent à un courant philosophique humain, comme dautres le font. Ils vivent dans les cités grecques et barbares selon leur naissance et adoptent les coutumes du lieu pour le vêtement, la nourriture et, pour le reste, ils témoignent dun mode de vie social admirable et indubitablement paradoxal. Ils vivent dans leur patrie mais comme des étrangers, ils participent à tout comme des citoyens mais sont détachés de tout comme des étrangers. Toute patrie étrangère est la leur et toute patrie leur est étrangère Lettre à Diognète V, 1-5. [107] Liturgie des Heures, Lundi de la Deuxième Semaine, Vêpres, Antienne 3. [108] Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n. 20: Une autre conséquence significative de cette tension eschatologique inhérente à l'Eucharistie provient du fait qu'elle donne une impulsion à notre marche dans l'histoire, faisant naître un germe de vive espérance dans le dévouement quotidien de chacun à ses propres tâches. En effet, si la vision chrétienne porte à regarder vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle (cf. Ap 21, 1), cela n'affaiblit pas, mais stimule notre sens de la responsabilité envers notre terre. (...) Proclamer la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne (1 Co 11, 26) implique, pour ceux qui participent à l'Eucharistie, l'engagement de transformer la vie, pour qu'elle devienne, d'une certaine façon, totalement eucharistique. Ce sont précisément ce fruit de transfiguration de l'existence et l'engagement à transformer le monde selon l'Évangile qui font resplendir la dimension eschatologique de la Célébration eucharistique et de toute la vie chrétienne: Viens, Seigneur Jésus! (Ap 22, 20). [109] Jean Damascène, suivi par la tradition orthodoxe, nhésita pas à affirmer: Et jhonore et je traite avec vénération la matière au travers de laquelle a été réalisé mon salut, Jean Damascène, Orationes de imaginibus I, 16. [110] Cf. Jean-Paul II, Discours aux participants à un congrès sur lenvironnement et la santé, 24 mars 1997, n̊5. [111] Cf. François dAssise, Première admonition: O fils dhomme, jusquoù irez-vous dans linsulte à ma gloire (Ps 4,3)? Pourquoi ne connaissez-vous pas la vérité et ne croyez-vous pas au Fils de Dieu (cf. Jn 9,35)? Chaque jour, il shumilie (cf. Ph 2,8), comme quand des trones royaux (Sg 18,15) descendit dans le sein de la Vierge; chaque jour, il vient à nous sous dhumbles apparences; chaque jour, il descend du sein du Père (cf. Jn 1,18; 6, 38) sur lautel par les mains du prêtre. Et, comme aux saints apôtres il apparut dans sa vraie chair, ainsi il se montre à nous dans le pain sacré. Et comme eux voyaient seulement sa chair avec leurs yeux corporels mais le croyaient Dieu, parce quils le contemplaient avec les yeux de lesprit, nous aussi, en voyant avec les yeux de notre corps le pain et le vin, nous devons voir et croire fermement quils sont son très saint corps et sang vivant et vrai. De telle manière, le Seigneur est toujours avec ses fidèles, comme il la dit: Et voici que je suis avec vous pour toujours jusquà la fin du monde, Fonti Francescane, Edizioni Messaggero, Padova 1980, 138. [112] Cf. Jean-Paul II, Discours aux participants à un congrès sur lenvironnement et la santé, 24 mars 1997, n. 2. [113] Jean-Paul II, Dominicae Cenae 5: Le culte eucharistique constitue l'me de toute la vie chrétienne. Si, en effet, la vie chrétienne sexprime dans laccomplissement du plus grand commandement, cest-à-dire dans lamour de Dieu et du prochain, cet amour trouve sa source justement dans le très saint sacrement qui est communément appelé: le sacrement de l'amour. L'Eucharistie signifie cette charité et cest pourquoi elle la rappelle, la rend présente et la réalise également. [114] Vous le savez bien aussi, Vénérables Frères, l'Eucharistie est gardée dans les églises et les oratoires comme centre spirituel de la communauté religieuse et paroissiale, et encore de l'Eglise universelle et de l'humanité entière, parce que sous le voile des saintes espèces elle contient le Christ, Chef invisible de l'Eglise, Rédempteur du monde, centre de tous les curs, "par qui tout existe et nous-mêmes par lui (1Co 8, 6). Par suite le culte eucharistique porte avec force les âmes à développer l'amour " de société ", en vertu duquel nous préférons le bien commun au bien particulier, faisons nôtre la cause de la communauté, de la paroisse, de l'Eglise universelle, et étendons la charité au monde entier, sachant que partout il v a des membres du Christ, Paul VI, Mysterium fidei, 68 et 69. [115] Cf. Lumen gentium 52-69. [116] Cf. Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia 53-58. [00009-03.26[NNNNN] [Texte original: latin] ♦ AVIS ● CONFERENCE DE PRESSE ● BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES ● POOL POUR LA SALLE DU SYNODE ● BULLETIN ● HORAIRE DOUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIEGE ● CONFERENCE DE PRESSE La première Conférence de Presse sur les travaux synodaux (avec traduction simultanée en italien, anglais, français, castillan et allemand) aura lieu dans la salle Jean-Paul II du Bureau de Presse du Saint-Siège aujourdhui lundi 3 octobre 2005 à 12h45. Les opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) et photoreporters sont priés de sadresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales afin dobtenir lautorisation daccès. Les opérateurs de communicatuion audiovisuelle admis sont priés de se trouver dans la salle Jean-Paul II 30 minutes avant le début de la Conférence de Presse, les photoreporters admis 15 minutes avant. Les journalistes sont invités à prendre place dans la salle 5 minutes avant lhoraire douverture de la Conférence de Presse. Les Pères synodaux suivants y participeront: -S. Ém. le Card. Angelo SCOLA, Rapporteur Général - S. Exc. Mgr Luis Antonio G. Tagle, Évêque dImus (Philippines) - S. Exc. Mgr Juan Matogo Oyana, C.M.F., Évêque de Bata (Guinée Équatoriale) - S. Exc. Mgr Pierre-Antoine Paulo, O.M.I., Archevêque coadjuteur de Port-et-Paix (Haïti) ● BRIEFING POUR LES GROUPES LINGUISTIQUES Le premier briefing pour les groupes linguistiques aura lieu demain, mardi 4 octobre 2005, à 13h10, en conclusion de la Troisième Congrégation Générale du matin (dans les lieux de briefing et avec les Attachés de Presse indiqués dans le Bulletin N.2). Nous rappelons aux opérateurs de communication audiovisuelle (cameramen et techniciens) quils sont priés de sadresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales afin dobtenir lautorisation daccès (très limitée). ● POOL POUR LA SALLE DU SYNODE Le prochain pool pour la Salle du Synode sera formé pour la prière douverture de la Troisième Congrégation Générale de mardi 4 octobre 2005. Les listes dinscription aux pools sont à la disposition des rédacteurs au Bureau Informations et Accréditations du Bureau de Presse du Saint-Siège (à lentrée à droite). Nous rappelons aux opérateurs de communication télévisuelle (cameramen et techniciens) ainsi quaux photoreporters quils sont priés de sadresser au Conseil Pontifical pour les Communications Sociales pour participer au pool dans la Salle du Synode. Les participants aux pools sont priés de se trouver à 08h30 dans le Secteur Presse, à lextérieur de lentrée de la Salle Paul VI, doù ils seront appelés pour accéder à la Salle du Synode, toujours accompagnés par un attaché du Bureau de Presse du Saint-Siège, ainsi que du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales. ● BULLETIN Le prochain Bulletin N.5, concernant les travaux de la deuxième Congrégation Générale de lAssemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, sera à la disposition des journalistes accrédités mardi 4 octobre 2005 à louverture du Bureau de Presse du Saint-Siège. ● HORAIRE DOUVERTURE DU BUREAU DE PRESSE DU SAINT-SIEGE Samedi 1er octobre: 09h00 - 14h00 Dimanche 2 octobre: 09h00 - 13h00 Du lundi 3 octobre au samedi 8 octobre: 09h00 - 16h00 Dimanche 9 octobre: 09h00 - 13h00 Du lundi 10 octobre au vendredi 14 octobre: 09h00 - 16h00 Samedi 15 octobre: 09h00 - 18h30 Dimanche 16 octobre: 09h00 - 13h00 Du lundi 17 octobre au samedi 22 octobre: 09h00 - 16h00 Dimanche 23 octobre: 09h00 - 13h00 Du lundi 24 octobre au vendredi 28 octobre: 09h00 - 15h00 Samedi 29 octobre: 09h00 - 14h00 Dimanche 30 octobre: 11h00 - 13h00 Lundi 31 octobre: 09h00 - 15h00 |